mercredi 23 janvier 2013

HISTOIRE DE LA SARTHE - LE CARREFOUR DU BOURRAY



Carrefour géologique du Bourray, 


Le " Carrefour géologique du Bourray, est placé par 0° 22’ E , 48° 02’ N,  l'épicentre en est le bourg de Guécélard, a l’aspect d’un arc largement ouvert au Nord-nord-ouest, délimité par ,

- la Butte conique de la Nue, près d’Arnage - alt. + 56 -  0°11’E , 47°51’N,


- le Site de Moncé-en-Belin - alt. +58 - 0° 12’ E , 47° 54’ N,

- les Buttes du Vieux-Mans - alt. + 74 et + 82 ( I.G.N.-1719 E-1985 ) - 0°11’ E, 47°53’N, 

- la Butte de Monnoyer  - alt. + 70 - 0°20’E , 47°52’30’’N,  -

- les deux Mamelons jumeaux de la Chouanne - alt. + 69 et + 77 - 0° 10’ 30’’ E, 47° 51’ N . La rivière Sarthe inscrit son cours entre trois terrasses dont les altitudes relatives au lit majeur sont : 6 m - 15 m - 24 m. En aval du Mans, ces terrasses forment pratiquement les seules lignes de relief du paysage modelé dans les sables cénomaniens inférieurs. Dans ces terrains de la campagne au Sud-ouest du Mans, la rivière coule dans une large vallée alluvionnaire, la pente y est excessivement faible : 

- entre le Moulin  L’évêque au Mans et l’écluse du Moulin de Spay - 0,09 mm,

- entre l’écluse du Moulin de Spay et l’écluse du Pendu - Moulin de Morannes  0,02 mm

elle y décrit de multiples et larges méandres, cherchant désespérément une pente, ce qui allongent considérablement sa voie d’accès à la Loire, 

- le Moulin L’évêque est à 140 km,
- l’écluse du Moulin de Spay à 123 km,
- le Moulin de Fillé à 119,2 km,
- le Moulin de La Beunêche à 115,1 km,
qui portent toutes des grès roussards éolisés. 



Vue satellitaire de l'agglomération guécélardaise, surlignés en bleu clair, les méandres de la rivière Sarthe, la confluence du Rhonne et de ses affluents , en plus fin  - Document de l'Institut  géographique National



- l'arc est formé par la cuesta du Pôlinois et les Buttes juxtaposées du Roncerais et du Bruon. Il est coupé par la gouttière où s'écoule la rivière Sarthe du Dôme anticlinal jurassique de Saint-Benoit.

« la zone centrale de l’affleurement présente une brèche tectonique et la faille bordière du dôme, orientée N.110 , est décelable dans l’angle oriental par une brèche de faille à fragments anguleux de calcaire et silex  : une source salée existe à cet endroit ».

- cet arc est fermé par la rivière Sarthe, sur une longueur  6,750 km, qui se développe en larges méandres, dans la platitude des sables du Cénomanien moyen en aval du Mans. 

Il a été mentionné dans des rapports géologiques que l’Huisne aurait pu creuser l’importante plaine des Hunaudières en coulant au sud des élévations de la Cité des Pins. Topographiquement, toujours selon le Professeur Guy Mary ( p.90 du rapport ), cela paraît possible puisque la trouée de Roncheray - 0° 20’ E , 48° N  établit la communication entre la vallée du Roule-Crotte et celle de l’Huisne . Or il n’y a pas de terrasses alluviales dans cette région.



Plan géologique de notre terroir - Document de Ch. Pomerol


- l’écluse du Pendu - Moulin de Morannes à 44,8 km , de la confluence formant la Maine.


Notre sol, de cataclysmes  en………  …cataclysmes .


