vendredi 16 mars 2012

HISTOIRE DE LA SARTHE - UNE PETITE RIVIERE : le ROSNE





Rhonne ( Indo-européen ), est traduit en : Eau qui marche vite

Le Rhonne, n'est pas seulement un " trait d'union " entre "l'Orée de Bercé " et le "Pays de Bourray", c'est un lien véritable sorte de " cordon ombilical " unissant et arrosant les bourgs et les communes de Saint-Mars d'Outillé, de Téloché, de Mulsanne , de Moncé-en-Belin et de Guécélard ; entre le "Pays d'Outillé " où il voit le jour, et le " terroir Guécélardais où il célèbre son union et sa mort avec la grande rivière : la Sarthe.




Il était une fois.........

UNE PETITE RIVIERE NOMMEE : RHONNE,
au " fil de l'eau".....de l'Orée de Bercé au Pays de Bourray

Le Rhonne est modeste, il n'a aucune prétention.

Attachant, il est charmant tout simplement. Avec son air de ne pas y toucher, il étire nonchalamment
non sans une certaine élégance, son cours sinueux sur 26,515 km. ( D.D.A.F.-3/10-91 ), au travers deux régions sarthoises, qui dans la 1ère moitié du XXème siècle et encore dans les années 1950, étaient totalement différentes, voir diamétralement opposées : le verdoyant et fertile " Bélinois " , et l'austère et stérile " Pays de Bourray ".

Ce voluptueux farniente s'amorce dans le " Pays de Saint-Mars-d'Outillé ".

Il arrose, baigne, irrigue et lie au passage les bourgs et les communes de Saint-Mars-d'Outillé, Téloché, Mulsanne, Moncé-en-Belin et Guécélard. Son versant est de 16.296 hectares dans lequel s'inscrive l'intégralité des 1.218 hectares du territoire communal de Guécélard. Son volume : en eaux ordinaires est de 0,080 m3 ( D.D.A.F. - 3/10-91 ), pour le première section : Guécélard, Moncé-en-Belin, Mulsanne soit 12,738 km. ; et de 0,030 m3 ( D.D.A.F. - 3/10-91 ), pour la deuxième section : Mulsanne, Téloché, Saint-Mars d'Outillé soit 13,777 km. ; Les chiffres en grandes eaux, qui nous ont été donnés par la D.D.A.F. sont nettement plus éloquents : pour la 1ère section = 10.000 m3/jour ; pour la 2ème section = 4.500 m3/jour.

Ce n'est pas son homonyme certes, mais outre les légendes, les croyances, le folklore, l'histoire, et la préhistoire, vous effleurent à chhacune de ses boucles. Témoin avéré autant que discret, de faits historiquement authentifiés, tant par des documents validés, que par des trouvailles archéologiques : il a en connu ddes civiilisations, il en a vu passer des armées, se dérouler des événements, au cours des siècles, et même des millénaires écoulés.

Il a fait son entrée dans l'histoire ( celle avec H majuscule ), c'est-à-dire l'Histoire de France, dans le premier tiers du XIème siècle, lorsque avec la rivière Sarthe, le Rhonne constitue la délimitation septentrionale de la baronnie de Château-du-Loir ".......du Chasteau dou-Leir, inféodé avant 1006, par Hugue III, comte du Maine.....".

89ème affluent gauche de la Sarthe, à l'instar de celle-ci, le Rhonne a contribué pour la majeure partie, en creusant son lit à façonner sa vallée, en modelant les terrains traversés.

L'eau de nos cours d'eau, n'est-elle pas un remarquable architecte paysagiste?

Le Rhonne et l'érosion qui lui est étroitement associée, sont les vecteurs principaux du grand courant qui à l'époque du Quaternaire ( dernière période de l'Histoire du globe terrestre c'est-à-dire de -1,810 M.a. à l'actuel ), dessina son bassin. Celui-ci est une synthèse harmonieuse de la configuration de la nature et des sites, progressivement marqués par l'action humaine, tout au long de son extraordinaire passé.



LE PRE-RHONNE,

Son flot primitif serpentait, divaguait en toute liberté à une altitude nettement supérieur à celle que nous lui connaissons actuellement, décapant et rongeant la base sur laquelle il coulait. Le Rhonne s'épandait librement à fleur de terre sans aucune retenue sur les assises du Tertiaire, à la limite géographique du Massif de Bercé. En témoigne si besoin est : la butte de La Noë, les buttes tabulaires du Vieux-Mans, la butte de Monnoyer,, les Mamelons jumeaux de La Chouanne, vestiges authentiques de ce plateau de Mulsanne, qui plafonnait il y a encore 1.500 M.a. à une altitude de +65 à +85 par 0°15'E - 47°54'30''N, et s'infléchissait vers les Hunaudièrees - 0°13'E- 47°55'N.

L'enfoncement du petit cours d'eau : le Rhonne dans le substrat a été provoqué par le soulèvement de l'ensemble du Bassin Parisien ( épirogenèse positive, à la vitesse de 0,5 mm./an ). Les vallées de la Sarthe et du Rhonne furent profondément incisées dans les roches dures, des plateau soulevés.

La structuration Cénozoïque est responsable de l'organisation hydrographique du bassin du Rhonne, alors que les alternances climatiques du Quaternaire induisent à sa réorganisation. Le basculement de la portion de territoire placée dans la fourche formée par la " faille de Brette " et la " faille d'Arnage ", qui s'embranchent un peu auu-dessus de Pontvallain. Au cours tectoniques du Bartonien ( étage de l'Eocène, définit en 1857 - de -40,4 à -37,2 M.a. à 0,5 +/- B.C. ), se prolongeant jusqu'au Miocène ( de - 23,2 M.a. à -550 à 0,005 +/- ) ; a déterminé l'orientation du drainage dans le bassin versant du Rhonne.

Le Rhonne du Pléistocène que nous avons dénommé le " pré-Rhonne ", poursuit pendant toute cette période longue de 1,810 M.a. à 10.500 ans B.C., à lessiver les fonds argilleux, et à charrier tous les détritus organiques et végétaux.




fragment de bois fossilisé trouvé dans un dépôt deltaïque formé pendant les périodes interglaciaires de Mindel / Riss , Riss / Würm, du Rhonne et de la Sarthe - collection privée

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fruit de ficus fossilisé, découvert dans un dépôt deltaïque formé pendant les périodes interglaciaires de Mindel / Riss , Riss / Würm, du Rhonne et de la Sarthe - collection privée



os - tête de tibia d'un mammifère, et vertèbres fossilisés, trouvé dans un dépôt deltaïque formé pendant les périodes interglaciaires de Mindel / Riss , Riss / Würm, du Rhonne et de la Sarthe - collection privée



Rhizomes et tubercules de plantes subaquatiques fossilisés, découvert dans un dépôt deltaïque formé pendant les périodes interglaciaires de Mindel / Riss , Riss / Würm, du Rhonne et de la Sarthe - collection C. L'Huissier


  • Les ossements d'animaux, les détritus végétaux constituent une source d'informations incomparablement riche et particulière sur l'histoire de la biodiversité et son interaction sur les sociétés humaines de ce époques à jamais révolues.
  • Outre, ces incontestables vestiges, la découverte d'outils lithiques comme ce biface, en silex de Vion ( 72 ) - longueur 10,7 cm. culture Moustérienne à tradition Acheuléenne ; démontre si besoin est que les bords de nos cours d'eau onnt été très tôt hanté par des humains.



Il est difficile d'affirmer, que le Rhonne était une rivière permanente, ou pérenne ( permanente année entière ) au Tertiaire. Cependant les découvertes dans ses dépôts alluvionnaires, les analyses en laboratoires des trouvailles, tentent à démontrer, que, tout comme son collecteur principal : la Sarthe, le Rhonne existait déjà à l'époque du Tertiaire.

Le quaternaire est une période marquante d'un durcissement dans le refroidissement du climat, avec alternativement des pointes d'un froid sec extrême, appelé " périodes de glaciations ", et des radoucissements brutaux et caractérisés dénommés " périodes interglaciaires " ; le nombre des fluctuations étant quelquefois élevé.

L'enfoncement de la Sarthe, de l'Huisne et du Rhonne, a vraisemblablement commencé au Quaternaire moyen, vers l'interglaciaire de Riss / Würm, c'est-à-dire -120.000 à -80.000 ans selon A. Foucault et J.-F. Raoult. Il s'est poursuivi pendant la période du début du Postglaciaire ( partie supérieur de l'Holocène ), il creusa son profil longitudinal, chenal d'écoulement en abscisse de sa source.

Le courant originel important et puissant, constitué par une énorme masse d'eau libérée brutalement par le dégel brutal " effet chasse d'eau à la dimension du titanesque ", a modelé le relief des terroirs traversés par cette petite rivière : des contreforts de Bercé, au rebord septentrional du " plateau géologique de La Fontaine-Saint-Martin ". Ce vaste territoire soumis à de longues périodes de gel intensifs, alternant avec des dégels brutaux et rapides, a présenté une fragilité géologique extrême. Ce courant a charrié d'énormes charges, produits de la gélifraction, de la solifluxion, de l'érosion. Il déplaça ainsi des quantités considérables de matériaux mêlés de détritrus de toutes provenances pendant des dizaines et dizaines de milliers d'années avant de donner le paysage que nous lui connaissons actuellement.


Entre les brèves périodes de sédimentation, le Rhonne s'enfonçait mettant en relief les dépôts antérieurs, très riches en vestiges divers, se présentant souvent sous formes de rives surélevées.

Pour mémoire, dans notre région le domaine marin était en régression : la mer ( Océan Atlantique ) s'arrêtait à l'est d'Angers, aux environs de Durtal-Châteaunneuf-sur-Sarthe, elle avait abandonné le " golfe de Loire ", et Saumur, Le Lude, La Flèche était désormais émergeait. La Sarthe confluait avec l'océan par un vaste estuaire entre Durtal et Briollay.


La côte Atlantique au Miocène, il y a 23 à 5,3 millions d'années, le " Golfe de Loire " : Blois, Tours, Saumur, Le Lude, La Flèche sont sous les eaux marines. La rivière - le Loir n'existe pas, le ressac de l'Océan bat le socle de la falaise à Clermont-Créans, la Loire à Orléans se dirige vers le nord, et rejoint la Seine

Au Pliocène, période suivante de 5,3 à 1,7 millions d'années avant notre ère, régression marine. Blois, Tours, Saumur, Le Lude, La Flèche sont émergés. La mer s'arrête aux environs de Durtal, Châteauneuf-sur-Sarthe. La Sarthe renforcée par l'Huisne et le Rhonne, conflue avec l'Océan à Briollay, par un vaste estuaire encombré comme en témoigne les nombreux dépôts alluvionnaires - document personnel


La roche garde en mémoire la présence de l'élément marin et de la confluence de la Sarthe /Rhonne pendant 3,6 M.a.. On distingue dans la roche les empreintes laissées par les ondulations finissantes des vaguelettes sur le sable en milieu tidal ( plage de sables exclusivement composés de grains de quartz ). Pour mémoire, il s'agissait d'une mer peu profonde, avec une sédimentation à haute énergie.



Vers -5.500 à -3.000 B.C. * , la période climatique dite "Atlantique " : chaude et humide, le décor est définitivement planté, le lit mineur du Rhonne est tracé, le lit majeur est complètement installé, les sites pratiquement proches de ceux des premières décennies du XXème siècle. L'eau en coulant sape toujours plus avant la rive convexe, la rendant plus abrupte, tandis que l'autre rive concave est largement adoucie par les alluvions déposées.



AU " PAYS D'OUTILLE ".........

La lande de Rône

Déconcertant dès sa naissance, il fait preuve d'individualiste délibéré. En effet, plutôt que de rejoindre directement la , il s'en détourne résolument prenant la directtion du Nord.grande rivière, son collecteur


Document personnel


photo E. Fournier



Le Rhonne, s'orthographiait vers le XIIème siècle : Rone ; on trouve vers 832, une citation de " Rodani ". Un nom plein de rondeur, d'eau claire et d'harmonie, qui a traversé l'espace temps. A sa source ( alt. I.G.N. +144 ), c'est tout d'abord un modeste suintement d'une eau vive et transparente, sourdant à l'improviste d'un sol ingrat, dans un univers étrange où le silence est d'eau, dans un calme bucolique. S'étalant en nappe, semblant s'écouler à regret de ce nid douillet fait de verdure, bruissant sous les touffes de graminées de joncs, parmi les vestiges de l'ancienne sylve, l'endroit est nommé " Fontaine de Rhonne ".

" au fond de nous est comme une fontaine de fée,
" une fontaine claire, verte et profonde où se réfléchi l'infini " .
Edmond Rostand

L'endroit est imprégné de mystère, de légendes.....de croyances.....

Le terme " Fontaine " symbolise le mythique " Culte de l'eau " - culte fondamental des Indo-européens, prédécesseurs des Celtes - nos Ancêtres : les Gaulois, qui transparaît dans de nombreuses légendes du Maine ( Sarthe et Mayenne ).

  • Pour ces peuples, la fontaine - la source est sacrée ; c'est un sanctuaire. L'eau des sources-fontaines est primordiale, la base fondamentale de la vie. Dans la mythologie Indo-européenne et Celte, la source-fontaine donne à l'homme la possibilité d'atteindre l'autorité suprême détenue par la femme dans la maternité. La source-fontaine et la femme sont donc un même symbole d'une souveraineté trans-temporelle qui est selon toute probabilité celle de transmettre la vie.




La source est l'héritière directe des déesses néolithiques de la fécondité, elle matérialise la force productive de la nature. Au tout début du XXème siècle, le lieu était encore considéré par les gens du pays comme très lourdement chargé de légendes , imprégné de mystères, cerné de croyances. Il y flottait une atmosphère pesante, laissant une impression troublante, une sensation indéfinissable, à proximité d'un lieu-dit non moins insolite : " l'Enfournerie ", également désigné dans certains textes anciens " l'Enfournoir " - alt. I.G.N. +157.



Document personnel
  • Au XIème siècle et au XIIème " enfourner ", qui se prononcer en patois avec un accent prononcé : " Enfornouère ", pouvait désigner soit un " four à ban seigneurial " ; soit une cavité profond et insondable.
Le Rhonne est né dans les brumes opaques de ces temps qualifiés de lointains, hors de la mémoire humaine ; d'où aucun souvenir ne nous est jamais parvenu. Cette eau qui " sourd - qui sort de terre ", dans la " lande de Rhonne ",


photo E. Fournier



est environnée de surélévations de +160 et +163 - à l'Est, de +148, +166 et +164 au Sud, de +168 et +163 à " La Maison Neuve de Rhonne " à l'Ouest. L'eau de la source du Rhonne s'étale, s'infiltre pour ressortir évoluant en sous-sol selon les couches d'argiles. Elle s'accumule à la base des sables poreux au-dessus d'une couche de marnes peu perméable du Crétacé supérieur ( de -95 à -65 M.a. ). La nappe phréatique alimente des petites sources, de minuscules résurgences à flanc d'un coteau aux pentes douces dont l'affleurement résulte de la régression marine généralisée du Maestrichien (-72 à -65 M.a. ), c'est-à-dire à la fin de l'ère Secondaire . Les flancs de ce coteau sont faiblement entaillée, marquée par les ruisseaux qui y prennent naissance.

Cette source dite de Rhonne, alimente le système superficiel du cours d'eau. Le filet qui s'écoule sur un fond lacustre, tourbeux par l'accumulation et la décomposition de débris végétaux, ce voile fluide dont la limpidité changeante devient reflets de lumière; s'engage dans un relief ondulé au " moulin de Billerbault ).

L'eau s'écoule évidemment des points hauts vers les points bas. Le décor a sans aucun doute beaucoup changé, si de nos jours en 1989, chemin faisant un promeneur s'aventure après une chaude journée d'été en ces lieux : il respire, il hume les effluves ambiantes où il peut discener les senteurs épicées de la résine, du parfum subtil de la terre sableuse tiède.





photo E. Fournier

Les senteurs ne sont-elles pas un cadeau de la nature ?

Dans le silence des hommes, et les bruits de la nature, l'observateur patient, curieux pourra entrevoir à travers les hauts fûts des pins sagement alignés, la boule flamboyante du soleil couchant, irradiant l'azur du ciel d'une féerie de teintes incomparable.

L'oeil éclaboussé de couleurs, le promeneur levant la tête découvrira les couronnes des aiguilles de la cime des arbres, aux tons métalliques, s'enluminer sous les rayons obliques, créant dans le sous-bois les jeux alternés de la lumière déclinante, et de l'ombre. Escapade magique où l'imagination chemlin faisant déborde " hors du temps ".

" Regarder la nature, c'est chasser ce qui encombre l'esprit...
" Être bien, c'est l'essentiel de la vie.".

Il en était tout autrement à la fin du XIXème siècle : en 1871, les lanciers de l'armée prussienne, les célèbres " Uhlans ", si redoutables, n'osèrent s'aventurer jusqu'au lieu-dit " les Prouillères ".

Un acte daté de 1730, précise une rente foncière due à l'église de Coesvre : 4 septiers de seigle sur les lieux des Hautes et Basses Prouillères. Reconnaissance consentie par dame Jeanne-Marthe de Breslay, veuve de messire Jacques-Philippe Le Forestier, vivant écuyer, sieur d'Alleray, demeurant audit Saint-Mars ; les religieuses Ursulines du Mans, et autres copropriétaires desdits lieux.

Située aux confins de la commune de Saint-Mars-d'Outillé, à la limite de celle de Marillé, la " lande de Rhonne ", avait encore une tenace et une sinistre réputation à la fin du XIXème siècle. L'aspect austère de sa végétation entravait la moindre culture, excluait la moindre voie, seuls quelques initiés du terroir pouvaient et osaient sans peine s'y aventurer. Si à la fin du Moyen Âge, dans la région d'Outillé les meilleurs terres étaient presque toutes défrichées, sur les plus médiocres, il restait encore beaucoup d'étendues incultes, en bois et taillis.

Un procès-verbal de 1669 fait état d'environ 1953 arpents ( soit environ 23,50% de la surface de l'époque ) " ......entièrement ruynés et abroutis par les bestiaux.....".



UN RUISSELET DISCRET....MAIS DECIDE.

Blotti au sein d'une composition végétale variée et luxuriante, sous une voûte d'herbes, l'eau cristalline du ruisselet se glisse, tout est sa dimension : une grosse pierre, un bourrelet liquide se forme et c'est une mini-cascade, harmonie au fil de l'eau qui coule en de multiples risettes.



Très gros plan, d'une mini-cascade


Il est difficile d'imaginer que ce petit courant d'eau fait partie du formidable dispositif qui alimente et participe activement à l'importance du fleuve royal : la Loire.

Le Rhonne reçoit au passage, l'apport sur sa droite du ruisseau des Fontenelles : long de 1579 mètres - profil mouillé 1,1 m. - versant 182 hectares - dont le volume en eaux ordinaires est de 0,002, et en grandes eaux 0,200 m3/jour ; puis celui de Moncelaie ou Grangeraie : long de 1092 mètres - profil mouillé 1 m. - versant 123 hectares - dont le volume en eaux ordinaires est de 0,002 et en grandes eaux 0,100 m3/jour ; qui lui permettent de doubler son importance. Il se faufile et quitte le coeur de ce terroir à qui il a donné son nom, ce pays berceau de son enfance, ce pays captivant, envoûtant sous ses aspects quelquefois insolites par ses légendes, ce pays où la nature est encore.... nature.


Le paysage se modifie, il débouche dans une dépression en forme de cuvette allongée, écrin de verdure, le site n'oublie jamais longtemps le cours d'eau qui louvoie épousant au plus près le socle rocheux au profil capricieux, s'amenuisant en un modeste talus. Au moulin de Graille-Poix ou Grêle-Poix - en 1865, ce moulin à blé était activé par une roue à augets *, qui développait une force motrice brute de 2,01 CV, il était équipé de deux paires de meules, la chute était de 5,79 m..

* la roue à augets, utilisant le poids de l'eau, donne un bon rendement. Elle a été inventé au début de l'époque Byzantine au Vème siècle - ( le Cartulaire de Saint-Victeur nous dévoile qu'un acte daté de 971 / 997, que Hugue III, comte du Maine concède au Moines du Mont-Saint-Michel des moulins et des terres sur la Sarthe ).


Charte de 955-1005, en forme de diplôme de Béatrix épouse de Hugues donnant la dîme des moulins sur la Sarthe , près de l'église Saint-Jean, aux moines de l'abbaye du Mont-Saint-Michel - document personnel, dimensions 0,59 x 0,39


Acte de 1050 de 1050, de Herbert Ier dit Eveille-Chien, comte du Maine, fils de Hugue III, comte du Maine, qui semble être mort vers 1014 ; donation de moulins aux moines du Priieuré Saint-Victeur, dépendant de l'abbaye du Mont Saint-Michel - document personnel, dimensions 32 x 19.


