dimanche 21 février 2010

HISTOIRE DE GUECELARD - I ère partie

GUECELARD, 

c'est une histoire passionnante, car si son NOM est toute une histoire..............  l'HISTOIRE de GUECELARD elle-même, se perd dans l'obscurité des temps, bien avant que le nom lui-même ne soit cité.


Les grandes dates à retenir, sont incontestablement homologuées,

- sont sol s'est constitué, il y a environ 95 M.a.  5+/-, définit en 1847, par Alcide d'Orbigny,

- sont environnement, a été forgé par la Sarthe et le Rhonne, modelé par le vent entre 1.8 M.a. et -10.000 ans avant notre ère,

- sont site géographique, a été façonné il y a -2.500 ans,

- sont nom est apparu au Vème siècle, cité au IXème siècle,

- il est devenu paroisse au XVIème siècle,

- il a été érigé en commune distincte en 1880.



Guécélard est né de la rivière Sarthe,

sa géologie, explique sa géographie ; son hydrographie justifie sa toponymie et son historiographie.




Deux " petits coins tranquilles " sur les bords de la Sarthe-aval,



Lorsque le propriétaire des lieux......débute un bon repas. Pris sur le vif.
Monsieur le Héron cendré - Ardea cinerea homologué par Linnaeus en 1758.

Au temps où les promenades dans la campagne guécélardaise était encore possible, le promeneur attentif et discret était au contact direct avec la nature......à l'état nature.





Couleuvre à collier - Natrix natrix, l'un des plus grand serpent existant en France. Les mâles mesurent de 1,1 à 1,3, les femelles atteignent et dépassent  les 2 m. . Depuis l'urbanisation outrancière de la commune elles ont disparues de leur habitat traditionnel entre Sarthe et Rhonne. Bien d'autres photos pourraient émailler ce texte.



Au temps où " Maman renard " - Vupes vulpes avait élu domicile chemin du Jarrier à Guécélard.



Tout a commencé, il y a environ 700.000 ans avant notre ère. 

Suite à l'imposante masse constituée par les eaux réunies des rivières Tertiaires, Sarthe, l'Huisne  et Rhonne, brusquement libérées par le brutale et rapide rehaussement de la température d'une interglaciaire.



Traces de Bioturbation.


selon Alain Foucault et Jean-François Raoult,                                                                                         


-  Interglaciaire Günz - Mindel  :  de 700 à 650 000 ans avant notre ère,                                                

- Interglaciaire Mindel - Riss :  de 350 à 300 000 ans avant notre ère,                                                   

-  Interglaciaire Riss - Würm :  de 120 à 80 000 ans avant notre ère,                                                       

le gigantesque  effet "chasse deau ", après avoir attaqué, disséqué, démantelé, puis détruit la plateau Tertiaire sur lequel ils coulaient librement à " fleur de terre", à une hauteur 50 mètres au-dessus de l' actuelle ; un calme relatif se manifesta.  


Traces de roches et d'éléments du Tertiaire dans les alluvions de la Sarthe, à l'époque où elle confluait avec l'Océan Atlantique aux environs de Châteauneuf-sur-Sarthe.


Côte de l'Océan Atlantique au Redonien, c'est-à-dire de -5,3 à -1,7 M.a. avant notre ère. 
   
                                                                          

Bien que calmé au Boréal, vers -9.000 ans, le flot de la Sarthe avait cependant une certaine puissance, orienté Nord-est / Sud-ouest, au Sud de ce que devait être beaucoup plus tard la ville  du Mans.
                                     

Depuis -8.500 ans, stoppé dans son cours par le rebord septentrional du Massif géologique de La Fontaine-Saint-Martin, matérialisé par la " Cuesta du Poslinois ", les eaux de notre grande rivière départementale étaient déviées vers Roëzé, puis après cette localité reprenaient leur direction initiale, longeant le plateau précitée.  
                                                                                               
Etroitement conditionnée par les fluctuations océaniques à la baisse, la rivière Sarthe se déplaça par reptations latérales, progressivement, successivement vers l'étendue des sables cénomaniens où cherchent désespérément une pente elle dessina de nombreux et vastes méandres à l'aplomb de l'actuel Guécélard. 



Cartes géologiques précisant les différentes reptations latérales de la Sarthe, avant sa stabilisation aux endroit où nous connaissons son cours actuel.


Dans ces déplacements successifs latéraux vers -7.500 ans , la rivière Sarthe abandonna au-dessus d'elle un replat, très légèrement incliné recouvert d'une épaisse couche de limons grisâtres, volatils, et acides, parce que très fortement délavés. Elle fixa alors son lit mineur, celui que nous connaissons de nos jours, dans l'immense étendue des sables du cénomanien, où elle cherche en vain une pente susceptible à l'écoulement de ses eaux, en décrivant de nombreux et très larges méandres.   Il devient évident, que la totalité du territoire communal de Guécélard, se développe dans le lit ancien de la Sarthe, qui est son lit majeur, dans lequel, ce grand cours d'eau coula pendant des centaines et des centaines de milliers d'années.




Les méandres de la Sarthe à l'aplomb du bourg de Guécélard, surlignés en bleu clair - Document Institut Géographique National.


Ce replat, formant une terrasse géologique basse 6/8 m., était recouvert d'une épaisse couche de sédiments fluviatiles, que les cours d'eau abandonnent systématiquement dans les parties concaves de leurs boucles. Ces sédiments nous les connaissons bien, et même très bien, puisque c'est la terre de nos parcelles, de nos jardins. Cette terre légère, volatile, inconsistante, grisâtre, tout particulièrement acide, complètement démunie de matières organiques ; qualifié par nos Aïeux Guécélardais de : " terre à pinoches, terre de misère....traduction  terre à sapins, pauvre terre". Autres vestiges, témoins incontestables, les petits cailloux ronds, de différentes couleurs, de différentes dimensions que nous trouvons en jardinant ; sont en réalités des fragments de roches, arrachés de leurs supports verticaux par la gélifraction, dans les Alpes Mancelles. Tombés dans la rivière,roulés, reroulés dans tous les sens par des flots torrentiels, pendant des dizaines de milliers et des dizaines de milliers, abandonnés sur notre sol, après avoir parcourus de 87 à 95 km.    
    


Vestiges de ces temps révolus, les petits cailloux arrondis en forme de galets, que l'on trouvent en abondance dans les jardins guécélardais.

Guécélard est né de la Sarthe,  c'est une réalité   l'intégralité du territoire communal de Guécélard, s'est et se développe toujours dans le lit majeur de la rivière Sarthe.                                                                                                       



Guécélard a été conçu par la petite rivière le Rhonne.


* Le Rhonne dans sa partie finale, peu avant sa confluence avec la Sarthe, ce que nous pourrions appeler le " Bas-Rhonne ", présente trois particularités géologiques et géographiques,

- 1° : le gué de La Ronceraie, également dénommé, gué de Buffard, 



Pont " Messier " de Buffard, en remplacement  du " Gué de Buffard " dénommé également le " Gué de la Ronceraie, construit une 1ère fois avec tablier en bois dans la ière moitié du XVIIème siècle, et reconstruit en pierres au XVIIIème.



Logis de Buffard, devenu " Maison de Maître " vers la fin du XVIIème siècle.


- 2° : le Vieux-Gué ou Grand Gué ou plus tard le Gué de Coelhard ; dans un texte du fond ancien de Saint Mesmin : le Gué antique du Rosne,                                                                                                  

- 3°: et enfin le gué de Moondaon.                                                                                                 Pourquoi, le gué médian a-t-il pris de l'importance, au détriment de celui situé en amont, et de celui placé en aval ? Nous pensons que le ou les concepteurs, qui étaient également le ou les utilisateurs, ont fait délibérément le choix.. Un bond à rebours dans l'espace" temps " s'impose.

Il est évident, que les chasseurs-cueilleurs, les clans familiaux en se déplaçant, en passant et repassant par les mêmes endroits, ont non seulement marqué le sol, mais également la végétation. Des sentes apparurent, devenant des sentiers, des pistes, embryons de futurs " chemins ". Aucun texte, aucun acte, mais des traces et de vestiges, 

auxquelles, il y a lieu d'ajouter une exception géologique,

- " le bec du Rhonne", cette confluence particulière à contre courant, qui peut-être considérer par sa rareté comme une " curiosité géologique".

                          


Traces et résidus de taille d'un outil en silex de Vion - 72.



Eclat de silex de Vion, vraisemblablement destiné à réaliser un biface - La taille a été commencé, puis
abandonné. Trouvé dans les gravats, destinés au dépotoir, lors de travaux sur le chemin .


Chooper en silex roux trouvé à Guécélard en 1973.



Outils lithiques et trois bifaces Acheuléens trouvés à proximité du chemin en question.


Ossements fossilisés, et fragments de d'une défense de Mammouth.
Trouvés dans un des dépôts fluviatiles de la Sarthe avant le boulversement du site de la Beunêche.


Un peu plus tard, lorsque l'industrie du bronze se développa, vers -1.500 B.C ( Before Christe - avant le Christ ), d'importantes caravanes d'animaux porteurs ( selon des textes de vingt et souvent plus d'animaux en file ), lourdement chargés, convoyés l'étain  britannique. Celui-ci conditionné dans l'île de Wight, débarqué sur le continent à Vieil-Rouen, puis acheminé par voie de terre vers Port Corbilo, où attendait les navires Phéniciens en instance de chargement, pour le transporter via Gibraltard vers la Méditerranée orientales. Le bronze est un alliage de cuivre et d'étain.  

Or le cuivre indispensable provenait des mines de La Haya, en Pays Basque espagnol, et il remontait lui aussi par caravanes tout aussi importantes, tout aussi pesantes. Il fallait donc un chemin, une voie, suffisamment large et robuste pour supporter le poids et l'intensité de ce trafic qui dura pendant presque un millénaire. C'est ainsi, qu'apparue la voie reliant la rive gauche de l'estuaire de la Seine, à la rive droite de l'embouchure de la Loire.   
                                                                                                             
Plus près de nous. Lorsque le peuple celte des Aulerques abandonna définitivement les sombres, humides et froides forêts germaniques, pour se diriger vers l'Ouest, vers des cieux plus cléments ; nous pensons que ce n'est pas par le plus pur des hasards que,                                                                
- les Aulerques Ebuvorices s'établirent dans la région d' Evreux et la vallée de l'Eure,                          
- les Aulerques Cenomans, se fixèrent dans la région du Mans, et la vallée de la Sarthe,               
- les Andes, peuple frère, s'implantèrent dans la région d'Angers et la vallée de la Maine, des confluences des trois rivières : Mayenne, Sarthe, Loir.                                                                           
A noter, que cet alignement forme une diagonale Nord-est / Sud-ouest, un axe, matérialisé par une voie existante. Nul doute, comme le prouve les différents sondages et fouilles, qu'il s'agisse, d'une véritable " voie gauloise ", qui n'a rien à envier au célèbres " voies romaines". Un lit épais de pierres fortement tassées et concassées, reposant sur un lit de sable, lui même recouvrant de très grosses pierres solidement fiées à la base. Le dessus, très légèrement bombé pour facilité l'écoulement des eaux vers deux fossés parallèles, alignés de part te d'autre de la chaussée. Quant à la largeur, elle permettait à un véhicule rapide, de doubler très largement un ou une file de chariots à quatre ou six roue tractés par des attelages de dix à douze boeufs ; à les véhicules de se croiser.  Selon Jules César, lui- même, Camille Jullian, et de nombreux autres, dans la Gaule indépendante bien avant l'invasion romaine, on circulait beaucoup, et très rapidement. Les Gaulois ont inventé les chars, et les chariots, et ils avaient la réputation de s'ennivrer par la vitesse.  




Mise à jour d'un soubassement d'une portion de  chemin dit " Mansais ", qualifié de " Antique " - " Voie Gauloise " .


                                                 

Authentique " Chemin Mansais " dans sa traversée de Guécélard - Croquis de G.Dottin




Enfin, c'est par la " voie historique des invasions", c'est-à-dire  par le " Seuil du Vermandois -- alt. +150 m.", Beauvais, Gisors, franchissement de la Seine à Pont de l'Arche, Evreux, Châteauneuf-en-Thymerais, Rémalard, Bellême, Bonnétable, Le Mans, que des groupuscupes Francs, sous l'égide d'un chef, prirent possession du sol et firent la conquête de la Gaule, appuyés ensuite par l'invasion définitive. Le franchissement de la petite rivière du Rhonne, par ce chemin, présentait un endroit idéal pour s'établir, s'implanter durablement. Coelhard, a très juger et jauger le site.
Le Rhonne, a géologiquement,  géographiquement, hydrologiquement prédisposer ce site à devenir un lieu-dit, qui sera progressivement habité.


Guécélard, les grandes dates de son Histoire,- un site apparu vers le IVème siècle avant notre ère,- un nom cité dès le IXème siècle,- une chapelle au XIIème siècle,- une paroisse au XVIème siècle,- une commune au XIXème siècle.du Gué de Coelhard à Guécélard.....de l'obscur hameau du IXème siècle cité dans une Chronique d'Anjou, datée du 4/5 juillet 866 selon R. de Prüm ) isolé dans l'immensité forestière....à la commune distincte du 31 juillet 1880......un peu plus d'un millénaire s'est écoulé.... et pourtant sans fin la meule de l'Histoireamène irréversiblement dans un ordre intangible une succession d'événements historiques.....






GUECELARD,

Guécélard, ce nom a une histoire.... est l'Histoire est dans son nom.

Un point de passage, fixe, permanent, qui pendant pratiquement trois millénaires restera anonyme.

L'apparition du nom en 866.



Aucune autre localité française ne porte le même nom, ou un nom s’en rapprochant.

Pourquoi, le nom de Guécélard ?

La réponse à cette question, est dans une autre question : d’où vient le nom de Guécélard ?

Ce nom semble apparaître pour la première fois au travers d’un document nominatif, manuscrit en bas-latin, sans datation, estimé au IXème siècle, aux Archives Nationales de Paris, « …..vado nomino Coelhardi….   ( gué dénommé Coelhard ) », il s’agit manifestement d’un lieu-dit, d’un habitat ancien.


Nos références :
Veterum analectorum - t. III - les Annales de Saint Bertin - t. VII, p. 94-97 - les Annales de l’Ordre de Saint Benoît - liv. XXXVII, n° 55-56
« ….en 866, c’est à environ quatre lieues de la cité du Mans, que le « comte du Maine Geoffroy, orthographié dans certains textes Gozfrid, dans un autre document Gauzfrid, ou encore Godfridum, se serait arrêté en un hameau, accompagné du corps de son frère, l’infortuné Hervé, de quelques hommes d’armes, à son retour victorieux « de la bataille de Brissarthe, contre les Normand's…... ».

La famille de ces comtes du Maine est citée dans les Chartes de l’abbaye de Sainte Scholastique de Juvigny. C’est à la mort du comte Roricon II ( Rotger ), en décembre 865, que le roi Charles II dit le Chauve plaça Gauzfrid aux responsabilités du comté du Maine, avec mission de le gouverner et de le défendre.

Lorsqu’en 1051, Geoffroy II dit Martel, comte d’Anjou, profitant de la mort d’Herbert II, comte du Maine, envahit et occupe Le Mans soumettant sur son passage, et à son autorité les paroisses limitrophes au Grand Chemin médiéval reliant Le Mans à La Flèche, cette localité se situant alors à la limite du comté d’Anjou ; le lieu-dit du Gué de Coelhard, bien que la documentation soit d’une désespérante pauvreté « …..possède quelques feux…. » la notion de « feux * » la maison qui fume entourée d’un champ exploité, semble déjà à cette époque se substituer à celle de « manse ».

avant le recensement, la dénomination de " feu ", était utilisé pour définir une habitation regroupant de 3 à 5 personnes d'une même famille.



Dessin à la plume, et à l'encre de chine, représentant le " hameau du Gué Coelhard".


L’évolution chronologique du nom est particulièrement intéressante pour en suivre le développement,

- au IXème siècle - le Gué-Coelhard
- au XIIème siècle - le Gué-Seelard ou Seelhard
- au XIVème siècle - le Guecellard ( t ) - le Guessellard - Gueisseillard
- au XVème siècle - le Guécellard  ( t ) - le Guesallard
- au XVIème siècle - le Gues-Ceslard 
- au XVIIème siècle - le Guesellart - le Gueceslard - le Guescelard
- au XIXème siècle - le Grand-Bourg c’est à-dire  le Vieux-Guécélard
- au XXème siècle - le Vieux-Bourg

C’est parce que voulu par la « Mère nature » que Guécélard, ou plus exactement le nom initial qui perdura pendant des centaines d’années « le Gué de Coelhard », est né dans un environnement ingrat quasi-désertique. Son origine découle de l’union d’une adorable petite rivière et d’un authentique chemin antique.

L’existence de Guécélard est étroitement et uniquement liée à la présence de ce point de passage obligé et incontournable pour le franchissement de la petite rivière : le Rhonne. Le gué, représente le point fixe et permanent du paysage, il est associé au nom d’un homme :  Coelhard qui devait devenir par la loi de la phonétique : Seelhard, qui fut cité dans un  texte, ou Seelard dans plusieurs actes des XIIème et XIIIème siècles, puis de déformation en déformation : célard..

Il est indispensable de se rappeler : 
« …..pour nos ancêtres les Gaulois, le Gué, était un lieu divin, il se classait aussitôt après le chêne dans le cycle de l’initiation du (  voyage « druidique…. ). Il donnait lieu à un acte rituel : l’extase par le jeûne, la traversée d’un cours d’eau était assimilée à :  une mue de l’individu ! ».

Dans les religions gauloises, le « gué » était un  « pont sous l’eau », il était habité par la  déesse du passage - Ritona, y résidait également la déesse spécifique aux cours d’eau - Divona, la divine, cohabitation  délicate et même quelquefois particulièrement difficile qui se manifestait par des remous dans le courant. L’endroit était sacré, et constituait un «  no mans land », tout combat en ce lieu ne pouvait être que mythique

Un point fixe et permanent du paysage boisé de l'endroit, lieu incontournable de franchissement d'une petite rivière dénommée : Rosne ( IXème siècle ) : étymologiquement " eau qui marche ", par un authentique chemin antique, connu pour sa section sarthoise sous l'appellation " Grand chemin Mansais " * - " Grant chemeing Manczois ( première moitié du VIIIème siècle - Analectorum veterum bénédictus ) .

* Ce " Grand chemin Mansais ", était en réalité une portion d'un chemin beaucoup plus important, remontant au " Bronze moyen ", et authentifié comme tel, c'est à-dire -1.500 à-1.200 B.C. ( Before Christe ) . Il reliait le port de " Vieil Rouen ", situé sur la rive droite de l'estuaire de la Seine, à environ une vingtaine de kilomètres de l'actuel Rouen. Vieil-Rouen était le point de débarquement sur le continent des lingots d'étain britannique, conditionnés sur l'île Wight selon Camille Jullian, et Henry d'Arbois de Jubainville. Par voie terrestre, par caravanes d'animaux porteurs, via Evreux, Bellême, Bonnétable, Le Mans, La Flèche, Angers, Ancenis, il était acheminé jusqu'à Port Corbillo, placé sur la rive droite de l'embouchure de la Loire, où il était embarqué sur des navires Phéniciens à destination du bassin oriental de la Méditerranée. Nul doute que ces caravanes, en croisaient d'autres, remontant du Pays Basque espagnol, mais ces dernières chargées de cuivre. N'oublions pas que l'analyse par Lyon II d'objets en bronze découverts sur le parcours de ce chemin donne de 11 à 12 % d'étain pour 84 à 85,5 % de cuivre.