Le passé de notre sol, que nous avons longuement abordé ; est sous nos pas. C'est dans l'histoire géologique qu'on trouve la première explication de la physionomie du territoire appelé " le Pays du Bourray", débordant sur les communes d'Arnage, de Moncé-en-Belin, couvrant celles de Guécélard, et pour moitié celle Parigné-le-Polin. Sans remonter jusqu'à l'ère Secondaire, on peut considérer que pendant cette période les forces internes de notre planète semblaient au repos. Par contre, les forces externes poursuivaient leur oeuvre d'érosion et de sédimentation.



La fantastique épopée de notre sol !


Plus on s’efforce de remonter dans le temps, plus l’effet de notre myopie géologique se manifeste. Les indices deviennent de plus en plus fragmentaires et difficiles à interpréter.

Cette étude n’est pas un «  cours de géologie », mais, l’aboutissement de nos recherches, et de nos observations, dans le site géologique périglaciaire du Carrefour du Bourray - site nature exceptionnel, ignoré. Vestige modelé par la Sarthe, façonné par le vent pendant 1,8 M.a.  On apprend que pas moins de 62 oscillations climatiques se sont succédées pendant ce laps de temps.



 A la fin du Tertiaire, à la période des premiers refroidissements, les terres émergées de la France - Document privé.


C’est une époque marquée par un grand nombre de glaciations, plus connues sous la dénomination de : ère glaciaire. À plusieurs reprises, les glaces recouvrent une grande partie des terres de l’hémisphère Nord. Cette époque voit l’instauration des climats actuels et la division géographique de la faune et de la flore que nous connaissons, mais le saillant de cette période demeure l’apparition de l’homme et le début de la civilisation. Les premiers primates de la fin de l’ère Tertiaire annoncent la venue de l’homme moderne.

Intéressés, intrigués par ces cartes aux multiples contours, bariolée de couleurs vives, attirés par les nombreux symboles qui le recouvrent, nous avons ressenti une réelle curiosité, se transformant  en un intérêt particulier pour certains d’entre-eux , relatif aux conséquences encore visibles des grandes variations climatiques de l’ère Quaternaire. Nous sommes allés sur le terrain pour mieux comprendre ces phénomènes.

Pour se conformer à la chronologie des différentes phases qui ont contribué à la formation de notre sol, nous avons entrepris l’œuvre barbare de condenser en quelques pages, l’extraordinaire travail réalisé dans les différentes études sur le
«  Périglaciaire des environs du Mans », réalisées par,

- le professeur Yves Milon en 1936,
- le professeur Guy Mary en 1964, de l’Institut National de Géologie,

et du rapport scientifique paru dans,

 - Biuletyn Peryglacjal Okolic - nr.13 - Lodz - 1964

- la conférence du samedi 2 février 1946, Géographie Française de L. Dangeard,

sur le «  Modèle éolien quaternaire conservé dans la région Mancelle », les études géologiques réalisées en 1987 sous la direction de Ch. Pomerol - professeur à l’Université de Paris par :

- F. Doré , C. Larsonneur ,C. Parcyn - professeurs à l’Université de Caen
- M. Rioult - chargé de recherche au C.N.R.S.
- P. Guigné - professeur à l’Université de Rouen

utilisant parfois des phrases découpées, pour ne pas être infidèle à la réalité.

Selon J.C Fischer, au Miocène de 23 M.a. à 5,3 M.a. avant notre ère, première époque du Néogène           ( s’étendant de 23 M.a. à 1,8 M.a. , c’est à-dire deuxième et dernière période de l’ère  Tertiaire ) .

- la Manche n’existe pas, l’Angleterre est rattachée au continent par une vaste plaine,

- la Loire dite Orléanaise coule vers le nord à travers le bassin Parisien, rejoignant la Seine pour  constituer le fleuve Manche, dont l’estuaire avec l’Océan Atlantique semble se situer entre ce qui de nos jours est la Bretagne Française et la Cornouaille Anglaise,


Surligné en bleu clair " le fleuve Manche ", l'Angleterre est rattachée au continent - Document B. Langlais.