La parure végétale qui semble ourler les rives du petit cours d'eau, souligne les sinuosités du ruban liquide, que de petits ponts romantiques enjambent dans u environnement agreste : le plaisir de marier la terre et l'eau.



LE PAYS D'OUTILLE.......
un Vicus Publicus,

Argiles et marnes ont été fréquemment reconnues dans les sondages à la tarière à main, notamment autour du " Dôme anticlinal du Bélinois ", dans la région de Saint-Mars-d'Outillé.


Document personnel


L'implantation de nombreux moulins, dans une partie de son cours, est justifiée par la proximité de terres céréalières. De ces moulins, il en subsiste quelques-uns, témoins authentiques mais oubliés d'un passé à jamais révolu.

Notre petite rivière a parcouru depuis sa source environ 3 kilomètres, son courant se heurte à une assise rocheuse et le détourne de sa trajectoire au moulin de Coulevée - alt. +106 - en 1864, c'était également un moulin à blé,, une roue à augets développait une force motrice brute de 0,80 CV, et actionnait deux paires de meules. La chute était de 4,42 m. . Par le jeu complexe des inégalités du terrain, il louvoie, contourne le socle sur lequel est agréablement campé le charmant village de Saint-Mars-d-Outillé ( Austilliacus ", l'église est l'une de celles établies par Saint-Turibe ( successeur immédiat de Saint-Julien, évêque du Mans ).

Sous l’influence des monastères, désireux de libérer pour d’autres tâches moins mécaniques, des bras devenus rares, le moulin à eau commence à se propager au VIème siècle, il se généralise au IXème siècle dans les grands domaines, pour connaître un véritable essor du XIème siècle au XVème.

Nous effleurons le prestigieux passé d' " Oustilliacus ". Au IXème siècle " Oustillé était un Bourg Public ( Vicus Publicus ), cette appellation précise l'ancienne châtellenie et village d'Outillé dont il dépendait. Le fonds latin 9067 à la B.N.F. de Paris nous dévoile la liste des vassaux de Mayet ayant fait hommage en Geoffroy de Chateaudun en 1239, ont " ...Guillelmi d'Otilliaco....". De la même source, dans un acte de mai 1240, Guillaume de La Jaille abandonne à Grégoire Quintel quatre deniers mansais de cens, en échange de quoi celui-ci tiendra en hommage, à un denier de service, ladite censive, nommée La Téfolière, sise à Saint-Mars-d’Outillé.

Vente faite en février 1260/1261, par Guiburge, veuve de Guillaume Quinlces, à Geoffroy Quinteau, d’une planche de vigne noire sise à la Quintellière, au fief d’Hugues de Courcillon, chevalier, en la paroisse de Saint-Mars-d’Outillé. Acte en latin à la B.N.F.- f.326 verso, daté du 1er août 1282, par lequel Geoffroy de Courcailler ( vraisemblablement Jouffrey de Courceillon, d’Ostille ….) se présente comme chevaliers du comte de Dreux , au comte du Maine.

Toujours à la Bibliothèque Nationale de France : hommages rendus en 1290 à Bréatrix de Montfort, dame de Château-du-Loir, veuve de Robert de Dreux, pour Château-du-Loir et les seigneuries annexes par tous le seigneurs vassaux dont : Jouffroy de Corcillon pour ses appartenances et usage en la forêt de Berçay………………et Outillé. Acquisition le 8 mai 1327, par Jeannot Le Marié d’une rente de seigle, mesure d’Outillé, sur le lieu de La Saulaye, paroisse de Saint-Mars-d’Outillé.

Dans le livre des baux et contrats d’acquêt de I553 à 1557, du Chapitre de l’Eglise du Mans - En 1555, apparaît la vente à réméré, pour la somme de 1 000 livres tournois, du lieu, domaine et métairie du Plessis, en Saint-Mars-d’Outillé, composé de maison manable, grange, étables, courtils, issues, vergers, 60 journaux de terre labourable et 12 hommées de pré, par nobles personnes Louis de Chauvigné, seigneur dudit lieu,de Boisseront, Fontenailles et La Drouardière, et Jacques de Courtoux.

Les titres des chapelles dépendant de l’église collégiale de Coëfort, nous informent, que la Chapelle Saint-Eutrope, fondée en 1336, par messire Pierre d’Arvoir, chevalier, qui la dota de la métairie du Petit-Vivier, d’une rente de 8 septiers de blé sur La Ratelière, du lieu de La Fouge, où se trouvait anciennement un moulin ; de la tierce partie du moulin d’Outillé, et du bordage de La Bérardière. Vers 1562. - Procédure et transaction au sujet de la mouvance d’une maison située au bourg de Saint-Mars-d’Outillé, au fief de La Poulainerie, relevant directement de la Prévôté régale du chapitre de la cathédrale du Mans.

Vers 1562. - Procédure et transaction au sujet de la mouvance d’une maison située au bourg de Saint-Mars-d’Outillé, au fief de La Poulainerie, relie directement de la Prévôté régale du chapitre de la cathédrale du Mans.





Déclarations rendues en 1587, au nom de la fabrique de la paroisse de Saint-Mars-d’Outillé, à Henri, roi de France et de Pologne, comte du Maine, baron de Château-du-Loir, au regard de châtellenie d’Outillé, dépendant de Château-du-Loir ; - à Henri ( IV ), roi de France et de Navarre, seigneur des mêmes lieux.

Au début de l’année 1690, renonciation volontaire de la charge de la cure de Saint-Mars-d’Outillé par Jacques de Bastard en faveur de Me François de Herbelin, prêtre.

Acte de réception daté de 1701, d’Élie Montanger comme sergent à Saint-Mars d’Oustillé.

Registre terrier et de recette 1727-1785, des écus, rentes et autres devoirs annuels dus à la Grande Bourée des fiefs et seigneurie de a Chastellenie d’Ostilly ( Outillé ) par indivis entre le seigneur baron de Château-du-Loir et le seigneur de la Fontaine d’Ostilly, sur lesquels ce dernier seigneur a droit de prélever 15 sols tournois, les premiers pris avant tout partage. Réception en 1734, de Charles Touschard ou Touchard comme notaire à Saint-Mars. Réception en 1739, de François Cornilleau comme notaire à Saint-Mars-d’Outillé . Visite en 1753, des ornements et vases sacrés, ainsi que des biens dépendant de l’église de abbaye et couvent de Grammont, sis en la paroisse de Saint-Mars-d’Outillé, à la requête de Me Louis Millet, docteur en théologie de la faculté de Paris, prieur commendataire conventuel électif de Bercé et de La Hubaudière, ordre de Grammont, et de messire Armand de Béthune, marquis de Chabry, héritier de l’abbé de Béthune, prieur commendataire dudit prieuré de Grammont . Réception en 1757, de Louis-Claude Bossard comme notaire à Saint-Mars-d’Outillé.

Devis estimatif daté de 1757, pour les réfections et réparations à faire au temporel de la chapelle de La Marche-Ferrière, desservie dans l’église de la paroisse d’Outillé, sur requête de messire François Blin, prêtre doyen de l’église royale de Saint-Pierre-la-Cour du Mans, et de Me Louis Royer, prêtre, titulaire de ladite chapelle. Réception en 1759, de Julien Bardou comme notaire à Saint-Mars-d’Outillé .Procédure en 1760, entre le chapitre de Saint-Julien du Mans, et les habitants de Saint Mars-d'Outillé. En 1762, visite et montrée, à la requête des héritiers de messire Jean de Mondragon, chevalier, seigneur de Chefraison et aux lieux, du château de Macheferrière situé dans la paroisse d’Outillé, de même que des prés, jardins, fermes, bordages et métairies dépendant de ladite succession.

Ce village, domine un méandre concave de la petite rivière, qui freinée dans son élan, change d'orientation. Ce ralentissement participe à son élargisement.Il convient alors de ce laisser guider par le courant.



Le Rhonne se replie mollement par un lobe dans les herbages voisins. L'odeur des près alentours, résultant de la senteur diffusée par les innombrables plantes et les minuscules fleurs environne le visiteur. Troublante symphonie de parfums envoûtant le citadin. Mais, la végétation n'est pas uniquement riveraine, dans le courant, sa cousine aquatique s'adapte et développe une stratégie en fonction de la force des eaux et de la luminosité. Quelques arbres semblent jouer à saute-mouton, délice épicurien pour les sens : le visiteur ne pourra que s'attarder.

Les titres anciens des chapelles dépendant de l'église de Coëfort, nous dévoilent, que la Chapelle Saint-Eutrope, fondée en 1336, par messire Pierre d'Arvoir, chevalier, la dota de la métairie du Petit-Vivier, d'une rente de 8 septiers de blé sur La Ratelière, du lieu de La Fouge, où se trouvait anciennement un moulin ; et la Tierce partie du moulin d'Outillé, et du bordage de La Béradière.




SEIGNEURIE DE SEGRAI

Au moulin de La Chênaie, alt. +91 - en 1863, la roue à augets, entrainait une paire de meules à céréales, pour une force motrice brute de 1,65 CV, est une chute de 4,76 le volume d'eau motrice était de 0,026 m3. Son courant se fait alors un peu plus rapide, plus linéaire la géographie du terrain lui est favorable. Par une petite dérivation, il semble prendre le biais pour alimenter les douves rustiques de " Segrai " . Sur des actes médievaux on trouve orthographié "Segrei ", puis " Segrai ". Dans un acte sur parchemin original manuscrit : " Segrest ".

Au XIème siècle ce nom était synonyme de " secret ", par analogie : isolé, écarté. Dans un document daté de 1175 : Segrais - Eventualité d’une personnalité de haut rang éloignée, dans une sorte d’exil doré. En 1342, il est question, d’un bois possédé par indivis, le fief semble tenu par un Thibault de Segraye.


Nicole du Breil, né en 1425, fils de Pierre du Breil, procureur du roi au Mans, et de Marie Bouju. Prêtre, bachelier èslois, chanoine de Chartres, puis chanoine de Saint-Pierre-de-La Cour de 1440 à 1474, commissaire du Chapitre. Lègue à l’église en 1482 ou 1483 pour son anniversaire célébré depuis le 23 janvier, 7 livres tournois de rente sur les seigneuries de Segrais et de Mierre. Michel du Breil, son héritier, assiste cette rente, le 5 février 1487, sur la seigneurie de la Fontaine-d’Outillé. Elle était encore payée en 1548.

Dans les archives dispersées du fief de la Prévôté régale - Amendes et remembrances des plaids et assises tenues au lieu et auditoire de Touzée, le 26 mars 1569 : présents…….noble Louis de Ségrais.


1628. - Extrait du testament de noble François Le Boucher, écuyer, sieur de La Roche, qui lègue à la cure d’Ecorpain une rente de 15 livres assise sur le lieu de La Rognonnière, en Ecorpain ; et un acte de reconnaissance de cette rente par messire Louis de Ségrais, chevalier, seigneur dudit lieu, La Roche-du-Pouceau et autres lieux, administrateur des droits de dame Madeleine Le Boucher, son épouse, demeurant au domaine seigneurial de Ségrais, à Saint-Mars-d’Outillé - ( 1650 ).

Procédure de paiement d’une rente en 1702, entre André Chevé, notaire, d’une part, les religieux du prieuré de Grandmont ou de La Hubaudière, l’abbé de Béthune, prieur commendataire dudit prieuré, Pierre Menant, notaire, économe-séquestre du diocèse du Mans, et Denis Jeudon, écuyer, seigneur de Segrais : réparations au temporel dudit prieuré.

Retrait lignager d’une rente en 1720, entre Nicolas Nepveu, écuyer, sieur de La Motte, et Denis Jeudon, écuyer, sieur de Segrais, Surfond et autre lieu.

Dans une liasse de 24 pièces, papier, on trouve dans un état de frais, requérant taxe, Denis Jeudon, écuyer, seigneur de Segrais, contre Nicolas Nepveu, écuyer, seigneur de La Motte.

Fief de la Prévôté de l’abbaye Saint-Vincent du Mans. - Remembrances des plaids et assises en 1726-1732 : Exhibent…..Pierre Jeudon, écuyer, fils de Denis Jeudon, aussi écuyer, seigneur de Segrais….

Donation en 1779, par Françoise de Hardouin, veuve de Pierre Jeudon, chevalier, seigneur de Segrais et autres lieux, à son neveu Farnçois de Hardouin, comte de la Girouardière, demeurant au château de la Freslonnière, paroisse de Souligné-sou-Ballon.

Pierre-Jean Jeudon de Segrais, fils de Denis de Jeudon, écuyer, seigneur de Segrais, et de Louise Bailly de Saint-Mars, et cousin germain de la célèbre Madame de Fondville. Prêtre, chapelain du Gué-de-Maulny en 1740, chanoine de Saint-Pierre en 1743, mourut le 16 juillet 1784, à l’âge de 81ans, inhumé le 17 au grand cimetière.

Le Rhonne s’éloigne de cette gentilhommière nichée parmi les arbres, pour animer le moulin de Rouillon - alt.+83, la roue à augets entraînait deux paires de meules à blé en janvier 1864, la chute était de 4,16 mètres pour une force motrice de 1,44 CV; à un peu plus d’une centaine de mètres, c’est le moulin d’Outillé - alt.+82, en 1864 également deux paires de meules à blé actionnaient par une roue à augets et une chute 3,65 mètres, la force motrice développée : 2,77 CV. Outillé, ( le hameau )selon Roger Verdier, doit son nom et son origine à « Hostilus » qui aurait donné sa dénomination domaine gallo-romain « colonia hostiliacus » qui est devenu vers le XIème siècle « Oustillé » . Si l’on analyse l’étymologie de ce nom qui est signalé dans des textes médiévaux orthographié « Austillé » :



En 1556, le règlement confirmatif des privilèges de l’église collégiale de N.D. et de l’Hôtel-Dieu de Coëfort, définit le partage des biens de ces établissements, jusqu’alors réunis, entre les pauvres et les maîtres et frères de la collégiale, administrateurs dudit Hôtel-Dieu. Parmi les biens ainsi partagés, on remarque : …..la tierce partie du moulin d’Outillé ; - le bordage de La Bérardière, donnés par messire Pierre d’Avoir, chevalier, en 1366, ……..la rivière ( Sarthe ) du Petit-Saint-Georges, par don fait en 1229 par Geoffroy de La Garrelière.

Pendant le court espace de temps qu’Arthur de Bretagne fut reconnu comte d’Anjou et du Maine, il avait conféré à Guillaume des Roches la sénéchaussée d’Anjou et du Maine, avec Mayet et la forêt de Berçay. Ce don fut confirmé par Philippe Auguste en Mai 1199; L’année d’après, à la suite du traité entre le roi de France et Jean-sans-Terre, celui-ci fit le même don à Guillaume des Roches, le 24 juin 1200. Guillaume des Roches ne tarda pas à être investi du fief de Château-du-Loir, par un acte daté de Chinon en 1204, probablement du mois de septembre, Philippe Auguste lui donna foi et hommage lige cette terre avec ses dépendances. Il était le fils de Beaudouin des Roches et petit-fils d’Herbert. Cette famille possédait des propriétés dans les environs de Château-du-Loir dans le début du XIIème siècle - Bibioth. de l’Ecole des Chartes - Gaston Dubois, 1869-1873.

« Dans la liste des vassaux de Mayet ayant fait hommage à Geoffroy de « Châteaudun, Hii sunt féodales de castro Maieti qui fecerunt hommage domino vicecomiti annon Domini -1239 - B.N.F. - latin 9067 ».

Nous avons trouvé :

- Relicta Guillelmi de Otilliaco

Dans le règlement confirmatif des privilèges de l’église collégiale de N.D. et de l’Hotel-Dieu de Coëfort, et partage des biens de ces établissements, jusqu’alors réunis, entre les pauvres et les maître et frères de la collégiale, administrateurs dudit Hotel-Dieu. - Parmi les biens ainsi partagés, il est précisé, en 1336, la tierce partie du moulin d’Outillé.

Dans la description, du domaine d’Outillé, notifiée dans la requête de l’enchère de quarantaine de la baronnie de Château-du-Loir, datée de Paris le 24 septembre 1748,

- « Sçavoir faisons qu’à n’hui est comparu au grèfe des descrets ………..dont la teneur suit :
« la châtellenie d’Outillé avec les restes des murailles du château, les bâtiments, édifices, sur partie des dites murailles et des ruines du surplus, par les défunts sieur et dame de Leucanie ( sic ), et autres, la prée et bois de haute futaye et généralement toutes autres choses exprimées et de nommer à la chapelle du bourg dudit Outillé, et à la seigneurie directe de l’église et parroisse dudit lieu Saint-Mars-d’Outilé ».

Acte daté de 1456, rente foncière de 5 livres 15 sous, assise sur le lieu des Bouteries, à Brette :
- « Vente avec faculté de réméré pendant six ans , faite par Me Jean Pinçon, prêtre, curé de Brette, aux chapelains de Saint-Michel, pour le prix de 60 écus d’or, d’un bordage nommé Les Bouteries, sis au fief du seigneur de Baigneux, d’un aître avec neuf journaux de terre et deux hommées de pré et quatre hommées de vigne, situés partie au fief d’Outillé et partie au fief de Hautbois, plus seize hommées de vigne au clos de Hautbois, le tout sis à Brette. - Témoins : Jean Garestin, prieur de Grandmont en Bersay, et autre…

En 1504, partage de la succession dudit Jean Pinçon, portant reconnaissance, en faveur de la Confrérie de l’église du Mans, d’une rente de 115 sous assise sur le lieu des Bouteries.

Sentence rendue en 1536, par Edin Métayer, licencié en droit, lieutenant particulier et assesseur en la Sénéchaussée du Mans, condamnant les détenteurs des Bouteries à payer la rente précitée. - Reconnaissances diverses de la même rente.

François-Louis Véron-Duverger, seigneur de Forbonnais, Le Boulay, La Fontaine, Outillé, La Roche, Saint-Mars et autres lieux, a reçu au regard de la seigneurie de Forbonnais, aveu de foi et hommage simple de la Confrérie de l’Eglise du Mans, à cause de la terre de Frédosne. Sans date (A.D.72 ).

Un titre nouveau, nous apprend, en 1765, François-Louis Véron-Duverger, ancien échevin de ville du Mans, au nom et comme procureur de messire François Véron, seigneur de Forbonnais, conseiller du Roi en sa cour de Parlement de Metz, inspecteur général des monnaies de France, son fils.

Endigué, le cours du Rhonne est discipliné par les biefs des retenues, tout hérissés de roseaux. entre le moulin d’Outillé et le moulin du Ranché ( 1887 ), il trace et creuse son passage sinueux, cherchant les zones de faiblesse du substrat géologique qu’il a évidé dans une « percée héroïque ».

Au lieu-dit : le Cabestan - alt.+76, un petit affluent gauche le rejoint, le ruisseau de La Fontaine d’Outillé : long.1121 mètres - profil mouillé 0,80 m - versant 311 hectares - dont le volume : en eaux ordinaires est de 0,002, en grandes eaux 0,300.

Marie Pernet, veuve de défunt Claude Du Breil, vend en 1551, aux chanoines pour la somme de 586 livres tournois la moitié de la grande métairie de La Fontaine, en Saint-Mars-d’Outillé.

Dame Marie Lefebvre, veuve de noble Antoine Le Corvaisier, après Jean, Claude et Nicolas Du Breil, pour raison de sa terre et seigneurie de La Fontaine, paroisse de Saint-Mars-d’Outillé, doit 7 livres au Chapitre de Saint-Pierre-de-La Cour du Mans - 1671-1672.

En 1677, rente de 7 livres sur la terre de La Fontaine, à Saint-Mars-d’Outillé : Reconnaissance consentie par dame Marie Lefebvre, veuve de feu Antoine Le Corvaisier, conseiller du Roi, lieutenant criminel en la Sénéchaussée et Présidial du Mans.



LE BELINOIS,
un oasis.......dans un océan de sables cénomaniens !


Le Bélinois est situé à une dizaine de kilomètres de la cité Mancelle, placé sur la surface polygénique au Sud-ouest du Pays Manceau, dans le bassin versant de la Sarthe, entre le rebord oriental extrême du Massif Armoricain et l’extrémité occidentale de la frange du Bassin Parisien. La disposition du réseau hydrographique du Rhonne est imputable, à la structuration qui s’est opérée au Cénozoïque, alors que les changements climatiques du Pléistocène induisait sa réorganisation.

Le basculement vers le Sud-sud-est, de portions de territoires sarthois séparés par des failles lors de phases tectoniques à l’Éocène, pour être plus précis au Bartonien et au Miocène a déterminé le drainage du Nord vers le Sud,, ce qui explique les changements d’orientation dans le tracé de notre cours d’eau. Ainsi, le dôme du Bélinois a déterminé une zone de flexure suivie par l’Huisne de Connerré au Mans.