Denier Mansais, frappé vers 1035, sous le régne de Herbert 1er, dit Eveille-Chien, comte du Maine, arrière Grand-Père de Henry II, Plantagenêt,  roi d'Angleterre, duc de Normandie, comte d'Anjou-Maine-Touraine .



La nature historique de cette " voie de terre ", par opposition à la " voie d'eau " que représentait la rivière Sarthe, a incontestablement marqué non seulement le nom même de Guécélard, mais également son historiographie.


Plan de Guécélard de 1667, format A1. On remarque le " Grand Chemin Mansais " qui ondule en diagonale, le bourg du Gucélard " notre Vieux Bourg ", et à une certaine distance " la Chapelle " avec quelques maisons. On distingue le haut du méandre de la rivière Sarthe, et le château de Mondan .



Le sol garde en mémoire, le nom de celui qui l’a conquis….!   


Coelhard ou Seelard sont cités dans des textes aux A.D.72 et aux A.N. de Paris. Pour être précis, la forme la plus ancienne  remonte au IXème siècle, elle est révélatrice : Coelhard  est tout simplement le nom du premier occupant du lieu. 


Coelhard : peut signifier en Vieux-haut-Allemand : chef fort - puissant par analogie influent - talentueux

Nous citons le poète anglais Henry W. Longfellow,

« Le sol garde en mémoire, le nom de celui qui l’a conquis, ceux qui ont fait l’histoire ont  laissé leurs empreintes dans le sable du temps les empreintes pourront s’effacer leur signification n’en sera pas pour autant balayée ».

Selon toute évidence, le tableau préliminaire réalisé avec plusieurs documents des A.D.-72 et des A.N. de Paris ( 01-2009 ), nous oblige à reconnaître que le  «  chemin reliant Le Mans à Angers via La Flèche » a joué un rôle fondamental dans l’historiographie de Guécélard, pendant des siècles et des siècles, pour ne pas écrire plus d’un millénaire. 

En effet, cet axe Nord-nord-est / Sud-sud-ouest qui trace une diagonale dans notre département, dénommé dans les textes anciens «  hault-Mayne »,  n’est en fait qu’une section d’un chemin antique qui reliait port Corbilo *( rive droite de la Loire ) à Vieil-Rouen ( rive gauche de la Seine ), cité dans un acte de 1248     « veteri rothomago », dans Rev. Archéologique de Normandie - 1891 - VIII,8.

* Port Corbilo, port antique à proximité d'Ancenis, où les navires Phéniciens, venaient embarquer les            " dauphins" de l'étain britannique conditionnés à l'ile de Wirth, débarqués sur le continent à Vieux-Rouen.


Plan des Chemins médiévaux, répertoriés et authentifiés par André Bouton, dans se oeuvre remarquable - Le Maine, Histoire économique et sociale en 5 volumes .



Section du " Grand chemin Mansais " - Le Mans-LaFlèche - Document B.N.F. de Paris.



Gué Mansais au Mans sur un plan de 1647,  des A.N. de Paris


L’analyse étymologique approfondie nous révèle que l’origine du nom de Coelhard n’est ni indo-européenne, c’est à-dire pré-celtique, ni celtique c‘est à-dire gauloise, ni latine c‘est à-dire romaine, ni grecque, elle est germanique, selon le même glossaire de vieux-haut-Allemand à la B.N.F.de Paris                ( Bibliothèque Nationale de France ). 

La  valeur probatoire de ce témoignage a fait l’objet d’une vérification avec la réalité de l’histoire. 

D’autre part la lecture, et l’examen de documents authentifiés et d’ouvrages à la Médiathèque du Mans, à la Bibliothèque Nationale de France à Paris nous apprennent  que déjà dès le IIème siècle et le IIIème, les Romains avait des contacts avec les Francs.

Des Francs qualifiés de  « barbares germains », ex-mercenaires dans l’armée romaine, ex-prisonniers de guerre, bénéficiaient d’un statut juridique - celui de fédérés - laeti, ou dans de nombreux cas immigrés infiltrés qui parvinrent à se fixer dans les interstices de la force d’inertie de l’énorme machine administrative romaine. 

Infiltrations perfides, de petits groupuscules de quelques individus sous l’égide d’un chef qui prenait systématiquement le pouvoir par la base, c’est à-dire par le sol.

Ces éléments enracinés, dispersés, formeront de « petits îlots d’intelligences » qui faciliteront le moment venu, la conquête Franque. Venues des sombres et hostiles forêts de Germanie, sans esprit de retour, ces    « paysans-guerriers » se sont installés dans « l’agri deserti », que représentait les friches qui couvraient alors notre commune.

La tradition historique tient à qualifier d’ « invasions barbares…. » ces migrations diffuses de groupes humains d’agriculteurs-guerriers, plus qu’à demi-celtisés, venus des régions forestières et froides de la rive droite du Rhin ; s’établir dans des contrées désertes plus clémentes, loin à l’ouest de ce fleuve. La Bibliothèque Nationale de France nous dévoile que des Francs étaient légalement installés avec un statut juridique dès 358 ( vraisemblablement celui de fédérés - laeti » ) disséminés dans des régions de terres incultes, abandonnées par ses habitants, depuis la fin du III / IVème siècle, éloignées des frontières. Les Historiens Lucien Musset, François Dornic et André Boutton, reconnaissent dans leurs ouvrages l'existence de colonies Létes au Mans et dans la Sarthe. Les Francs ont recueilli l’héritage antique de nos Ancêtres les Gaulois, qui a été progressivement transformé par l’apport barbare et la christianisation.diffuses de groupuscules humains d’agriculteurs-guerriers, plus qu’à demi-celtisés, venus des régions

Strabon, dans un passage fameux - liv. VII, 1, 2, : 
« …admet qu’entre les Gaulois et les Germains, il n’existe que des nuances »


Selon Marc Bloch,
« L’action d’une civilisation sur une autre ne se mesure pas nécessairement à la balance des nombres en présence » .

La vigueur du fond rural communal de Guécélard se manifeste dans la richesse de la toponymie, qui définit d’une façon frappante et surprenante, la diversité des types de peuplement. Les Francs et les Saxons            ( dénommés dans nos régions : hommes aux longs couteaux ), avaient en commun la langue : le dialecte Westique, dont dérive le vieux-haut-Allemand, selon E. Schwarz. Lucien Musset écrit : « …des colons barbares désignés « Lètes » attachés à leur terre et fixés à l’intérieur de la Gaule….. ».

Notre source fondamentale est un recueil de documents aux A.N. de Paris : " la Notitia Dignitatum de 428-430 ".

Il faut se rappeler que l’occupation germanique avait été réglée : par l’ Édit d’Honorius vers 420-423, et il est donc possible d’en suivre les effets dans la donation effectuée en 572 par Domnole - évêque du Mans. D'autres documents nous éclairent et nous le confirment, à la Médiathèque du Mans et à la Bibliothèque d'Angers.

Vers 594-95, les clercs et les laïques lors de leurs prêches ne possèdent plus le latin correct….Les documents, lois et diplômes se formulent en bas-latin ou en germanique ( vieux-haut-Allemand - Grammaire historique de la langue française ) . 

Le Concile de Tours en 813 « …ordonne aux clercs et aux religieux ne se faisant plus comprendre par des fidèles de s’exprimer en roman ou en germanique ».

Il faut se rappeler que l’occupation germanique avait été réglée : par l’ Édit d’Honorius vers 420-423, et il est donc  possible d’en suivre les effets dans la donation effectuée en 572 par l’évêque du Mans Domnole ;  aux A.D.-72  ( Archives Départementales de la Sarthe et B.N.F. de Paris ).


En 456-457, Guécélard se trouve positionné dans le royaume indépendant de Aegidius ou Egidius, dit comte Gilles, chef de la milice romaine ( Magister Militium », né à Lyon, après ses victoires sur les Burgondes et les Visigoths, remplacé à sa mort en 464 par le comte Paul, qui avec Childéric et ses francs venus du Mans, expulsent les Saxons de l’Anjou - liv. II, chapitre XVIII,

HISTORIA FRANCORUM de Grégoire de Tours - liv. II, chapitre XLII,
«…..Childéric, n’était pas le seul roi Franc, on en signale un au Mans, vers 486. C'est un proche cousin de Clovis, qui fut détrôné et tué par celui-ci…. ».

Le dernier roi Franc du Mans
Régnomer, prince du sang de Mérovée, possédait alors au tout début du VIème siècle, le Maine à titre de royaume, comme son frère Régnacaire, régnait sur le Cambrésis. Tous deux ne purent échapper à l’ambition de Clovis, qui les fit mettre à mort. Après l’assassinat en 510 de Régnomer, dernier roi du Mans, le fondateur de la monarchie Française pénétra dans le Maine à la tête d’une armée Franque, anéantissant toute forme d’opposition. Sur son chemin, la cité Mancelle le stoppa, il assiégea donc la capitale des Cénomans, après une énergique résistance la ville fut prise et les habitants subirent l’impitoyable loi du vainqueur. Saint Principe, alors évêque du Mans, par l’entremise de Saint Rémy dont il était parent, obtint la liberté de ses clercs, et la cessation d’oppression.

De nombreux éléments d’archives, laissent supposer que le tout premier habitat près du Gué sur le Rhonne, soit semblable à celui-ci.

                             


Authentique maison franque du Vème siècle - VIème : reconstituée en 1966 à l’occasion du  1500ème anniversaire de la victoire de Clovis sur Syagirius à Soissons (O2 ).* De nombreux éléments d’archives, laissent supposer que le tout premier habitat construit près du Gué sur le Rhône,  soit semblable à celui-ci.


Loi en vigueur au VIème siècle

Pour ce faire une idée de l’ignorance et de la barbarie de ce siècle , mais également des survivances, il est indispensable de jeter un coup d’œil sur le code des Francs,

- si l’on blessait un homme Franc à la tête, il en coûtait 15 sols or.
- si l’on dépouillait un cadavre, on était condamné à 62 sols or.
- si l’on volait dans un lieu saint, on avait la main droite ou gauche coupée.
- l’assassinat d’un homme Franc coûtait beaucoup plus cher que celui d’un Gallo-Romain.
- le crime d’un guerrier Franc, pouvait entraîner la décapitation.

- il était possible de s’acquitter d’une calomnie, d’injures en rachetant sa peine.
- certaines violences, entraînaient la mise à mort par dépitation, pratiquement sans procès.

L’or, effaçait tout, permettait tout, c’était un pouvoir absolu.
Ce ne sont que quelques exemples, parmi de nombreux autres…..

Le Maine et de ce fait, Guécélard se retrouve dans la part de Chilpéric 1er, petit fils de Clovis, fils de Clotaire 1er et de sa dernière épouse Aregonde, reçoit en héritage la plus petite part ( le nord de la Gaule avec Soissons ), qui prend le nom de Neustrie. Vers 575, Chilpéric mobilise une troupe de Manceaux, d’Angevins et des Saxons du Bessin, pour libérer la ville de Vannes, du joug d’un chef breton nommé Waroc ; ce fut un échec particulièrement cuisant.

En 581, l’évêque du Mans est d’origine franque, ancien majordome de Chipéric.

HISTORIA FRANCORUM - liv. X, chapitre XXV
« ….vers 590,…..une grande famine accable les Angevins, les Nantais, et les Manceaux…. ».


La toponymie, en l’absence de traces archéologiques, 


constitue à coup sûr pour Guécélard le meilleur moyen d’approche pour évaluer la profondeur du peuplement germanique, les lieux-dits en témoignent :

- lieu-dit :  le Bordage,
attesté en 927 - Bord ; dérive du vieux-Français : Bore qui émane du vieux-Saxon : Bord, se prononçait Boord,  a débouché sur Borde, désignant au Moyen Age une petite maison en bois au bord d’un chemin, donnée à bail contre certaines corvées, servitudes. A évolué vers la désignation d’une petite fermette. On le trouve cité dans des actes médiévaux : bordagium.

L’ouche, unité inférieure est désignée : osca - olca
C’est la pièce de terre voisine de l’habitation « …..concedo habitationem…Joffridi Rufi…ego quoque…..do eis oscham que est juxta…… », elle confine au jardin « …..unum ortum cum olca ei pertinente… », close d’une haie vive « ….oscam de la sauvagère sicut continentur infra sepe….. ».

- lieu-dit : les Brosses,
alt. +45, dans un acte de 1170 - Brocea , en vieux-Français : Broce, du vieux-haut-Allemand :  Bosk , désigne un terrain inculte couvert de taillis touffus - nom attesté en 1350 - Brocia.

- lieu-dit : Buffard,
apparition du nom vers 875, dérivé vraisemblablement de Buffe - Buff. En 1150,il a désigné une maison  en bois, permanente, plus robuste, plus solidement construite que celles des alentours, on peut supposer pour contrôler, protéger le passage du gué de cet endroit.

- lieu-dit : Buffe,
attesté au IXème siècle a évolué Buffve, Buf, Buff, Bufe, la Bibliothèque Nationale de France nous apprend : découle du vieux-Saxon Budf, désignant un baraquement, un logement reposant sur une assise permanente  « briques » extraites d’une terre molle puis séchée.

- Gastine,
mot attesté en 1225 - Gastinae  ; en vieux-Français : Gastina, dérive directement de Vast, du roman Wast, synonyme d’étendue inculte, stérile,  de lande humide ; du vieux-haut-Allemand Wost ou Vast . Les Francs affectionnaient  les « Wost ».

- lieu-dit : Thibault ( pont ),
forme altérée de Thibeau, dérive du vieux-haut-Allemand : Thiebald, puis Thidbald, qui signifie - Thie ou Thio = peuple ; bald = audacieux.

Les sources narratives nous expliquent : Les invasions, les vagues germaniques les décèlent depuis 287-288. L’implantation germanique devient pour notre territoire un fait économique, un fait démographique, la ruralisation va modeler le visage médiéval de cette terre, de notre terre, et au premier chef le caractère social de l’endroit. À partir de 464, un fait apparaît, pour les populations gallo-romaines de notre région, les Francs sont considérés comme des protecteurs, et non comme des conquérants.

La  nécropole  de  La  Martinière  témoigne…….
lorsque l’Archéologie confirme, authentifie les analyses étymologiques et les textes,


Sur le territoire communal de Guécélard,   comme pour confirmer cette thèse, il a été découvert une petite nécropole antique en 1954, au lieu-dit : la Croix de La Martinière, composée d’un cimetière comprenant cinq sarcophages. Une importante érosion, l’éventualité d’un pillage antérieur sont peut-être à l’origine du mauvais état des coffres. Trois catégories de tombes ressortent de l’inventaire. Site authentifiée et protégé en 1955.
                            

Cartographie des sites archéologiques répertoriés sur la commune de Guécélard - 2007.


Bien qu’aucune étude géologique n’ait pu être entreprise à partir de l’examen d’échantillons des matériaux composant les sarcophages, plusieurs spécialistes proposent de situer leur provenance, en précisant les carrières du Val de Loire-Touraine du IVème siècle. Soit la région de Bourgueil, ou de Montreuil-Bellay.

En l’absence d’état civil et de registres paroissiaux qui ne se généralisent qu’à partir du XVIème siècle, l’étude d’une population ancienne doit faire appel aux données fournies par le matériel osseux exhumé lors de fouilles de nécropoles.

                                 


Plan de la « Petite nécropole de la Croix de la Martinière », communiqué par la Direction de l’Archéologie des Pays de Loire .


L’examen  des documents fournis par la Direction régionale de l’Archéologie, laisse à penser qu’il s’agit d’un cimetière mérovingien : on constate une organisation - une tombe décalée par rapport aux autres plus ou moins alignées, l’orientation sud-sud-ouest / nord-nord-est, des cuves monolithiques, la présence de pierres plates ayant servies à édifier une bordure ou de dalles de recouvrement ( tombe n°1 ), suffisamment séparées les unes des autres pour qu’on puisse envisager des allées de circulation 

Le tome XIII - 1955 de GALLIA ( fouilles et monuments archéologiques en France métropolitaines ) et la Carte Archéologique de la Gaule - p.238 , rubrique 146 - AH, réalisée sous la responsabilité du professeur Michel Provost, nous apprend, 

« à Guécélard - En bordure de la R.N.23, près du carrefour du V.O. de Moncé-en-Belin à Fillé, au milieu d’une pinière, l’ouverture d’une carrière de sable en juin et août 1954 a fait découvrir cinq sarcophages , orienté « N.N.E.-S.S.O, l’un en calcaire coquillier, les autres en «  crouas » - ( falun ).

Au lieu-dit : la Croix de La Martinière - Cne de Guécélard on découvrit en juin 1954 dans une carrière de sable à la Sapinière du Grand Chemin, un sarcophage en pierre friable avec un fragment de couvercle qui fut immédiatement détruit par l’inventeur. Quatre autres sarcophages trapézoïdaux (  l’un en calcaire coquillier, les autres en falun ) furent fouillés en août. Disposés  en rangs parallèles, la tête orientée nord / nord-est, ils contenaient des squelettes  usés , un seul a livré du mobilier 2 perles en terre cuite vernissée, 1 perle en verre  bleu translucide les autres étant mal conservés. La présence de  nombreux  tombeaux mérovingiens * des VIème et VIIème avaient déjà été signalés par F. Liger-1903, A. Ledru-1911, F. Lemeunier-1954 ».

* Les Mérovingiens tiennent leur nom de Mérovée, roi légendaire franc salien, père de Childéric I er et grand-père de Clovis, et constituent la première dynastie royale de France, qui régna pendant trois siècles (  du milieu du Ve siècle à 751).

Au stade final, nous superposons la dispersion des références recueillies en essayant d’isoler un critère  fondamental.

En conclusion de ce chapitre : l’archéologie par la découverte de la nécropole de la Croix de La Martinière - cadastré : section C, parcelle 155, Cne de Guécélard, valide les textes d’Archives et l’étymologie du nom, authentifiant un fait,

«  Vers le Vème siècle, un homme d’origine germanique, probablement un chef Franc, est  venu s’installer  dans une boucle de la petite rivière dénommée Rhonne, en un point  naturel de franchissement  inoccupé, en un  endroit semble-t-il désertique. Il y fit souche,  et conquit le sol avoisinant, communiquant à l’endroit son  nom. L’archéologie nous permet de penser, que ce site a été habité  en continu au moins  jusqu’au IXème siècle, par un groupe ayant  gardé la même appellation ».

Comment poursuivre les investigations ?

La « romania », n’avait pas ou peu touchée notre terroir. On peut en se plaçant au début du XIIème siècle, et dans la perspective de l’héritage du Vème établir un bilan fort limité. Dans des documents dispersés, quelquefois abâtardis par l’interprétation, on trouve aux A.D.-72, un passage dans un texte « ….in terrae sit…..homines vado in coelhard…. », la terre de l’homme Franc * de Coelhard . Le cliché  du « barbare » qui apporte le désordre, la ruine et incapable de construire ; est à gommer. Il apparaît clairement que la coexistence des races, des dialectes et des genres de vie différents est évoluée après une forme d’intégration, vers une fusion.