- l’Océan Atlantique s’avance à l’intérieur de terres jusqu’à Blois, en une sorte de grand fjord - le golfe de Loire : Blois, Tours, Le Lude, Saumur, La Flèche, Durtal, Angers, Nantes, Rennes sont sous les flots ( depuis l’Oligocène - 34 M.a.  ) Le sud-Sarthe est une zone côtière, le ressac marin érode et creuse l’actuelle rive droite du Loir,



La côte de l'Océan Atlantique en l'absence de la Mer Manche au Miocène de 23 M;a. à 2,3 M.a. - Document privé.


En continuité avec le Miocène, nous abordons l’époque suivante : le Pliocène, toujours selon le même auteur période de 5 M.a. à 1,8 M.a. , dernière époque du Néogène .

- transgression marine : la mer du Nord atteint l’embouchure de la Tamise d’une part, tandis que la Manche se forme et parvient à Fécamp d’autre part, elles sont séparées par l’Isthme d’Artois qui rattache toujours l’Angleterre au continent.

Le mouvement des plaques continentales accélère l’élargissement de l’Océan Atlantique - l’Amérique du Nord s’éloignant de plusieurs centimètres par an ; a pour conséquences,

- au nord d’Angers, émerge l’île Armorique ( comprenant le Finistère , les Côtes-d’Armor, une partie du Morbihan ), survivance de la Domnolée de l’Ordovicien ( de 500 à 435 M.a. ), d’où la création d’un bras de mer avec le continent : Rennes, Nantes, Angers sont toujours sous les eaux marines, formation de la mer Redonienne, dont le littoral est fixé à l’est. 

La période Quaternaire, est marquée dans notre région comme ailleurs, par le façonnement progressif, étalé sur environ 2 M.a. , du  relief actuel, dont les ultimes vestiges qui subsistent  sont les : Buttes témoins. L’enfoncement de la Sarthe, et de son affluent le Rhonne dans le substrat est provoqué par le soulèvement de l’ensemble du Bassin Parisien (  épirogenèse positive ) à la vitesse de 0,5 m/m par an, selon le professeur Charles Pomerol ; qui se poursuit.



Schéma de la Côte Atlantique au Pliocène de 5,3 M.a. à 1,7 M.a. - Document privé.

Au Pliocène le climat qui demeurait assez uniformément chaud durant la première moitié ( étage Redonien - 1er étage du Pliocène, soit 5,3 M.a.  ) devient ensuite plus variable, subissant les premières atteintes des influences septentrionales, signes avant-coureurs des rigueurs glaciaires du Pleistocène, qui succède au Pliocène ( de 5,33 à 2,58 M.a. +/- 0,5 M.a.).

A cette époque, les eaux de la Sarthe, de l’Huisne réunies captent celles du Rhonne au passage,  sans contrainte. Elles coulent à la surface du terrain, à une altitude variant de +82 à +65, plus élevée que de nos jours  ( +37 à +33 ) en un courant libre et divaguant, relativement puissant lessivant l’assise argileuse vestige du Cénomanien, charriant bois, détritus divers, ossements, etc, puis les abandonnant en d'importants dépôts dans son delta directement avec l'Atlantique. Cet immense delta, commun avec la Mayenne, est encombré par une masse de sédiments accumulés, que les deux cours d'eau qui confluent avec l’Océan, entre Durtal et Châteauneuf-sur-Sarthe.


Os le l'articulation d'un antérieur droit d'un Deinotherium - long. 17,3 cm. - Collection privée.



Os et vertèbres de Bisons - Collection privée



Ossements d'un bovidé ne pouvant être dégagés, dans un dépôt deltaïque de la Sarthe - peut-être un Auroch ? peut-être un Bison ? Document photo B. Langlais.



Mandibules inférieures droite d'un Auroch - Document privé.



Rhizomes de plantes subaquatiques fossilisée - Collection privée.


Fruit de Ficus fossilisé - Collection privée.