Le relief inversé du Bélinois dénommé « boutonnière » ou en géologie « horst », est très distinctement délimité par la « faille de Brette « à l’Est, et par la « faille d’Arnage » à l’Ouest se rejoignant un peu au-dessus de Pontvallain, pour former un V, constituant les deux rebords - rejets, appelés « cuesta », s’allongeant sur un peu plus de dix kilomètres.





LE HORST DU BELINOIS,

Le Bélinois est constitué de calcaires jurassiques qui affleurent à la faveur d’un bombement anticlinal de direction Nord-nord-est / Sud-sud-ouest, prolongé par une plaine sableuse vers le Sud et vers le Nord-ouest.

Au Jurassique, la sédimentation carbonatée, d’origine marine du Dogger - Jurassique moyen ( de 175 à 154 M.a. ), s’achève par le dépôt de sédiments détritiques au Callo-Oxfordien.

À la fin de l’Oxfordien, une récurrence carbonatée a occasionné le dépôt des formations dites coralliennes.

Alors qu ’il n’a jamais porté aucune embarcation, le Rhonne a été pour les régions traversées une voie de pénétration, une voie de peuplement, un « axe de vie ».

« L’eau est l’élément moteur de la nature »
a écrit Léonard de Vinci

Les rives du Rhonne furent sans aucun doute hantés très tôt par les hommes. Il fut dans l’obscurité des âges anciens le « fil conducteur » , guidant les audacieux aventuriers du Néolithique vers les endroits les plus avantageux, octroyant aux populations riveraines installées dans les endroits dégarnis d’arbres, l’assurance d’une réussite.


Ces hommes du mégalithique apportaient avec eux, une forme de vie, un mode de société, une économie totalement différente - véritable révolution pour l’époque : c’étaient des paysans-éleveurs, la chasse pour eux n’était qu’un appoint, un palliatif ; tout comme la cueillette. Ils arrivèrent, s’installèrent en douceur : le pays était vaste et très peu peuplé, ce qui expliquerait la dispersion des Mégalithes retrouvés.

Entre les autochtones semi-nomades ( chasseurs-pêcheurs-cueilleurs ), et les nouveaux arrivants, il a bien fallut que la rencontre se produise, il semble qu’elle se soit réalisée sans heurts ; il s’ensuivit une très longue coexistence selon Art et civilisation des chasseurs de la Préhistoire du laboratoire des Antiquités Nationales de Saint Germain-en-Laye.

De toute évidence la lisière de la grande et opulente forêt primitive qui couvrait les abords du Rhonne, s’écarta très tôt, dès l’aurore du peuplement de notre région ; des rives de la petite rivière : ce fut l’aube de « l’aventure Bélinoise » .

La connexion entre le Rhonne et le Bélinois n’est pas un fait exclusivement géographique, un fait géologique, la relation est beaucoup plus étroite elle remonte aux brumes des temps dits lointains de l’humanité, des millénaires qui ont précédés l’arrivée des Gaulois ( Celtes ).

La vie au quotidien de ces Aïeux de nos Ancêtres est rythmée par les croyances religieuses.

Cette foi émanait des forces naturelles que l’homme du Néolithique percevait par les sens et constatait par les yeux : « l’astre du jour » :
  • qui meurt chaque soir, et renaît chaque matin ;
l’esprit de l’homme de ce passé reculé, est certes fruste, mais il est logique : ce mystère ne peut s’expliquer que par la manifestation d’une puissance suprême, d’un « être Supérieur » - la notion d’un Dieu apparaît.
Ce Dieu à l’incomparable éclat était bien sûr : le Soleil dont la lumière triomphe de la brume tenace « Yeun Elez » . L’idée du Dieu Soleil, avec son symbolisme et ses prolongements métaphysiques : le ciel - la pluie ( culte de l’Eau ) - le tonnerre ( feu du ciel ). Cette croyance bien ancrée, fut reprise et adoptée par les Gaulois eux-mêmes : le dieu solaire « Bélénos - Bélinos » .

Clin d’œil du passé ?

La racine de Bélinois, n’est-elle pas Belin, dérivé de Bélinos ?

Selon les dictionnaires étymologiques « Bélénos - Bélinos » tire son nom de la même origine qu’Apollon, qui signifie : clarté - lumière. Bélénos et Apollon ont une racine commune indo-européenne « bel », a écrit Henri d’Arbois de Jubainville, qui n’est pas dans ce cas un adjectif, il est interprété comme signifiant : brillant - lumineux. Les principaux dérivés celtes sont « Belen - Belin » . Le soleil pour les peuples de la Protohistoire, est l’image la plus parfaite, la plus précise de la divinité rayonnante, dispersant autour d’elle son éclat : l’or en est le symbole .

  • Coutume : à la fin du XIXéme siècle, le paysan de nos régions saluait encore le lever de l’astre du jour, par une profonde inclination de la tête, dans sa direction
  • Superstition : avant les années 1940, dans les cérémonies accompagnant les moissons, on jetait vers le ciel une poignée de grains de froment afin d’attirer la protection et la fertilité
  • Folklore : des danses rituelles liées à l’évocation du rite solaire eurent lieu dès l’âge du bronze - la danse en chaîne appelée « le long serpent ou farandole s’est perpétuée longtemps dans nos campagnes. Vraisemblablement une réminiscence de ce lointain passé ?
  • Mythologie : dans la Grèce antique, Phaéton, fils d’Hélios - le soleil et de Clymène, autorisé à conduire le char solaire de son père, faillit par son inconséquence et son insouciance provoquer l’embrasement de l’univers. Chaque soir, le char solaire disparaît à l’ouest dans les eaux invisibles du fleuve mythique Éridan - le Rhône eut ce rôle dans la légende.
Il devient donc possible d'envisager compte tenu la toponymie et les nombreuses légendes et croyances de ce terroir, que le Rhonne a eu en son temps, une vocation analogue.

Le Rhonne va alors se créer un petit monde bien à lui, avec art et minutie, il va se « confectionner un lit ». Avec ses principaux affluents ils ont entraîné bien au-delà de leurs lits actuels des masses considérables de sédiments, la limite de divagation horizontale définit les vallées alluviales successives, modifiant ainsi la structure minéralogique dont les aptitudes agricoles sont nettement améliorées, et même de beaucoup supérieures aux terres alentours. Ce territoire géologique, bien à part fut baptisé la « Boutonnière du Bélinois » .

Jeanne Dufour nous apprend, ce sol du Bélinois ( oxfordien ) se rapproche le plus de la terre franche idéale, elle nous précise ( 15 à 20% d’argile, 30 à 35 % de limon, 50% de sable, si l’on place la coupure limon sable à 0,02 mm ), alors que les terres du Saosnois sont plus lourdes 20 à 22% d’argile le plus souvent.

Un vieux dicton du Bélinois ( Téloché ) et aux étendues sableuses qui l’entoure ( Ruaudin et Brette, ne disait-il pas,

« A Ruaudin, y a point d’pain
« A Brette, y en a eun’miette
« A Téloché, y en a plein l’grenier

Le terme « boutonnière » est tout particulièrement bien adapté à cette échancrure qui forme le « Pays de Belin », région géologique spécifique, dans un océan de sables datant du cénomanien.

Il convient tout particulièrement à cette verdoyante dépression géomorphologique de 20 kilomètre de longueur - axe médian N.E./S.O. de Brette-les-Pins à Château-l’Hermitage, pour une largeur de 10 kilomètres de Ponthibault à Ecommoy, que l’érosion a sans cesse usée, érodée si profondément que toute une gamme de terrains Jurassiques sous-jacents apparurent.

Le nivellement s’est effectué à des altitudes qui oscillent de +45 à +108, draînés à la fin de la dernière glaciation vers 11 500 ans B.C.

La dite boutonnière à la forme d’un triangle isocèle, délimité par deux failles :

la faille Brette - Ecommoy , et la faille d’Arnage qui se rejoignent à l’angle sud - région de Saint Biez-en-Belin. Alain Foucault et Jean-François Raoult définissent :

« Faille - cassure de terrain avec déplacement relatif des parties séparée . Les déplacements importants se sont effectués en plusieurs étages « liées à l’ histoire tectonique de la zone considérée ….. ».

Le troisième côté est bordé par la plaine des Hunaudière.

Ces accidents sont à l’origine du bombement anticlinal, appelé horst du Bélinois, où l’Oxfordien affleure ( cote +108 ), en boutonnière au milieu des sables Cénomaniens ( cote moyenne +58 ).

La définition du horst donné par Alain Foucault et Jean-François Raoult :

Structure tectonique constituée par des failles normales de même direction, limitant des compartiments de plus en plus abaissés en s’éloignant du milieu de la structure. La formation du horst exige une extension, d’où des émissions volcaniques fréquentes.

L’étude géomorphologique réalisée par Jean-Pierre Larue et Thierry Govin, de l’Université de Paris XII, résume l’étude géomorphologique et sédiment logique en 2008, permet de distinguer plusieurs formations superficielles conservées dans la boutonnière du Bélinois…….La rareté des formations superficielles sur les versants et dans le fond des vallons témoigne de l’efficacité du déblaiement par les cours d’eau lors des phases de déblaiement.



Failles subverticales



Ces différentes failles ont probablement, toujours selon la même source, été ébauchée dès le Bartonien, il y a de 40 à 37 M.a., et ont permis l’individualisation de petits bassins saumâtres. Le rejet de ces failles s’est accentué par la suite et les dépôts tertiaires ont été affectés à leur tour.

Il s’agit d’un faisceau d’accidents très importants parallèles à la bordure Sud-est du Massif Armoricain qui se suit sur plus de 120 km, depuis la vallée de l’Eure au Nord-est, jusqu’à la vallée du Loir au Sud.

Le Rhonne est responsable de l’environnement dont la netteté des traits n’a aucun équivalent dans la région, c’est lui qui donne sa parure d’opulence à ce terroir créant un véritable « Oasis perdue dans un océan de terres arides et sableuses.

Harmonie, le maître mot fait d’eau et de lumière :

« car la lumière appelle l’eau, et l’eau appelle la lumière ».

Ce vieux territoire situé dans le « Pays du haut Maine - le hault-Mayne - XIème siècle » a une âme. Terre de culture au sens propre, mais également dans tous les sens du mot. C’est une terre de contacts, contacts avec l’histoire et le passé, la tradition et l’avenir. Des expressions anciennes collent au parler actuel, comme la terre aux sabots, ou plus exactement aux chaussures. Terre où naît l’image fondamentale qui explique l’impression d’ensemble, d’un paysage haché par la diversité et la dispersion de l’habitat.

Repos pour l’œil, et aussi pour l’esprit.

Au moulin du Ranché, la roue hydraulique à augets. En 1864, il développait 3,22 CV, et actionnait trois paires de meules à blé, pour une force motrice utilisée de 1,40 CV, la chute était de 4,24 mètres ; les deux bras formés, retrouvent leur cours unique pour côtoyer Téloché, peu avant et après ce bourg deux affluents droits le rejoignent, le premier le ruisseau Le Ronceray, également connu sous l’appellation de Ricordaine : long. 1350 mètres - larg. moyenne 1,2 m, et son jumeau parallèle le ruisseau de Sept Sous : long. 1670 mètres - profil mouillé 0,80 - versant 112 hectares - dont le volume : en eaux ordinaires est de 0,002 , en grandes eaux 0,100.Ce terroir est fréquenté par l’homme depuis l’Epipaléolithique, période charnière se situant à la fin de la dernière glaciation, qui a débuté 8 300 ans B.C. :
  • - en 1890, au lieu-dit « les Trois Poiriers » , il a été trouvé une hache en silex ; au lieu-dit « la Besacière » , une autre hache en silex ; à « la Marinière » , un fragment de hache en silex ; en 197I, à l’emplacement de la « Chapelle Saint Germain » , deux perçoirs, deux grattoirs, trois racloirs, deux lames, et deux pointes de flèches en silex, quatre galets roulés par le Rhonne.


Quatre bifaces de haut en bas :
- gauche - silex roux du Grand Pressigny ( 37 ) - culture Moutérienne - long. 6,2 cm.
- droite - silex dit de Trouville ( 14 ) - culture Acheuléenne - long. 7,4 cm.
- gauche - silex fumé - culture Moustérien moyen - long. 6,1cm.
- droite - silex roux du Grand Presigny - culture Moustétien final - long. 7,3 cm.


A gauche : grattoir à double tranchant à nez, dont remarquera les nombreux petits prélèvements accentuant le coupant - silex gris du Bessin ( 14 ) - culture Solutréenne - longueur 8,7 cm.
A droite : racloir à double tranchant, dont un à encoche - silex roux du Grand Pressigny ( 37 ) - culture Aurignacienne - longueur 9,4 cm.



UN FIEF : LE RANCHER..…. UN NOM : TELOCHE,

« Taluppius » , qui a pu être l’une des racine du nom de Téloché, est un nom dont l’origine est Gauloise, selon Xavier Delamarre, Georges Dottin et Roger Verdier - le sol mémorise le nom du premier maître qui l’a exploité. Au VIIéme siècle, Téloché est une dépendance du Pagus Auciacum - Oizé ; en 832-857 on trouve cité « Talipiacus » , Saint Aldric fonde un monastère à Téloché ruiné par les pillards « Vikings » . La paroisse est dédiée à Saint Pierre et à Saint Paul ( une médaille de Philippe datant de 244-249 fut trouvée au bourg ) . Dans un acte vers 1168 apparaît « Telochium » , Gui de Téloché était Prévôt de l’Abbaye de la Couture .

Charte, du mercredi après Cantate 1232, de l’official du Mans par laquelle Robert de Téloché ( Telochei ), et Renaud Boteveille reconnaissent devoir à l’abbaye de Saint-Vincent du Mans une rente annuelle de 10 sous mansais payable le jour anniversaire " Guarini primi viri Regine et ipsius Regine " , tant qu’ils posséderont la moitié de la vigne de La Couture; plus une autre rente de 5 sous mansais payable le jour anniversaire de Garin Le Roi, secundo viri Regine, tant qu’ils posséderont la vigne de Banjan (de Bengen). Et, à l’avenir, les moines de Saint-Vincent ne pourront rien réclamer de plus pour la célébration des anniversaires précités.

Vers 1240. - Charte de G., chantre, H. de Tucé ( de Tusseio ), Simon de Maison celles (de Maison celle ), B. de Téloché ( de Thelocheio ), P. de Vallibus, chanoine de Saint-Pierre-de-La Cour, constatant qu’ils ont fait le serment d’observer et faire observer les articles ( articulos ) coutumes du Chapitre ci-après formulés …..

Raoul de Téloché ( Télocheyo ou Tholocheio ), chanoine de Saint-Pierre-de-La Cour en 1239, l’était encore en septembre 1252.

Une charte datée de 1252, septembre - nous apprend : En la cour de l’Official du Mans, Guillaume Vade de Bernusson, Ambroise du Leart et sa fille, vendent à Radulphe de Téloché, chanoine de Saint-Pierre de La-Cour, une île, près du Gué Bernusson, sise au-delà des moulins dudit Bernusson, dans la féodalité de Saint-Pierre, pour quatre livres mansaises, dont ils reconnaissent être payés et garantis.

Lieu de La Pastorerie, à Téloché : Acte datée de 1467, par lequel Guillaume ( de Malestroit ), archevêque de Thessalonique, commendataire et administrateur perpétuel de l’abbaye de La Couture, donne à bail à Julien Moreau et Bricette, sa femme, et au plus vivant de leurs enfants, le bordage de La Pastorerie, contenant 30 journaux de terre et deux hommées de pré, moyennant ‘ livres tournois, un septier de seigle et un sac à blé de fermage.

Baillée datée de 1469, à vie faite par le Chapitre collégial de Saint-Pierre-de-La Cour, à Jean Badin de trois bordages sis à Téloché, nommés La Dorisonnière, La Porcherie, et Pontville ( Pontvillam ), moyennent une rente annuelle de 100 sous tournois.



Autre baillée à vie, en 1470, des bordages des Chauvelières et de La Férardière, contenant ensemble 22 journaux de terre ou environ, faite à Jean Belin de Téloché, pour 4 livres 10 sous tournois et deux chapons, le tout de rente annuelle.

Dans des documents du fief de Vernelles, aux Archives départementales de la Sarthe, « Ecrous, amendes et remembrances des plaids et assises 1471-1578 ", comparait : Charles Lambert, sergent à Téloché.

En 1537, location du lieu de La Chestelève à Téloché.

Extrait du registre de transcription des baux des propriétés foncières, dépendant de l’abbaye de La Couture, l’année 1552 : Baux des métairies de La Bellangerie, de l’Anjoubardière et de La Fougerassière, sises à Téloché.

Aux archives de la chambre ecclésiastique du diocèse du Mans, « Huictiesme livre du greffe « des insinuations ecclésiastiques du diocèse du Mans, commancé par moy Mathurin Bryant, « greffier… » 1560-1561, procuration de Me Patrice Paitrineau pour résigner la cure de Téloché, et d’une signature contenant provision de ladite cure en faveur de Me René Pichon.

Une somme de 15 écus est accordée en 1601, à Me Levennier, chanoine, pour les réparations qu’il est chargé de faire exécuter aux maisons, granges et étables du lieu des Chauvelières, en Téloché, appartenant au Chapitre collégial de Saint-Pierre-de- La Cour du Mans .

Pierre Mesnager, pour le lieu et domaine de La Guyonnière, en Téloché, doit en 1612 au Chapitre, 60 sous tournois de rente foncière, au terme de la Saint-Martin d’hiver.


Échange de divers fonds de terre sis à Parigné, près Les Hunaudières, fait entre noble Claude Le Gras, écuyer, sieur de Villette, conseiller du Roi, élu en l’Election du Maine, et Simon Fouyneau, marchand, à Téloché. - 1652.

Le livre des baux et actes divers concernant le temporel de l’église temporel de Coëfort, In-4° 243 feuillets, dont 6 en parchemin, et le reste en papier, nous donne : bail de la métairie du Besnardier, à Téloché, dépendant de la sacristie de Coëfort, pour 70 livres.

Fief de Saint-Pavace. - Remembrances des plaids et assises dudit fief dépendant deltaplane de Saint-Vincent du Mans, tenus en 1660 par Jacques Gaultier, sieur de La Brunsle, licenciè ès droits, bailli de la temporalité de ladite abbaye. - Y comparaissent : …..dame Madeleine de Colbert, veuve de messire Louis Bruslart, conseiller du Roi en ses conseils, seigneur de Brouassin et du Rancher ;……etc .

Vers 1663-64, échange du lieu de Champdoutre contre un fonds de terre d’une valeur locative de 200 livres, situés dans les environs du Mans, fait entre le Chapitre de Saint-Pierre et Claude de Breslay, seigneur de Posset et y demeurant, paroisse de Téloché, et Charlotte de La Rivière, son épouse.

Visite et montrée dudit lieu de Champdoutre.

Dans un registre Grand in-folio, 491 feuillets, papier, Archives de l’évêché, pour l’année 1665, nous remarquons le règlement de provisions du prieuré de Téloché au nom de frère Gilles Du Rosset.

Métairie de La Bellangerie, aussi à Téloché : Bail dudit lieu en 1665, consenti à Jean Joubert, laboureur, par frère Charles Aubert, prêtre, religieux de La Couture, pour un loyer annuel de 135 livres.

Vers 1668, rente annuelle de3 livres et 2 chapons, due à l’abbaye de La Couture, sur le lieu des Brosses, à Téloché.

Liasse de 25 pièces, parchemin ; 54 pièces, papier : Bail en 1668, du lieu de La Pastorerie, à Téloché, pour 105 livres de loyer.

Le 12 novembre 1676, Me François Loyseau, prêtre, curé de Téloché, assistait en qualité d’exhibent, à la : Remembrance des assises de la châtellenie du corps de l’abbaye de La Couture, tenues pat Me Julien Le Balleur, avocat au Parlement, bailli, juge ordinaire civil et criminel de ladite seigneurie. - Provisions de l’office de procureur-fiscal de la juridiction de La Couture, au nom de Me René Hérisson, avocat au Parlement, données par Louis-Henri de Bourbon, chavalier de Soissons, pair de France, comte de Noyers, seigneur de Luzarche, abbé-commandataire de ladite abbaye.

Le livre du secrétariat des conclusions des chapelains et clercs de la Confrérie de l’église du Mans, 286 feuillets, papier, In-folio, nous apprend : en 1694, il est alloué 15 livres à M. Trouillet, prêtre, confrère, pour dépenses par lui faites pour aller par trois fois, comme mandataire de la compagnie, aux assises du comté de Belin au sujet du lieu, fief et seigneurie de Boière, en Téloché, relevant dudit comté et appartenant à la confrérie.