Les Francs apparaissent au début du premier millénaire dans les sources latines : dès les IIème siècle et IIIème siècle. les Romains avaient déjà des contacts avec les Francs, qu'ils enrôlaient comme mercenaires dans leur armée, et ce bien avant les invasions germaniques proprement dites. Francia est d'ailleurs une adaptation latine du IIIe siècle du terme Franko(n), nom que donnaient les Francs à leur domaine. "Francia" n’a alors pas une connotation politique mais plutôt géographique ou sociologique. Aux IIème siècle et IIIème siècle "Franci" désignait alors une ligue ou confédération de peuples germaniques installés sur la rive inférieure droite du Rhin ( c'est-à-dire au Nord-Est du Rhin ), au-delà des frontières de l'Empire romain. Les Francs n'étaient assujettis ni à l'Empire ni à un autre peuple, comme les Alamans, autre regroupement d'ethnies établies plus au sud sur la rive droite du Rhin ( du germanique « All- et Mann- », regroupement de « tous les hommes » ) . Ainsi "frank" ou francus signifierait "libre" (libre de la domination romaine, mais pourrait être une interprétation postérieure, un adjectif tiré du nom propre en langue germanique. La racine frank n'appartenant pas au germain primitif, l'étymologie frie-rancken ( libere vacantes ) pourrait aussi signifier libres voyageurs. On peut aussi retrouver l'origine du mot Franc dans le mot Frekkr, signifiant hardi, courageux, intrépide, vaillant en vieux norrois . Le peuple franc est avant tout un peuple de guerriers qui élisait un chef de guerre, nommé roi des Francs, qui exerçait son autorité dans son gau ou pagus ( pays ), et se plaçait librement sous son autorité pour les affaires militaires.



Bas d'un acte de 995, signé par Hugue III, comte du Maine, père de  Herbert 1er duit " Eveille Chien".


Et si besoin est….. Voici quelques mots que le français, a emprunté à l’ancien francique, la langue des francs que nous utilisons au quotidien,
- ban et ses dérivés (bannir, banal) < ban, territoire soumis à une autorité, interdiction, déclaration publique
- éperon < sporo ( westique ou ancien francique, l'allemand Sporn) 
- hêtre < haistr (ancien francique) 
- fauteuil < faldistôl ( westique ou ancien francique,  l'allemand falten « plier » et Stuhl « chaise ») 
- jardin < gart ou gardo (westique ancien francique, l'allemand Garten et l'anglais garden), « clôture », mais aussi « épine »… 
- heaume < helm ( westique ou ancien francique casque, l'anglais helmet et l'allemand Helm) 
- marais < marisk (westique ancien francique, l'anglais marsh et l'allemand Marsch (land)) 
- marque ( de marquer ) & marche ( frontière ) < marka (westique ou ancien francique, l'anglais mark) 
- rang < hring « anneau, cercle, assemblée militaire » ( westique ou  ancien francique, l'allemand Ring ) 
- harangue < harihring littéralement « troupe, armée ( hari ) & assemblée (hring) » 
- trêve < treuwa « contrat, convention » ( westique ou ancien francique, 
l'allemand Treue) 
- haubert < halsberg littéralement « cou (hals) & protection (berg) » 
- beffroi < bergfrid littéralement « veille, protection (berg) & paix (frid) » 
- bleu < blao (cf. l'allemand blau)


évidemment cette liste n'est pas exhaustive.




Origine et originalités……


Nous avons, précédemment écrit, que Guécélard avait été au tout début un point fixe du paysage, un  lieu de passage incontournable, l' endroit précis où le " Chemin Mansais " franchissait le cours d'eau du Rhonne. Ce site, habité vers le Vème siècle, au fil des temps était devenu un hameau, isolé au milieu d'un massif boisé de ce que les nombreux document des Archives départementales du 72, 49,37 et Nationales, la B.N.F. de Paris , qualifient de " forest dou Man - forest du Mans ".

On peut donc écrire, que dans une enclave, au milieu des bois, …….un hameau d'une certaine façon  s'éveillait.

La substitution de la culture au revêtement végétal s’est amorcée au néolithique, comme en témoigne les nombreux mégalithes disséminés dans notre proche région. L’évolution  et la progression se sont amplifiée avec les agriculteurs gaulois. C’est l’habitat gaulois qui a donné certaines caractéristiques à quelques-uns de nos lieux-dits.




Enclos Mésolithique de " La Forterie " à Parigné-le-Polin .



" La Forterie ", précisée sur un plan de 1647, des .A.N. de paris .






Menhirs, dénommés la Mère et la Fille, dans la lande des Soucis à la Fontaine-Saint-Martin.




Dolmen du Bruon, dans les bois entre Foulletourte et Guécélard .



Les crises successives des IIIéme siècle et IVéme, qui entraînèrent inéluctablement en 476, l’effondrement de la puissance romaine, ont eu pour conséquences  la désertification de notre territoire, l’abandon du chemin. La seule voie utilisable et utilisée, devient la rivière Sarthe.

Au Haut Moyen Âge, c’est à-dire vers le V-VIème siècles, passées les exactions de ce qui fut appelé les « invasions germaniques », qui eurent raison de l’empire romain, « le Pays de Bourray », donc le territoire communal Guécélardais, n’était qu’un territoire boisé, pratiquement désertique. Non pas notre vision actuelle des pinèdes, mais un univers de taillis vigoureux,  garnies de ronciers épais, enchevêtrés de broussailles, végétations spontanées qui  s’étaient développées sans contrainte sur les portions défrichées puis cultivées , mais abandonnées progressivement depuis les IIIème et IVème siècles ; dont les profondeurs insondables étaient imprégnées de mystères, et de frayeurs.


Carte de Cassiny dressée en 1747, lors de la construction de la"Grand route Le-Mans-Angers" Guécélard est situé au milieu des landes du Bouray .


Cette friche « en vieux haut-Allemand - vrisch » s’étendait des abords du Gué-de-Maulny ( château royal détruit par les Anglais en 1359 ), vers le Sud-ouest pour rejoindre la célèbre Forêt de Longaulany « Longus Alnetus en 1044 », dont une partie au XIIème siècle, portait le nom de  Berzil. La dite friche était connue, dans la littérature médiévale sous l‘appellation de « forest dou Man »,  dont une partie est dénommée dans un texte  « Gastines du Bélinois ». Environnement austère au faciès désertique, au sol humide dans certains endroits. Cet environnement austère au faciès désertique, submergeait le plat pays jusqu’au pied de la Butte de Bruon - alt. +86, juxtaposée à la Butte de l’Aubépine - alt. + 82 ( I.G.N.1997 ). À l’époque elle couvrait 2882 arpents et semblait ne commencer nul part ni ne finir part. « Pays des horizons noirs »  écrit par le Docteur Paul Delaunay », nature typée et contrastée où selon de nombreux textes l’histoire du sol se confond avec celle des hommes.

Dans un texte du XIVème siècle aux Archives de la Sarthe, on trouve « ….pais du deser, en brieres, frous et terres servan au pasthurage seulement…. ».

C’est dans cet univers insolite et sauvage, discrètement lové dans le méandre d’un cours d’eau, au cœur de ce Pays de Bourray si décrié, que s’est développé discrètement le hameau de Seelard.

Tonsure, calotte chauve de la légendaire Forest dou Mans , célèbre dans de nombreux actes et textes médiévaux, que prolongeait vers le Sud-ouest sur la rive gauche de la Sarthe la prestigieuse  Forêt de Long Aulnay .

La forêt de Longaulnay, qui, se développait dit-on, sur 16000 à 17000 hectares recouvrant douze paroisses, s’était progressivement muée en landes . Là où la forêt disparaît, souvent la lande apparaît. Un arpentage effectuait en septembre-octobre 1550, l’a évalué à 3600 hectares Un plan des landes du Bourray - A.1 et A.2, nous apprend qu’elles se divisaient en deux parties principales : le Petit Bourray et le Grand Bourray. que la plus importante est la  Lande du Grand Bourray. Sa superficie était estimé à 2275 arpents.

L’arpent en usage à cette époque pour évaluer la superficie des champs, des bois, etc, était celui de cent perches carrées, la perche de vingt-cinq pieds de côté, équivalait à 65 ares 95 centiares.



Il était une fois........


Les légendes transmises par la mémoire, de bouche à oreilles ont une curieuse destinée : on les cerne sans cesse et on ne les découvre jamais dans leur contexte primitif ; elles restent en suspens dans le domaine des probabilités. Or la mémoire, tout le monde en est persuadé, est très utile, mais........ car il y a un mais : elle est particulièrement infidèle, et a une tendance marquée à enjoliver.

« ….c’était dans le temps jadis…..il y a longtemps….à dame oui, très longtemps…..deux mille ans peut-être, et plus……il existait quelque part dans le coin….un pays merveilleux couvert d’une opulente forêt, dont l’ondulation des frondaisons était semblable à la houle légère d’une mer de  verdure. Une petite rivière, répondant au nom charmant de «  Eau qui court  » y déroulait  son scintillant ruban. Glanys, la pure, déesse aux yeux verts dans la chevelure ondoyante brillait aux rayons de Belen, le roi   soleil, et scintillait aux éclats de la Lune, sœur-mère et amante de Belen  y séjournait :  des cerfs, des biches, des daims, etc autres gentils animaux, y folâtraient en toute quiétude, de nombreux oiseaux gazouillaient parmi des buissons de fleurs aux coloris chatoyants. 
Le roi Burrius, régnait sur ce pays idyllique où de très jolies jeunes filles, vertueuses, évoluaient. Elles guidaient les voyageurs égarés ou errants dans le vieux chemin, faisaient franchir le « pont sous l’eau », et leurs offraient des collations et le breuvage divin.
Mais Burrius , enfreint la « Geisa * » - c’est à-dire l’interdit absolu, il  fit violence à l’une de ces fées, et, immédiatement celles-ci disparurent, abandonnant irrémédiablement ce royaume, qui se transforma en une contrée désolée, stérile, et désertique : « un  gastes pays » - un pays  de gastines, et de landes.
Le petit cours d’eau s’appela alors « Rivière qui coule », qui se « latinisa  en Rodanus ».

Conte librement inspiré d’un texte manuscrit en français roman du XIIème siècle : l’Élucidation, qui est un préambule à l’Épopée du Graal.  

* Geis, au pluriel Geisa - en gaulois, signifie redoutable interdiction magique ( X. Delamare ).

* « Gast », en vieux français, et son dérivé : gastine ( gastina - vastina - gâtine ) est synonyme de lande, friche, brousse, maquis - étendue inculte dans le sens de vide solitaire, abandonnée, désertique , en vieux haut-Allemand : Vast -Vastus - La Forêt du Mans était une « Gaste Forêt ».

Bourray ou Bouray - 
de nombreux actes d’Archives départementales de la Sarthe, de l‘Indre-et-Loire, du Maine-et-Loire et même du Loiret, permettent de constater que ce nom a subit de nombreuses variations au cours des siècles écoulés : 
Bourre - Boure - Bourrei - Bourrey - Bourrai - Bourrai

vers 1025, dans un acte ( H.577-Prieuré de Fessard ) Benregium -  au XIIIème siècle, Bourrei - selon Georges Dottin, dans son Précis - Glossaire de la Langue Gauloise, définit : Bourray émane directement de Burus, son dérivé Burrius, nom d’un homme d’origine gauloise avec le suffixe « -acus », qui a dû être sous la forme gauloise « -acos » l’évolution du suffixe : -e , -ei , -ey , dans le Nord-ouest de la France a donné vers le XIVème siècle et au XVéme -ai et -ay  

- Burrius : 
désigne en langue gauloise ( table de Veleia ), non un nom de lieu,  mais un nom d’une étendue de terrain  

Les documents écrits de cette période sont rares, et souvent en mauvais état, leur transcription en est d’autant plus difficile qu’ils se trouvent dispersés dans différents centres d’archives départementales.

Le Haut Moyen-Âge est une période de l’histoire qui est tout particulièrement nébuleuse. 



Un hameau dans l’espace d’un terroir, 


Un constat s’impose : la rareté des documents. C’est un signe tangible de la déficience dans le peuplement non seulement de notre terroir communal, mais également de sa bordure périphérique. Les quelques textes que nous avons trouvé antérieurs au XIIème siècle, laissent entrevoir que le modeste lieu-dit : du Gué de Coelhard, ou Seelhard, ou Saalhart, ou Ceslhard, ( en fonction de la prononciation, elle même évoluant du Xème siècle au XIVème, donc de ce que le scribe entendait, percevait ), se transforma graduellement vers la formation d’un hameau, d’un habitat groupé pour se sécuriser, essentiellement à caractère familial : la famille « la cellule maîtresse, la réserve de main-d’œuvre », pratiquement sacrée aux yeux de nos Ancêtres les gaulois, très exactement comme à ceux des Francs.


En recoupant de nombreux passages de textes, d’actes dispersés, nous avons acquit la conviction que le hameau du Gué Seelhard ( orthographe du XIIème siècle ), formait une enclave dans un univers végétal qui le cernait, où des bouquets d’arbres émergeait de l’ensemble ; son importance était subordonnée par la qualité de son sol. 

Kierkegaard a exprimé,
" On ne peut comprendre l’existence qu’en regardant en arrière….".

Le paysage arrangé par l’homme tributaire de cette terre, est constitué par une juxtaposition de parcelles cultivées - là où la terre est la meilleure, que la plupart des textes Carolingiens désignent par un mot spécifique : mansus = manses. Vivant au cœur des bois, ce lointain Guécélardais, avait comme arrière-plan l’incertitude de ne jamais pouvoir améliorer sa condition, harassé parce que pauvrement équipé, obsédé par la faim : bien que moins affamé qu’au XIème siècle.

« ….la grande famine avait durée trois ans de 1030 à 1033 - Charles le Bon, roi de France, en 1120, prend des mesures dirigistes : il prescrit  pour prévenir la famine que la moitié des terres mises en culture seront  réservées aux pois et aux fèves ».

L’homme du Gué Seelhard, se rassure en vivant au sein de sa famille,  plus large que le ménage au sens étroit : descendants - ascendants - frères - sœurs - etc.. , vivaient sous le même toit et participaient directement au travail de l’exploitation. Ce paysan habite une chaumine, implantée dans un enclos ceinturé d’une haie vive soigneusement entretenue, asile protégé, dont les occupants se considéraient comme les seuls : maîtres ; aux limites desquelles s’arrêtaient les servitudes. Ces clôtures qui offraient un refuge aux richesses : bétails, les très précieuses réserves de provisions, au sommeil des hommes qui les protégeaient  contre les dangers naturels et « …surnaturels… ».

* Le mot Paysan et le mot Païen, ont étymologiquement une origine identique Paganus.




Photo des liasses au Fond ancien, que nous avons découvert les " trésors " sur les temps anciens du   " Gué de Coelhard et Gué Sellard " .



Selon François Dornic, et André Bouton, les terres qui avoisinaient immédiatement les habitations et les étables étaient spécialement inestimables et fécondes ; cette présence était particulièrement fertilisante : les déchets de la famille, les allées et venues des animaux entretenaient une amélioration continu du sol. En outre, ces mêmes terres toutes porches de la demeure, pouvaient être assidûment travaillées. Le milieu naturel s’en trouvait donc profondément modifié.

Chaque enclos enfermait et protégeait les courtils ( jardins ), les vachères ( pâtures ), les clos ( terrains bêchés ), c’est à-dire des parcelles régulièrement cultivées où la glèbe n’était jamais laissée en repos et où, à l’abri, poussaient les plantes et les racines indispensables à la nourriture quotidienne : le chanvre, la treille de vigne. On le voit, tout au fond de son « petit domaine » bien à lui, caché, préservé, l’habitant du Gué Seelhard était un peu  « roi ». Le regroupement de quelques enclos  contigus, constitua à n’en pas douter, l’embryon du hameau du Gué de Seelhard.

Au XIIème siècle, le hameau du Gué Seelhard, orthographié par certains textes de la seconde moitié du XIIème - Saalhard, se composait de quelques « chaumines ». La chaumine en général était de forme rectangulaire de 4 mètres sur 3, quelquefois et dans des cas bien particuliers elle pouvait atteindre 6 mètres. Construite et reposant sur des poteaux en bois, troncs d’arbres mal équarris, d’un diamètre permettant à deux hommes de les manipuler et de les placer. Des claies de branchages entrelacés, enduite d’un mélange de sable et de glaise figuraient les murs et formaient une isolation thermique appréciable. Le soubassement parfois réalisé de pierres sèches ( roussard ) non jointes, lorsque le matériau était disponible sur place. La couverture en chaume de provenance très diversifiée, dans notre région souvent des bottes de genêts serrés reposant sur des perches longitudinales, avec un orifice au centre protégé par un garnissage d’argile, permettant à la fumée du foyer central de s’évacuer. Le sol en terre battue, une petite fenêtre ventilait l’espace exigu, que l’on obstruait, avec un bouchon de paille ou d’herbes séchées . L’accès intérieur se faisait par une porte étroite, fermée par un cadre matelassé de genêts et de fougères.

Le mobilier très rudimentaire, témoignait d’un niveau de vie assez bas. L’espace environnant ce groupe d’habitations, était aménagé par les habitants, une « campagne » peuplée par une paysannerie stabilisée, enracinée. Cette forme ancienne et parcellaire des terres cultivées, s’est perpétuée il est possible d’en suivre l’évolution dans les plans terriers, les plans joints aux actes de donations, et de successions, palliant l’insuffisance de données écrites. Au Moyen Âge, le pain était l’aliment de base de Aïeux, un mauvais pain noir, fabriqué avec des farines de graines différentes : de l’orge mélangé avec du seigle céréales de gros rendement. Il consommaient également de la bouillie d’avoine. L’unité de grandeur  le « manse » correspondait en principe à  l’exploitation susceptible d’assurer la substance d’un ménage.



Croyances venues……du fond  des âges,


- on ne se mariait pas le mercredi - pour nos Ancêtres les Gaulois et pour les Francs, c’est un jour  « néfaste »

Ainsi  qu’au mois de Mai : des séances sabbatiques se pratiquaient pendant ce mois dans «  la Basse Judée » , située dans le " Grand Bourray ou Gastines du Bas-Poslinois " ; tout le terroir des Buttes de Monnoyer et des mamelons de  la Chouanne.


- lieu-dit : le Carrefour

que l’on trouve cité dans des actes des XIIème et XIIIème siècles : Quarroi - Carroi ne signifie pas nécessairement un croisement. Au Moyen Age, les carrefours champêtres, c’est à-dire tout terrain désert où se croisent plusieurs chemins ou sentiers, portaient dans les textes afférents à notre région, le nom de Carroirs - Carrois

- Croyance :
C’était un lieu suspect, endroit où flottait encore au XIXème siècle une croyance : domaine de la fée aux serpents Trivae

- Légende :
La nuit de Noël, est une nuit pleine de merveilles, de mystère et d’embûches. Il semble que Satan, exaspéré par l’échec que ce divin anniversaire lui remet en mémoire, éprouvait à chaque retour de cette grande fête un débordement de sa haine et de sa rage contre les hommes. C’est alors qu’il dispose dans les carrefours, au pied des calvaires, des trésors, et au moment de l’élévation de la messe de minuit, le sol s’entrouvre et engloutit vers l’enfer les imprudents cupides.

Les paroissiens se rendant à l’office de nuit, se signaient à trois reprises et
pressaient le pas.