Le Pliocène deuxième et dernier étage de l’ère Tertiaire, se subdivisant  en deux sous-étages : le Redonien et la Plaisancien / Villafranchien *, est en continuité avec le Miocène, s’achevant par un Plio-pléistocène aux limites plus ou moins floues, il ne représente que 3,5 M.a. .Le domaine marin, est en  transgression de part et d’autre de la Picardie ( la mer atteint l’embouchure de la Tamise d’une part, Fécamp d’autre part ). La mer s’arrête un peu à l’est d’Angers qui est sous les eaux, de même que Dural, Laval, Rennes, Nantes,…..

* le deuxième  étage  appelé  en géologie Plaisancien/Astien,  correspond   en Préhistoire  au Villafranchien inférieur 

Un fait géologiquement constaté : le refroidissement qui est apparu et perpétué en s’intensifiant vers la fin de l’ère Tertiaire, au Pliocène. Si les limites du Pliocène sont assez mal définies, ont y enregistre néanmoins la continuité et l’intensité du froid qui s’est manifesté à l’Oligocène ( vers 33,9 M.a. ). Ces périodes de refroidissement, deviennent de plus en plus fréquentes et augmentent d’amplitude, marquent le passage vers l’ère Quaternaire.

La limite du Quaternaire et de l’ère Tertiaire a été fixée à 1,8 M.a., et continue par commodité a être utilisée.


L’ère Glaciaire.


Selon Ariane Pasco, Laurent Emmanuel et Marc de Rafélis, notre planète la Terre est soumise à un régime de climats contrastés qui correspond à une période interglaciaire. A plus long terme, les paramètres orbitaux de notre planète sont susceptibles de fluctuations périodiques à différents ordres de fréquences, qui sont corrélables aux variations climatiques au cours des temps géologiques. La succession des cycles glaciaires-interglaciaires du Quaternaire mise en évidence grâce à la théorie astronomique des paléoclimats pourrait être généralisée aux époques antérieurs.

Les premières grandes glaciations Donau I, II et III ( du nom du Danube ), surviennent   respectivement  3 millions d’années, 2,5 et 2 millions d’années vers la fin de l’ère Tertiaire, c’est à-dire au Pliocène. Elles entraînent à chaque fois  une régression marine ( baisse du niveau marin ), une grande partie de l’eau se figeant,  et se stockant dans la banquise et les glaciers *.

* il faut se rappeler que de nos jours 24 millions de km3,d'eau sont stockés sous forme de glace solide aux pôles, mais aussi sur les reliefs continentaux, sous forme de glaciers.

- interglaciaire : Donau/Günz de 1,8 à 1,2 M.a.

Il  y a environ 1,2 M.a., vers la fin de l’interglaciaire Donau/Günz, les fluctuations climatiques se poursuivent et s’amplifient. Alors débute ce que l’on appelle le Pléistocène glaciaire. L’amplitude de ces glaciations froides et sèches, sera atténuée par les périodes interglaciaires, périodes tempérées et pluvieuses.

Les périodes glaciaires ont entraîné le dépôt de fines particules - le loess.

Puis avec l’ère Quaternaire, au début du  Pléistocène, surviennent les glaciations du Günz I et Günz II, il y a 1,2 millions d’années et -700 000 ans ; puis suivent celles de Mindel  ( de 600 000 à 400 000 ans ) ; et Riss  (avec trois pics de froid intense, à - 300 000, -200 000 et -100 000 ans ). C’est à cette époque que les hommes domestiquent le feu .

- glaciation  : de Günz de 1,2 M.a. à 700 000 ans
- interglaciaire  : Günz/Mindel de 700 à 650 000 ans
- glaciation  : de Mindel de 650 à 350 000 ans
- interglaciaire  : de Mindel/Riss de 350 000 à 300 000 ans
- glaciation  : de Riss de 300 à 120 000 ans
- interglaciaire  : de Riss/Würm de 120 à 80 000 ans
- glaciation  : de Würm de 80 à 10 000 ans



Le  Pléistocène


se développe de 1 800 000 à 10 000 ans B.C.
- correspond historiquement au :  Paléolithique
- correspond chronologiquement à :  l’ère Glaciaire

L'ère quaternaire commence avec le Pléistocène. Cette période est marquée par une succession de glaciations ( une vingtaine au total ) qui auront pour certaines des incidences importantes sur le développement de l'humanité.