Livre des baux et actes divers concernant le temporel de l’église collégiale de Coëfort, nous indique :

- le 17 janvier 1701 : Sentence de la Sénéchaussée du Mans au profit des administrateurs de l’Hôpital général, qui adjuge audit hôpital les biens suivants détenus par lesdits Prêtres de la Mission : la métairie de La Besnardière, à Téloché.

Visites et montrées faites sur les bâtiments dépendant du temporel de l’église royale et collégiale de Saint-Pierre-de-La Cour par Nicolas Mabilleau, dans les années 1734 et 1735, constatant l’état dans lequel se trouvaient les lieux suivants : les métairies de Tournay, - des Canardières, - des Chauvelières, - les lieux de La Dorisonnière, - des Chênelières, situées à Téloché.


Archives du prieuré conventuel de Château-l’Hermitage, 10 pièces, parchemin ; 11 pièces, papier, Reconnaissances en 1740 : Rente de 18 septiers de seigle, 5 de froment, 4 d’orge et 3 d’avoine, sur les dîmes de Téloché ; renaissances données : par Me Joseph Guittet, prêtre, curé de Téloché, à messire Adrien des Champs de Morel de Crécy ; - et en 1780, par Me Jean Guillomeau, prêtre, curé dudit Téloché, à messire d’Hélyot.

Saisie en 1741, de la terre, fief et seigneurie du Rancher, paroisse de Téloché, sur Jean-Michel Gauvain, conseiller en la cour des Monnaies de Paris, et Marie-Renée Louise Mareau, sa femme, à la requête de René-Charles Minier, procureur au Parlement de Paris.

M. Langlois, chanoine, procureur-syndic désigné par le Chapitre de Saint-Pierre, est chargé de traiter avec le sieur Dalibour, notaire royal à Changé, pour la confection d’un nouveau terrier et d’un écrou concernant les fiefs de Ruaudin et de Téloché, daté de 1743.

1746-1754, baux de la métairie de la Tournay, sise en Téloché, pour un loyer annuel de 200 livres, plus trois milliers de bon bardeau de chêne, une fois placés, et 30 livres de pot de vin.

Le prieuré de Téloché, figure dans la liste des biens appartenant à l’abbaye de La Couture, années 1750-1790.

Le registre des rentes en argent de l’abbaye de La Couture, pour le XVIIIème siècle, fait mention d’une rente de 28 livres 15 sous due par les Ursulines du Mans pour indemnité de divers biens-fonds, notamment sur le lieu de La Rousselinière, paroisse de Téloché.

Dans le compte sommaire rendu pour 1762-1763, par Guillaume Sallé, notaire royal apostolique du diocèse du Mans, à la Confrérie de Saint-Michel, M. Cochon de La Romelière apparaît débiteur , pour une rente foncière de 5 livres, assise sur le lieu de La Huardière, à Téloché.

François-Louis Véron-Duverger, seigneur de Forbonnais, Le Boulay, La Fontaine, Outillé, La Roche, Saint-Mars et autres lieux, a reçu au regard de la seigneurie de Forbonnais, aveu de foi et hommage simple de la Confrérie de l’Eglise du Mans, à cause de la terre de Frédosne. Sans date -


Un titre nouveau, sous la rubrique G.783, nous apprend, en 1765, François-Louis Véron-Duverger, ancien échevin de ville du Mans, au nom et comme procureur de messire François Véron, seigneur de Forbonnais, conseiller du Roi en sa cour de Parlement de Metz, inspecteur général des monnaies de France, son fils.

Entérinement de lettres à terrier obtenues en 1766, par Jean-Michel Gauvain, conseiller honoraire en la cour des Monnaies, seigneur de la terre du Rancher, en la paroisse de Téloché
Réception en 1783, de Nicolas-Louis Juteaux du Houx, procureur au Mans, comme bailli du marquisat d’Aux.

Parlement de Metz, inspecteur général des monnaies de France, son fils.



LE PLATEAU DE MULSANNE,




Le Rhonne peu pressé semble musarder, marquant le paysage, et c’est en toute quiétude qu’il poursuit son épopée vers Mulsanne, passant les ruines nostalgiques du moulin de La Fosse, ancienne propriété de la Confrérie de l’Église du Mans : un acte de 1653, nous dit que le lieu et le moulin étaient baillés annuellement pour 410 livres ; un autre daté de 1663, mentionne un accord de la Confrérie pour les réfections dudit moulin de La Fosse.

En 1239, dans les chevaliers et vassaux de la châtellenie Mayet sous Geoffroy de Châteaudun, Ragerus de Sarcio, est cité.

Le Chapitre fait au prieur de Sarcé en 1426, en considération des pertes qu’il a éprouvé par effet de guerre, remise de 20 livres, pour cette année, sur la pension qu’il lui doit et qui provient du don fait à l’œuvre nouvelle de son église par le cardinal de Saint-Marc.

L’historiographie du lieu-dit : La Fosse mérite une parenthèse,

« Vente datée de 1429, dudit lieu de La Boyère en Téloché, contenant 30 journaux de terre arabe, sept journées de pré et 80 autres journaux en bois, pâtures, haies, etc…. le tout relevant du fief de Sarcé, en Téloché, pour le prix de 100 royaux d’or du coin du Roi, de 64 au marc, et valant chacun 25 sous tournois, faite par noble homme Géoffroy de La Fosse, écuyer, seigneur dudit lieu, à Colin de Hurion et Jaquette, sa femme, demeurant à Angers . Colin de Hurion et son fils, Gillet de Hurion, vendent le même lieu aux chapelains de Saint-Michel, pour la somme de 80 écus d’or, du coin du Roi - acte daté de 1450.- Cession en 1503 par Yolande de Sarcé, veuve de Me Pierre Gillier, dame de La Chabossière, à son fils Jean Gillier, de la métairie de Boyères, pour en payer 60 sous tournois de rente à la confrérie de Saint-Michel-du-Cloître.- Exponce de ladite métairie faite à la Confrérie par ledit Jean Guilier en 1505.



UN FIEF OUBLIE......LA FOSSE,

Baux. - Visites et montrées.

« Moulin et métairie de La Fosse : Géoffroy de La Fosse, écuyer, vend avec le consentement de sa sœur, Jeanne de La Fosse, dame de Saint-Denis, veuve de Jean de Vernie, écuyer, ….pour soy preserver et garder de domaige irreparable et ce que aultrement ne lui estoit pas possible de recouvrer et trouver la somme de pecune dont cy-après sera faicte mencion, à la Confrérie de l’Eglise du Mans, son domaine de La Fosse, avec toutes ses appartenances et dépendances, pour le prix de 360 livres tournois, le marc d’argent étant compté à 6 livres 18 sous en 1433.- Affin de trouver la delivrance, finance et rançon dudit Géoffroy de La Fousse, par longs temps et encore à present prisonnier de guerre de Jehan Greffin, de cette garnison, comme l’en dit , - Jeanne de La Fosse, susnommée, donne procuration à son frére de vendre ce qu’il trouvera bon de la succession de leur père. - daté de 1433.

« Acte de 1454, portant indemnité du lieu de La Fosse, consenti moyennant six écus, et afin d’avoir part aux prières et bonnes œuvres de la Confrérie de l’Eglise du Mans, par Jean Parpaillon, seigneur du Verger et de Thiboust, à cause de sa femme.

« Baillée en 1455, du domaine et du moulin de La Fosse, la seigneurie et censif exeptés, à Jean Drouart et Denise, sa femme, à leurs enfants et au plus vivant d’eux tous, pour en payer à la Confrérie 12 livres tournois de rente annuelle.

« Acte de visite et de dénombrement des choses dépendant du lieu de La Fosse, revendiquées par noble Géoffroy de La Fosse, sur la Confrérie - daté de 1471.

« Composition avec Me Jean Pérot, licencié en droit, seigneur, à cause de sa femme, Isabeau Morelle, de la terre et seigneurie de la Chauvière, pour le rachat à lui dû, à cause de la partie du lieu de La Fosse qui dépend de La Chauvière - 1471.

« En 1499, baillée à toujours d’une pièce de terre contenant deux journaux sise au lieu de La Bernardière, à Téloché, faite par la Confrérie à Aubert Poupard, moyennant 3 sous tournois de rente annuelle, inféodée au fief et seigneurie de La Fosse.

« Déclaration censive rendue à Gervais Le Sage, seigneur de Thiboust, pour cinq journaux de terre en Téloché - daté de 1532.

« Année 1595, Me Jean Lambert, prêtre, l’une des confrères, donne à la Confrérie 10 livres de rente, constituée à son profit sur la métairie de La Fosse par ladite Confrérie, à charge de services religieux à son intention. - Acte de création de ladite rente de 10 livres.
Baux -visites et montrées du dit lieu.

« Extrait ( malheureusement sans date, effacée ) d’un aveu rendu pour partie du lieu de La Fosse à Me René de Vignoles, seigneur de La Rochère, Mulsanne, et autres lieux.

« Papier des baulx et actes concernans les fermes du temporel des chapelains et clercs de la confrairie de l’église du Mans….. - 1653. - Baux du pré de La Frédonnière à Téloché, pour 16 livres, - du lieu et du moulin de La Fosse, à Téloché, pour 410 liv. de ferme


« Un acte de la Confrérie de l’église du Mans, daté d’octobre 1673, donne l’autorisation d’abattre des arbres sur la métairie de La Fosse, à Téloché, pour faire des réparations au moulin dépendant de la même métairie.

« Le receveur de la confrérie déduira sur les fermages du lieu de La Fosse, la somme de 10 livres pour une charge de blé livrée par le fermier à l’acquit de ladite confrérie, fait le 7 décembre 1675.

« Actes de 1663 - 1666,
« Réfections au moulin de La Fosse, en Téloché,
« …Sur l’assignation du procureur du Roy au siège du présidial de l’Eleslection, tendante à ce que nous fussions condamez reparer les chemins à cause de notre mestayrie de La Fosse, nous aurons commis, etc…… ».

« Domaines et fiefs de Boyère et de La Fosse :
« Déclarations et aveux rendus à haute et puissante dame Eléonore de Rochechouart, marquise de Bonnivet et des Deffands, Vivonne et Clersigny, vidame de Meaux et de Trillebaudon, dame des baronnie de Grisse et châtellenie de Cheveché, et autres lieux à cause de son fief de Sacré - 1697.

Archives de la Confrérie de l’église du Mans - 48 feuillets, papier - In-folio ; Seigneuries de La Fosse et de La Boyère, à Téloché.

1720-1724 - Remembrance des exhibitions faites et des déclarations rendues aux assises des dites seigneuries tenues par Me Michel Maulny, avocat en Parlement et au Siège présidial du Mans, bailli, requérant Me Jean Boussard, notaire royal, procureur fiscal.

Exhibent : Jean Morançais de Laigné-en-Belin ; - Michel Verdier, marchand, demeurant au lieu de La Bontempgerie, paroisse de Changé ; - Julien Grassin, de Sain-Mars-d’Outillé ; - Pierre Chevalier, marchand à Téloché ; - Jean Desportes, marchand, pour le lieu des Vignes ; - Louise Carel, veuve de Gervais Rouillard ; - Julien Levillain, marchand au Mans pour le bordage de La Grande-Bonnetière, à Mulsanne ; - Me Jean Vasse, avocat au Présidial ; - Me Michel-François Gouttard, prêtre, curé de Téloché ; - Me Gabriel Négrier, sieur de La Guérinière, conseiller du Roi, élu en l’Election du Mans ; - Marie-Angélique de La Rue, veuve de Simon Drouet, vivant sieur d’Aubigny, avocat en la Sénéchaussée du Mans, demeurant en la terre de La Boivinière, paroisse de Pontvalain, etc.

« Déclarations…….à dom Joseph-Philippe Futaine, prêtre, religieux bénédictin, congrégation de Saint-Maur, seigneur, en qualité de prieur titulaire du prieuré Saint-Pierre de Téloché, du fief de La Gateminière -1766.

« Déclarations…….à dame Marie Chouet de Villaines, dame des fief et seigneurie de La Nareschère et autres lieux - 1787.


Déclarations…..à Me Marin Rottier de Madrelle, écuyer, conseiller- secrétaire du Roi, Maison et Couronne de France et de ses Finances, et dame Louise-Renée de Maridor, son épouse, seigneur des comtés de Belin et de Vaux et des paroisses de Saint-Gervais, Téloché, Moncé, Laigné, Saint-Ouen-en-Belin et autres lieux - 1788.

Situé à l’extrémité septentrionale de la très ancienne et puissante baronnie de Château-du-Loir, Mulsanne, est en bordure du Bélinois, placé sur la voie médiévale du Mans à Tours, par Ecommoy.

Mulsanne - « Murocinctus » , signifie : domaine entouré d’un mur - nom attesté en 1080; variantes orthographiques « Mulcent - Mulsant » ; au XIème siècle « Murcenae » .

« Au IIIème siècle existait un domaine entouré et protégé par un mur pour faire face aux premières invasions venus de l’est.

Du IVème siècle au VIème, cette campagne se désertifie partiellement, la nature reprend les droits qu’elle avait concédé à l’homme, le bois regagne du terrain. Le bourg médiéval dont l’église est dédiée à Sainte Marie-Madeleine - « Villa Muroconcto » , testament de Saint Bertrand - Actus, p.117 . Le culte de Sainte Marie-Madeleine s’est propagé au XIIème siècle, est attesté en 1289. Ce culte à cette Sainte semble avoir été relancé vers 1279, par Charles d’Anjou, futur comte de Provence.

À l’apogée de son incursion vers le Nord, le Rhonne au lieu-dit : la Madeleine a parcouru depuis sa source 13,777 kilomètres, l’altitude est +55 - sa largeur moyenne 1,7 mètres - son profil mouillé 1,7 m - dont le volume : en étiage 0,010 , en eaux ordinaires 0,030 , en grandes eaux 4,500 m3/jour. Son cours est alors dévié vers l’ouest, par le rebord méridional de la plaine des Hunaudières, appelé « cuesta du Bélinois » .




La cuesta du Bélinois s’allonge Ouest-Sud-ouest / Est-Nord-est depuis Moncé-en-Belin ( alt. +58 , 0°12’E , 47°54’N ), jusqu’à son raccordement avec le talus du plateau d’argile à silex, vers Brette-les-Pins ( 0°20’E , 47°55’N ).

Elle s’élève brusquement au Nord du Bélinois d’environ 12 mètres ; elle accède au plateau de Mulsanne ( d’alt. +68 , 0°15’E , 47°54’30’’N ) et s’infléchit insensiblement vers les Hunaudières ( 0°13’E , 47°57’N ).Ce plateau de Sables du Maine, cénomanien inférieur, est dominé par des Buttes coniques ou tabulaires qui dessinent un axe orienté Est-Nord-est / Ouest-Sud-ouest parallèlement à la cuesta du Bélinois. Elles sont séparées par des couloirs très larges à fond plat ; le plus important de ces couloirs s’abaisse vers l’ Ouest-Sud-ouest et se raccorde à une vallée active qui se jette dans la Sarthe.

Les buttes coniques ou tabulaires ont toute la même structure géologique caractérisée par des horizons uniquement sableux sans la moindre trace de grès roussard dur ; il s’agit des sables cénomaniens en place ; parfois au sommet existe une concrétion ferrugineuse friable à la main, sans rapport lithologique avec les grès durs éolisés qui forment un pavage sur les flancs des éminences sableuses.

Deux buttes tabulaires encadrent le grand couloir décrit ci-dessus, celle du château d’eau de Mulsanne au Sud ( 0°14’30’’E , 47°55’N ), dont le sommet avoisine 85 mètres, celle du camp de Mulsanne au Nord du flanc Sud de cette dernière, un petit thalweg à profil transversal très doux, dirigé vers le Sud-ouest, détache une butte conique. La butte, le thalweg, le versant Sud ont été labourés ; cela a ramené en surface le pavage de roussards violets éolisés; il s’étend uniquement sur le versant Sud de la butte tabulaire, depuis le sommet jusqu’à mi-pente. La cuesta du Bélinois qui fait face au Sud, et le flanc Sud de la butte du château d’eau sont également pavés de roussards éolisés à 40 centimètres sous le sol actuel. A ce paysage modelé par le vent, se rattachent,

- la Butte conique de la Nue, près d’Arnage - alt. +56 , 0°11’E , 47°51’N ;
- les Buttes du Vieux-Mans - alt. +74 et +82 ( I.G.N. - 1719 E - 1985 ) , 0°11’E , 47°53’N ;
- la Butte de Monnoyer - alt. +70 , 0°20’E , 47°52’30’’N ;
- les deux Mamelons jumeaux de la Chouanne - alt. +69 et +77 ,

séparées par des couloirs aplanis, elles portent tous des grès roussards éolisés . Le relief de Mulsanne se prolonge vers Brette-les-Pins ( 0°20’E , 47°55’N ) et vers Ruaudin ( 0°15’30’’E , 47°57’N ) avec de nouvelles tables sableuses et de nombreux cônes.

Au passage sur sa droite, il conflue d’abord avec le ruisseau de la Vinette qui prend sa source à Téloché : long. 1640 mètres - profil mouillé 1,10 m - versant 240 hectares ; dont le volume : en eaux ordinaires est de 0,002 , en grandes eaux 0,200 m3/jour. Ensuite il reçoit le ruisseau de Pontvillain qui prend sa source à Brette-les-Pins, ce cours d’eau anime les moulins à blé de La Ferrière , du Moulin Neuf, de Charbonneau, de Coudreau ; sa longueur 9 053 mètres - profil mouillé I, 3 m - versant 2 216 hectares ; dont le volume : en eaux ordinaires est de 0,024 , en grandes eaux 20 m3/jour. En amont, et à proximité de la confluence du Pontvillain avec le Rhonne se trouvait le moulin de La Madeleine - alt.+59, commune de Mulsanne, en décembre 1863, la roue à augets activait par une chute de 2,77 mètres, faisait se mouvoir deux paires de meules à blé.

Le ruisseau de la Brosse prenant sa source au Sud-est de La Madeleine : long. 1074 mètres - profil mouillé 0,80 m - versant 194 hectares ; dont le volume : en eaux ordinaires est de 0,002 en grandes eaux 0,200 m3/jour ; le rejoint sur sa gauche, au moulin de Montinault - alt.+54.En 1863, ce moulin avait deux paires de meules à blé animées par une roue à augets, la chute était de 2,97 mètres. Il se déploie en une courbe atténuée, le moulin de Follet - alt.+53, absorbe son énergie, un profil mouillé de 1,9 m, une chute de 2,99 mètres louvoie, puis c’est Moncé-en-Belin qui émerge au-dessus d’un rideau darbres, la pointe du clocher domine avec élégance la couronne des toits des maisons pelotonnées : terroir noble bercé par les cliquetis du passé. Il contourne, enserrant au plus près le monticule, le socle résistant qui supporte l’une des charmantes entités géographiques portant le nom
de : Belin.

Noble Jean Corbin, l’un des chapelains, de La Chapelle Royale du Gué-de-Maulny, reçoit en 1582, 53 sous 4 deniers, pour la location de 20 arpents de terre en landes, situés près du lieu de Montineau, en la paroisse de Moncé-en-Belin.



Le fief et le moulin de Montineau, à Mulsanne, étaient baillés de 1671 à 1679, moyennant 40 livres de fermage annuel, et 2 livres une fois payées , pour le vinage.

Bail en 1783, de la métairie de La Houssière, à Mulsanne, et de la dîme de Moncé-en-Belin, moyennant 1030 livres de ferme, au profit du Chapitre de l’église cathédrale du Mans.

S’il est un des aspects qui ne cesse de surprendre et d’intriguer aujourd’hui, le résident de Laigné-en-Belin, Moncé-en-Belin, Saint-Biez-en-Belin, Saint-Gervais-en-Belin et Saint-Ouen-en-Belin, c’est bien la relation communautaire entre ces cinq villages. Elles définissent, à n’en pas douter, un terroir, bien spécifique. Le nom de « Belin » en est, incontestablement, le lien fédérateur.

Ce nom de « Belin », définit un terroir, une entité géographique le « Pays de Belin » , situé au sein d’une particularité géologique le « Bélinois ».


Gravure représentant les ruines et vestiges du prestigieux château de Belin - document personnel



LE PAYS DE BELIN,

Perché sur son socle formant promontoire dans l‘angle Nord-ouest du Bélinois, la beauté du site « grand angle », du bourg de Moncé-en-Belin, culmine à +51, par 0° 12’ E - 47° 54’ N. Le charme y est absolument indéniable.

Qui peut soupçonner aujourd’hui le ferment de gloire qui s’est développé en ce terroir paisible autour du nom de « Belin » ?

Les noms sont comme les vieilles choses, ils ont un passé.

Le passé d’un nom , c’est son histoire, mais également le principe même de son origine.