- lieu-dit : la Croix Blanche.
vers 1199, tire son nom d’une croix érigée par les moines de Parigné, dans le but de christianisé un endroit objet d’un culte païen dans ses « Capitulaires » de 789, Charlemagne sévit contre les insensés qui pratiquent des superstitions. Concile de Tours en 567 - Concile de Nantes en 568

- lieu-dit : Le Jarrier.
En 1184, est cité…… cruce de Jarriaco….( croix du Jarrier)


Strictement délimité, le cimetière était donc un lieu de sauvegarde, vers quoi les paysans du Gué-Seelard, et autres confluaient pour échapper aux agressions. C’était également un important lieu de convivialité villageoise, où les habitants se réunissaient comme dans un forum,

Selon le Sydonal de l’Ouest, composé entre 1216 et 1219, sur les injonctions de l’évêque d’Angers - Guillaume de Beaumont, et qui se diffusa de la Normandie au Poitou - XXIX :
« …. les prêtres doivent interdire sous peine d’excommunication qu’on mène la danse dans le cimetière et dans l’église, et avertir même qu’on s’en dispense ailleurs, car comme le dit Saint Augustin : mieux vaut encore les jours de fêtes , bêcher et labourer, que danser ».

La gravité du péché ? Le droit Canon dans sa rigueur en détermine l’importance

La farandole était considérée comme une danse :
" si quelque’ un a exécuté des danses ou des farandoles en ce Saint lieu et qu’après avoir promis de s’amender ; il devra faire pénitence pendant trois ans ".

Un regard sur…… le Prieuré Saint-Pierre-de-Parigné au Xème siècle et….. sur le hameau dénommé : Coelhard.
An  début du IXème siècle, sous le pontificat de Jonas, évêque d’Orléans,  des moines d’ l’Abbaye bénédictine de Saint-Mesmin de Micy près d’Orléans, fervents admirateurs des rudes pénitents de l’Orient des premiers siècles, fuyant le monde, quittèrent le monastère se dirigeant vers le couchant.

Émules des Pères du désert * , ces quelques religieux munis de la permission de leur Abbé, partirent vers les immenses solitudes du Maine, en quête de l’absolu dans l‘isolement *.

* ( Liber Miraculorum - tome I, page 599 ).
  ( Concile de Germigny en 843 ).


Le Prieuré Saint-Pierre-de-Parigné : un phare dans l’obscurité médievale………


Dans les hauteurs boisées et désertes de la bordure septentrionale, du plateau géologique séparant le bassin de la Sarthe de celui du Loir, s’étendait encore en ce Xème siècle ce vaste massif forestier de hautes futaies bordant sur la rive gauche le cours de la Sarthes, et dont les ramifications, s'étendaient jusqu'à la rive droite du Loir, la franchissant en plusieurs endroits.

C’est en un lieu surplombant une vaste platitude d’une dépression, bordée par la rivière Sarthe, traversée par un cours d’eau dénommé « Rosne : eau qui court »; sur ce point surélevé que trois des moines s’arrêtèrent, et décidèrent de s’y installer. Ils construisirent trois huttes pour cellules, la terre pour lit, les fruits et les racines sauvages pour nourriture.



Schéma de la coupe géologique du territoire communal de Guécélard. En haut - la partie au delà du Bourg vers Arnage ; en bas la partie où est précisée la " cuesta du Poslinois " .




Dans le silence des hommes, et les bruits de la nature, priant dans le plus complet dénuement. Rivalisant dans la contemplation divine par une mutuelle émulation. Les trois autres religieux continuèrent leur route, s’enfonçant dans l’univers végétal, de la forêt qui portait le nom de Longaulany, vers un lieu qui porte de nos jours l’appellation de Saint-Jean-de-la-Motte.

Ces cénobites d’Occident unissaient ainsi, dans une juste mesure, l’ascétisme des Chrétiens de  l’Orient à la vie active du travailleur libre par une existence rustique. S’efforçant de devenir le type du religieux pionnier, qui en se sanctifiant lui-même procure à ses semblables et à ceux qui le côtoie d’ inappréciables bienfaits.

Des bâtiments en pierres progressivement s’élevèrent, et remplacèrent les cabanes, ce fut par priorité l’oratoire, appelé à devenir la chapelle, puis les cellules, des bâtiments à usage agricoles et artisanaux. Au prieuré Saint-Pierre-de -Parigné on vivait en complète autarcie *.

- * ( pièces justificatives VII 41 - Les noms des bourgs et des villages fondés par les moines de Micy )

Les friches alentours, celles au plus près du prieuré furent mises en valeur et produisirent des céréales, des légumes, des arbres fruitiers furent plantés et  constituèrent de beaux vergers. Les terres humides devinrent de gras pâturages où bovins et ovins assurés la production de lait,  de beurre, de fromages, de laine.

Nul doute que pour les habitants du petit hameau voisin, connu sous la dénomination du Gué de Coelhard, encerclés par un environnement de brousses incultes et pratiquement sauvages, attachés à leur terre, la cultivant ensemble, tout en s’efforçant de la défendre ensemble ; l’exemple de ces religieux, qui alliaient la foi à leurs connaissances de la nature, a été un  modèle à imiter, une façon de travailler ouvrant des perspectives jusqu’alors inconnues.

Ces Aïeux guécélardais d’une époque lointaine et révolue, subissant l’émulation de ces religieux venus d’ailleurs….les petits et les adultes bénéficiant de leur savoir dans de très nombreux domaines, tour à tour éducateurs, conseillers agronomiques, soigneurs des plaies physiques et morales, dispensant sans compter leurs efforts à la petite communauté rurale de ce hameau perdu au milieu de nulle part.

Une certitude apparaît systématiquement dans tous les textes concernant les relations entre le hameau de Guécélard et le Prieuré Saint-Pierre-de-Parigné des liens imperceptibles et indestructibles se créèrent et perdurèrent de générations en générations, aux travers les siècles qui allaient suivre.

Cette affirmation est évidente lorsque la soldatesque française ou étrangère transforme la platitude de notre territoire communal en champ de bataille, ou en terrain de manœuvres délirantes, saccageant maisons, église, récoltes. Nos petits paysans, leurs familles, leurs biens les plus précieux et leurs animaux, ce réfugiés alors dans l’enceinte sacrée du Prieuré, où régnait de Dieu «  la paix sacrée, que nul mécréant n’osait enfreindre ».Ils y trouvaient protection et réconfort.

Toutes les traces invisibles de ces empreintes accumulées, jouèrent un rôle prépondérant dans l’hostilité caractérisée des Guécélardais, lorsque la Convention décida unilatéralement l’union de Guécélard avec Fillé, en 1792.

Les efforts, du tout premier Maire, s’ils atténuèrent les effets du début , n’éliminèrent pas pour autant l’opposition qui devait réapparaître une décennie plus tard.

Dans un diplôme de Louis le Débonnaire, fils et successeur de Charlemagne, le XIV des Calendes de mars ( 19 février ), de l’année 836 de l’Incarnation de Notre-Seigneur, dans son palais d’Aix-la-Chapelle, Durand, diacre, remplissant les fonctions de chancelier en la place de Fridugise…..*, l’empereur des Francs accordaient aux moines de Micy la libre circulation de trois bateaux sur la Loire et ses affluents dont le Loir, la Sarthe, et la Mayenne *. 

Cet acte est également considéré comme certificat d’authenticité de l’antiquité de la fondation du village de Parigné, qui devenir Parigné-le-Polin. Ce diplôme fut confirmé par son fils quatrième fils Charles le Chauve dans une Charte le 13 septembre 851 *.

Ces grands bateaux d’une excellente flottabilité, d’une très grande maniabilité, étaient adaptés à la navigation en rivière. 

Dignes héritiers, descendants directs des « Knorr » saxons, injustement dénommés « drakkars ». 

Ces bateaux étaient appelés « Drodéman ».

- * ( B.N.F. manuscrit latin 12739 ; page 217 )
   ( l’appellation « port » à Guécélard date de cette époque )
   ( Gallia Christiana - Ecclesia Aurelis , tome XXIII, page 1529 )


D’un  lieu-dit  millénaire …… à  l'apparition d'une paroisse, et à la naissance  d’un  Bourg.


Il faut se rappeler que toute la partie du territoire du hameau du Gué de Célard qui s’étendait sur la rive gauche du Rhonne dépendait du Prieuré Saint-Pierre-de-Parigné, dépendant lui-même de l’abbaye bénédictine de Saint-Mesmin-de-Micy près d’Orléans ( clergé régulier ), fondée vers 508 ( B.N.F. ) . Tandis que la portion se développant sur la rive droite, était sous l’autorité de l’évêché du Mans (  la Quinte du Mans clergé séculier  ), dépendant de l’archevêché de Tours lui-même dans la Troisième Lyonnaise.

La cité de Tours fut longtemps sous la dépendance de la métropole de Rouen. Elle fut érigée en métropole civile du temps de l’empereur Honorius vers le début du cinquième siècle. Certains Historiens et non des moindres, insistent sur la date de 358, se référant à la date par laquelle, la Gaule Celtique  ou Lyonnaise, fut divisée en cinq provinces : la Touraine, le Maine, l’Anjou et toute la Bretagne.

L’archevêque de Tours avait pour suffragants les évêques du Mans, d’Angers, de Rennes, de Nantes, de Cornouailles, de Vannes, de Saint-Malo, de Saint-Brieuc, de Tréguier, de Léon et de Dol.

Lyon garda la primatie jusqu’en 1312.

La question qui se pose à de nombreux habitants de Guécélard, est de savoir avec le plus de précisions possible à quel moment s’est réalisé la concentration d’habitats qui a formé le noyau proprement dit de ce que nous appelons de nos jours : le Bourg de Guécélard. Vision particulière, et qui le restera encore longtemps à travers,

- L’acte des Évêques du Mans , rédigé en deux périodes : de 832 à 840 et de 857 à 863.

- Gestes d’Aldric  ( Gesta Aldrici ) de 832 à 841.

- Les Cartulaires de Saint-Calais, de Saint-Vincent, les Annales de Saint-Bertin, d’autres éléments ont été puisés dans le Capitulaire de Villis rédigé vers 779 et 813.

Les approches qui ont été effectuées, font apparaître une timide dynamique de constructions sur la rive gauche du Rhonne vers le tout début du XIIème siècle, alternant avec des destructions. C’est ainsi qu’il est possible d’affirmer qu’il n’existe pas de continuité systématique entre le XIIème siècle et le XVIème. Dans une période que l’on pourrait dénommer le Moyen Âge classique : le nom de village que l’on dénomme : «  bourg », qui contrairement à son étymologie germanique « burg », n’est pas un espace fortifié, à connotation militaire ; est purement symbolique.

Le village-bourg constitue dan la première partie du XIVème siècle, la cellule sociale de base, se caractéristique est l’église. Son édification dénote une fragmentation de la vie rurale, indice possible d’un semis de peuplement moins lâche ; et des difficultés de communications.

Mauvais et peu sûrs : les chemins médiévaux, qualifiés de routes, n’étaient pas pour autant déserts. Une Chronique nous dévoile : « …..dès l’heure des premiers offices matinaux au prieuré Saint-Pierre, le grand chemin voit apparaître une foule hétéroclite, une masse humaine bigarrée, errante…. ». Là où les transports sont difficiles, l’homme se déplace vers la chose plus facilement qu’il ne la fait venir à lui.

Le IVème Concile du Latran en 1215, invite les ecclésiastiques à l’évangélisation rurale, par voie de conséquence à la sédentarisation des errants.

Dès cette époque, l’accent est mis sur la vie évangélique et l’adaptation aux besoins nouveaux de la pastorale. Il n’est pas encore question de paroisse : parochia dont le sens religieux est synonyme de « troupeau ».

Un Capitulaire de l'abbaye Saint-Bertin, daté de 877, nous apprend, que pour 1 grain de froment semé, 1,6 est récolté ; l'écrasante majorité de la population vivant de et par l'agriculture cela revient à dire que 16 hommes doivent travailler pour nourrir un inactif.

Vers la fin du Xème siècle, avec l'installation de moines bénédictins venus de l'abbaye de Saint-Mesmin-de-Licy prés d'Orléans, dans les solitudes des hauteurs de Parign-le-Polin, le monachisme expansionniste et rural, commença de transformer la physionomie de notre campagne. Sa vitalité atteint son apogée à partir de la seconde moitié du XIIème siècle.

Il semblerait que vers la fin du XIème siècle, selon toute probabilité vers 1075, le prieuré Saint-Pierre de Parigné, soit suffisamment pourvu de terres en plein rapport dans la réserve, c’est à-dire aux abords immédiats des bâtiments religieux, pour n’avoir nul besoin de créer des champs nouveaux aux dépens des friches.

Un acte des Archives Nationales, désigne en 1106 « ….Poolinus et Sevinus filius Poollini…… » ( Pôlin et son fils Sevin ) , comme seigneurs-propriétaires et vraisemblablement premiers possesseurs de terres sur les paroisses de Parigné "….villam vero Patriliaco quae est secus….", et d’Yvré. Polin , devient un additif à Parigné et à Yvré . Dans un autre, de la même source,

« …. en 1146, Poolinus de Yvreo….. », Pôlin d’Yvré est cité comme témoin dans un acte confirmé par Guillaume, évêque du Mans, pour la possession de biens aux moines de Château-l’Hermitage………. ( énumération d’une longue liste ).

Des documents épars, nous révèlent : les quelques moines ( au début 4 ), peu nombreux du Prieuré Saint-Pierre de Parigné, ne se nourrissaient que du fruit du travail de leurs bras. Le temps donné à ces besognes matérielles, était du temps prélevé sur la méditation et le service Divin. Les règles mêmes qu’inspiraient le plus intransigeant esprit d’idéal spirituel d’isolement, d’indépendance économique durent s’incliner devant les nécessités de l’action : ces religieux avaient la charge de l’âme des humains égaillés sur le territoire du Bourray et les rives du Rhonne peu avant sa confluence avec la Sarthe.

Selon la même source, nous sommes obligés de reconnaître qu’au début du XIème siècle - vers 1050-1060, la population de notre terroir était chrétienne, mais sous la mince couche de vernis de la religion, se trouvait un niveau spirituel bien plus puissant, proche du paganisme, et du magique venu du fond des âges « barbares », transmis héréditairement. Les hommes du Prieuré Saint Pierre-de-Parigné, par leur dévouement, leur savoir ont été des phares qui éclairèrent la nuit médiévale de nos Aïeux Guécélardais.


Acte de naissance du bourg du Petit-Guécélard : l'actuel "Vieux-Bourg ; par analogie au " Grand-Bourg", allongé de part et d'autre de la grande route Paris-Nantes.


Suite aux incursions des pirates Nordiques du IXème siècle, et aux ruines désastreuses qui s’ensuivirent, les bénédictins de l’Abbaye Saint Pierre et Saint Paul de la Couture, par un effort patient et méthodique, voulurent reconstituer leur temporel entamé au cours des siècles troublés qui précédèrent l’an mil : mettre en valeur et étendre leur autorité sur les espaces à prendre et demeurés désertiques, dont les landes du Bourray de la rive gauche du Rhonne.



Gravure représentant l'abbaye de La Culture au XVIIème siècle .





L'acte de naissance de la paroisse, liée au bourg du Gué Seelard, XIIème siècle



L’acte de naissance de Guécélard est un parchemin manuscrit en bas-latin, confirmé par Guy d’Étampes, évêque du Mans, malheureusement sans date, le sceau perdu. 

L’analyse de ce document nécessite une transposition pour se replacer dans le contexte de ce temps. Les moines de l’abbaye bénédictine de La Couture, par un effort patient et méthodique, veulent reconstituer leur temporel très fortement entamé, au cours des siècles troublés ( les raids destructeurs  occasionnés par les Normands-Vickings ), qui ont précédé. Ils concluent un accord avec les moines du Prieuré Saint-Pierre de Parigné, dépendant de l’abbaye bénédictine de Saint-Mesmin de Micy près d’Orléans. 

Abbaye bénédictine de Saint-Mesmin de Micy
fondation en 501
« Euspicius et son neveu fondent au tout début du VIème siècle à Micacé - Sanctus Maximus Miciacensis, à deux lieues d’Orléans, une abbaye qui rapidement devient une véritable pépinière de missionnaire et d’éducateurs. En quelques années, le monastère de Micy, rayonne, amenant un nombre croissant de disciples à se joindre à la tâche initiale de son fondateur.
Les moines s’isolent dans des lieux déserts comme Parigné-le-Poslin, créent des prieurés, défrichent, drainent, remblaient, assainissent, améliorent, cultivent, convertissent, soignent, éduquent les populations rurales avoisinantes »   . 
( Gallia Christiana  - t.VIII ),

« Accord entre Foulques, abbé du monastère de la Couture, et les religieux  de ( Sancti-Maximini Aurelianensis….) Saint Mesmin « d’Orléans, au sujet  de ( édificatione cusdam capelle, comcimiteio et burgo…) de la  construction d’une chapelle et de « l‘établissement d‘un « cimetière et d‘un  bourg…… ».


Un fragment du polyptyque de Saint Aldric, qui subsiste, en dépit de l’aridité des détails, est particulièrement intéressant,

Charte de l’Evêque du Mans
" Preceptum Capelle De Vado Seclart "
Construction d’une chapelle en un lieu-dit dénommé « Gué Seclart ou Seelart »
( une confusion s’est glissée à la suite d’une rature, dans la traduction paléographique le « e », ayant été interprété en « c » ) ; le gué en question est précisé, comme situé sur le Rône.

Analyse paléographique du document historique

Parchemin - « sans scellé » ; H.2 , n.1
Abbaye de la Couture - ( ordre de Saint Benoît )
" Accord entre Foulque, abbé du monastère de la Couture, et les religieux de ( Sancti-Maximini Aurelianensis ) Saint-Mesmin d’Orléans, au sujet de la construction d’une chapelle et de l’établissement d’un cimetière et d’un bourg ( de l'édificatione cuusdam capelle comcimiteio et burgo ) dans un lieu dépendant de la paroisse de Parigné-le-Poslin ( Sancti-Petri-Parinniaco ) . Les religieux de Saint-Mesmin, après avoir pris l’avis de leur abbé Hugues et du chapitre de leur abbaye, conviennent avec les religieux de la Couture, que le cimetière dont il s’agit aura deux arpents ( in spacio duorum arpennorum ) qu’il sera consacré, que les droits de l’église sur le dit cimetière et sur les hommes qui y établiront leur demeure, appartiendront aux moines de la Couture, mais que ces mêmes hommes seront tenus de visiter trois fois l’an l’église-mère de Parigné, savoir : le lendemainde Noël, le lendemain de Pâques et à la Saint-Pierre et Saint-Paul Quant aux droits de l’église sur les hommes qui demeureront en dehors dudit cimetère, ils appartiendront aux moines de Saint- Mesmin, dont ces hommes sont les paroissiens. Enfin, chaque année, les moines de la Couture paieront à ceux de Saint-Mesmin, à Parigné 8 deniers mansais. ( octo denarios cenomannenses apus Parrinniacum persolvent ). 

Cet acte est approuvé et confirmé par Guy ( d’Étampes ), évêque du Mans.

« cyrographe original, sans date, datation estimée de 1126 à 1135, scellé sur simple queue de parchemin, sceau détruit ».