Puis avec l’ère Quaternaire, au début du  Pléistocène, surviennent les glaciations du Günz I et Günz II, il y a 1,2 millions d’années et -700 000 ans ; puis suivent celles de Mindel  ( de 600 000 à 400 000 ans ) ; et Riss  ( avec trois pics de froid intense, à - 300 000, -200 000 et -100 000 ans ). C’est à cette époque que les hommes domestiquent le feu .

Selon Alain Foucault et Jean-François Raoult, on connaît d’autres glaciations au Précambrien, au début du Cambrien et au Carbonifère. Les repères chronologiques glaciaires, basés sur les extensions maximales des glaciers (  marquées par les moraines frontales ) et les repères chronologiques marins, correspondant aux maximum de transgressions ( connus par les terrasses marines ). Les Scientifiques ont évalué que les glaces par moments couvraient jusqu’à 30% des continents.

À chaque épisode glaciaire, les calottes de glace de la zone polaire s’avançaient vers le sud jusqu’à recouvrir environ un tiers des terres émergées du globe, soit environ 45 millions de km2. On distingue ainsi de nombreuses avancées suivies de recul des glaciers. Plusieurs phases glaciaires ont été reconnues antérieurement à la phase majeure écrit Michel Campy. Toutes se sont manifestées également par l’édification d’une vaste étendue glaciaire couvrant le Nord de l’Europe et modifiant la géographie des terres non recouvertes. L’avant dernière glaciation (  dite glaciation de la  Saale), est caractérisée par une calotte glaciaire plus vaste que la suivante, puisqu’elle s’est avancée jusqu’à Londres, Amsterdam et Prague. Son front est donc reconnu à 100 ou 200 km plus au Sud suivant les endroits. La dernière glaciation du Pléistocène, celle de Würm ( pour l’Eurasie ), a duré environ 100 000 ans , et  son extension maximale se situe environ vers 18 000 ans avant notre ère.

Cette transformation de l’eau de mer en glace, déjà évoquée, a entraîné une phase de régression marine, c’est à-dire d’un abaissement du niveau des mers ( l’Angleterre était rattaché au continent, la Manche avait cessé d’exister, le niveau marin était de 100 à 120 mètres plus bas que l’actuel ).

À l’inverse, les périodes interglaciaires ont  occasionné  des épisodes de transgression , c’est à-dire de remontée des eaux marines d‘environ 100 mètres, et l’invasion de terres continentales.

Les renseignements les plus complets et les plus fiables que l’on possède pour étudier l’impact de ces variations climatiques proviennent des fonds des océans, des tourbières, des lacs, des épaisses séries de loess.

La physionomie des rivages au début de l’ère Quaternaire, pour être plus précis au Pléistocène,  sont  déterminés par le niveau des océans beaucoup plus liés aux variations glaciaires, qu’aux mouvements de l’écorce terrestre. Dans notre région la mise en place du réseau hydrographique, s’en se confondre avec celui que nous connaissons va s’en rapprocher fortement, et sont action par creusement des hautes vallées     ( la rivière Sarthe dans les Alpes Mancelles ) et comblement des zones basses, va préparer peu à peu la géomorphologie du Sud-ouest du département de la Sarthe actuelle  ( et morphologie du territoire communal de Guécélard ).

Le Pléistocène, c’est aussi une période tout particulièrement marquée par un climat froid, avec alternativement des poussées d’un froid extrême ( périodes glaciaires ), et des radoucissements ( périodes interglaciaires ).

Selon Alain Foucault et Jean-François Raoult,

- Interglaciaire Günz - Mindel  :  de 700 à 650 000 ans avant notre ère
- Interglaciaire Mindel - Riss :  de 350 à 300 000 ans avant notre ère
- Interglaciaire Riss - Würm :  de 120 à 80 000 ans avant notre ère

Interglaciaire, période climatique comprise entre deux glaciations durant laquelle le climat se réchauffe progressivement passe par un optimum avant de se refroidir à nouveau. A cette époque, la Sarthe et l’Huisne se rejoignent près d’Arnage, confluant ensuite un peu plus bas avec le Rhonne. 