« Belin », ce nom semble apparaître pour la toute première fois dans un manuscrit en bas-latin daté su 6 février 642 : le testament de Saint Hadoind ( Gesta Cenomanensium Pontificum, Bibl. du Mans,
« …..aedificavit, villam proprietatis meae Iscomodiaco sitam in pago Belini…. » - ( Ecommoy-en-Belin ).

on peut affirmer, en éliminant pratiquement tout risque d’erreur, qu’il est plus ancien.

Le Dictionnaire étymologique des noms de lieux en France - p.68 , maintient soigneusement la distinction « Belin » - Belinium XIème siècle, probablement de Belinius : nom d’un homme gaulois, assurément de Belenus, nom d’une divinité gauloise. Dans l’ouvrage du C.N.R.S « Les noms de personne sur le territoire de l’ancienne Gaule », on découvre « Belenus », ce nom doit représenter la latinisation de « Belenos ou Belinos », attesté comme d’un dieu gaulois, correspondant à Apollon « A. Holder ». La variante médiévale « Blin ».

La tradition gauloise donne aux trois lettres B.L.N.,issues de l’alphabet sacré de la mythologie gauloise, matérialisées par le Bouleau -Beth ; le Sorbier - Luis ; le Frêne - Nion ; dont la définition des consonnes selon Jean Markale, et Jean-Paul Persigout est : Be.Le.Nos, qui a donné dans la toponymie : Belin, par extension Belinois . Pierre-Yves Lambert - Directeur de recherche au C.N.R.S et Directeur d’études à l’Ecole pratique des hautes études, a écrit dans « La langue Gauloise » - « ….Belenos / Belinos, aurait laissé des traces dans la toponymie… ».


Des documents médiévaux aux Archives départementales de la Sarthe, mentionnent dans leurs textes « Montcet ». Un acte du XIIème siècle donne « Moncel », qui selon divers dictionnaires émane du bas-latin « Monticellum » dont la racine est « Mons ». « Mons » désigne un « monticule », dont l’un des synonymes est « butte » ; par opposition avec « Mont », précise une élévation plus importante. Dans « Eneas », roman du XIIème siècle, J.J. Salverde de Grave - 1925, en vieux-Français « Moncel » définit une colline .

Les noms de personnes sur le territoire de l’ancienne Gaule, ce recueil édité par le centre de documentation du C.N.R.S. nous apprend « Moncius » nom d’un homme d’origine gauloise, a pu également donné « Moncé ». Le t. III pour Moncé : Monceau - XIème siècle ; Moncay - XIVème.

Bien que plus ancien, le nom apparaît vers 616 « in Monciadense » ; vers 658 « Munciao » ; en 802, Charlemagne confirme à l’église du Mans, la possession de ses anciennes propriétés .

En 853, l’empereur Louis Ier le Pieux , dit le Débonnaire rend et ratifie à l’église du Mans plusieurs domaines, entre autres les hommes chargés de la garde des bêtes de somme à Spay ( Spai ) et dans le Bélinois .

L’étude des noms de lieux habités se rattache aux recherches sur l’origine de la propriété foncière par une doctrine qui est fondamentale en fait de toponymie française : les noms anciens de lieux habités sont pour la plupart tirés du nom porté par un propriétaire antique - il s’agit du premier propriétaire de bâtiments qui à la fois servaient à son habitation et étaient le centre d’une exploitation agricole dirigée par lui en fait, en tout cas par ses gens.

L’histoire de Moncé est indissociable de celle de son château - Belin , auquel le village doit son ancienne fortune ; elle a été remarquablement développée par Henri Roquet.


Procédure relative au service d’une rente foncière de 8 livres 8 sous assise sur le lieu de La Patorrie, à Moncé-en-Belin. Une liste analytique de pièces et documents relatifs à cette rente est classée dans la mense conventuelle du chartrier du prieuré de Château-l’Hermitage et dont le plus ancien portait la date du 28 août 1399.

Le Chapitre de l’église du Mans, défend en 1423, aux marchands de venir désormais vendre ou exposer leurs marchandises sous le portique de l’église.

En 1424, le Chapitre de l’église du Mans envoie vers les Anglais un prêtre, nommé Luc Lefèvre, demander un sauf-conduit pour tous les officiers de son église - Me Martin Fourmy, prêtre, curé de Moncé, permute avec Mathieu Hoyau, titulaire d’une chapelle desservie au manoir épiscopal d’Yvré-l’Evêque.

Rente foncière de 3 livres, sur le lieu de La Boue, à Moncé-en-Belin, en 1472 : Guillaume Housseau, de Moncé, vend à Jean Lebreton et Jean Housseau, paroissien de Sainte-Croix-lez-Le Mans, une rente de 60 sous assise sur ledit lieu pour la somme de 40 livres tournois, et une pipe de vin blanc de la prochaine récolte.

En 1479, cession faite par Jean Lebreton aux chapelains de la Confrérie de l’église du Mans, desdits 60 sous de rente foncière, pour demeurer quitte envers eux d’une rente de 24 sous qu’il leur devait. Il reçoit, en outre, une soulte de 38 livres tournois.

Dans l’état des propriétés foncières de l’abbaye de La Couture en date de 1485, on trouve cité le lieu de La Cathelinière, à Moncé-en-Belin, dépendant de la chapelle Sainte-Catherine, fondée en ladite abbaye : des baux et autres titres de propriété, également la métairie de Grippé et lieu du Petit-Brée, dans la même paroisse , ainsi que les baux et procès-verbaux de visites et montrées.

Baux , visites et montrées ( métairie de Grippé et du lieu du Petit-Brée à Moncé-en-Belin )

Rente foncière en 1510, de 12 sous 6 deniers sur le pré du Gué-aux-Oies, à Moncé-en-Belin : Baillée à toujours dudit pré faite aux religieux de Château-l’Hermitage, à Jehan Housseau, marchand, demeurant au bourg de Ponthibault, pour en payer la rente précitée.

Domaines du Prieuré d’Avesnes, dépendant de l’abbaye de Saint-Vincent du Mans ( ordre de Saint-Benoît ). - « Papier terrier et dénombrement du prieuré d’Avesnes, dont les fruits sont unis à la manse commune de l’abbaye de Saint-Vincent, tant en domaine, lieu de La Moinerie ( en Moncé ), que dixième et autres choses. Composition du temporel de ce bénéfice - Indication des lignes de partage de la paroisse d’Avesnes avec les paroisses limitrophes en 1692.

Extrait du 13ème Grand in-folio, de la Chambre ecclésiastique du diocèse du Mans, « Treisième livre du greffe des insinuations ecclésiastiques du diocèse du Mans, commencé par moy Jacques Cadieu, substitut de Me Michel Chappin, greffier, le jeudy 29e jour de septembre l’an mil cinq cents soixante neuf ».
Collation de la cure de Moncé-en-Belin, faite par le chapitre du Mans à Me Jean Bellanger.

Rente foncière due à l’église collégiale de N.D. de Coëfort, de 25 sous et 2 chapons sur le lieu des Brosses, à Moncé-en-Belin : Reconnaissances fournies en 1660, par Louis de Belot, écuyer, sieur de Hautbois, demeurant en la maison seigneuriale de La Bausonnière, audit Moncé ; - en 1673, par Jeanne Séru, veuve de François de Guitton, vivant écuyer, sieur des Marais, demeurant audit lieu de La Baussonnière ; - en 1691, par François de Guitton, écuyer, sieur des Marais ; - en1739, par Marie-Jeanne-Philippe Guitton d’Yvré, épouse de Christophe Corbin, écuyer, sieur de Varenne ; - en 1785, par dame Marie-Jeanne- Philippe de Guitton, dame de La Baussonnière, veuve de messire Hector de Giraudeau, chevalier, seigneur de Cléraunay.


Bail du bordage de La Motte-de-Vaux, à Moncé-en-Belin, dépendant du temporel de la sacristie de Coëfort, tel qu’il est inscrit en 1664, dans le livre des baux et actes de l’église collégiale de N.D. et de l’Hôtel-Dieu de Coëfort.

Bail des lieux du Petit-Fourneau et de Marteroy, en Voivres, pour 75 livres de fermage annuel. ( 1679 ). Adjudication à bail en 1679, devant le bailli de la Prévôté du Mans, Jean de La Rivière, écuyer, des biens saisis sur Me Julien Fourreau, dans lesquels sont compris les deux bordages précédents, une maison dans la Grande-Rue, au Mans, et le bordage du Buisson, à Moncé-en-Belin. En 1701, jugement de la Sénéchaussée du Maine qui envoie la Confrérie de Saint-Michel-du-Cloître en possession des biens dépendant de la succession de défunte Françoise Raguideau, femme en secondes noces de Julien Fourreau jusqu’à concurrence des sommes dues à la Confrérie.

Le livre des conclusions, statuts et ordonnances capitulaires, du Chapitre collégial de Saint-Pierre-de-La Cour du Mans, nous apprend : le 6 avril 1680, le Chapitre décide qu’il assistera en corps à la procession générale indiquée par le dernier mandement de Mgr l’évêque du Mans, «….pour apaiser l’ire de Dieu qui ne nous est que trop visible par la grande abondance de chenilles qui rongent et gastent tous les fruits des arbres et herbes… ».

Les héritiers de noble homme Pierre Trouillard, sieur de Monchenon, doivent au compte de la recette du Chapitre collégial de Saint-Pierre-de-La Cour du Mans, en 1687, 50 sous pour le bordage du Bignon, à Moncé-en-Belin, par lui acquis en 1653 ou 1654.

En 1701, Plaids et assises de la châtellenie, fief et seigneurie du corps de l’abbaye royale de La Couture, pour les sujets de la paroisse de Pontlieue . - Comparaissent….Mathurin Godefroy, laboureur, pour le lieu du Petit-Bordage, à Moncé-en-Belin - Anne Bérard, veuve de Jean Pottier, sieur de Glatigné.


Pièces 1751-1789, relatives aux domaines de l’église collégiale de N.D. de Coëfort, parmi lesquels on remarque : les métairies des Grands et des Petits-Viviers, à Moncé-en-Belin.

Un titre nouvel concernant la procédure du service de la rente sur La Patorrie, à Moncé-en-Belin a été donné en 1760, par Me Pierre Niepceron, notaire royal à Chemiré-le-Gaudin.

Une déclaration rendue en 1778, par les religieux du prieuré de Château-l’Hermitage, à Me René-Anselme Négrier de La Crochardière, conseiller du Roi et de Monsieur en la Sénéchaussée et siège présidial du Mans, seigneur des fiefs du Bignon, Le Verger et Mollans, situés à Moncé.

Une reconnaissance donnée en 1780, donnée par Jacques-Augustin Lachèse, orfèvre au Mans, et Marie-Jérôme Niepceron, son épouse.

Bail en 1783, de la métairie de La Houssière, à Mulsanne, et la dîme de Moncé-en-Belin, moyennant 1,030 livres de ferme, au profit du Chapitre de l’église cathédrale du Mans.

Aumônes du Chapitre collégial de Saint-Pierre-de-La Cour du Mans, pendant l’hiver rigoureux de 1783-84. L’intensité du froid fit cesser tout travail depuis le commencement de décembre jusqu’au 22 février.

Recettes du Chapitre, année 1788, pour la collocation de Mulsanne, comprenant les dîmes de Mulsanne, de Moncé-en-Belin, de Saint-Ouen-en-Belin et d’Arnage, les lieux de La Couasnerie et de La Hérisserie, en Ecommoy, et d’une rente de 12 livres due par le prieur-curé de Domfront, 2,259 livres 8 sous.



REVENONS AU RHONNE,

Au moulin de Vaux - alt.+51, la chute de 2,67 m active la roue à augets sur sa gauche il reçoit le ruisseau de Pisse Perrette : long. 2726 mètres - profil mouillé 0,5 m - versant 219 hectares - dont le volume : en eaux ordinaires est de 0,002, en grandes eaux 0,200 m3/jour.

Paresseuses, les eaux ensommeillées du Rhonne, marquent un intermède à Ponthibault, alt. +49, latin : Pontem, Pontis, Pons - il y a lieu d’être très circonspect sans preuves archéologiques attestées, certains pont sont réputés d’origine romaine lorsque l’on ignore l’époque de leur édification. De nombreux noms de lieux, dont le mot « pont » est l’élément de base combiné avec le nom d’un homme, précise un lieu topographique au Moyen Age.

En 1278, nous avons dans un acte des Archives de la Sarthe « Ponte Theobaldi » . Theobaldi, dérive directement et étymologiquement de « Thibault » variantes de Thiebault - Thiebaut - Thiebaud ; racine : Thebald - Thiebald , nom d’origine germanique, probablement Franque. « Théo » , signifie : peuple ; « bald », veut dire : audacieux, vieux-haut-Allemand, pour être précis, en dialecte Westique.

Dans ce paysage aux horizons plats connu sous l’appellation de Pays du Bourray , se dressent les buttes coniques et tabulaires du Vieux Mans, de Monnoyer, de la Chouanne, dont nous avons précédemment parlé.

Ce terroir qui nous intéresse depuis un peu plus de 50 pages, se situe pratiquement au Sud-ouest du centre de l’ancienne province du Haut-Maine, représenté par la ville du Mans, sur le bord oriental du Massif Armoricain, et la marge occidentale du Bassin Parisien, légèrement en dessous du confluent de la Sarthe et de l’Huisne dont les larges vallées ont favorisées depuis la nuit des temps, les communications avec la Normandie, que nous appelons « Basse Normandie » au nord, l’Anjou au Sud-ouest, le Bassin Parisien à l’Est.

Il est possible d’attribuer à ces couloirs une autre importance : liaisons naturelles entre le Bélinois et la vallée de la Sarthe, c’est à dire les landes du Bourray, la plaine des Hunaudières et dans le prolongement de celle-ci, la plaine du Narais, occupée depuis l’Epipaléolithique par l’homme. Il devient évident que les occupants des sites d’habitations du terroir du Narais ont hanté, très tôt la vallée du Rhonne.

Si certains historiens, voient dans les blocs de grès placés au sommet des buttes du Vieux Mans, des vestiges d’une fortification romaine, d’autres affirment qu’il s’agit des ruines d’une « villae » , quant à Roger Verdier, dans son intéressante et très documentée « Préhistoire du Haut Maine » , il décrit :

« ….tranchée à plan fourchus ( sur le plateau tabulaire ), dont les deux bras forment un angle de 60° environ au début siècle de chaque côté de grosses dalles de grès roussard debout, et les restes effondrées de ce qu’on croit avoir été une ouverture…….un vestige possible : d’allée couverte , comme il en reste en Bretagne à demi-enterrée ce qui laisse présumer la présence d’un ancien tumulus….
« à 95 mètres environ, gît une pierre de roussard vaguement losangique dont la face supérieure est en forme de toit, comme un couvercle d’un cercueil….

Roger Verdier se demande s’il ne s’agit pas d’un coffre funéraire fictif ou cinéraire d’un guerrier du Néolithique , voir du Bronze….?


La nature aride du lieu, l’aspect sauvage et désertique des Buttes du Vieux Mans au Xème siècle, ne tenta pas ou très peu les fiers seigneurs de la région, lors de la formation de la féodalité; quelques-uns, pourvus en bonnes terres sur la lisière, s’en firent attribuer par Hugue III comte du Maine, une certaine superficie à proximité de leurs fiefs et de leurs châteaux : le seigneur de Vaux, possédait 500 arpents sur ces buttes, sur lesquels se trouvaient les fourches patibulaires ( Archives départementales de la Sarthe - fonds municipal. Aveux des seigneurs de Vaux au comte du Maine, de 1399, 1407, 1452, 1476, etc ), ceux d’Epaigne, de Belin, de La Baussonnière et des Perrais à Parigné-le-Polin, etc, reçurent également en possession une portion de ces landes ; à charge de les relever à foi et hommage lige de la tour Ribandelle au Mans.

En 1099, Hélie de La Flèche, petit-fils de Herbert Eveille-Chien, comte du Maine, et sa petite troupe de Manceaux, dans leur retraite devant la toute puissante armée anglaise de Guillaume le Roux, roi d’Angleterre, fils de Guillaume le Conquérant , incendièrent et détruisirent les places fortes d’Outillé et de Vaux « …..afin qu’elles ne soient pas réutilisées contre nous… ». Au XIème siècle, le seigneur de Belin devint également celui de Vaux sous la suzeraineté de Aimon de Château-du-Loir.

Les Fourches Patibulaires ,de la seigneurie de Belin, étaient érigées sur l’une des buttes du Vieux Mans, elles en formaient la décoration principale. Ce lieu maudit était tellement en abomination que passé le coucher du soleil, il n’était plus hanté que par les loups des bois environnants, qu’attirait l’odeur des cadavres suspendus aux bras des gibets, et par les sorciers et les « rebouteux » qui venaient y chercher les premiers, de la « corde de pendu » , les seconds, de la « graisse de chrétien », topique d’une vertu souveraine très employée contre certaines plaies et certaines douleurs - rhumatismales .

  • Croyances :
- La corde de pendu passait non seulement pour procurer d’heureuses chances à celui qui en portait sur soi, mais on s’en servait pourcombattre plusieurs maladies.

Les Romains, selon Pline - liv. XXVIII , ch. 2 , 9 et 12 , attribuaient également à la corde de pendu certaines vertus médicinales.

Les sorciers l’employaient pour leur conjuration ou leurs opérations évocatrices. Le corps même des suppliciés était mis par eux à contribution. Ces hideux débris figuraient comme ingrédients dans une foule d’onguents, de poudres et de breuvages magiques.

Selon Ch. Louandre, pour ajouter de l’efficacité à ces restes horribles, on devait les détacher du gibet à l’heure de minuit, par une nuit sans lune, et de préférence à la lueur des éclairs pendant un orage.

  • Légendes :
- Chaque années, pendant les nuits des avents de Noël, les fantômes de ceux qui avaient succombé à cet endroit, s’assemblaient et se donnaient la main, puis dansaient des rondes désordonnées, dont les pas n’étaient réglés que par le cliquetis des squelettes qu’agitaient les rafales du vent en cette saison. Malheur, à l’imprudent qui assistait au spectacle…..

On assure encore, mais personne n’a vérifié, que durant la messe de minuit, les pendus recouvraient tout à coup l’usage de la parole, et se racontaient avec de grands éclats de rire aussi impies qu’effrayants, toutes les iniquités auxquels ils devaient leur damnation.

L’origine de ces sombres et bizarres superstitions s’explique facilement : cette région a été autrefois longtemps désertiques, couverte par une immense formation végétale, étoffée de taillis et de fourrés inextricables, la « Gastine du Bélinois » , également appelée « Vieil Mans » dans des actes médiévaux, elle devait prendre plus tard le nom de « landes du Petit Bourray »

Les croyances tenaces venues du fond des âges, hantèrent et régnèrent sur ce terroir pendant des siècles.

Le « Grand Chemin de Rouen, Le Mans à Poitiers, via Pontvallain, Le Lude, Saumur » passait à Ponthibault, le franchissement du Rhonne se faisait à gué . La construction des ponts ne commença à se généraliser que vers le XIIème siècle, seules les piles étaient en pierres, le tablier était souvent formé de poutres garnies de planches, l’entretien était à la charge de la seigneurie voisine qui percevait un « droit de pontage » .
- le 4 décembre 1370, Du Guesclin emprunta cette voie, pour se rendre à Pontvallain, y vaincre les Anglais.

- en 1711, itinéraire suivit par les pèlerins du Mans se rendant à Saint Jacques-de-Compostelle.

Point de passage très fréquenté par les marchands venant du Poitou et de l’Anjou, qui y faisaient séjourner leurs troupeaux de bovins et de moutons avant de repartir vers la Normandie ou Paris. Les marchands ambulants dont les carrioles étaient lourdement chargées, les voitures de voyageurs, préféraient payer au seigneur de Belin, un droit et franchir le cours d’eau en toute sécurité, éliminant le risque d’être attaqués lors du franchissement. Il y avait plusieurs auberges, dont : l’Aigle Royal - le Pigeon Blanc - le Roy des Hayes - le Tournebride. Citées dans de nombreux textes et Annales tant aux A.D. de la Sarthe, et du Maine-et-Loire, mais également à la B.N.F. et aux A.N. de Paris ; comme possédant des enclos à bestiaux, tout laisse à penser qu’il en exister d’autres comme le Lyon d’Or et le Soleil d’Or , pour ces deux dernières, faute de précisions, nous sommes réservés. Des cabarets devaient également exister.




UN NOM, UNE SEIGNEURIE.....UN PASSE : LA BAUSSONNIERE,

La gentilhommière de La Baussonnière, ce nom éveille la curiosité puisqu’il évoque le souvenir d’un fief, d’un fief très ancien.