Le bourg actuel de Guécélard, est né d’une clause, insérée dans une transaction de la première moitié du XIIème siècle, entre comme nous l’avons précédemment écrit, l’Abbaye bénédictine de Saint-Mesmin près d’Orléans, et l’Abbaye bénédictine de la Couture du Mans. Son acte de naissance , est un parchemin manuscrit en bas-latin, confirmé par Guy d’Etampes, évêque du Mans ; malheureusement sans date, le sceau disparu. Un autre document, en latin gothique, sur papier, donne la date de 1126.


Photo du document original, simple queue de parchemin, cyrographe manuscrit en bas-latin, sceau perdu ( Parchemin - « sans scellé » : H.2, n.1 ) 0,63 de haut X 0,48 de large ), véritable acte de naissance de Guécélard, confirmé par Guy d’Étampes, évêque du Mans .



Nous allons tenter d’analyser ce document, en nous replaçant dans la mesure du possible, dans le contexte de cette époque,

« ….....de édification cuusdam capelle, comcimiteio et burgo…. »
traduction - « de la construction d’une chapelle et de l’établissement d’un cimetière et d’un Bourg…. »

Contrairement à la coutume de ce temps, le scribe ecclésiastique n’a pas utilisé la formule habituelle …..aedificare burgum…. ( édification d’un bourg )

, ce qui laisse supposer que lors de la rédaction de l’acte, l’établissement dudit bourg est d’ores et déjà fixé à une date ultérieure.

« ….dans un lieu dépendant - de parrochia Sancti-Petri-Parinniaco - de la « paroisse de Saint-Pierre-de Parigné…. ».

Au XIIème siècle, la paroisse de Parigné- le-Polin était délimitée par la rive gauche du ruisseau des Filliéres, puis celle du ruisseau du Rhonne, de leur confluence jusqu’à celle de celui-ci avec la Sarthe, et la rive gauche de cette grande rivière limitée par la « chaussée de la Beunéche ».

Le lieu désigné dans l’acte précité , est incontestablement sur la rive gauche du Rhonne.

« ….que les droits de l’église sur ledit cimetière et sur les hommes qui y établiront leur demeure, appartiendront aux moines de la Couture, mais que ces mêmes hommes seront tenus de visiter trois fois l’an l’église-mère de Parigné, à savoir : le lendemain de Noël, le lendemain de Pâques, et à la fête de « Saint-Pierre et Saint-Paul….. »

Les religieux bénédictins des deux abbayes définissent clairement les obligations des futurs habitants du bourg, que nous nommerons « neuf » , pour le différencier du « Vieux-Bourg » primitif.

Nous arrivons à la fin de cette analyse, et nous constatons,

L’abbaye de Saint-Mesmin amodiait une partie de ces terres de Parigné, placées en dehors de la réserve, cet abandon partiel n’affectait pas le faire-valoir direct du prieuré, en contre-partie, cette abbaye obtenait un revenu fixe en espèces,

- « …..octo denarios cenomanensis apus Parrinniacum persolvent ….. »
traduction - ( huit deniers mansais chaque année ).

Le caractère perpétuel de cette rente, rend l’accord particulièrement avantageux, qui assure à l’abbaye d’Orléans, une rentrée : ad vitam aeternam.

Du XIIème siècle et au XIIIème, l’habitat du campagnard de notre région, est très exceptionnellement solitaire. Les habitations apparaissent dans les textes et la rares croquis qui y sont joints, plus ou moins proches les unes des autres. Comme nous venons de le voir pour le hameau du Gué-Seelard, la règle est au regroupement.

Il faut se rappeler qu’au Moyen Age, et même après, la famille représente la base fondamentale. La fixation de familles sur le terrain constitue le « noyau-villageois ».

La question qui se pose à de nombreux Guécélardais, est de savoir à quel moment s’est réalisé la concentration d’habitats qui devait à terme devenir ce que l’on appelle de nos jours le « bourg de Guécélard ».

Sa création est-elle consécutive à l’édification de la première chapelle ? Ou bien à une date plus tardive?

Il semble intéressant d’essayer d’approfondir ces questions, et de tenter d’y répondre.

La toute première chapelle fut édifiée, selon ces documents entre 1126 et 1135. A l’aube du XIIIème siècle, vers 1230 - cartulaire de la Couture ; se lève sur l’existence de …l’Ecclesia du Gué Seelart… et nous révèle que la chapelle érigée en bordure du " chemeing d' Angier....", est élevée au rang d'église. Un siècle s’est écoulé depuis la signature du document entre les deux abbayes. Ce détail revêt une très grande importance.

Un capitulaire impose, que tout édifice religieux déclaré : église, doit-être pourvu de la dotation d’un manse soit l’équivalent de 10 hectares.

La présence de l’édifice religieux rassure la population environnante, de supposer l’existence très modeste d’une coagulation d’habitations à proximité. La mise en place de cet embryon paroissial, est indissociable de l’encellulement des hommes, étroitement liée à l’essor de peuplement, à l’extension du défrichement par grignotage progressif et continu sur la friche, et surtout à la croissance économique locale.

Le point de fixation est indiscutablement : l’église - du grec Ecclesia signifiant assemblée du peuple, et son aître - le cimetière. L’Atrium, autrefois extérieur à l’espace habité par les vivants, n’accueillait pas seulement les défunts, il offrait la sécurité. On dressait des croix qui délimitaient un sauvete ou bourg, c’est à-dire une étendue protégée par la « Paix de Dieu ».

L’église était véritablement le centre de la communauté, le pool d’attraction : dans la monotonie quotidienne, comme dans les jours d’allégresse et de réjouissances. Vers 1200, Jean de Garlande, rappelait que la cloche sonnait les heures, rythmait les tâches, les évènements heureux et malheureux des habitants.

Dans l’église, seule construction solide et protégée, lors d’un danger on s’y réfugiait avec ses animaux, ses sacs et ses coffres. Des réserves de nourritures y séjournaient en permanence.

Vers 1250, dans un texte il est question de « …. la paroisse du gué Seelard…. », la paroisse rurale semble poindre dans un cadre rigide, bien adapté aux solidarités qui se cherchent. Néanmoins, toutes les conditions requises, ne sont pas réunies. L’église paroissiale, devait avoir impérativement : l’autel - le baptistère - le patrimoine, c’est à-dire sa terre mise en valeur - le manse »,

En 816, le Concile d’Aix-la-Chapelle
« …..les moindres églises des campagnes devaient posséder au moins 141 frs de revenu ».
Capitulaire de Notre-Dame de Paris - Un autre capitulaire de 818-819 et des Annexes postérieures, précisent,
« … une donation de 12 bonniers, soit à peu près 15 hectares, à l'église du Gué-Saalhard... ».
ses ressources, ses revenus ( la dîme, en représentait la partie la plus importante, redevance à payer par les paroissiens sur les récoltes ). Il était exceptionnel, que cette contribution lorsque la totalité était perçue, demeure à la paroisse, le plus souvent elle était confisquée par l’évêque.

La même année, dans un autre acte, la mention ….feodum du gué Saalard… nous apporte une précision : il y a lieu nous semble-t-il, d’interpréter feodum dans le sens intégral du document, comme une inféodation, une paroisse affiliée, rattachée, dépendante d’une autre paroisse, c’est à-dire d’une église-mère - celle-ci prélevait la moitié du Casuel, qui était constitué par les Oblations, qui avec la Dîme représentaient la « Dotation Presbytérale » .

Il est donc possible de penser qu’en 1250, l’église du Gué-Seelard est inféodée à l’abbaye de la Couture, ce qui en clair signifie que ce monastère perçoit la dîme , redevance versée par chaque paroissien résidant dans les limites définies par l’acte que nous venons d’analyser, et s’élevant de 7 à 9% du total des récoltes et du croît du bétail.

Dans le tableau des dîmes dues au Prieuré de Saint-Victeur au Mans, payables en blé et en vin, on trouve au XIIIème siècle, parmi de nombreux autres,

- De oscha Galteri Martin,
- De oscha Roberti, presbiteri de Sancto Benedicto,
- De oscha Odonis des Broces,…., de feu do Hugonis de Noci,

En novembre 1250 - Une lettre de la court official du Mans, sellée et signée et donnée ou meys de novembre MCCL, comment Julien du Guéseléard, clerc, confessa avoit baillé à Regnaud de Saint-Germainet à Edeline, sa femme, et à leurs hoirs, à touz temps mes, terres et un hébergement o ses appartenances, qui sont sises, partie en la paroisse du Gué-Séelard, et partie en la paroisse de Fillé, ou fié monsieur Hugues Sorel, chevalier, et ce que le dit Juliain avoit ou voit avoir ès paroisses dessus dites, pour le pris de VII sols mançzois t (sic) de annuel et perpétuel rente, lesquels deniers de dit Regnaud sont tenuz au jour de Toussaint, etc . Et doibvent rendre les devoirs deuz au seigneur du fié.

A l’église, avant ou après le sermon, des annonces de toutes sortes se criaient, tandis que les ventes aux enchères s’effectuaient devant le porche. A l’issue de la messe on entendait les communications des Sergents. Des réunions s’y tenaient libres, quelquefois très animées, qui furent au cours des temps efficaces pour l’évolutions des esprits. Les femmes demeuraient peut-être encore au XVIème siècle à la porte du sanctuaire, en raison de leur impureté. Cet injustice et arbitraire mépris de l’homme pour sa noble compagne, se manifestait d’une façon significative.

Les habitants du hameau du Gué-Seelard au XIIIème siècle, prirent l’habitude de se regrouper pour prier sous l‘égide des moines de Parigné, mais également pour se prêter une aide mutuelle : c’est le début des associations. C’est ainsi que naquirent les « fabriques paroissiales - œuvres de l’église », qui préfiguraient ce qui devait devenir beaucoup plus tard les « municipalités ».

Il s’est constitué dès le XIVème siècle, et surtout au XVème une assemblée de Chefs de familles paysannes qui se réunissaient généralement le dimanche après la messe. Elle élisait un « syndic » qui représentait la communauté auprès des autorités.

« lettre de la court de l’official, donnée le mardi après les octaves de la Trinité « MCCIIII xx IX - ( 1289 ), - - Comment Hamelot Le Barbier ; gendre de feu Hugues Le Barbier, et Jehanne, femme dudit Hamelot, fille jadis dudit deffunt, paroissiens de la Coulture, donnèrent à Dieu et au monastère de Notre-Dame de Beaulieu près du Mans , en pure et perpétue aulmoune, eulx et touz leurs leurs présens et futurs, en quelxcunques lieux, etc., c’est assavoir une pièce de vigne contenant sept quartiers de vigne ou environ appelée Douczamye, ou féage du seigneur de Tacé, en la paroisse de Sainte Croez, jouste les vignes des religieux de Châteaux, et la moitié d’un pressouer, assis au dit lieu, o ses appartenances et cinq cup. , et une pièce de vigne, sise près de Malpalu, et une meson sise en la paroisse de la Coulture et IX sols VI deniers tournois ( Tours ), sis sur la terre de la Loerie, et tout droit, propriété, etc. ,qu’ils avoint et pourvoint avoir és dictes chouses, et en terres, prez, vignes, mesons et boys sis en la paroisse de Notre-Dame-du-Gué-Saalard (-X-), c’est assavoir en la métairie de la Rouessolerie et en quatre mesons, sis en ladite paroisse et en une pièce de « vigne, contenant ung demy-arpents de vigne, à en faire, etc…… ».

Le 14 juin 1289, l'église du Gué Seelard, est consacrée et dédiée à la Nativité de la Très Sainte Vierge Marie. On apprend m'existence vers 1294, d'une importante Confrérie sous le patronage de la Sainte-Mère-de-Dieu. Nous avons examiné les comptes des revenus des Droits Synodaux du doyenné de Oizé -  " Decatus de Osseyo ", du chapitre de l'église du Mans, établis de 1325 à 1335. De 1330 à 1335, la paroisse ne figure ni en nom, ni en compte dans ces registres. Ce qui peut laisser, une très faible population, manifestement insuffisante.


Amorce d’un nouveau paysage.


Au XIVème siècle et au XVème, notre commune présentait une fois de plus le spectacle d’un terroir dévasté, déserté : 65% de la population était partie entre 1392 et 1460. Deux importantes périodes de famines avaient précédé : 1339 à 1341 et 1343 à 1346. Le printemps 1374 est si pluvieux, que « ….lez bleds sont gastés en terre…. ». S’y ajouta le passage des gens d’armes. Une fois de plus, se fut la misère et le dépeuplement de notre territoire, livré aux déprédations de la soldatesque étrangère. De nombreuses maisons-fortes construites en bois, comme : Buffes est incendiée, Mondan entièrement ravagé, puis brûlé, la petite église est complétement dévastée par le feu, plusieurs chaumines détruites, le 16 septembre 1380.



Acte daté de 1370, octroyant à Mathurin Guet, une parcelle de 3 journaux à défricher dans les landes de Chamaillard, dans le Petit Bourray - Archives de l'Evêché.


Une Chronique du royaume de 1389, rapporte :

« ….au milieu d’un office religieux dans l'église du Gué Seelard regroupant quelques ….manants des alentours…le cri de …veyssi les engleys…retentit, aussitôt ce fut l’effroi, puis la panique générale, on se bouscule à l’étroite porte de la petite église pour sortir, on se précipite chacun chez soi, pour regrouper les bien les plus précieux, et c’est la fuite dans les bois touffus avoisinants…. ».

Vers 1410, incapables de se défendre , nos paysans Guécélardais ont pris l’habitude de se réfugier, et de vivre partiellement au plus profond des …..breuils qui les encerclés….En 1405 et 1410, notre plat pays est au cœur des incursions et soumis aux exactions des soudards d’Outre-Manche. Dans l’année 1412, une imposante chevauchée de plusieurs milliers de cavaliers anglais conduite par le second fils d’Henri IV , roi d’Angleterre, Thomas de Lancastre, duc de Clarence, ayant débarqué à Cherbourg et se dirigeant vers l’Aquitaine via le Maine et l’Anjou, déferla sur nitre terroir ravageant les récoltes, semant sur son passage la désolation et la misère.

Les moines de l’abbaye de La Couture, dressent en 1455, un constat :

« ….ecclésia du Guessellard….notre terre est toute dépouillée de nulle valeur et « inhabitée par défaut de peuple…. ».

Dans ce terroir exsangue, dont la population était fléchissante, le nombre de feux * en 1442, pour le hameau du Vieux-Bourg ou du Gué-Seelard », les Archives de l’Evêché nous en donne six ( soit environ une quarantaine de personnes ). En 1468, la paroisse de Fillé-Guescellard comptait 520 habitants dont pour notre commune, le chiffre approximatif de 39 adultes et 158 enfants. Le tableau est sombre, inquiétant pour les moines de La Couture, il faut de nouveau attirer des exploitants. Un acte de 1507, nous apprend que le four à ban du Petit-Guescellard était une nouvelle fois mis en fermage : il est possible de penser, que ce bourg s’était repeuplé.

- * Le groupe familial vivant sous le même toit sera dénommé plus tard feu et servira d’assiette à l’impôt à partir du XIVème siècle. Des éminents démographes estiment « le feu », dans une fourchette de 4 à 6 personnes en moyenne.

Le retour à l’expansion se manifeste, puis s’affirme vers 1500-1520, par la reconquête des terres marginales. Avec l’augmentation de la population le paysage se transforme, la lande environnante prend l’aspect de « chantiers » disséminés, si l’on en croit une Chronique de l’époque. Des textes décrivent des brûlis dans les « ….breuils du bas-Pôlinois…. » , l’essarteur défonce le sol et déracine les arbustes avec un outil typiquement adapté la boëlle - genre de houe, puis met le feu : l’écobuage était un travail harassant, mais c’était un jour d’ivresse et de liesse populaire,

Défricher la lande,
le laboureur a une vie dure…..
il faut battre la lande, piler la lande verte, piler la lande avec les pieds nus
nous défrichions ce matin là le champ nouveau…..
Hersant de La Villemarque

Il ne faut pas perdre de vue, que si la guerre et son lot de calamités incita les campagnards à fuir, les paysans à déserter notre sol, le refroidissement du climat ne fut pas étranger à ce phénomène que certains Historiens ont baptisé : le Petit âge Glaciaire . En effet, des hivers rigoureux se succédèrent en : 1303 - 1317 -1323 - 1326 - 1354 - 1361 - 1364 et 1408. Dans la première moitié du XVème siècle, un bourgeois écrivait « ….la sarthe charriant des glaçons… » . Une Chronique rapporte que les loups affamés déterraient les morts et s’attaquaient aux vivants.

Tissus de l’environnement agraire , le bocage qui s’est constamment développé du XVIème siècle au XIXème, a facilité la diversification des cultures : les céréales ( froment - avoine -orge - seigle ), sont complétées de légumineuses ( pois - vesces ou lentilles - fèves ) , par des produites verts ( choux - bettes - poireaux ).

Selon Claude Gauvard, la vieille chanson « Savez-vous planter les choux…. », trouve peut-être
son origine en ces temps, où ce légume apparaît sur les tables paysannes.

Le régime alimentaire de nos Aïeux se modifie et s’améliore : pois, lard, sel, harengs, volailles, fromages, beurre et œufs accompagnent le pain qui est de meilleure qualité, la présence d’un four à ban seigneurial y contribue ; il reste l’aliment de base par excellence.


Deuxième église du Gué Ceslard, apparition du  titre de  " Paroisse dy Gué Ceslard en 1508 ".


La reconstruction d’un lieu de culte au cœur de la solitude des landes du Grand Bourray, dans un décor dévasté, impose une première remarque : c’est avant tout une histoire humaine, la reconquête du sol.

Elle correspond à des phases de défrichements sporadiques, guidés exclusivement par la nécessité.

Bien sûr, ces hommes devaient encore se contenter d’une soupe claire, de pain de seigle, de laitage et de fruit. Bien sûr, ils connaissaient l’ingratitude de cette terre maigre, qui est tout ensemble soumise au soleil et au vent, à l’humidité spongieuse de ses hauts fonds argileux, à la végétation hirsute et spontanée qui assaille les bordages isolés……pourtant, jamais ils n’ont hésité à contraindre cette nature à quelques modifications.

Quelle énergie, il a fallu à ces hommes, à ces femmes de tous âges, pour extraire la pierre, la tailler, la transporter……l’église est érigée en pierres de roussard, immergée dans un univers végétal, qui est inquiétant mais pas hostile. Elle constituait sans aucun doute un repère, un signal, voir un refuge, sur le bord du chemin médiéval du Mans à Angers, et pour qui y circulait.

On découvre, en regroupant les informations épars, que la construction de cet édifice religieux s’est réalisée en une seule campagne, en un seul chantier. Pour des raisons d’économies essentiellement, on a privilégié la solidité. L’architecture s’inspirait de la rusticité du site. La conception apparaît simple : une nef massive, rectangulaire, un chœur plus bas, plus étroit. A la séparation des deux, au décrochement des toits, s’élevait un clocheton effilé, couvrant le support d’une cloche unique, apparente. Une seule porte sur la façade surmontée d’un gâble saillant, dont la pointe s’orne d’une croix de pierre.

Le poids des masses limitent les ouvertures a deux par côté. Elles diffusaient à l’intérieur un clair-obscur. Le matin, et le soir devait apparaître le cheminement symbolique et esthétique de la clarté du jour « ….. de l’obscurité jusqu’à la lumière du jour…. ». La façade se termine au-dessus du porche d’entrée par une croix en pierre, à l’autre extrémité, dans l’axe du chœur un bâti de bois supporte l’unique cloche, coiffé d’un clocheton effilé ( Archives Nationales de Paris ).