Ce réchauffement contribue à libérer brutalement des masses d’eau considérables, produisant  un gigantesque : effet chasse-d’eau, les flots puissants, tumultueux, dévalent lourdement chargés en alluvions, décapent et détruisent progressivement les assises du Tertiaire, mettant un peu plus en relief les hauteurs du Pôlinois à chaque période Interglaciaire. Ils sont rejetés vers Roëze, avant d’infléchir leur cours vers le Sud-ouest. 


Pendant la dernière Interglaciaire : Riss / Würm de 120 à 80 000 ans,


Les côtes actuelles doivent leur aspect à la dernière transgression ( la transgression flandrienne  ), on note, 

- Comblement de terrasses basses.

- Déplacement latéral de la Sarthe et du Rhonne.

- La forêt se développe, puis se dégrade à chaque  retour du froid.

- Les grèves en bord de Sarthe entre Le Mans et Durtal sont hantés et occupés par des hommes de l’Acheuléen. Une certaine quantité de bifaces caractéristiques de cette époque ont été trouvés, et attestent si besoin est ; de même que les divers ossements permettant d’identifier et de répertorier la faune de notre contrée. Ils sont cités dans les rapports des professeurs G. Alcayde, C. et J. Lorenz, R. Brosse et L. Rasplus.

La synthèse des différents rapports scientifiques confirme l’aspect désertique, lunaire de l’environnement du Pays du Bourray, absence totale de toute végétation, balayait par un blizzard, soulevant, déplaçant des sables fins et des particules abrasives.  Dépôt de sables ( sables à lapins ou sables à asperges ). 


Carte des Landes du Bouray dressée en 1767 - Document Institut Géographique National.


La dernière Glaciation : Würm de 80 000 à 10 000 ans , on constate,

C’est cette dernière glaciation qui va retenir toute attention.

- Régression marine, jusqu’à 100 mètres - amplification des phénomènes.

- Solifluxion importante ( glissement de terrain).

- En bord de Sarthe, trouvailles de silex taillés par la technique « Levallois »  , témoignent selon les scientifiques déjà cités : d’une industrie Acheuléenne et Moustérienne semblant indiquer une certaine permanence de la présence humaine.


Trois bifaces trouvées en bord, et dans des dépôts alluvionnaires, ils sont identifiés de l'Acheuléen, en matériau étranger à la région - Collection privée.

En conclusion, on peut écrire que la calotte glaciaire arctique permanente s'est installée, il y a 3 M.a.. La dernière glaciation a été celle de Würm ; qui a laissé sur notre terroir communal de nombreux vestiges et traces.

Notre région a été placée pendant toute ces fluctuations glaciaires au 1er plan, c'est-à-dire en " Zone dite périglaciaire ".

La vallée de la Sarthe était parcourue par  grand et puissant cours d’eau issu du front glaciaire, rien de comparable avec notre rivière actuelle. Les débâcles du  printemps et de l’été alternaient avec les phases de gel très important de l’automne et de l’hiver. 

Le périglaciaire proprement dit se plaçait dans une bande territoriale de 2 à 300 km sur la marge extérieure directe du front de glace, notre région était donc au 1er rang, dans ce qui  fut dénommé par d’éminents Scientifiques le Périglaciaire des Environs  du Mans - France.



La cuesta du Pôslinois,


Rebord formant un arc largement ouvert au Nord-ouest et à l' Ouest, surplombant la platitude du Bouray.