La racine du nom Baussonnière, est incontestablement « Bausson ». Selon Marie-Thérèse Morlet, A. Dauzat et Ch. Rostaing , cette racine définit le nom topographique d’un endroit montueux; c’est un dérivé du bas-latin « balteus » , qui émane du pré-Celtique « bal » . Auguste Vincent, pense que le suffixe « -ière » est une variante du suffixe latin « -aria » . Il est accolé à un nom pour la féminisation d’un lieu-dit à la fin du XIIème siècle et au XIIIème.

Château de La Baussonnière, les douves sont alimentées par le Rhonne


Guidé dans l’allée par une explosion de verdure, et par un alignement de grands arbres, c’est au travers du feuillage des peupliers que le visiteurs découvrira la toiture gris bleutée des ardoises du château de La Baussonnière. Percée de trois adorables lucarnes, agrémentée d’un petit clocheton, soulignée d’imposantes cheminées en briques .

C’est au détour de l’allée que se présente.

Un vénérable pont, marqué par les intempéries, offre l’originalité d’enjamber d’authentiques douves alimentées par le Rhonne. Au fond de la cour d’honneur, le château est là, noble dans sa simplicité. Le logis sur deux niveaux est personnalisé par un corps proéminent à deux étages, coiffé d’un toit très pentu qui fait penser à un donjon quadrangulaire. Un second bâtiment, lui est perpendiculaire, à l’arrière de celui-ci, parallèles et prolongés en retour d’équerre, des communs. La base de ceux-ci pourrait être constituée parle ancienne enceinte fortifiée, on peut penser XVème , peut-être XIVème.

Roger Verdier note : « ….on relève dans la région cinq à six Baussonnière, depuis le XVème siècle………un système de douves compliquées d’âge indécis……. ».

On trouve, datée de 1660, un acte de rente foncière de 25 sous et 2 chapons assise sur le lieu des Brosses, à Moncé-en-Belin : Reconnaissances fournies par Louis de Belot, écuyer, sieur de Hautbois, demeurant en la maison seigneuriale de La Baussonnière, au dit Moncé. D’autres de 1673, par Jeanne Séru, veuve de François de Guitton, vivant écuyer, sieur des Marais, demeurant audit lieu de La Baussonnière,

De 1691, par François de Guitton, écuyer, sieur des Marais,

Fief de la Prévôté régale, en 1728-1756, se reconnaissent sujets de ladite seigneurie, dame Marie-Jeanne-Philippe Guitton de La Baussonnière, épouse non commune en biens de messire Corbin de Varanne. - cote G.41.

La même rente foncière, en 1739, par Marie-Jeanne-Philippe Guitton d’Yvré, épouse de Christophe Corbin, écuyer, sieur de Varenne,

Dans un placet d’audience de 1744, figure Marie-Jeanne-Philippe de Guitton de La Baussonnière, femme du sieur Corbin de Varennnes, contre Pierre Le Roy, chirurgien.

Le plumitif d’audiences de la sénéchaussée du Mans, liasse de 40 pièces, papier y figure en 1746, Marie-Jeanne-Philippe de Guitton, dame de La Baussonnière, contre Christophe Corbin, son mari.

Copie d’arrêt du Parlement rendu en 1761, à la requête de Pierre-Marc-Antoine de Languedou, marquis de Béthomas, comte d’Averton, et portant règlement en quarante-quatre articles, pour l’administration de la fabrique de Courcité.

Retrait féodal en 1767, par Jacques Cloutier de La Motte, clerc en chirurgie, ayant les droits de Jacques-Philippe Corbin de La Baussonnière, sur les époux Cosme Jousse, de biens dépendant du lieu du Barreau, paroisse de Moncé-en-Belin, acquis par lesdits Jousse de Jean Le Cornué .

Donation en 1781, par Aimée Languedoc, marquise de Beethomas, comtesse d’Averton et dame d’autres seigneuries, demeurant en qualité de pensionnaire au couvent des religieuses cordelières de Neufchâtel, à messire César Lambert de Frondeville, son parent, chevalier, conseiller au Parlement de Normandie, demeurant à Rouen, afin de lui faciliter l’achat d’une charge de président à mortier.

En 1784, on trouve dans un placet d’audience, un sieur Guérin contre le sieur Corbin de La Baussonnière.

En 1785, par Marie-Jeanne-Philippe de Guitton, dame de La Baussonnière, veuve de messire Hector de Giraudeau, chevalier, sieur de Cléraunay.

Vente en 1786, des meubles de feu Marie de Guitton, dame de la Baussonnière, veuve en premières noces de messire Christophe de Corbin de Varanne, et en secondes , de messire Huton de Giraudeau, chevalier, seigneur de Céramsay et autres lieux.

Un plumitif des audiences de la sénéchaussée du Mans, nous informe en 1786, le sieur Menjot, bourgeois de Paris, contre les mineurs de La Baussonière.

Étienne-Luc-François du Chemin, chevalier, seigneur de La Tour, ancien capitaine de grenadiers au régiment d’Artois, chevalier de Saint-Louis, commandeur de Saint-Lazare et commandant pour le Roi à Saint-Lô, contre les mineurs de La Baussonnière, acte daté de 1787.

Dans une liasse de 126 pièces, papier, dans des « placets d’audience » y figurent en 1787, le sieur Guérin contre le sieur Corbin de La Baussonière.

Avis de parents sur le mariage projeté en 1789, entre Marie-Jeanne-Perrine Carrey de Bellemare de Toussants et le sieur Corbin de La Baussonnière.

Avis de parents sur le mariage projeté entre Marie-Jeanne-Perrine Carrey de Bellemare de Toussants et le sieur Corbin de La Baussonnière

Un plumitif des audiences de la sénéchaussée du Mans, nous informe en 1786, le sieur Menjot, bourgeois de Paris, contre les mineurs de La Baussonière.

Étienne-Luc-François du Chemin, chevalier, seigneur de La Tour, ancien capitaine de grenadiers au régiment d’Artois, chevalier de Saint-Louis, commandeur de Saint-Lazare et commandant pour le Roi à Saint-Lô, contre les mineurs de La Baussonnière, acte daté de 1787.

Dans une liasse de 126 pièces, papier, dans des « placets d’audience » y figurent en 1787, le sieur Guérin contre le sieur Corbin de La Baussonière.

Avis de parents sur le mariage projeté en 1789, entre Marie-Jeanne-Perrine Carrey de Bellemare de Toussants et le sieur Corbin de La Baussonnière.

Avis de parents sur le mariage projeté entre Marie-Jeanne-Perrine Carrey de Bellemare de Toussants et le sieur Corbin de La Baussonnière

Cordon ombilical du Massif de Bercé, le Rhonne est un patrimoine commun du Bélinois et des Landes du Bourray « Pays de Bourray» , il figure historiquement et réellement une marche, une sorte de frontière naturelle, il établit une transition, façon discrète d’aborder le contraste étonnant entre les deux terroirs .

Un mémoire contenant le nom des communauté riveraines des landes du Grand et du Petit-Bourray, le nombre des chefs de famille dont chaque communauté se trouve composée, celui des enfants , de la quantité et de la nature des terres cultivées et du nombre et qualité des bestiaux. Fait en exécution de l’arrêt du Conseil du 27 septembre 1769 et de l’ordonnance du 20 juillet 1770,




LE CARREFOUR GEOLOGIQUE DU BOURRAY,

Sans aucun espoir de retour , le Rhonne quitte, ou plus exactement abandonne le Bélinois, ce « Pays de Belin » et son dispositif morphologique avec inversion de son relief dans lequel l’érosion a mis à nu les couches profondes du Secondaire : ce qui lui a valu comme nous l’avons abordé précédemment, le qualificatif de « Boutonnière du Jurassique » . Après avoir coupé à la perpendiculaire la « Faille géologique d’Arnage », non loin de Ponthibault, son cours semble se diriger pour rejoindre la grande rivière, puis s’incurve, il contourne les « Buttes du Vieux Mans », décrivant un grand arc de cercle, avant de s’infléchir vers le Sud-ouest.


PAYS DU BOURRAY.

Ce paysage forgé par la Sarthe et le Rhonne, ……… a été modelé par le vent,
C’est le « Pays du Bourray »

La Sarthe en aval du Mans, qui indépendamment de ses méandres se dirige en larges courbes vers le Sud-ouest, avant d’obliquer franchement vers le Sud en direction d’Angers. En aval d’Arnage la terrasse de 27-30 mètres constitue la rive gauche, le Rhonne s’aligne alors sur cette rivière.

C’est le « Carrefoour géologique du Bourray » ( 0°22’E , 48°2’N ), la petite rivière se fraie un passage dans des sables du cénomanien inférieur, terrasse très irrégulièrement épaisse de 1,2 mètres, recouvrant un socle argileux d’origine marine, ultime vestige de cette mer Cenomanienne qui submergeait notre région au début du Crétacé supérieur à l’ère Secondaire : il y a 96 M.a. , qui amorça son retrait vers 91 M.a. B.C. Le litage n’est plus visible. Un sol sableux fait de nombreux quartz éolisés recouvre le tout.

À la latitude du Petit Vivier - alt.+41, en ligne les lieux-dits : chemin aux Bœufs - alt.+42, la Blinière - alt.+41, Villette - +38,5, le cours de la Sarthe se situe - 35,2/36,I ; au moulin de Spay le niveau moyen est de +34,6, au moulin de Fillé +34,1; tandis que dans l’alignement le Rhonne est à +39 à Champbeslin ( Campo belinus - champ du soleil ). En ce lieu, il retrouve à gauche sa dérivation appelée : ruisseau de Champ Beslin au moulin de la Baussonnière. Ce moulin de La Baussonnière - alt.46, avait une chute de 3,90, une roue à augets développant une force brute de 4,73, actionnant en décembre 1863, deux meules à blé.

Ainsi, se dessine une zone déprimée où les deux rivières de concert forment une fourche grossièrement ouverte au Nord-ouest, dont la base est leur confluence.

Cette basse terrasse bien individualisée morphologiquement sous l’action des eaux, très démantelée entre Rhonne et Sarthe, descend jusqu’au niveau +36. Dans cette espace délimitée par les deux cours d’eau , elle est représentée par des lambeaux alluviaux accrochés au substrat antequaternaire.
Les dépôts fluviatiles et éoliens podzolisés, accumulés sur le substrat, sont disséqués par de nombreux petits ruisseaux, souvent de simples « rus » , irrigation naturelle qui trouve dans ce terrain de landes humides - les Gastines des textes médiévaux, que l’on peut consulter aux Archive départementales de la Sarthe; un facteur facilitant l’écoulement.

Nos aïeux avaient une caractéristique, dans leur simplicité : leur logique attribuait à chaque chose un nom significatif précis, ils distinguaient les landes humides, des landes sèches.

L’examen d’un plan du versant de l’ensemble des pentes inclinés vers le Rhonne, et y versant leurs eaux de ruissellement, daté du 18 mai 1983, met en évidence

- le ruisseau des Bigottières régulé par le trop plein du niveau des fossés, puis un peu plus loin,

- le ruisseau de l’étang de Malidor : long. 1508 mètres - profil mouillé 1,3 m - versant 46 hectares, est alimenté par l’étang du même nom - résurgence faisant office de bassin hydrogéologique de la nappe phréatique, rejoignent le Rhonne sur sa gauche peu à prés le lieu-dit : les Bigottières - un acte du 11 mars 1690, fait état des Boëlles des Bigottières…. ( réapparition des eaux du niveau phréatique dans les fossés, sur le bord de l’allée ) .


Photo Philippe Aizier - Collection Aizair - " Guécélard vu du ciel "

Les " boëlles des Biggottières " sont une particularité bien connue des Historiens, mais également des Géographes et des Géologues. Ces fossés humides reposent sur un important socle argileux, ils se trouvent alimentés à distance par l'eau du Rhonne, qui s'infiltre par la capillarité du fond de son lit.

La commune de Guécélard semble a priori bien drainée grâce à la disposition de son relief, c’est à-dire qu’elle possède relativement peu d’eau stagnantes : étangs.

- les boilles des Bigottières citées dans un arrêt de la Cour du Parlement, « daté du 11 mars 1690, ……qui constate la propriété desdites landes au « seigneur de Vaus, et mêmes limites, le chemin par lequel on vat de « Moncé et de Gandelin aux boilles des Bigottières qui fait l’une des bornes « limites de 500 journaux de landes tous en une pièce du Gué de la « Ronceray jusqu’à Fromenteau et d’autre bout le chemin de Ponthibault à « Pontvallain…. »

on trouve « boêles » dans un acte attribué au XIIIème siècle.

Revue Celtique - 39 , 1922

- boille ou boêle, et les variantes boelle - boel
sont des mots patois du Maine, pour désigner une tranchée ou un fossé destiné à recevoir l’eau drainée dans une terre humide, souvent environnante - dans un sens synonyme de douve
c’est un dérivé du celte-gaulois : dübr signifiant eau, dans le sens de eau stagnate - au singulier dubron ; au pluriel dura
( L’étude du gaulois c’est essentiellement la pratique de l’étymologie, en parlant des mots, on parle aussi des choses désignées par ces mots )

- lieu-dit : les Bigottières
vers 1341, Bigottières - racine : Bigot, semble dériver de « Bi-Got » , terme injurieux, mot d’origine germanique déformé « be gode » signifiant par Dieu - juron ou invocation, l’origine est germanique, c’est incontestable, mais il est difficile de préciser la langue véhiculaire.

Successivement maison ayant hébergé des religieuses, elle devint pour un temps propriété de l’évêché, avant d’appartenir à un manceau, Monsieur Pourriau, négociant.

Au XIVème siècle, un nommé Bigot a résidé en ce lieu, et a été probablement possesseur de terres,

le suffixe -ière a été utilisé pour féminisé le nom et le lieu de résidence, dérivé du nom d’une personne vers la seconde moitié du XIIIème.



- le ruisseau de Pré-Maillet reliant le ruisseau de l’étang de Malidor à celui de Château Gaillard, est un drainage naturel de terres où l’eau n’est jamais très éloignée de la surface du sol ; ce dernier est un affluent droit du ruisseau des Fillières.

- le ruisseau de Château Gaillard : long. 7802 mètres - profil mouillé 1,7 m versant 280 hectares - dont le volume : en eaux ordinaires 0,006 - en grandes eaux 0,800 m3/jour, fait office de collecteur à un réseau d’affluents sans dénomination, identifiés sous la distinction de 1er, 2éme, 3éme, 4éme, 5éme et 6éme affluent.

Ce territoire est un ensemble géomorphologique de très faibles altitudes, comme nous l’avons précédemment abordé, oscillant de +40 à +43, aux élévations douces, évasées depuis la D.156 route de Guécélard à Fillé.

C’est sur celui-ci, que le ruisseau de l’Anerai a adapté son cours à celui du Rhonne depuis le lieu-dit : les Herveries - alt.+43 - commune de Moncé-en-Belin De sa source, au lieu-dit le Sablon - alt.+66, même commune, à sa confluence avec le Rhonne ( affluent droit ) - alt.+39, peu après son passage sous la R.N.23, au Vieux-Bourg de Guécélard, il a parcouru 11 931 mètres. Son profil mouillé est de 1,5 m - son versant 2403 hectares - dont le volume : en eaux ordinaires 0,010 - en grandes eaux 2000 m3/jour.

Le ruisseau de l’Anerai, a une particularité,

- de sa source, au lieu-dit : le Gué d’Anarré - alt.+43, il délimite la commune d’Arnage, de celle de Moncé-en-Belin, coule sur cette dernière, et porte le nom de ruisseau des Beulières . Selon des historiens, il aurait à une époque rejoint la rivière Sarthe, aux abords du lieu-dit : le Noyer.

- en aval du Gué d’Anarré, il prend le nom de ruisseau d’Anerai . Une remarque s’impose, cette dénomination n’apparaît que depuis les années 1900, auparavant dans les textes , comme sur les cartes - carte de Jaillot, 1760 : il est mentionné, ravine d’Anaret. Par définition, si l’on se réfère aux dictionnaires, une ravine est un canal d’irrigation créé par l’homme. « An » dérivé directement du gaulois « Ana » , signifiant : terres spongieuses, dans sens : imprégnées d’humidité. « néret » émane du nom d’un homme d’origine gauloise « Nerius ».

Peu avant sa confluence avec le Rhonne, il draine les terres des lieux-dits : la Grande Mollière, et de la Petite Mollière - nom attesté en 1310 « Molliere - Molière » ; en Français dialectal « Moille - Mouille », désigne une terre productrice de tourbe, « Mol », forme ancienne de l’adjectif « Mou ».

Il ne reçoit sur sa gauche, qu’un ruisselet dénommé : affluent de l’Anerai ; et sur sa droite le ruisseau de Cossassies : long. 3299 mètres - profil mouillé 1,2 m - versant ( Moncé -Arnage ) 2023 hectares - dont le volume : en eaux ordinaires 0,005 - en grandes eaux 0,600 m3/jour, le ruisseau des Matefeux, puis le ruisseau le Vivier : long. 1158 mètres - profil mouillé 1 m - versant 91 hectares et enfin le ruisseau le Beau chêne : long. 1607 mètres - profil mouillé 1,2 m - versant 50 hectares.

La route de Guécélard à Fillé forme une bordure axiale sans talus au-delà de laquelle la zone riveraine de la Sarthe est extrêmement basse, à peine supérieure au niveau de la grande rivière - en réalité ,il s’agit partiellement de son lit majeur.

Autrefois, couvert de bois pouvant figurer par endroits la forêt, ce terroir où le taillis alterne avec des massifs de fourrés enchevêtrés, domaine incontesté des ajoncs épineux, des fougères, des bruyères sans oublier la guinche, mentionnée dans les récits et les légendes sous le nom de pivardaine : ce sont les " Landes du Petit Bourray " délimitées et dissociées des " Landes du Grand Bourray " par le Rhonne et son affluent gauche le ruisseau des Fillières , c’est le « Pays du Bois sent bon ".


LE PETIT BOURRAY,

Le Petit Bourray, autrefois appelé « le Vieil Mans » ( Archives départementales de la Sarthe - A.1; Q 29/1 - Fonds municipal n°38 ), « …. joignait les terres de la Baussonnière, de la Gouttière, des Landes, de la Bigotière, de la Soufflardière, de la Prêtrie, de la Ronceraie », limité par l’actuelle route de Ponthibault à la R.N.23 ( répertoriée de nos jours D.212bis ), « aux terres de Gandelain, de la Bénardière, des bordages de la Louvetière » , sises en bordure du « grand chemin tendant de Ponthibault à Fromenteau ; aux terres des seigneurs d’Epaigne, de la Pignetière et aux prés de la filière du Bourray », le tout d’une superficie de 1200 arpents, dont 480 appartenant au Roi, le supplément aux divers seigneurs riverains, de Vaux, de la Baussonnière, d’Epaigne, etc.

Bourray ou Bouray - de nombreux actes d’Archives départementales de la Sarthe, de l‘Indre-et-Loire, du Maine-et-Loire et même du Loiret, permettent de constater que ce nom a subit de nombreuses variations au cours des siècles écoulés :

Bourre - Boure - Bourrei - Bourrey - Bourrai - Bourrai
vers 1025, dans un acte ( H.577-Prieuré de Fessard ) Benregium - au XIIIème siècle, Bourrei
selon Georges Dottin, dans son Précis - Glossaire de la Langue Gauloise, définit : Bourray émane directement de Burus, son dérivé Burrius, nom d’un homme d’origine gauloise
avec le suffixe « -acus », qui a dû être sous la forme gauloise « -acos »
l’évolution du suffixe : -e , -ei , -ey , dans le Nord-ouest de la France a donné vers le XIVème siècle et au XVéme -ai et -ay

Burrius : désigne en langue gauloise ( table de Veleia ), non un nom de lieu, mais un nom d’une étendue de terrain

Barbey d’Aurevilly a écrit,

« qui ne sait le charme des landes?……
« il n’y a peut-être que les paysages maritimes, la mer et ses grèves qui aient
« un caractère aussi expressif et qui vous émeuvent davantage. Elles sont
« comme les lambeaux laissés sur le sol, d’une poésie primitive sauvage « que la main de l’homme et la herse ont déchirés…..

Tonsure, calotte chauve de la légendaire Forest dou Mans , célèbre dans de nombreux actes et textes médiévaux, que prolongeait vers le Sud-ouest sur la rive gauche de la Sarthe la prestigieuse Forêt de Long Aulnay .