Croquis sur un plan - L'une des rares représentations de la 2ème église de Guécélard ( pur roman du XVIème siècle ) : sinon la seule .


Vers 1508, la paroisse du Gué Ceslard, figure pour la première fois dans les Droits Synodaux du Doyenné de Oysseyo ( Oisé ) , sous la présentation de l’Abbaye de la Coulture - Patroni Abbas de Cultura.

Il en existe deux exemplaires, rédigés au début du XVIème siècle,

- l’un à Paris , Fonds Latin de la Bibliothèque Nationale de Paris ( manuscrit original )

- l’autre aux Archives de l’Eglise Cathédrale du Mans

Vers 1516, l'église de Guécélard semble livrée au culte, elle a ses fidèles, son clergé et son culte. Ses ressources, la dîme dont la moitié était confisquée par l’autorité ecclésiastique et les oblations presbytérales . Elle devient : legitimus convenus - l’assemblée des chrétiens, base sociale et religieuse de la société Guécélardaise.

Les fidèles se plaçaient pêle-mêle au hasard, s’asseyaient, se tenaient debout ou même couchaient. Le sol en terre battue, était couvert de paille, la tâche de changer cette paille incombait au sacristain , cette formalité était effectuée aux fêtes de Noël, de la Chandeleur, et de Pâques.

Quatre pièces , parchemin, de 1532 :
Fabrique de Fillé-Guécélard ; titre d’une rente de 3 charges de moutures pour aumônes aux pauvres de la paroisse sur la métairie de Bur

Un texte de la même année, aux Archives départementales, nous informe,

« ….mise à disposition du curé, une chambre comportant un lit et sa literie, une simple table, un banc et une escarbelle, des chenets et une marmite pendue à une crémaillère, deux pintes et six écuelles en étain…. ».

Selon le Répertoire Historique et Biographique de la Semaine du Fidèle, en 1573, le prêtre, curé officiant en la paroisse de Notre-Dame du Guesselard était Michel Oudineau .

Pour l’année 1583, dans le dix-septième livre du greffe des insinuations ecclésiastiques - d’actes relatifs, à la prise de possession de la cure de Guesselard, nous lisons :
- « L’étendue de la paroisse, le mauvais état des chemins intermédiaires, obligeaient « le curé à avoir un cheval. Le presbytère possédait des communs en annexe ».

La lecture d’autres pièces, nous permet d’écrire, que ce modeste prêtre de cette paroisse appartenait au bas-clergé et pouvait posséder quelquefois une ou deux vaches, quelquefois un cochon et des chèvres. Une certitude, il vivait très exactement comme les paysans du Bourray, ses paroissiens qui l’environnaient.

La 1ére réglementation sur le défrichement est l’Edit donné à Rouen en 1597, par Henri IV, révoquant le droit d’usage accordé par François 1er.

Guécélard : Ancienne paroisse du diocèse du Mans, archidiaconé de Château-du-Loir, doyenné d’Oizé « Oyashio » - charte épiscopale du 3 octobre 1230, comprenant Laigné-en-Belin « Latiniacus » ; Mayet « Magittum » ; Saint-Mars-d’Outillé « Austiliacu s » ; Vaas « Vedatium » ; peut-être aussi Parigné-le-Polin « Padriacus » ; présentateur : l’Abbé de La Couture ; collateur : l’Evêque du Mans.



Plan daté de 1767 - On remarque l'éloignement de l'église " Notre-Dame de Guesselard " , éloigné du bourg " Vieux-Bourg ", et l'extrême largeur du gué sur le Rhonne .


Notre-Dame du Gué-Ceslard,


Aux Archives Diocésaines du Mans, nous avons découvert que l’église du Gué-Ceslard est dédiée à la Très-Sainte Vierge, sous le mystère de la Nativité, l’existence d’une confrérie qualifiée de très nombreuse sous le patronage de la Sainte-Mère de Dieu, existait depuis un temps immémorial ; il n’en restait en 1869 que le vestige d’une simple cérémonie, accomplie annuellement par une cinquantaine de jeunes filles qui, le soir du 8 septembre, venaient après les vêpres offrir chacune un cierge à l’autel de la Sainte-Vierge. Après quoi, elles assistaient à une procession hors de l’église, puis à un salut solennel.
Dans un autre texte, nous découvrons que depuis l’édification d’un édifice religieux au XIIème siècle, existait un pèlerinage en l’honneur d’un Saint Breton,

« ….autrefois aussi, le lundi de Pâques, un grand nombre de fidèles, des prêtres , des religieux et religieuses venaient de toute la province, et parfois d'au-delà, des pèlerins arrivaient à pied, en groupe ou en voitures à cheval, de quelques 3,4,8,10 et 14 lieues à la ronde et même davantage ; pour invoquer SaintMaclow / Saint-Maclou : son image et sa relique. C'était jour de fête dans le bourg, de ferveur, pour le plus grand bénéfice des auberges, tavernes et fermiers qui louaient leurs granges et fenils pour la nuit....... ».


Petit reliquaire en métal doré, renfermant le doigt de Saint-Maclou - Actuellement à l'évêché
Photo Paul Glaize


il est précisé, dans deux autres documents,

- « …ce pèlerinage qui était devenu important, cessa en 1790.… ».

Une question, qui était Saint Maclou ?



Saint Maclou ou Saint Maclovius, est selon le père Ch. Cahier un saint spécifiquement Breton, dont la réputation dans la chrétienté fut considérable au VIIème siècle

La renommée du saint-homme se répandit et fut diffusée dans certaines régions au IXème siècle, lors de l’expansion bretonne sous l’autorité de Nominoé, puis de son fils Erispoé et enfin Salomon. Les lieux de la vénération de ce Saint, son par principe des lieux où des groupes Bretons ont séjourné. Il ne faut pas occulter l’Histoire, l’anarchie qui régnait dans le Maine après 840, autorisa , pour ne pas dire favorisa pendant 25 ans, les incursions bretonnes, avec une occupation partielle dans l’Ouest du département, avec pillage de la cité du Mans , puis la rivière Sarthe comme unique frontière entre le duché de Bretagne et le royaume de France.

Le culte de ce Saint breton semble avoir était instauré lors de l'un des séjours que le duc des bretons fit dans notre secteur dans la seconde moitié du IXème siècle, peu avant les prises du Mans. Il ne faut pas occulter que pendant près de 25 ans Guécélard eut à supporter l'omniprésence bretonne, comme en témoigne sa toponymie.

Trois lieux-dits, de la commune de Guécélard sont étymologiquement breton.


Extrait d'un procès verbal de transport daté du 16 janvier 1651, du Lieutenant Général de la Sénéchaussée du Maine, dénommé Guet, concernant les Messageries et le Relais de Poste .


Les Sénéchaussée du Maine et Siége Présidial du Mans, nous apprennent.


- 1757, acte de réception des réparations faite du temporel de la cure de Guécélard, desservie par cette église.

- 1761, acte d’une enquête de commodo et incommodo sur la démolition de la petite maison au bourg de Guécélard et dépendant de la cure dudit lieu.

- Elie Pichon, prêtre-curé de Guécélard de 1767 à 1781, fit refondre la grosse cloche de l’église nommée Charlotte-Madeleine, par haut et puissant seigneur Charles-Eléonor, comte deBroc, lieutenant-colonel de cavalerie, chevalier de Saint Louis, et par haute et puissante dame Madeleine-Gabrielle-Renée de Menon, comtesse de Broc, son épouse, seigneur et dame de Guécélard. La bénédiction se fit le 6 septembre 1777 par le curé de Spay.

Dans la chronologie manuscrite, des baptêmes - mariages - enterrements, contenus dans les 1584 feuillets épars qui composent les registres paroissiaux de 1568 à 1790, une annotation du desservant de Guécélard retient l’attention,

« vers 5 heures du matin, par une glaciale matinée la procession psalmoniante « menée par la bannière, les tintements….? Que suivent de nombreux paroissiens ; « quitte l’église »

Les cérémonies du cycle de « Mai », sont étroitement liées au cycle agraire. Le processus des XVIIIème au XIXème siècles, plonge ses racines dans un lointain passé. Pendant ce cycle, mais comme en dehors de lui, se place les « Rogations » qui durent du Lundi au Mercredi, veille de l’Ascension.

Il s’agit d’une fête liturgique folklorisée, fête purement chrétienne au cours de laquelle on faisait localement bénir des petits pains en forme de croix - les croisilles - qui se prononçait croûsilles ». Les Rogations, ou « litanies mineures » étaient assurément l’un des « temps forts » de la vie sociale et religieuse de notre commune. Trois jours durant des processions à travers champs, curé en tête, ponctué de prières et de bénédictions se déroulaient pour obtenir la fertilité et la préservation des terres et des récoltes.

Chaque calvaire, dont ceux de la « Croix Blanche - du Cormier - du Jarrier et d’autres » étaient ornés de guirlandes, de couronnes, de bouquets de fleurs printanières - qui devaient impérativement se faner sur place. Il faut noter l’importance des gestes de purification par l’eau bénite qui étaient du XVIIème siècle au XIXème la suite de pénitences collectives pour obtenir le pardon divin et recevoir la protection de Dieu.

Le premier jour était réservé aux prés, le deuxième aux champs, le troisième à la vigne ou aux céréales secondaires.

On croyait fermement aux présages, ainsi les conditions météorologiques de ces trois journées, définissaient le temps à venir pour les fenaisons - les moissons - les vendanges. Une croyance bien établie :

- « La rosée du matin du 1er mai, a une valeur curative pour les boutons, « l’acné et les taches de rousseur »

- « Le lait du matin de ce jour, a une valeur tonifiante pour les malades et les « rachitiques »

Au Moyen Age, les fleurs champêtres cueillies, équivalaient à un talisman, on les gardait précieusement dans un livre, sous un verre, dans un vase, préfiguration de muguet du 1er mai. Le « mai nouveau », est certainement une réminiscence des fêtes de Beltaine / Beltanios, l’une des grandes fêtes Gauloises, la deuxième en importance, ce n’est pas par hasard, si la fête moderne du travail se place à cette date.

De 1781 à 1790, N. Rousseau fut prêtre-curé de la paroisse. Qualifié de bon pasteur par de nombreux témoignages écrits, il était déjà très âgé, et infime quand il prit possession de la cure de Guescelard. Néanmoins, il se dévoua corps et âme à tous ses paroissiens. De ces propres deniers il acheta en 1783 une maison, qu'il transforma en école, et fit venir deux religieuses comme institutrices et infirmières. . A la révolution, il refusa fermement et courageusement de prêter serment à la Constitution Civile. Dénoncé, abandonné, arrêté il fut enfermé au Mans . Promené enchaîné, sur la Place de la Révolution ( place de la République ), les révolutionnaires et le peuple Manceau , eurent honte, et le libérèrent. Il se réfugia chez l’une de ses sœurs qui habitait cette ville.

Un nommé Pierre Fréart, ancien Bénédictin, directeur de la poste au Mans, fut desservant de notre église puis, un prêtre M. Poirier vint exercer son ministère, après avoir prêté le serment. Il devait mourir un an après en 1791.

L’église de Guécélard fut pillée, dépouillée de ses ornements, et de tous les objets servant au culte divin, elle servit également de carrière de matériaux après avoir été vendue trois cents livres au marquis de Samson, qui la rétrocéda après la période révolutionnaire pour la même somme aux paroissiens. Après avoir servit de casernement à une compagnie de la Garde Nationale pendant un peu plus d'un an,195/1796, elle subit un sort identique à celui du logis seigneurial de Mondan, démantelés, ils furent purement et simplement déconstruits. Il n’est pas rare de trouver de nos jours des pierres témoignant de leurs origines, dans les murs de vieilles maisons de Guécélard . Notre paroisse fut alors rattachée à celle de Fillé, plusieurs tentatives avec l’appui de Madame la Marquise de Samson pour lui redonner son indépendance , échouèrent.

En 1815, Monseigneur de Pidoll, évêque du Mans, nomma un prêtre espagnol, du nom de Camoens, qui ne demeura que quelques mois, les ressources étant insuffisantes. C’est en 1839, après de nombreuses doléances, que les habitants de Guécélard obtinrent de l’évêché partiellement satisfaction : N. Choplin fut prêtre-curé de 1839 à 1845.



- Ce registre paroissial ouvert en 1667, est en très mauvais état, est pratiquement toutes les premières pages sont illisibles, l'encre est trop pâle.
Il était annoté par le curé-desservant de Guécélard.
Sur la page présentée, on peut lire :
- le Ier jour de décembre 1671, a été baptisé en l'église Notre-Dame de Guécélard, un enfant né du mariage de Mathurin Marchand et de Catherine Joubert, son épouse . L'enfant a été nommé René, son parrain est René Marchand, sa marraine est Marie Marchand épouse de René Marchand.
- le dernier jour de janvier 1672, a été baptisé en l'église Notre-Dame de Guécélard, une fille née du mariage de Jacques Marchand, et de Marie Péan, son épouse. La dite fille est nommée Jeanne est son parrain est Mathurin Salmon, sa marraine est Jeanna Langlois, épouse Marchand.
- le 12 avril 1772, est décédé Mathurin Salmon, propriétaire à Guécélard, inhumé le lendemain dans le cimetière de l'église.
- le Ier jour de juin 1672, j'ai baptisé une fille née du mariage de Julien Perrière et de Fabienne Courdouzy, son épouse, domiciliés en cette paroisse. La dite fille est nommée Marie, son parrain est Louis Courdouzy, paroissien de Royzé, la marraine Marie Busson, file de la paroisse de Royzé.
- le 14 novembre 1672, mort de Marie Champion, veuve Perrière, et le lendemain son corps fut inhumé dans de cimetère de l'église.
La page suivante débute par,
- le dixième jour de février 1673, est décédée en cette paroisse Marguerite Barbier, femme de Jacques Marchand, et le lendemain son corps fut himuné dans le cimetière de cette église.
Le premier mariage que nous avons trouvé date de,
- le 23 ème jour de 1676, après la promulgation et la déclarations des bans, le mariage de Nicolas Le Cour, bordager au Haut Bordage à Guécélard, et de Renée Hervé, paroissienne d'Yvré-le-Polin, je soussigné moi, curé de Guécélard avoir donné la bénédicition nuptiale.

La cloche, seule voix du passé qui restait, présente en ces temps tumultueux de la dernière décennie du XVIIIème, c’est elle que les paroissiens disséminés, isolés dans les bois des landes du Bourray entendirent ébranler l’air de ce plat pays. C’est ainsi, toujours émanant de la même source, que le Père N. Rousseau, prêtre-curé du Gué Ceslard fit sonner le tocsin aux heures graves de juillet 1789.

En lisant les annotations sur le Registre paroissiale de l'abbé Rousseau curé-desservant à Guécélard, nous apprenons qu'en 1789 il avait pratiqué 5 baptêmes, 5 mariages, 8 sépultures dont 4 pour des hommes et 4 pour des femmes. Que Louis-Geoffroy-Julien Maulny, doyen de Messieurs les Conseillers de la Sénéchaussée du Maine a déclaré pour 1790, registre contenant quatre feuillets, 2 baptêmes garçons, 3 baptêmes de fille, 4 mariages, et 2 sépukture hommes et 2 sépultures de femme, en l'église de Guécélard, ce qui laisse supposer qu'il n'y avait plus de prêtre-desservant à Guécélard. Le 15 décembre 1791, François-René-Pierre Ménard La Groye, Président du tribunal de district du Mans, faisait une déclaration ne donnant aucun chiffre, Guécélard était rattaché à la commune de Fillé.

Extrait d’un feuillet du Registre Paroissial de 1790,
" ….les habitants du Guescelard se sont réunis à l’église ( maison « commune ) à l’appel "inaccoutumée de la cloche, afin de se conformer à l’instruction de l’Assemblée Nationale du 14 "décembre précédent et aux lettres patentes du roi Louis XVI qui l’a approuvée sur la "formation des nouvelles municipalités….. ».

une annotation manuscrite jointe,

" ….les citoyens du Guescellard…..rempli de religion et de vray civisme….convoqués au son de "la cloche….à l’issu de la grant messe, dans l’église, lieu ordinaire pour ces sortes d’assemblées..

L'église du plus pur art roman fut vendue comme bien nationale en 1792, pour 300 livres au marquis de Samson, qui la revendit pour la même somme aux paroissiens. Réquisitionnée pour loger un bataillon de soldats de la garde nationale, chargé de maintenir l'ordre dans la commune suite aux véhémentes protestations de l'union de Guécélard avec Fillé, contre la volonté et sans la consultation des habitants, et sur la grande route de La Flèche, par les nombreuses attaques qui s'y produisaient. Délabrée, elle fut adjugée le 6 mai 1795 au citoyen Jean Froger, qui y remisa différents véhicules avant l'effondrement total de la toiture, puis se fut les murs. Les derniers vestiges disparurent sous l'action d'un bull-dozer en 1972.


Lithographie datée des années 1810/18200 - Archives personnelles de la famille de Brock - On distingue le château des Perrais et l'église paroissiale de Parigné-le-Polin, sur la gauche en direction de Guécélard, on note l'absence de clocher.


Troisième église de Guécélard.


La première pierre de la nouvelle église de Guécélard fut posée au mois de juin 1841, Monseigneur Bouvier avait acquiescé aux désirs manifestés par la communauté des fidèles de la paroisse. L’architecte était Monsieur Voisin.

Le 22 décembre 1841, procès verbal de la bénédiction solennel par Monsieur Bouvier, évêque du Mans, l'officiant était Monsieur Freslin-Duverger curé de Fillé-Guécélard, et par son bienfaiteur. d’une chapelle dans le bourg de Guécélard. Deux cloches furent également données ainsi que des vêtements religieux, une bannière, des vases sacrés, des chandeliers en argent et deux statues en bois, ultimes vestiges de « la Poutre de Gloire » de l’ancienne église démolie.

En fait , il s'agissait d'une grande chapelle possédant un clocher terminait par une très haute pointes qui s'apercevait distinctement de sept communes avoisinantes. Malheureusement édifiée sur un banc argileux, ce matériau se contractant à la sécheresse, se dilatant par temps humide, le dit clocher se lézarda, puis les murs eux-mêmes menaçant de s'écrouler le 22 décembre 1891, l'édifice religieux fut retiré du culte et destiné à la démolition.

Le 31 juillet 1875, le curé écrit à l’évêque :

« …la chapelle a été construite sur un terrain donné par un habitant de Guécélard et grâce au concours de très généreux donateurs Messieurs les Abbés Rottier de Madrel et Celier, Mademoiselle du Rancher de Téloché . Elle n’a été attribuée à la commune de Guécélard ni par pièce authentique, ni non plus à la fabrique. Monsieur le curé ignore si des pièces authentiques ont été présentées soit à l’évêché , soit au gouvernement au moment de l’érection de la paroisse en 1845.…..».

Juillet 1884, premier dimanche, délibération du conseil de fabrique - un projet de consolidation de la chapelle est adopté . Elle est bâtie sur un terrain mouvant ( argileux). Elle se lézarde de tous les côtés. Monsieur Vérité, architecte, estime les taux de première urgence à 2500 Frs.