Parigné-le-Polin se situe précisément à la pointe septentrionale du Plateau de La Fontaine-Saint-Martin. Cette unité morphologique où les couches de craie du Turonien ( 9I à 88 M.a. B.C. ), sont conservées au-dessus des sables et des marnes du Cénomanien ( 96 à 91 M.a. B.C. ) témoignant des transgressions et des régressions marines du Jurassique et du Crétacé qui se sont superposées. Les eaux marines débordant par la gouttière normande se sont avancée sur le socle du Nord-Nord-est vers le Sud-Sud-ouest, contournant les reliefs et isolant les crêtes, et des îlots rocheux au large d’une côte plus ou moins découpée.

L’unité possède une couverture de calcaires lacustres et de sables d’âge Éocène   ( 53 à 34 M.a. B.C. ). Ce plateau géologique mérite un développement :

« Grâce aux récents progrès de la Science, ont peu dire et même écrire, que ce terroir témoigne d’une paléogéographie extrêmement instable, liée à de fréquents déplacements des lignes de rivage, transgressions et régressions jouant sur de faibles variations du niveaux de la mer qui se percutent sur le longues distances, inondant ou abandonnant les zones « basses à vocation plus ou moins laguno-côtière, cependant que de vastes lacs s’installent dans les dépressions de l’arrière pays  ( exemple celui de Cérans-Foulletourte ) ».

Ce plateau ayant la forme d’un vaste triangle, s’étend entre la vallée où coule la Sarthe et la vallée où le Loir trace son lit, sur la bordure occidentale du Horst jurassique du Bélinois, dominant la  dépression bordée par la Sarthe, traversée par le Rhonne, du Carrefour périglaciaire du Bourray, le paysage de pinède caractérise le Cénomanien où se développe les Sables du Maine.

Le bourg de Parigné-le-Polin est élevé sur des marnes à Pycnodonte biauriculaire du Cénomanien supérieur ( fossiles bivales - famille des Gryphée témoins authentiques de l‘importante transgression marine, accompagnée de dépôts argileux, sableux, marne-sableux du Crétacé supérieur 96 à 65 M.a. B.C. ) ; celles-ci étant particulièrement fossilifères, sont visibles dans le talus ( qui existait en 1987 ), à la sortie du village vers Yvré-le-Polin par la D.251. La craie turonienne sus-jacente peut être étudiée un peu plus loin, dans la tranchée du Château de Montertreau, où elle est fortement décalcifiée, devenant résiduelles et formant  des argiles à silex en surface.


Vestiges du plateau tertiaire :  les  «  Buttes témoins », démantelé par les eaux torrentielles de la Sarthe / Huisne / Rhonne, des interglaciaires,


Il est scientifiquement acquis, et nul ne peut le nier, que la Sarthe et le Rhonne à l’ère Tertiaire entre 65 et 1,8 M.a. s’écoulait en divaguant en toute liberté sur un plateau à une altitude supérieure à l’actuelle. ( 85 m. ).

Dans son étude sur le Périglaciaire des Environs du Mans,le professeur Guy Mary, page 89,

« …..La présence d’un pavage de roussards durs violets,  contraste avec l’absence de strates de roussards durs dans la structure géologique des buttes. Il faut admettre que ces blocs éolisés résultent de la démolition d’assises de grès roussards aujourd’hui disparues, situées au-dessus de la côte 85 m. Au sommet du plateau tabulaire du Vieux-Mans  ( 0°11’E , 47°53’N ), vers 87 m. d’altitude, gisent d’énormes dalles de roussards de « plus de 3 m. sur 3  m., épaisses de 40 à 50 cm…. ».

« Évolution de la région au Quaternaire - À la fin de la phase froide qui a  vu l’édification de la terrasse de 40 m, altitude absolue de ce remblaiement. Les assises tertiaire  qui couronnaient la contrée étaient déjà en partie détruites ; aujourd’hui seules en restent les buttes témoins….. ».


Phénomènes périglaciaires, 


Les régions périglaciaires ne sont pas obligatoirement situées à proximité des glaciers, mais sont également soumises à de longues périodes de gel intensif alternant avec de violents et intensifs dégels. Les phénomènes climatiques périglaciaires produisent donc des mouvements dans les terrains qui aboutissent à un modelé caractéristique des sols et des versants. Le paysage élaboré par les phénomènes de l’érosion fluviatile et éolienne pendant les périodes glaciaires du Quaternaire ( c’est à-dire pour être précis  de 1,81 M.a. à 10 500 ans avant notre ère ) ont atteint leur maximum d’intensité et d’extension en s’attaquant aux roches anciennes, faisant reculer les couches dures dont l’étendue reste marquée par des lambeaux isolés.