La forêt domaniale de Longaunay, qui, se développait dit-on, sur 16000 à 17000 hectares recouvrant douze paroisses, s’était progressivement muée en landes . Là où la forêt disparaît, souvent la lande apparaît. Un arpentage effectuait en septembre-octobre 1550 a évalué à 3600 hectares . Un plan des landes du Bourray - A.1 et A.2, nous apprend que la plus importante est la Lande du Grand Bourray. Sa superficie était estimé à 2275 arpents.
L’arpent en usage à cette époque pour évaluer la superficie des champs, des bois, etc, était celui de cent perches carrées, la perche de vingt-cinq pieds de côté, équivalait à 65 ares 95 centiares


Les Archives départementales de la Sarthe, nous apprennent que le pin maritime, pinus pinaster, a fait son apparition aux confins des gastines du Petit Bourray vers le XVIème siècle. Dans un acte du Fonds ancien de la Seigneurie de Belin, Payen d’ Averton, seigneur de Belin, possédait en 1564, six journaux de « pinoches » en un lieu nommé « les Petits Marais » en la paroisse de Laigné. Un autre acte précise que Louis-Jacques de Mescrigny, seigneur de Belin, en 1673 ensemença de pins les « buttes du Vieux Mans » . D’autres documents, de la même source, nous informe : en 1675, 2250 « sapins » sont plantés dans les landes environnantes ; en 1682, les sapinières s’étendent sur les bords du ruisseau de Lunerotte. Il est évident que les seigneurs de Belin poursuivent un plan méthodique, et rigoureux d’assainissement des Gastines du Bélinois. Cela explique peut-être , pourquoi dans les actes du début du XVIIIème siècle, il n’est question , que des landes Petit du Bourray.

Une chronique locale du XVIIIème, fait état de la cherté de la bougie, les habitants de ces landes - les landions s’éclairaient avec l’oribus , sorte de chandelle à base de résine que l’on plaçait dans la cheminée à cause de la fumée qu’elle dégageait.

Univers sableux, ce sol léger est un véritable laboratoire, ingrat dans une nature austère : terre sauvage dans le sens définit au XVIIIème siècle, qui faisait dire aux habitants de ce terroir : « lorsque le vent souffle , il emporte notre terre chez le voisin » , typée et contrastée, son histoire se confond avec celle des hommes. Les voisins des alentours de ce pays, définissaient leur opinion par une expression : « ce n’est pas une bonne place…..! » .


Le Rhonne, n’a pas été qu’un simple « ruban de vie ». Nos aïeux avec un remarquable bon sens, se sont adaptés. Ils percevaient intuitivement les imperfections de cette nature ingrate, à laquelle ils s’accrochaient : ils se sont livrés à l’élevage, avec le concours de la petite rivière : elle fut « l’Eau de Vie ».

Ne disaient-ils pas :

« qui met sa terre en pré
« augmente son revenu de moitié

Au début, ce fut un enclos à bétail à dominante prairie que les animaux amendaient de la façon la plus naturelle au monde. La qualité de cette terre peu à peu s’améliora lentement, l’extension en découle, on gagne sur la friche en créant de nouvelles parcelles. Les plus anciennes sont labourées, c’est la « polyculture », dans des documents du XVIIIème siècle on trouve :

à chaque enclos….. à chaque pré…..à chaque champ…..sa vérité

Un très vieux dicton local,

« au bègue le chant
« au boiteux la danse….

Il n’est absolument pas question de grandes exploitations, les noms de : closerie - petite métairie ; bordage - petite ferme sont souvent mentionnés dans différents textes aux Archives départementales de la Sarthe.

En patois local :
û p’titadré - un p’tit endré
on y vit de ses propres ressources

L’environnement a longtemps interdit des récoltes abondantes et pesantes. La terre, est un bien très précieux qu’il faut protéger, sauvegarder.

Un sol protégé par la végétation peut rester indéfiniment productif, cette protection ôtée, il devient vulnérable à l’érosion du vent et au lessivage de la pluie.

Les haies, constituaient une véritable « forêt linéaire » . La présence d’une haie freine et dévie les filets d’air sur une distance qui peut atteindre quinze à vingt fois la hauteur de la dite haie, constituant des micro-climats. Elles jouaient également un rôle non négligeable de régulateur, complétant efficacement les apports et les actions de notre cours d’eau.


Quelques fois, elles se dédoublaient pour abriter un « chemin creux »appelé dans certain cas : « chemin messier », hors inondations.

Le paysage ainsi formé de petites parcelles irrégulières, par un « maillage » de haies : c’est le « bocage », offrant aux regards une marqueterie d‘enclos à bétail, à dominante prairie, quelques parcelles labourées, alternant avec des bois de pins.
« payi d’lizieR , payi d’mizeR - pays de lisière , pays de misère »

« La haie est au paysage,
« ce que les yeux sont au visage
Dominique Laporte-Beucher

Le bocage était très certainement l’aspect le plus remarquable de l’occupation des sols.

C’est un pays de clôtures très inégales et où chaque pièce de terre est enfermée d’une haie très haute et très épaisse - ( Province du Maine - 1762-1766 )

Depuis La Baussonnière , magie du Rhonne, nulle part ailleurs notre petite rivière n’est plus émouvante. Ses eaux en apparence immobiles , flirtent en réalité avec l’environnement dans une « coulée verte » , aux berges basses et plates. La zone contiguë aux rives est souvent une plaine dite « d’inondation » , il s’y dépose alors lorsque les crues submergent les terres avoisinantes, de fins éléments en suspension dans les eaux : le Rhonne participe et accentue la fertilité du sol. Le sol alentour devient alors ce laboratoire où les substances minérales sont stabilisées.


Le processus de déposition est plus intense sur les bords du cours d’eau, créant une « crête » de matières fertilisantes les « levées » formant les berges, qui dessinent un « feston » irrégulier de verdure, une ogive de feuillages qui rutilent aux feux du soleil couchant . La vitalité des plantes est extraordinaire, la manière dont elles se développent et s’adaptent, est un prodige d’ingéniosité. Dans cette végétation variée, il y circule un air léger ; les prés voisins et les arbres proches étant porteurs d’odeurs de mousse et de champignons.

À la « Ronceraie », un vieux pont solitaire, un tantinet mélancolique enjambe notre cours d‘eau, oublié, abandonné, ultime trace d’un passé à jamais révolu. Et pourtant il en sait des choses……il bavarde pour peu, que l’on veuille l’écouter….?


Pont du XVIIème siècle sur la petite rivière le Rhonne, non loin de Buffard, connu sous la fausse dénomination de « Pont Romain », en réalité : Pont Messier

Lieux-dits :

- La Ronceraie
Définition : terrain encombré de ronces - « Ronceraie, Ronceray, Ronçois, en bas-latin : Vème siècle : Rimicis vers 1175, citée dans Les Œuvres poétiques de Christian de Troyes

en 1286, dans différents Cartulaires et par Frédéric Godefroy

en 1547, on trouve dans un acte « Ronciers » ; en 1771, l’orthographe actuelle apparaît

extrait de la « Guerre des Gaules », pour les Gaulois, la ronceraie était une protection (dard ) contre les dangers « naturels et surnaturels », associé à l’aubépine, ils obtenaient « l’aide des esprits de l’Autre Monde »

- le Gué de Buffard
Il est vraisemblable que ce pont « messier », date du XVIIème siècle, peut-être même du XVIème

« Henri IV, octroie des lettres-patentes à François d’Averton, seigneur de Belin, le 14 janvier 1604 »
Réf. : Archives départementales de la Sarthe - Fonds de la Seigneurie de Belin Pièces du procès avec le Seigneur du Plessis-Barthélemy - 1688
« Ce document complète l’aveu de 1406 et permet de reconstituer la seigneurie de Belin »

Analyse sommaire des domaines

« ……..4ème alinéa………
« annexée depuis quelque temps à mon domaine, ma rivierre du Bourray et le droict de garenne deau et pesche deffensible que jay en lad. rivière a prendre poisson a touttes manieres engins et fillets depuis loser au Roy des Hayes jusques au Gue de Buffart et le droict que jay de défendre lad. pesche a touttes personnes et pareil droict de garenne et pessereaux en rivières et cours deau de mes dicts moulins de Chouenne et Foullet en ce qui est mon fief…. ».

C’est à proximité de Buffard, que le ruisseau des Fillières conflue avec le Rhonne, sur la gauche, marquant un nouveau terroir : les Landes du Grand Bourray , citées dans des actes médiévaux : Gastines du Bas-Poslinois

Dans nos recherches nous avons découvert quelques, traditions et coutumes du Pays de Bourray,

  • Superstitions
…….« le jour de la cérémonie religieuse, la mariée ne devait mettre ses souliers qu’à l’entrée de l’église. À son insu, l’un des proches n’oubliait pas de glisser dans sa chaussure droite une pièce en argent ou quelquefois un Louis d’or ».

« Pendant l’office, on était persuadé que le cierge qui se consumait le plus lentement désignait l’époux qui survivrait à l’autre ».

« On ne se mariait pas le mercredi : jour néfaste ; ni tout le mois mai, à cause des séances sabbatiques…..on s’exposait alors avec ses enfants, aux plus grands malheurs. Avant le mariage on observait les augures : le vol et l’attitude des oiseaux…. ».

« Avant d’effectuer un voyage, un déplacement, de réaliser une affaire importante la rencontre avec un chat noir, surtout si on le croisait, portait malheur ; la marche d’une pie dans un chemin, à droite ou à gauche, permettait de connaître l’issue du voyage, ou de l’entreprise engagée ».

« Si un paysan désirait obtenir une bonne récolte, il devait semer son grain les 1er, 3, 5, 7 et 9 du mois ».

« La température des six derniers jours de l’année, indique la température probable des six premiers mois de l’année suivante. Celle du lendemain de Noël indique la température de janvier et ainsi de suite. Elle est à l’origine d’un vieux dicton :
- Entre Nau et l’année,
- C’est les jours des achets….

« Lorsqu’on faisait couver une poule, on prenait toujours la précaution de placer au milieu des œufs, une grosse pointe en fer, pour écarter la foudre des poussins »



LE RHONNE DANS LA GASTINE DU BAS-POSLINOIS,

Notre petite rivière renforcée par cet affluent, va imposer aux fidèles peupliers, des ondulations évasées. Les boucles de l’onde sont propices à l’éclosion, à la formation de « poche de vie », premier maillon embryonnaire de la chaîne alimentaire végétale puis animale. Dans ce ruban liquide qui s’écoule, des mousses brunes ou vertes, des plantes immergées et diverses, appropriées au milieu, où vivent et prolifèrent des communautés d’êtres vivants.


photo E. Fournier



Étroitement associé par la Sarthe dans son mécanisme d’approfondissement, le Rhonne et cette grande rivière laissèrent sur leur rive gauche une terrasse, qui correspond à des phases climatiques périglaciaires.

Reconstituer la genèse de ce terroir, ne peu être que schématique,

- au maximum d’une phase froide glaciaire " dénommée anaglaciaire ", période pendant laquelle les glaciers s’étendent , dans notre région ce phénomène est matérialisé par la transformation des cours d’eau en glace , en l’occurrence le Rhonne et la Sarthe. Le sol sur plusieurs mètres de profondeur ; est gelés - pergisol, accentuant au dégel interglaciaire - cataglaciaire ; Période pendant laquelle les glaciers décroissent.

La fonte brutale et prompt de la glace, par un radoucissement pluvieux et une hausse rapide de la température, libère une masse considérable d’eau captive, provoquant un véritable et gigantesque « effet chasse d’eau » foudroyant, démesuré. Ce flot impétueux, incontrôlé, creuse, déblaie la vallée encombrée par la solifluxion ( du latin : solum - sol ; fluxis - écoulement ) .

Dans sa course vers le Sud , ce flot lessive le socle argileux, puis dévié , il est rejeté vers l’Ouest - Roëze, par le relief en arc formé par les deux mamelons jumeaux de la Chouanne, +77 et +69 dont nous avons précédemment parlé, que prolonge la croupe du Pôlinois ( la Gueule de bois +108, la borne I.G.N. au-dessus de Montertreau +110, le Château des Perrais +103 ), et les buttes jumelles du Bruon +86, et de l’Aubépine +62. Lourdement chargé le ressac alluvionne cette anse, donnant à l’entablement des landes du Grand Bourray un plan doucement incliné, interrompu en rive surélevée par des escarpements . Cette partie des landes est citée dans des actes sous la dénomination de " Petite Champagne du Maine " .

Ces sédiments fluvio-glaciaires proviennent d’inondations importantes, créant à la base des hauteurs du Pôlinois, un glacis alluvial ou d’épandage, dont le seul niveau est déterminé par l’affleurement de l’assise peu perméable. C’est dans une partie de la " Gastine du Bas-Poslinois ", que s’est développée l’actuel bourg de Guécélard, connue sous l’appellation " Landes du Grand Bourray ".

Dans cette dépression, l’hydrographie est indécise, l’eau n’est jamais bien loin. Des filets d’eau suintent des sables imbibés en profondeur par la présence de la couche argileuse presque affleurante. De ce fait les ruisselets se traînent, coulant à plat-bord dans des rigoles, terrain humide voir spongieux, en certains endroits marécageux.

La ligne de fond chargée d’eau et tourbeuse, est drainée dans le sens longitudinal par le ruisseau des Fillières et son bras parallèle.

- le ruisseau des Fillières, nom attesté en 1265 - « Filière - Filière », en vieux-Français : Filere ; en patois local : Filaire sa définition est obscure

Prieuré de Fessard ( H.577, p.249 )
Liasse : 13 pièces - parchemin ; 12 pièces - papier
- 1462 - Acte de la cour du prieuré d’Oizé par lequel Jehan Houdayer et Robine, sa femme, paroissienne dudit Yvré ( Yvré-le-Poslin ) baillant à toujours à Jehan de Ronne, l’Aîné et Laurence, sa femme, paroissienne de Serans, 6 hommées de pré situées sur le ruisseau qui descend de la Chouenne ( Chouanne ) à Guésallard ( Guécélard ) et joignant, d’autre côté, la freu du Bourray, pour une rente annuelle de I6 sous tournois ( Tours ) et de 2 chapons ».

L’analyse du texte nous dévoile :

« le ruisseau qui descend de la Chouanne est , sans aucun doute, le ruisseau des Fillières, et joignant la freu, c’est à-dire : coulant à la limite, le terme - aux confins, semble plus approprié ».

- 1504 - Vente audit Jehan Dugué, prêtre, prieur, par Jehan Boyvin, paroissien d’Yvré-le-Poslin, de 6 randes de pré ou environ, sises ès près de la filière du Bourray, de 4sous tournois de rente annuelle et d’un quartier de vigne pour le prix de 9 livres 10 sous tournois .

Dans cet acte manuscrit, le mot filière apparaît désigner explicitement la bordure, la lisière du Bourray. Ce ruisseau des Fillières divague dans un territoire beaucoup trop large et, reçoit les nombreux ruisseaux du Bélinois méridional, qui convergent , la plupart vers le couloir périglaciaire à fond plat - talweg séparant la Butte de Monnoyer, des Mamelons de la Chouanne.

De sa source alt.+74, non loin du lieu-dit : l’Aubépine - Cne de Saint-Ouen-en-Belin, à sa confluence : il a une longueur de 10 108 mètres - un profil mouillé 2,3 m - son versant est de 7377 hectares - dont le volume : en eaux ordinaires est de 0,010 - en grandes eaux 5000 m3/jour, c’est à-dire que le ruisseau des Fillières représente à lui seul 50% du débit du Rhonne en grandes eaux au Vieux-Bourg de Guécélard. Il sert de limite communale entre Saint-Gervais-en-Belin et Moncé-en-Belin.

Son cours supérieur, recueille sur sa gauche les eaux du ruisseau frère Le Léard, issue comme lui de la même nappe Oxfordienne à l’alt.+73, à proximité du lieu-dit : le Leare - Cne de Saint-Biez-en-Belin : long. 2335 mètres - profil mouillé 0,50 m - versant 435 hectares - dont le volume : en eaux ordinaires 0,002 , en grandes eaux 0,400 m3/jour.



C' EST A GUECELARD....AU PIED DE " MONDAN ", QUE LE " RHONNE ", CELEBRE SON UNION ET SA MORTque le " Rhonne" , AVEC LA SARTHE.


Le Rhonne, au Vieux-Bourg de Guécélard,

Au « Vieux-Gué » dénommé dans certains actes anciens " le Grand Gué ", situé au Vieux Bourg de Guécélard, le courant du Rhonne s’affirme, nul part ailleurs, il ne devient plus émouvant après avoir reçu son tout dernier affluent et non des moindres :

Vue du " Vieux-Bourg de Guécélard " du pont sur le " Vieux gué ", dans les années 1945/1950 - collection personnel



le « défunt » ruisseau le Guécélard, purement et simplement éliminé par les hommes, dans le but de le transformer en parking . Sa longueur était de 875 mètres - son profil mouillé 1 m - sa pente totale 0,683 cm/m - alt.+45 , Cne de Guécélard, sa source est alimentée par des résurgences du bois des Loups . Avec lui a irrémédiablement disparu : une portion du patrimoine historique de Guécélard : l’emplacement de l’église du XVIème siècle , celui du four à ban seigneurial du XVème siècle . Son débit était de 0,020 m3/jour.

Une question vient à l’esprit : où peut bien être passée cette eau…..?

Notre petite rivière arrive au terme des on périple, un dernier gué « le gué de Mondan » - du Vieux chemin du Mans - La Suze - Malicorne , qui pourrait s’appeler le Chemin de Madame de Sévigné. Après un dernier méandre, et un ultime adieu à ses fidèles peupliers, il s’unit à la grande rivière qui goulûment l’absorbe.


Plan du Château de Mondan, dominant la confluence du Rhonne avec son collecteur la Sarthe. Est également signalé la gentilhommière et le domaine du Carreau - collection personnel



C’est au pied de Mondan……..

que le Rhonne disparaît, mêlant ses eaux à celles de la grande rivière Sarthe. Les vestiges ont disparu, l’étymologie subsiste.

Les élucubrations les plus fantaisistes, ont tenté d’expliquer ce nom.

Malheureusement , aucun acte des Cartulaires des abbayes de La Couture, de Saint-Mesmin, du Ronceray ou de Redon, aucun plan terrier des Archives départementales du 72, du 49 ou du 37, aucune carte ancienne de Cassiny, de Jaillot ou d’autres, aucune carte d’ Etat Major ancienne ne parle, ne signale d’une quelconque motte ayant existé à cet endroit.

Nous avons remarqué au cours de nos investigations, les variations orthographiques du nom de « Mondan », quelquefois au sein d’un même texte. En examinant attentivement des actes originaux manuscrits, dont quelques-uns en bas-latin aux Archives départementales de la Sarthe, du Maine-et-Loire, du Loiret, et les Archives Nationales de Paris, nous avons constaté dans les différentes citations de ce nom, l’absence de la lettre « t » s’interposant entre le « n et le d ».


Château de Mondan dans les années avant 1941 - collection personnel



Ce petit détail, revêt une importance particulière ; il élimine d’emblée l’éventualité d’une quelconque hauteur naturelle ou artificielle en ce lieu : Mondan. Il n’y a jamais eu, semble-t-il une « motte féodale » en cet endroit, pour preuve les photographies aériennes ( 1939 - I.G.N. ).

Dans le nom de : Mondan, la racine est sans aucun doute « Mond », qui découle directement de « Mund. », émanant de « Mundo - Munder » qui signifie en vieux-haut-Allemand : « bouche », par analogie « embouchure » dans le cas spécifique d’un cours d’eau. On trouve d’ailleurs dans un acte de l’abbaye bénédictine de Saint Mesmin, du IXème siècle : Moondon, « …..homo ligius de Moondon….. », transcription phonétique, le scribe de l’époque, a écrit précisément, ce qu’il entendait.

L’examen paléographique de ce texte, nous apprend : homme lige de Moodon - prononcé Moundon, désigné en fait un possesseur de fief à Mondan.

Le suffixe « -an », est un suffixe diminutif, pris dans le sens de « petit » ; il a énormément varié du XIème siècle au XVème, en fonction de l’évolution de la langue française : du Roman au vieux-Français et de son sous-produit populaire. Mondan, signifie dans sa traduction intégrale : bouche petite, plus précisément, en Français pur : petite embouchure, ce qui donne par analogie : embouchure de petite rivière.

Le Rhonne n’est-il pas une petite rivière, comparativement à la Sarthe ?




Mondan - alt. +45, désigne comme une étiquette, l’endroit où le Rhonne conflue avec la grande rivière Sarthe, le niveau annuel moyen des eaux varie de 35,6 à 36,2.



UN NOM INSOLITE.......VENU DES BRUMES MYSTERIEUSES DU PASSE...!

  • Certaines particularités grammaticales et surtout les noms de lieux, et tout particulièrement les dénominations des montagnes et des fleuves survivent aux peuples qui les ont fixés. Ils se perpétuent d’âge en âge, incompris mais impérissables, conservant le souvenir des hommes disparus qui, jadis, les ont imaginés, et les ont définis dans leur langue ».
Henri d’Arbois de Jubainville

Le nom du « Rhonne », apparaît semble-t-il pour la 1ère fois dans des textes anciens à la Médiathèque du Mans ,

- 832 - 857, « Fluviolus Rodani » - Gesta - p.7

si « Rodani » est assimilé à « Rhodanus », il est possible d’envisager, mais il faut être prudent dans l’interprétation paléographique : pour le cas précis où Rhodanus désignerait le Rhonne, donc se rapporterait à un cours d’eau ; on est alors fortement tenté par l’analogie de la phonétique du nom , à franchir allègrement le pas, et à identifier le « Rhonne » à la même étymologie.