Le 12 octobre 1885, envoi par le préfet de la Sarthe au maire de Guécélard d’un rapport de l’architecte départemental pour la prompte consolidation du clocher qui menace de s’écrouler.

Le 27 août 1891, la tour du clocher penche de plus en plus, des chutes de pierres sont signalées, les murs se lézardes d’une façon inquiétante.

Le 25 novembre 1891, lettre du curé de Guécélard à l’évêque du Mans, suite au rapport de l’architecte, il y a nécessité à abandonner la chapelle devenue très dangereuse, celle-ci est destinée à la démolition, un projet de la construction d’une nouvelle église est envisagé.

Le 6 mars 1892, dans la correspondance jointe à un projet, on peut lire,
« …..ce projet reviendrait à 40 000 Frs…. ».

Le 26 mai 1892, le maire de Guécélard et le conseil municipal, le curé de la paroisse et sa fabrique, sont d’accord pour la réalisation du projet de construction d’une nouvelle église à Guécélard.

Le 24 août 1892, un devis définitif est présenté pour un montant de 39 896 Frs, il est accepté, un emprunt de 1 000 Frs est décidé à l’unanimité.

Le 17 juin 1893, une aide de l’état s’élevant à 1 000 Frs est accordée, si les annexes de clocher son supprimées.

Le 4 novembre 1893, le préfet de la Sarthe approuve les travaux.

Une église neuve est mise en construction sous la direction de Monsieur Vérité, architecte, réalisée par Monsieur Coulommier, entrepreneur. Les travaux se sont étalés de 1893 à 1897; le style est fortement inspiré du gothique du XIIIème siècle.
Consacrée par Monseigneur de Bonfils, évêque du Mans le 2 octobre 1900, sous le vocable : Nativité de la Vierge.

Au même endroit, le terrain ayant été donné par Monsieur Rottier de Madrelle suite à un échange de terres avec les époux Livache, meunier à La Beunèche, et Monsieur Grassin, maître de poste à Guécélard, la quatrième église, fut érigée. Les travaux durèrent de 1893 à 1897, et furent exécutés par Monsieur Vérité, sous la direction de Monsieur Coulommier, architecte. Le 2 octobre 1900 l'église paroissiale actuelle fut consacrée par Monseigneur Bonfils, évêque du Mans avec le vocable de la Nativité de la Vierge Marie, comme toutes les précédentes.


Depuis 1508, Guécélard figure sur le Registre des Droits Synodaux du doyenné d'Oizé,, avec présentation de l'abbaye de La Coulture. Avec une interruption de 1790 à 1841, elle a été une paroisse indépendante, avec un desservant attitré et quelquefois résidant. La paroisse de Guécélard, a été le catalyseur du regroupement des paroissiens - du troupeau de chrétiens. Les cloches, en sont le symbole : baptisées, elles rythment les étapes de la vie chrétienne, et de la vie tout court de tout individu,

- le tocsin signale, alerte d’un danger, d’un sinistre,

- l’angelus intègre le déroulement de la journée tout en incitant à la prière.



Cahier paroissial de 1667 à 1693, tenu par le prêtre desservant, faisant office d'Etat Civil - Document privé



Quatrième église,


L’église, subit une élévation « juridique », lorsqu’elle devient paroissiale, c’est une réalité spatiale. Elle ne détient pas seulement : l’Autel, les Fonds Baptismaux ou Baptistère, l’un des fondements du statut paroissial, mais également le patrimoine. Il est indispensable, pour garantir à celle-ci son existence, que son revenu soit dissocié de celui de l’évêché, ce qui peut expliquer l’érection tardive de Guécélard, en paroisse autonome.



   


L’église paroissiale de Guécélard est élevée en plein cœur du bourg actuel, et se détache des vénérables maisons qui l’entourent, créant aussitôt l’événement pour qui s’en approche .

C’est tout le talent des bâtisseurs qui s’est exprimé, ils ont su donner à cet édifice une authentique monumentalité. Sa situation permet une lecture en détail de tous ses volumes géométriques et de leur harmonieuse imbrication. L’architecture est toujours un livre ouvert, témoin inconditionnel du temps. Sans susciter une attention artistique manifeste, elle est tout de même attachante et constitue un repère dans le paysage.

Au premier plan de l’axe routier Paris-Nantes, répertorié R.N.23, ex-voie royale au XVIIIème siècle, dans le flot puissant de la circulation, non loin du discret et paisible Vieux-Bourg, appellation suffisante à authentifier le site. C’est probablement la présence de cette grande route, qui a nécessité l’orientation inhabituelle de l’édifice. En général, les églises sont orientées vers la lueur du soleil levant : symbole de la splendeur divine.

Flanquée de deux chapelles latérales en guise de transept : dérivé du plan basilical, le plan de l’église de Guécélard est cruciforme : symbolisme de la Croix du Christ.










Les angles sont épaulés de contreforts à glacis éclairés par des fenêtres géminées, ayant chacune une doublearcature soulignée par un larmier à « coupe-larme » que l’on retrouve à toutes les ouvertures de l’édifice religieux. Les bras du transept ont une particularité, la présence d’un gable dont l’arête faîtière se prolonge de part et d’autre, percé en son centre d’une meurtrière romane.

La nef s’élève en façade sur un remarquable appareil en granit gris, qui fait place et se prolonge sous l’ensemble par du grès de roussard bien appareillé, délimité en hauteur par un rebord. Il est difficile de dire, si cela relève de la décoration, ou d’un procédé de construction.

Couverte en ardoise, la toiture s’allonge pentue, bordée par un cordon de billettes d’un très joli effet, qui court en-dessous du toit, et le souligne. Cette toiture se termine par trois pans coupés sur un chevet. Ce chevet polygonal est contrebuté par quatre contreforts alternés de baies rayonnantes. Vu des jardins le coup d’œil est réellement plaisant. L’église se nimbe d’une luminosité particulière aux premiers rayons du soleil matinal . Elle se pare d’ombres furtives sous la lumière pastel d’un ciel pommelé.

Sur chacun des deux flancs de la nef, quatre contreforts à glacis et à une retraite, sont appuyés régulièrement espacés, déterminant des panneaux égaux, frappés de fenêtres également ogivales intercalées, donnant à l’église une élégante sobriété.

La tour clochère se dresse dominante en façade, scandée à sa base par une corniche prolongée par une ligne de faîte saillante. On ne sait pas très bien le style que l’on a voulu lui donner, on ne peut dire si ce clocher là, appartient à la terre plus qu’au ciel. Coiffée d’une insolite calotte d’ardoises dont la forme pyramidale fortement écrasée, surprend. On assiste ici, selon toute vraisemblance à une réalisation étroitement liée à un souci d’économie. Ce toit repose sur une frise de modillons taillés dans la pierre, huit lucarnes équipées en abat-son, surmontées d’arceaux jumelés, se répartissant sur chacun des côtés : halte et refuge appréciés des pigeons de passage.

Aux angles de la façade sobre et symétrique, un tantinet austère, deux contreforts apportent au porche peu proéminent une touche d’esthétique architecturale. Les retours d’angles sont farouchement aveugles au rez-de-chaussée, des ouvertures ébrasées, rectangulaires sont disposées à niveau du premier étage, des autres polylobées au second.

On remarquera que le flanc gauche de l’édifice est joliment enfoncé dans une végétation buissonneuse dont la variété apporte une perspective fort séduisante.


Inévitablement appelé à pousser la grande porte d'entrée, le visiteur peu pressé remarquera d'autres détails...!


Comme pour l’extérieur, l’intérieur surprend instantanément par sa belle unité. Le visiteur curieux se trouve immergé tout à coup dans un univers de spiritualité, indifférent à l’animation pourtant si proche.

La nef quoique aseptisée est incontestablement élégante, et peut retenir une attention soutenue selon la marche logique pour l’analyser, qui conduit invariablement la visite du portail au chœur de l’édifice. Aussi peut-on se mettre à rêver en pensant que nos propres pas empruntent par superposition ceux de nos Aïeux.




L’impression ressentie est étonnante depuis le fond de la nef : la douce lumière diffusée par les vitraux, déconcerte. Cette lumière fait partie intégrante de l’ensemble architecturale. C’est dans la matinée que l’intérieur du sanctuaire exhale toute sa beauté. C’est aussi le moment qu’apparaît cet éclairage oblique et mouvant au travers des vitraux, repoussant l’obscurité…….Ces vitraux ne présente pas un intérêt artistique de tout premier plan, mais ils n’en sont pas moins intéressant à examiner, ne serait-ce que par leur facture inusité.

Cette nef se compose de trois travées. Chaque travée est définie par un arc transversal en ogive à double rouleaux toriques retombant sur une colonnette semi-cylindrique accolée à deux autres engagées. Ces colonnettes latérales soutiennent des arceaux qui se croisent en diagonales à un claveau central délicatement ouvragé. Une armoiries* par claveau. La voûte d’arête obtenue par le croisement des deux voûtes en berceau brisé couvre la travée - ( employée dans la réalisation de bas-côtés de grands édifices religieux et certaines cryptes ). Archivolte ogivale torique à une seule voussure simple, retombe sur deux colonnettes dont le tailloir carré se prolonge dans le mur au-dessus des piédroits.

- * ces armoiries ont une histoire , et ont fait l’objet de monographies indépendantes.

Ces colonnettes tréflées sont surmontées de chapiteaux ciselés : de crossettes et de feuilles d’une grande variété ( feuilles de marronnier - de vigne….). À la fin du XIème et surtout du XIIème siècle, les chapiteaux remplaçaient les livres. Ici le sculpteur a fait en sorte d’évoquer l’environnement boisé de Guécélard.

Elles sont chapeautées d’un abaque mouluré qui s’encastre dans la paroi murale, soutenues par une console appelé « cul de lampe », également très finement travaillée et portant écus à initiales des familles Guécélardaises ayant financièrement et activement contribuèes à l'érection de cet l'édifice religieux.



Pour le côté droit : famille Guet - famille Pivron .



Pour le côté droit : famille Monick - famille Daudibon .



Pour le côté gauche : abbé Praslon - famille Bazoge .



Pour le côté gauche : famille Antin - famille Brière .


Le décor aux feuillages gras, les arceaux en biseau pourraient laisser une influence poitevine
Les culots de base sculptés de visages poupards d’angelots, de séraphins, de celui d’un homme serein.

D’autres symboles dans les chapelles, ceux des évangélistes :



Saint Jean évangéliste symbolisé : par la tête d'un aigle .



Saint Marc évangéliste symbolisé par : la tête d'un lion .



Saint Luc évangéliste symbolisé par : la tête d'un boeuf .



Saint Mathieu évangéliste symbolisé par : la tête d'un ange .


Le incontestable joyau de ce sanctuaire réside est une Vierge à l’Enfant Jésus en terre cuite du XVIIème siècle, inscrite à l’inventaire des Monuments Historiques le 16 janvier 1987. Placée sur une consonne, à gauche dans la croisée du transept.



Vierge à l’Enfant du XVIIème siècle - h : 0,97 - larg. 0,28
Le visage au modelé gracieux, aux traits menus de la Vierge, le geste charmant de l’Enfant : l’artiste impose d’emblée un style de vigueur et d’expressivité étonnant. L’expression du regard que la Vierge Marie pose sur l’Enfant Jésus, semble pressentir le destin tragique de son Fils, qui la regarde. L’ampleur du manteau placé sur les épaules, ramené sous son bras gauche qui soutient le divin Enfant, accentue le mouvement de souplesse du drapé, creusant les plis profonds à becs sur sa jambe droite, qui alternent avec une chute de plis en cornets sur la jambe gauche . tribune malheureusement murée, est logée dans le caisson de l’avant-nef.


Deux autres statues en bois polychrome du XVème siècle et XVIème, ultimes vestiges de la " poutre de gloire ", qui séparait la nef du coeur, détruite dans le années1793/1794 dans l'église romane du XVIème siècle, inscrite également à l'inventaire des Monuments Historiques.



Statue en bois polychrome du XVème/XVIème siècle - La Vierge Marie éplorée, assistant au pied de la croix à l'agonie du Christ .



Statue en bois polychrome, du XVème/XVIème siècle de pour les uns : Saint Jean ; pourles autres ( Beaux arts du Mans ), l'ange Gabriel. L'examen dorsal de ladite statue laisse apparaître encoches rectangulaires.....?.


La croisée du transept, qui élance l’ensemble est d’une noble sobriété, d’une simplicité purement élégante, elle est tournée délibérément vers le gothique. De ce point précis de convergence, le regard peut balayer l’espace, il est immédiatement attiré par la remarquable balustrade, œuvre d’une gracile harmonie, parachevant les armoiries,



Le véritable génie de l’artiste, se manifeste dans l’art de l’utilisation des tons chauds de la pierre calcaire. La tribune malheureusement murée, est logée dans le caisson de l’avant-nef .



Armes des Bonfils de Forcalquier
"de gueules à la patte d’ours d’or, onglée et armée de sable et posée en barre, au chef cousu "d’azur chargé de trois fleurs de lys d’or "

devise : « Filii Déi nominemur et simus ».
dessin réalisé à l'encre de chine et à la plume par A.G.


Guécélard élevé au rang de commune distincte en 1880.



Photo du pont reliant la rive droite à la rive gauche de la rivière Sarthe, appelé le " Pont de Fillé ".


Le " Pont trop tard ".......
Mis en service en 1897, pour le passage de la ligne à voie étroite des tramways de la Sarthe : Le Mans - La Flèche, via Guécélard *, il comportait une chaussée sur le côté gauche de la voie, direction Guécélard.

- * - TRAMWAYS de la SARTHE ( concédé en 1865 par le Conseil Général de la Sarthe ),

ligne : LE MANS - MAYET : 49 km. Écartement 1m.

Section : Le Mans - Foulletourte = 24 km. ; ouverte en 1897 - fermée en 1946
Foulletourte - Mansigné = 14 km. ; ouverte en 1897 - fermée en 1937
Mansigné - Mayet = 11 km. ; ouverte en 1897 - fermée en 1932 

- Section : Foulletourte - La Flèche-ville = 26 km. ; ouverte en 1914 ; fermée en 1932
La Flèche-ville - La Flèche P.O. = 1 km. ; ouverte en 1921 - fermée en 1932.


Photo actuelle de la chaussée du " Pont de Fillé " - La voie a disparue dans les années 1950


Plan de masse du Pont sur la rivière Sarthe, établit en 1893/1894 par l'Ingénieur en Chef, Monsieur Harel de La Noë - Collection privée.



Photo que Monsieur René Gaignon, a bien voulu nous prêter et nous autoriser à reproduire - Très sincérement et amicalement merci - A.G.
Ce document, véritable est une véritable relique, des années 1920


Le Carrefour de " Bel-Air " et la " route des Galopières " . Route reliant le bourg de Fillé au bourg de Filé, via le pont.

Il est évident, que si ce pont avait été construit en 1880, il serait devenu le " pont de l'Union Fillé-Guécélard......et cette commune existerait peut-être toujours ?








l

Lorsque le chemin de fer d'intérêt local des lignes Le Mans - Mayet, et Le Mans - La Flc^che s'arrétait à la " Gare de croisement de Guécélard .



Une erreur de la Convention.......


En 1795, lorsque la Convention décida de rattacher Guécélard, et une portion de terroir s'y rattachant, à la commune déjà existante de Fillé, le moins que l'on puisse dire : elle collectionna les erreurs. Plus grossières les unes que les autres. On pourrait même dire, qu'elle s'ingénia à les réunir.

1° - union de deux sections, sans aucune consultation préalable des habitants de Guécélard.
2° - décision arbitraire et unilatérale de l'autorité Parisienne ; confirmée par les autorités Mancelles, depuis longtemps contestées par les Guécélardais qui n'avaient jamais régularisé des Cahiers de doléances.


La rivière Sarthe : un sujet de discorde !


3° - l'existence d'une grande rivière, dont les emportements sont connus depuis le très haut Moyen Âge, rendant dans certains cas les démarches administratives obligatoires très dangereuses, coûteuses, et même quelquefois impossibles.

DEUX SECTIONS UNIES PAR UNE GRANDE RIVIERE, : UNE COMMUNE SIAMOISE


4° - le rattachement de la section de Guécélard, à une commune existante depuis 1792, et déjà normalement constituée, possédant un Conseil Municipal en place ( 1 maire, 1 adjoint, 5 conseillers ) - Fillé : 585 habitants ; Guécélard : 579.

5° - le dit rattachement ne fut sanctionné d'aucun vote. Il fut arbitrairement alloué à Guécélard : 5 conseillers, en dépit d'une population équivalente, et d'une superficie territoriale pratiquement identique. Ce qui aggrava cette situation est le fait, qu'elle fut entérinée par l'absence d'un rééquilibrage par le suffrage universel par la suite. Si bien que le sentiment pour les Guécélardais d'être dominés, et comme le prouve la lecture des Procès verbaux des séances des Conseils Municipaux de la commune de Fillé-Guécélard.

Bourg de Fillé - ancien Chef-lieu de la commune de Fillé-Guévélard et la riviére Sarthe .


Le 14 décembre 1789, l'Assemblée Nationales votait une loi instituant les " commune ", devenant ainsi la plus petite unité administrative en France. Cette Assemblée révolutionnaire par principe érigea en commune toutes les paroisses. Par le décret du 31 octobre 1793 ( 10 brumaire de l'an II ), la Convention Nationale décrète que les appellations : villes et villages sont supprimés, ils sont remplacés par la dénomination de : communes.

En 1539, l'Edit de Villers-Cotterets promulgué par le roi François Ier, a donné la charge au prêtre-desservant une paroisse, l'obligation de tenir un registre regroupant les naissances, les mariages, les sépultures. A l'exception de ces obligations la paroisses s'organisait selon le bon vouloir des paroissiens. Les paroissiens se réunissaient pour prendre les décisions indispensables à la communauté. Le seigneur local gérait les affaires.

Le 20 septembre 1792, la Convention décide qu'un Registre d'Etat Civil, où impérativement l'Officier public ( appelé à devenir la dénomination de maire ), élu par la communauté villageoise aura l'obligation d'y inscrire toutes les naissances, tous les mariages, et tous les décès. a cette date les prêtres durent remettre leurs registres.



Plan de 1810, de la commune de Fillé-Guécélard, créée par la Convention en 1792, on remarquera la rivière Sarthe déroulant son ruban et coupant ce territoire communal par la moitié .



Livret renfermant toutes les instructions à réaliser lors des baptêmes, des mariages et des sépultures par l'Officier public, élu par ses concitoyens, futur maire - Document des Archives Nationales de Paris


Selon toute probabilité, l'acte ci-dessus est le premier mariage dont la célébration reliigieuse s'est déroulé dans l'église de Guécélard peu de temps avant sa vente, et le mariage civil sur l'autre rive de la Sarthe, en la mairie de Fillé, désignée sosus le nom de Maison commune.

Le 30 avril 1792, mariage après les fiançailles et la publication des bans, après les prônes tant en l'église de Guécélard, que celle de Roizé, aucune opposition n'ayant été déclarée , la bénédiction nuptiale a été donnée à Pierre Morillon, garçon mineur charpentier, fils de Pierre Morillon, maître charpentier à Roizé, et de défunte Marie Bobet, sa première femme, d'une part, et de Marie Piverons, fille mineure, de Philippe Piveron, postillon au Relais de Poste à Guécélard, et de Marie Quéru, sa ligitime épouse, haitant le Petit Guécélard, d'autre part. Les dispenses d'usage ayant été délivrés par Monsieur l'Evêque.



Le 22 mars 1873, Elie Fournigault, âgé de 27 ans, ouvrier agricole, domicilié à Guécélard au Patis, à sept heures du matin a présenté à Monsieur Charles Carteret, maire et officier de l'Etat Civil de la commune de Fillé-Guécélard, arrondissement du Mans, département de la Sarthe, en la Maison commune de Fillé, son enfant prénommée Juliette, née à deux heures du matin à son domicile à Guécélard, de son épouse Anne Bobet, 20 ans. Il était accompagné de Alexis Piron, 58 ans, tonnelier, autre témoin Perdereau Charles, instituteur à Fillé, de la présentation du nouveau-né pour officialiser l'enregistrement.


Selon la liasse de documents, et lorsque nous analysons en détail le déroulement des faits, nous constatons dans le détail  que Elie Fournigault, ouvrier et bordager de son état, a quitté son domicile vers quatre heures du matin pour se rendre à pied à l'embarcadère de Bel-Air distant d' environ quatre kilomètres, tenant précieusement dans ses bras, le bébé nouveau né, faisant un détour pour prendre au passage le tonnelier Alex Piron. A Bel-Air, après avoir sonné la cloche d'appel du bac en stationnement sur l'autre rive, ils attendirent l'abordage de celui-ci. En dépit des eaux de la Sarthe grossies par la fonte des neiges de cet hiver tout particulièrement rigoureux, des violentes bourrasques de vent glacial, ils ont embarqué malgré un courant puissant. Après une traversée difficile, ils se sont rendus à la mairie, où ils retrouvèrent le deuxième témoin, et attendirent l'arrivée du maire. La présentation  du  nouveau né, en présence de deux témoins étant obligatoire à l'enregistrement et à l'établissement de l'acte de naissance, cette formalité étant accomplie, ils repartirent. Ils firent le chemin inverse, selon les documents des A.D. 72, c'est aux environs de 16 heures 30, que Elie Fournigault, remis la petite Juliette dans les bras de la maman, très inquiète.

Le 25 mars 1873, le même Elie Fournigault, accompagné du même Alex Piron refaisaient le même chemin, pour la déclaration de décès de la petite Juliette.

Nous remarquons dans ce fait banal,que

Ce fait n'est pas un cas unique, nous avons relevé d'autres cas le 29 mars 1853, Antoine Neveu, âgé de 36 ans, cultivateur à Mondan commune de Guécélard présente à 3 heures du soir, à l'adjoint en la mairie de Fillé malgré les inondations sa petite fille née à 19 heures le 28 mars 1853, prénommée Louise-Françoise, accompagné de son témoin René Dubourg, âgé de 28 ans charron à Guécélard - le 28 mars 1873, Tansorier Eugène, farinier à l' Ile du Milieu, le 20 avril 1873, Eugène Vallée, tourneur en poterie au Grand bourg de Guécélard, le 21 juillet 1873, Augustin Pelpoir, cultivateur aux Mollières à Guécélard, le 11 août 1873, Frdéric Dutertre, charepentier au Grand bourg de Guécélard.....etc....cela se reproduisait pour les mariages, mais également pour les décès. La traversée du Rhonne, se faisait sur des planches non équarries, e la Sarthe par le Bac de Bel-Air, du 1er Novembre au 1er Mars. Mais souvent avec les débordements de l'un ou l'autre des deux cours d'eau en février et mars, un détour par le " pont de Buffard "était obligatoire.


Uni à Fillé, contre le choix et contre la volonté des habitants de Guécélard.


La lecture d'Annales, de Chroniques, de Documents particulièrement disséminés, nous confortent dans l'opinion, qu'entre les religieux bénédictins du Prieuré Saint-Pierre-de-Parigné, installés vers le Xème siècle ( selon le Cartulaire de Tiron , liv. I , chap. CCXXV, donné par Poolinus et son fils Sevinus vers le XIème siècle à Saint-Mesmin de Micy ), dans ce " Pays des Horizons noirs, cher au docteur Delaunay " : les hauteurs désertiques du Poslinois, et nos Arrières-arrières grands-parents guécélardais, s'étaient graduellement tissés des liens. Ces liens imperceptibles, indestructibles, inaltérables s'étaient instaurés progressivement au fil des ans, pendant plus de sept siècles, transmis de générations en générations de guécélardais. Ils pouvaient se dénommer aides, appuis, conseils, éducation, soins du corps, soins de l'esprit , mais également protection.

En effet, pendant les siècles où notre terre a connu les invasions saxonnes, germaniques, bretonnes, scandinaves, angevines, normandes, puis les guerres entre les têtes couronnées anglaise et françaises, notre plat pays, offrait un terrain idéal à la soldatesque, pour les grandes chevauchées dévastatrices des uns et des autres. Aussi, le seul refuge, le seul havre de paix et de sérénité était l'enclos délimité par les bâtiments et les murs du prieuré. Que de fois, au cours de ces siècles, homme, femmes enfants vieillards, animaux provisions, se réfugièrent en ce lieu , où nul belligérants ou malveillants se hasardaient à enfreindre : la Paix de Dieu.

- Il ne faut pas oublier, qu'en général et de tout temps le faible a toujours recherché la protection d'un plus fort...... d'un plus influent. C'est d'ailleurs l'une des bases fondamentales de l'évolution du lieu-dit en hameau, puis la progression de celui-ci.

Et lorsque tout danger avait disparu, qu'il fallait reconstruire, les bras des moines se joignaient alors à ceux des petits paysans et tâcherons guécélardais, qui habitaient le hameau, ou étaient dispatchés dans les landes environnantes. Une lithographie, à la Bibliothèque Nationale de France à Paris, et tout particulièrement explicite à cet égard, ne représente-t-elle pas un moine harnaché tirant péniblement une araire en bois guidé par un homme pauvrement vêtu, avec en arrière plan des bois touffus, et sur une hauteur dominant la scène, des bâtiments surmontés d'une croix.

Cela ne pouvait pas être spolié d'un trait de plume. Pas plus que les multiples bienfaits que les de Broc, seigneurs de Parigné et de Guécélard, dispensèrent aux villageois pendant 160 ans, c'est-à-dire depuis 1617. Pour preuve, le refus de rédiger et de signer un cahier de doléances pour Guécélard.

Ces liens, attaches séculaires inexplicables, expriment peut-être pourquoi les habitants de Guécélard et ceux de Parigné-le-Polin, sont si proches.

Rien d'étonnant au profond mécontentement manifesté ouvertement par l'unanimité des habitants, lors de l'union de la paroisse de Guécélard à celle de Fillé, puis la création d'une seule et même commune pour ces deux entités. Il faut savoir qu'aucune consultation à notre connaissance, sous quelques formes que ce soit, n'a été faite. L'union a été imposée. Les autorités révolutionnaires de Paris, sur les instances de celles du Mans, envoyèrent un demi-bataillon de Gardes-Nationaux en stationnement pour assurer la sécurité sur la grande route, affirmait-on haut et fort. Mais aussi, et pour calmer les esprits. En ce qui concerne les attaques de la grande route, elles continuèrent, ce n'est que la présence permanente de quatre gendarmes à cheval qui imposa, la sécurité dans la première moitié du XIXème siècle.


Ce qui n'aurait jamais dû arriver malheureusement arriva.


Inspirés par les 78 habitants du hameau d'Arnage, qui avait demandé leur séparation de la commune de Pontlieue le 5 septembre 1939, et ayant obtenu l'élévation de leur section en commune distincte le 1er juin 1853.

Conditionnés, par la demande de transfert du Chef-lieu de commune de Cérans à Foulletourte le
29 août 1840, obtenue par la section de Foulletourte le 29 août 1854.

Nos Aïeux Guécélardais, prirent de nombreux conseils auprès d'Amis d'Arange et de Foulletourte et " ficelèrent un dossier sans faille".


Une pétition, demandant la scission de la commune de Fillé-Guécélard.


Nous reproduisons intégralement le P.V. des délibérations de la Session Ordinaire du Conseil Général de la Sarthe du 18 août 1866 -( dossier archives de 448 pages )

Sous la Présidence de Monsieur O. d‘Andigné- Préfet de la Sarthe

Le bureau est constitué de,

- Monsieur le Prince Marc de Beauvau - Président
- Monsieur de Longueval - Vice-Président
- Monsieur Charlot-Pasquer - Secrétaire

Dans le rapport de Monsieur le Préfet, à la rubrique : Circonscriptions Territoriales, à la page 145, nous lisons,
« Par une pétition, en date du 22 mai 1866, 173 habitants de Fillé-Guécélard, section de Guécélard, sollicitent la distraction de la portion de territoire qu’ils habitent de l’ensemble de la commune, et son érection en commune distincte.

« Cette demande est fondée principalement sur ces considérations : que la section de Guécélard possède déjà une église et un «presbytère et qu’elle est érigée en succursale ; que quelques personnes y ont fait construire une maison d’école où la mairie pourrait être facilement installée, qu’elles se proposent de donner à la nouvelle commune, si sa formation vient à être autorisée ; que la section de Guécélard est séparée du chef-lieu de la commune, par la rivière Sarthe, ce qui rend les communications difficiles et parfois dangereuses ; qu’enfin la population de Guécélard qui est de 600 habitants environ, égale à peu près celle de la section de Fillé ; de sorte que les deux communes, après la séparation opérée, posséderaient encore chacune un nombre d’habitants et un chiffre de ressources qui leur permettait de subvenir à leurs charges.
« Ce projet a été régulièrement instruit.

« Lors de l’enquête, 177 déclarations favorables, dont 150 verbales et 27 écrites, ont été recueillies ; et 194 protestations , dont 190 verbalement et 4 par écrit. Les adhésions, qui paraissent émaner des habitants de la section de Guécélard, sont motivés sur les inconvénients qui résultent de la difficulté des communications entre Guécélard et Fillé, sur les intérêts différents des deux sections et sur la séparation de fait qui existe aujourd’hui. Les opposants qui, d’un autre côté, semblent appartenir à la section de Fillé, objectent que la division réclamée aurait des conséquences regrettables, surtout en ce qui touche les intérêts financiers de Fillé et de Guécélard, et que ces sections érigées en communes ne pourraient suffire à leurs besoins, ils contestent la valeur des raisons alléguées par les pétitionnaires, à l’appui de leur demande ».

- Monsieur le Commissaire enquêteur a exprimé l’avis si après :
« Considérant que divers intérêts pécuniaires existent entre les sections de la commune de Fillé - Guécélard ; que si la distraction de la section de Guécélard avait lieu aujourd’hui, les intérêts de celle de Fillé auraient à en souffrir ; que les grandes eaux soit du Rhonne, soit de la Sarthe, ne sont que très rarement un empêchement à la communication facile entre les habitants desdites sections ; que les frais d’administration d’une petite commune sont toujours plus onéreux pour les contribuables que ceux d’une commune d’une certaine importance, ets d’avis que la distraction demandée n’ait pas lieu quant à présent ».

- Le Conseil Municipal de Fillé-Guécélard, assisté des plus imposés, s’est prononcé contre le projet dont il s’agit, le 18 juin 1866. La délibération de cette assemblée expose que la mesure réclamée serait des plus fâcheuses pour les finances de la commune et particulièrement préjudiciable à Fillé, l’administration, ayant depuis d’assez longues années, consacré la plus fort partie des ressources communales à l’entretien et à la construction de chemins sur le territoire de Guécélard. Les arguments présentés par les sécessionnistes sont considérés, dans cette délibération, comme n’étant réellement pas sérieux.

- La Commission Syndicale, élue par les électeurs municipaux domiciliés dans la section de Guécélard, a été unanime pour reconnaître les avantages qui résulteraient de l’adoption du projet. Elle a, en outre, émis l’avis que la commune dont la création est sollicitée, prît le nom de Guécélard-Sainte-Marie.

- Monsieur le Directeur des Contributions Directes, se plaçant au point de vue de la conservation des documents cadastraux qui devraient être nécessairement modifiés, si la section de Guécélard était érigée en commune, a exprimé un avis défavorable, le dossier de l’affaire ne lui ayant paru révéler aucune considération importante établissant la nécessité de la distraction sollicitée.

- Le Conseil d’Arrondissement du Mans, appelé à son tour à examiner la question a donné son adhésion au projet dans les termes suivants :

« Le Conseil considérant que le ruisseau Rhonne et la rivière Sarthe qui séparent en deux la commune de Fillé-Guécélard, sont un obstacle à la communication facile entre les habitants de ces deux sections ; que les habitants de Guécélard sont obligés de payer un droit de passage pour venir à Fillé ; que Guécélard possède une église, un presbytère, et qu’’une maison d’école y a été construite que les ressources des deux sections seront suffisantes pour que chacune d’elles puissent être érigée en communes distincte, est d’avis, à l’unanimité, que la section de Guécélard soit érigée en commune d’après le plan annexé au projet, sous la condition expresse que les intérêts pécuniaires qui peuvent exister entre les deux sections et qui avaient motivé de la part de Monsieur le Commissaire enquêteur un avis d’ajournement de la séparation, soient sauvegardés lors de la division ».

Le Conseil Général, adoptant les conclusions de la Commission de Objets divers, émet l’avis qu’il n’y a pas lieu de donner suite au projet de séparation des sections de Fillé et de Guécélard.

1er rejet, deux autres suivront.

Un nouveau dossier complet est présenté au Conseil Général de la Sarthe par Monsieur le Marquis de La Suze, propriétaire à Courcelles, Conseiller Général du canton de Malicorne, lors de la 2ème session ordinaire du Conseil Général de la Sarthe en sa salle des séances à l'Hôtel de la Préfecture le 24 août 1872, sous la Présidence de M. Tassin, Préfet de la Sarthe.
( 730 pièces au dossier ).

                                            

    








                                   

Dossier du Procès-Verbal de la séance du Conseil Municipal de la commune de Fillé-Guécélard en date du 13 juin 1872, signés
- par les Conseillers Municipaux : Messieurs Pivron, Brador, Cordier, Loyer J. et Livache,
- par les plus imposés : Moreau, Guet, et Loyer P.
Fillé avait 659 habitants et Guécélard 572 - Collection privée.

                                    
                                        
                                        

Collection privée.


S'adressant à ses Collègues, Monsieur de La Suze invoque l'art.50 de la loi de 1871, et met en exergue le fait que Guécélard a une église, un presbytère qui lui a coûté 5,000 fr., un cimetière, et est devenu une paroisse, qu'il possède une école mixte érigée en souscription volontaire, une grande maison avec dépendances achetée par un habitant après le décès de M. Lemore, ancien Maître de Poste aux chevaux, dans laquelle serait installée la mairie, et une école de garçons.

- Monsieur Galpin, a attiré l’attention de Monsieur le Président sur la distribution faite aux membres du Conseil de pièces relatives à la séparation, en deux communes, des sections de Fillé et de Guécélard. Monsieur le Président estiment que l’instruction de cette affaire appartient à Monsieur le Préfet, à qui il faut purement et simplement la renvoyer.

- Monsieur M.G. Tassin, Préfet de la Sarthe, annonce qu’il est saisi déjà de cette affaire, et va procéder à son instruction ; mais il ne peut assurer qu’elle sera prête pour la session d’août, en raison de la longueur des formalités.

Monsieur Terrien, apporte sont appui à Monsieur de La Suze, toutes les Commissions, et l'unanimité du Conseil Général sont pour l'érection de Guécélard en commune distincte. Le Préfet, décide d'adresser le dossier au Ministre de l'Intérieur.

Lors de la 2ème séance du Conseil Général de la Sarthe le 21 août 1873, celui-ci exprime l'avis qu'il y a lieu de prononcer la séparation de la commune de Fillé-Guécélard, et d'ériger Guécélard en commune distincte.

Monsieur le Préfet, fait connaître à l'Assemblée la décision suite à la 2ème pétition : refus du Ministre de l'Intérieur.

Session ordinaire d’avril 1879 du Conseil Général de la Sarthe
( dossiers archives 1082 pièces )

Ouverture de la première session le lundi 21 avril 1879, sous la présidence de Monsieur L.-A. Cordelet       ( maire du Mans ), Monsieur Lagrande de Langre, Préfet de la Sarthe est présent.

- Monsieur Léopold Galpin ( député - maire de Pontvallain ), est nommé secrétaire de séance

Séance du 26 avril 1879, Monsieur le Comte de Chavagnac, maire de Tuffé, au nom de la Commission de Objets divers, lit le rapport suivant concernant la demande de division de la commune de Fillé-Guécélard - ( 3ème pétition )

Session extraordinaire du 20 mars 1880, du Conseil Général de la Sarthe,
( dossiers archives 1115 pièces )

Sous la présidence de Monsieur L.-A. Cordelet, maire du Mans, en présence de Monsieur Lagrange de Langre, Préfet de la Sarthe, celui-ci donne lecture,

- d’une dépêche de Monsieur le Ministre de l’Intérieur,

« Paris, le 28 décembre 1879,
« Monsieur le Préfet,
« Vous m’avez transmis le 4 novembre dernier, le dossier d’une « pétition par laquelle les Conseillers Municipaux demandent la « distraction de leur section de la commune de Fillé-Guécélard et les « habitants de Guécélard, canton de La Suze, arrondissement du « Mans ( Sarthe ), et son érection en commune distincte.
" C’est la troisième fois que l’administration est saisie de ce projet " écarté en 1873 et en 1875.

Nouveau refus, mais le Préfet de la Sarthe, le Président du Conseil Général de la Sarthe, favorables à la demande de Guécélard, appuyé par Monsieur Le Monnier, sénateur-maire de Château-du-Loir obtiennent du Ministre de l'Intérieur que celui-ci trans mettent ce volumineux dossier au Conseil d'Etat. Celui-ci après avis également favorable, transmet cette affaire à la Chambre des Députés de Paris.

Le 12 juillet 1880, J. Constans au nom de Monsieur Jules Grévy, Président de la République, présente et développe ce dossier aux députés, qui votent à l'unanimité l'érection de la section de Guécélard, de la commune de Fillé-Guécélard en une commune distincte et ce à compter du 31 juillet 1880.
                           

Plan daté de 1880, définissant la toute nouvelle commune de Guécélard


Le 30 juillet 1880, la loi XII, B, DLXIII, n.9860. , était promulgée au Journal Officiel. Le 31 juillet 1880, Guécélard était une commune distincte. La rivière Sarthe,objet invoqué de la discorde, par la loi délimitait désormais le territoire communal de Guécélard, de celui de Fillé. C'est le milieu de la rivière, l'axe médiant qui précisait légalement la limite séparative des deux communes.
                             

Photo Philippe Aizier - Collection Aizair - " Guécélard vu du ciel " - Vision générale du le bourg en 2010


Si des chroniques relatent la profonde déception, et amertume chez les Filléens lors de la " division : terme administrativement employé ", elle note aucun triomphalisme chez les Guécélardais. Cette division, cette scission, s'est effectuée dans une atmosphère de très haute tension certes, mais on ne constate aucun débordement, aucune menace, aucune violence . Si il y a eu violence, elle strictement verbale, limitée à des paroles. Comme chacun sait, la parole dépasse souvent la pensée.

Le respect, la dignité semblent avoir présidé à cette création de deux communes distinctes.


Fin de cette 1ère partie

suite IIème partie - A.G.

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