Selon Albert Grenier, une tradition antique rapportée par Pline signale des Rhodiens dans l’embouchure du Rhône. Ce sont les Rhodiens qui auraient donné au fleuve son nom de « Rhodanos ».

Albert Grenier écrit : Est-ce là un mythe étymologique ?

Rattacher le nom du Rhône à celui des Rhodiens - habitants l’île de Rhodes située dans la mer Égée « célèbre dans la mythologie de la Grèce Antique », est certainement faux, car on rencontre des cours d’eau du même nom en des régions où n’ont jamais pu paraître des Rhodiens.

Des historiens ont exercé leur fantaisie, selon François de Izarra, sur le Rhône , le nom de celui-ci résulterait des Rhodiens marseillais qui y pratiquaient leur négoce.
Toutefois, il faut admettre : « rhô » - ro, est une lettre de l’alphabet grec correspondant à « r »

Hérodote, au Vème siècle avant Jésus-Christ, a rapproché le latin « Rhodanus », du nom de plusieurs cours d’eau de la Gaule, d’origine Ligure - Indo-européenne.

« Rodanus » , le texte du manuscrit du Glossaire de Vienne est plus « étendu, roth violentum, dan et in Gallico et in Hebraeo iudicem ; ideo Hrodanus index violentus » Ro, variantes de Hro - Rho

« Rhodanus », est mentionné d’abord dans le « Périple d’Aviénus en 626 - av. notre ère », peut-être aussi par Eschylle, d’après Camille Jullian. Le même auteur écrit, une erreur partagée par certains auteurs anciens, aurait pour origine la parenté des noms du Rhône - Rhodanus - et du Pô - Eridanus.
Gallia christiana - Parisis : vers 1286, « apus Castrum Novum ad Rhodanum »

L’éminent linguiste Henri d’Arbois de Jubainville, considère dans « Les Premiers Habitants de L’Europe - t. II » - Rhodanus comme une formation anté-celtique, toutefois indo-européenne,

racine : « Rot ou Rod », signifie : eau qui marche vite - hydronyme préceltique + suffixe Gaulois : non accentué : « -ano » définit l’adjectif : rapide.

Le nom de RHONNE est un nom d’origine pré-celtique, très certainement indo-européen, « Rhonne » avant d’être un nom propre, a été un nom commun devant signifier :

« EAU RAPIDE donc RIVIÈRE RAPIDE »
« EAU QUI COURT donc RIVIÈRE QUI COURT »

En ces temps lointains, les flots du Rhonne étaient, comme nous l’avons écrit précédemment, indubitablement plus importants, ayant nettement et progressivement diminué pendant le Moyen Age, pour se stabiliser vers le XIème siècle tel que nous le connaissons à peu prés de nos jours.


il devient indispensable, de se replacer dans le contexte de ces temps dits " lointains....? ",

Incapable de concevoir autre chose que l’unité : la seule que l’homme indo-européen ( populations humaines ayant précédées l'arrivée des Celtes dans ce qui devait s'appeler la Gaule / France ), connaisse est la famille - sa famille. Les familles vivaient isolées ou en petits groupes, constituant un clan qui formait un village. Formation d’une structure sociale, d’une hiérarchie derrière des fossés et des palissades : réflexe défensif du clan, souci de la protection des biens et des personnes, mais aussi volonté de borner, de conforter son identité dans l’espace.

La parenté onomastique entre des peuples, des clans et des cours d’eau indiquerait, outre des mouvements migratoires en ces époques reculées lorsqu’ils sont géographiquement séparés, et à plus forte raison éloignés ; mais également d’anciennes appropriations territoriales. Plus d’un clan organisa son espace en fonction d’une voie d’eau, d' une source. Le clan, la famille prend le nom de la source, de la rivière et inversement.

Si l’on prend en considération ce fait, il devient possible d’émettre l’hypothèse d’un clan, d’une famille ayant séjourné à la source du Rhône ( ayant pris sa dénomination ). Cette source du Rhône est désignée par Avienus en 644/650 : « la colonne du Soleil », nous supposons qu'il s'agit sans doute l'un des sommets que l’on aperçoit au nord qui se dorent au soleil couchant, dans le Haut Valais - Suisse ( ce qui expliquerait les pierres dressées de la Lande de Rhonne, devenant un symbole ). Puis une partie de ce clan détaché ayant immigré, soit venu s’installer à proximité d’une source, communiquant à l’environnement : son nom,

- « la Lande de Rhonne », donnant au lieu-dit une dénomination « la Fontaine de Rhonne » et une appellation au « cours d’eau : Rône - Rosne - Rhonne.

Au XVème siècle, on parle exactement comme le faisait Strabon, et le « Rhône » - « Rhonne », s’orthographiait « Rosne »

« …..pour monstrer que ladite ville de Lion est ville propice et convenable à tenir foyres que autre ville que soit oudit royaume ( ils remarquent « qu’elle est assise sur et entre deux ) grans rivières navigables, c’est assavoir le Rosne et la Saonne….item par ladite rivière de Rosne vient du lac de Genève et icelluy en ladite rivière du Rosne….les Allemans….. ».

vers 1407, la « rivière de Rosne », dans ce cas il s’agit du Rhonne.

Nos références,
* édition Franz - livre III, chapitre V-VI, tome I, pages 551 à 553.
* Orbis description - tome II, page 13.
* Strabon - livre IV, page 180, traduction française tome II, page 11.
* Staphan. Bysantin - édition Berk - pages 652 à 654.
* Pindar - Olympus - livre XIX, cap. 45.
* Diodore - livre 20 ; Plutarque - page 307.
* Dom Marin place dans son Dictionnaire topographique des Gaules - tome II, page 201, Rhode à cet endroit.
* Avienus dans Ora maritima - pages 637 à 643.
* Idées bien établies des anciens Argonautes, qui plaient loin à l’ouest et au nord des Alpes, les Cimmériens, peuple condamné à la nuit éternelle.


dans la mythologie Indo-européenne, Celte / Gauloise t et même plus tard,

Le point de résurgence de nappes souterraines est souvent le point de naissance d’un cours d’eau étant par principe l’endroit le plus élevé. Il était pour les Indo-européens, et plus tard pour les Gaulois un lieu de résidence privilégié. La source, la fontaine a très longtemps, on peut dire jusqu'au Moyen Âge jouit d’un prestige particulier, d’une aura, ce lieu est « miraculeux », il est « sacré », il y plane « l’esprit divin ». Pour les Gaulois y résidait , la déesse Urnia - spécifique aux sources.

L’homme du Néolithique, du Mésolithique lorsqu’il se désaltérait à l'eau d'une source....d'une fontaine entendait des bruits diffus semblables à des murmures de voix mélodieuses, dans son fruste, son imagination enfantine, les rides de la surface de l’onde, ressemblaient aux sourires d’une femme, d'une déesse « Glanis » - la délicieuse, la limpide, la pure divinité aquatique. L’eau rafraîchit, soulage la fièvre : le prestige des sources-fontaines est particulier et considérable, dans l’imagerie populaire.

L’eau est avant tout humidité créatrice, donc fécondité, et par prolongement maternité : l’eau-mère , c’est notre « mère-éve » :

La première femme de l’humanité ne s’appelait-elle pas « Eve », ce qui veut-dire « Eau », les dérivés ( aive - aigue - eave ) ont donné « Eva ».
( Si Adam sort de la côte d’Eve, c’est à-dire de son flanc, le premier être humain ne pouvait-être qu’une femme )
Le nom d’ Eva - Eve est là pour nous rappeler le caractère aquatique de la « Mère ». Les sociétés les plus archaïques donnent une considération importante et spéciale à la Mère, donc à la femme.

La source rappelle la base fondamentale de l’existence elle-même.

Le culte de l’eau offre une manifestation extraordinaire, étrange et ininterrompue : aucune religion n’a pu le supprimer, l’éliminer et il fut même toléré, avant d’être assimilé par le christianisme. C’est le signe manifeste de la naissance et de la vie, de la fertilité et de la création. Son origine remonte à la préhistoire, sans doute à ce peuple mystérieux qui érigea ces monuments énigmatiques : les mégalithes ; puis adopté par nos Ancêtres les Gaulois, il se perpétua loin dans le Moyen Age. Il est le réceptacle de toutes les créations, de toutes les existences, il revêt à ce titre un caractère spécifique dans la conscience mystique et le mythique.


  • Des vestiges nous sont parvenus :
- toutes les « fontaines » miraculeuses, dédiées à un Saint. Nous pouvons citer : La Fontaine-Sint-Martin.

  • Les dictons de notre région :
« l’eau qui tombe en février
« vaut du jus de fumier

« quand il pleut sur la chandelle
« il pleut sur la javelle

- Il s’agit dans ce cas précis de la chandelle de la fête de la Chandeleur, qui tombe le 2 février. Quand il pleut ce jour-là, la moisson est contrariée par la pluie.

« l’eau qui vient de bise
« tombe à sa guise

- La pluie qui tombe sous le vent du nord-ouest est ordinairement de longue durée. En 1856, dans les premiers jours de juin, la pluie tomba dans certaines régions pendant soixante-seize heures, et fut responsable de graves inondations.

  • Des superstitions :
« pour faire cesser la pluie, on versait encore à la fin du XIXème siècle, une bouteille d’huile dans le ruisseau du Rhonne . L’huile ne finissait pas seulement à la mer, mais directement à l’enfer ; elle calmait pour un instant , les brûlures de Satan, qui pouvait se dispenser de l’eau du ciel. De ce fait, le beau temps revenait.

« il faut respecter l’eau courante de la rivière Sarthe et du ruisseau Rhonne, et ne la souiller d’aucune façon, par un acte impur. On dit que cracher dans le courant fait de l’eau bénite pour le diable.

  • Une croyance :
« au début du XXème siècle , une croyance tenace dans nos campagnes :
« au lavoir, lorsque les lavandières sortaient les draps ruisselant de l’onde pour les essorer, elles ne laissaient jamais se former de hernies, de poches, de mochons, lorsqu’elles les tordaient. En effet, celle qui se trouvait la plus proche d’un mochon, épouserait un bossu dan l’année, ou aurait des enfants boiteux.



LES LEGENDES, ONT INCONTESTABLEMENT UNE PARTICULARITE.....

transmises par la mémoire, de bouche à oreilles elles ont une curieuse destinée : on les cerne sans cesse et on ne les découvre jamais dans leur contexte primitif, elles restent en suspens dans le domaine des probabilités.......de l'imaginaire.

Or la mémoire, tout le monde en est persuadé, est très utile, mais, car il y a un mais : elle est particulièrement infidèle, et parfois enjolivée.

Dans sa remarquable " Préhistoire du Haut Maine ", Roger Verdier a écrit,

« …..peut-on appeler mégalithes des pierres éparses, mais vraisemblablement rapprochées de main d’homme sur ce point de séparation des eaux du Loir et de la Sarthe. Connues localement sous le nom de « Pierres Tournantes ». Ces pierres sont entourées de « légendes « qui semblent confirmer leur vocation préhistorique ».

Craquelées, maculées, déformées par des millénaires d’intempéries, fantomatiques, irréelles ces pierres émergent au détour du sentier des vapeurs de la brume matinale .

Figées, sont-elles un témoignage..... un symbole ?

Ne mémorisent-t-elles pas le souvenir lointain du point de séparation du Rhin et du Rhône, lieu d’origine de ces Aïeux de nos Ancêtres ?

Un fait transmis de bouche à oreille.....aménagé par l’imagination il traverse l’espace temps, sacralisé, il devient une merveilleuse histoire ......

Qu’elle est la part du vrai du faux ?

Peu importe, devenue légende , elle transpose petits et grands dans un monde irréel.....

« Non loin de la ferme : du Bois de la Lande, trois pierres levées sont fichées dans la végétation. On les appelle localement les : Pierres qui poussent ; et si vous interrogez des anciens du Pays d’Outillé, ils vous affirmeront avec maintes détails, maintes témoignages - il est fortement conseillé de ne pas sourire, que ces pierres poussent chaque année de quelques…..millimètres par siècle....et peut-même par an...?».

autre singularité,

« Quand minuit sonne, la plus grosse des pierres levées tourne sur elle même, et quand le coq du : Bois des Landes, chante à l’heure de midi, elle se soulève deux fois ».

un ancien du Pays d’Outillé, bien informé par son grand père, tenant lui-même l’authenticité de ce récit de la bouche de son grand père, nous a conté,

« dans le temps….il n’y a pas si longtemps….mon grand père….dans la lande de Rhonne, il y avait cinq pierres levées, un coq chanta à minuit tapant, deux des pierres s’ébranlèrent et descendirent se baigner dans la Fontaine de Rhonne, et cela malgré une interdiction formelle….elles remontèrent, et furent condamnées à rester allongées dans la mousse, la bruyère, la broussaille…..pendant mille ans..... Elles y sont toujours ».

une autre version, nous a été révélée,

« il était une fois…. un soir de la Saint Jean…. cinq jeunes et jolies jeunes filles....très certainement des fées, dansaient la farandole autour d’un feu, sur la lande de Rhonne. Malgré l’interdiction formelle…. deux entre elles allèrent se baigner dans l’une des sources-fontaines, qui son paraît-il magiques, puis elles remontèrent, et furent changés en pierres couchées, les trois autres furent transformées en pierres levées . Elles y sont toujours toutes les cinq, un chevalier blanc doit venir les délivrer......Pour preuve que c'est la vérité ....vraie.....sur la lande de Rhonne, la nuit de la Saint Jean, lorsque qu’un orage se déchaîne, on entend le galop du cheva de ce chevalier. À ce jour il ne les toujours pas trouvées….. ».

Ces pierres dont vraisemblablement, la destination première est religieuse, étaient regardées comme plus pures, parce que à l’état brut, non souillées par le ciseau . Le culte des pierres a laissé des traces sous forme de légendes,

« Ne craignons pas d’être obligé de trop nous baisser pour relever les contes de fées, car la place qu’ils occupent n’est pas sans dignité ; considérons-les au contraire comme unemythologie nationale ».
Jean Reynaud


  • Une des nombreuses légendes du " Pays d'Outillé " :
« bien après la naissance du Christ, au temps jadis……l’époque exacte ? Nul ne s’en souvient….. lorsqu’on entrait dans la lande de Rhonne ( Rosne ), cette mer de fougères , de bruyères, et de broussailles, on risquait fort de s’égarait. Alors malheur à l’égaré, c’était sur ce sol, qu’on était le plus exposé à fouler l’herbe de l’oubli ou d’égarement qui fait méconnaître les sentiers……son pouvoir maléfique s’exerçait en plein jour, mais surtout la nuit aux heures impaires entre le crépuscule et l’aurore.
« C’est ainsi, que le voyageur étranger au pays, qui traversait ces lieux après le coucher du soleil se trouvait guidé à son insu vers une ouverture béante et profonde où des servantes aimables, d’une extraordinaire beauté, comme Satan seul en pouvait avoir. Elles servaient des liqueurs variées, dont la saveur était de plus en plus agréable à mesure qu’il descendait un interminable escalier.
« Arrivé à la dernière marche, le voyageur sans être ivre, était entièrement libre de remonter. Dans le cas contraire, il était poussé à l’intérieur, et devait boire un affreux et répugnant mélange de sang de couleuvre et de sang de crapaud. À ce moment précis il devenait pour l’éternité la propriété du diable.
« Il paraît…, mais seuls, les initiés du pays…., et ils sont particulièrement réservés…..l’entrée de cette cavité aurait été obstruée par une impressionnante porte de fer vers l’an mil….! L’inconscient qui chercherait, et trouverait l’endroit, puis ouvrirait cette porte, provoquerait un déluge tel que tout le pays d'Ouillé et du Bourray disparaîtraient à jamais sous les flots…… ».

une autre légende, très répandu dans notre région,

« dans la lande de Rhonne, il existerait quelque part…….mais évidemment…..nul de sait où….?
« un endroit secret, dissimulé dans les marécages sous la pivardaine…..? Une large cavité, qui s’enfonce dans les entrailles de la terre, où affluent les eaux de la petite rivière le Rhonne. Et pour contenir toute l’eau accumulée depuis des temps et des temps….d’énormes portes en fer furent placées à l’entrée. Les gens bien informés de la contrée, tenant le secret transmis de père en fils, prétendent ( très sérieusement ), qu’elles auraient été scellées lors de l’invasion anglaise de la Guerre de cent ans. Ils sont convaincus que si quelqu’un pouvait trouver cet endroit mystérieux, et ouvrir ces portes, un flot gigantesque submergerait tout le pays.

nous sommes à la limite de : mi-croyance, mi-légende,

« une certitude existe pour certains….. et il fortement conseillé de ne pas la contester…. si vous vous risquez dans les solitudes où le Rhonne prend naissance, gardez-vous bien de ses attirantes sources-fontaines…! Elles sont enchantées…! L’inconscient qui jetterait un caillou dans leur coupe festonnée de cresson où dort yeux ouverts l’innocente reinette verte ; ou l’audacieux qui s’aviserait de déplacer l’une des trois pierres qui gisent au fond de leur eau claire, les ferait sûrement déborder. Le Pays d’Outillé et tout le Bélinois disparaîtraient sous un nouveau déluge.



Que faut-il en penser ?

Une légende appartient obligatoirement et réellement au folklore local, ou à la tradition populaire oral d’un terroir. Elle est respectable, sans aucune obligation d'une quelconque croyance. Elle est en principe constamment modifiée puisqu’elle doit s’adapter aux modes des différentes époques qu’elle traverse, elle devient alors un héritage. C’est un héritage qui nous est transmis, de nos lointaines racines.

La grande force de nos Ancêtres les Gaulois a été et reste toujours le Mythe. Mais quel est ce mythe ?

Ces trois légendes illustrent la synthèse harmonieuse entre l’imaginaire de la légende locale et l’élément originel du mythe celtique/gaulois.

Ce mythe gaulois émanant directement du « rite des Eaux », est l’un des héritages des Indo-européens. Il semble qu’un lien, une certaine corrélation soit établit avec la « Mythologie Celtique » : le pays ou la ville complètement submergée. L’eau, est avant tout la « Fécondité », « l’Humidité » créatrice, l’Eau-Mère : c’est notre Mère Eve, et le déluge loin d’être une catastrophe expiatoire, est au contraire un retour vers la « Mère » primitive « Eve ».

Le mythe celtique de l’origine : « la Ville engloutie »

Au Pays de Galles, pays Celte s'il en est, la légende de Gwyddno Garanhir émane également de la plus pure tradition celtique, et se rapproche le plus du thème initial,

« …., lève-toi, sors d’ici et regarde
« la ligne de bataille des flots
« La mer a recouvert la terre de Gwyddno
« maudite soit la jeune fille
« qui a libéré après avoir gémi,
« gardienne de la fontaine, la mer dévastatrice…

le récit est clair, l’histoire est précise : l’inondation, le déluge est provoqué par une fontaine « magique », « sacrée » qui déborde, suite à une inconséquence humaine, et les environs disparaissent sous les eaux .C’est sans aucun doute, l’explication logique : quand les Dieux antiques celtes voulant purifier la terre par les eaux, l’inondent par un déluge.




Je tiens tout spécialement à remercier, toutes les personnes qui m’ont épaulé, qui m’ont soutenu lors de la réalisation de cette étude, et plus particulièrement,

Madame Peltier et Monsieur D. Gorgen de la D.D.A., pour la documentation et les conseils techniques qu’ils mont apporté de 1991 à 1995, Monsieur Christian Mauperin en 2007, poux les précieuses informations,

Madame Coindre du C.U..E.P. et Monsieur l’abbé Moulin, pour les commentaires et les suggestions dans mes diverses orientations,

Madame Michèle Moulin, du service PEB, de la Bibliothèque du Musée de l’Homme à Paris,

Monsieur Denis Herbreteau, maire de Guécélard, du 23 juin 1995 au 16 mars 2001, pour l’intérêt spécifique qu’il a manifesté pour mes recherches, et le réel soutient qu’il m’a apporté tout au long de ces sept années.

Monsieur Emmanuel Lecomte du C.U.E.P.

« Celui qui donne va vite oublier,
« celui qui reçoit n’oubliera jamais »

André Gobenceaux
C.U.E.P 1999

Ce texte est extrait d'un ouvrage de 168 pages A.4
" De l'Orée de Bercé à Guécélard ......au fil de l'eau..."
dépôt légal 4ème trimestre 1999

mise à jour le 26 mars 2012