Ces vestiges : les buttes-témoins  s’élèvent, rompant la monotonie d’une vaste étendue plane , s’étendant à la base de la partie septentrionale du plateau de La Fontaine-Saint-Martin : le carrefour géologique du Bourray placé par 0° 22’ E , 48° 02’ N.


Selon Alain Foucault et Jean-François Raoult, l’appellation « butte-témoin » émane de l’anglais witness butte, désignant un monticule, une élévation isolée par l’érosion formée de sédiments horizontaux protégés par une couche résistante ,

Elles sont séparées par des couloirs à fond plat.

La présence d’un pavage de roussards durs et violets, a écrit Guy Mary (  p.89 de son rapport ) contraste avec l’absence de strates de roussard dur dans la structure géologique des buttes. Il faut admettre que les blocs éolisés résultent de la démolition d’assises de grès roussards aujourd’hui disparues, situées au-dessus de la cote +85 . Au sommet du plateau tabulaire du Vieux-Mans - 0° 11’ E , 47° 53’ N, gisent d’énormes dalles de roussard de plus de 3 mètres sur 3 mètres, épaisses de 40 à 50 centimètres . Cela confirme l’hypothèse envisagée, c’est à-dire la descente sur place de blocs de roussard provoquée par le soufflage du sable.


Nous nous référons toujours à l’éminent rapport de Guy Mary : l’étude géomorphologique des photographies aériennes montre que le réseau de couloirs entre les buttes, dessine un réseau hydrographique fossile qui se raccorde au thalwegs  ( talweg - ligne des points les plus bas d’une vallée ) actifs du Roule-Crotte au nord, et du Rhonne au sud.

La reconstitution des phénomènes conduit à imaginer un plateau de Mulsanne culminant vers +90 ( de nos jours il plafonne à +68 ) et disséqué par ce réseau hydrographique.

Quand la ou les périodes froides désertiques ont régné dans notre région, la gélifraction a débité les blocs de roussard ; le vent s’est engouffré dans les vallées, les a élargies, aplanies; il a raboté les pentes, évasé les passages déchaussé ces blocs, balayé les sables, si bien que ceux-ci sont descendus sur place. L’abrasif sableux a usé les roussards.

Le vent a rencontré au périglaciaire, dans cette région, quatre conditions qui ont favorisé son action érosive :

 - présence d’un terrain sableux facile à éroder et qui fournissait l’abrasif quartzeux,

- l’existence de cuestas perpendiculaires à son axe de déplacement - Bourray  Bélinois,

- présence de roches capables d’enregistrer la corrosion,

- l’existence de vallées ( Sarthe - Rhonne ) orientées selon son axe de déplacement sud-ouest / nord-nord-est , d’où l’appellation par les scientifiques  de « Carrefour du Bourray »

C’est à ce paysage que L. Dangeard en 1946 a attribué un relief modelé par le vent .

Pour désigner ce relief remodelé par le vent, dans un cadre sableux, sous un climat désertique froid, Guy Mary propose un terme spécifique évocateur : vind Kulle - du suédois : vind qui signifie - vent ; kulle , hauteur

Quelle importance attribuer à ces phénomènes, notamment à la déflation  ?

Un fait semble apparaître, elle est responsable du dégagement  des buttes. Guy Mary a écrit :
« La présence d’un pavage de roussards durs violets contraste avec l’absence de strates de roussards durs dans la structure géologique des buttes. Il faut admettre que ces blocs éolisés résultent de la démolition  d’assises de grès roussards, aujourd’hui disparues , situées au-dessus de la cote 85 m. Au sommet du plateau tabulaire du Vieux-Mans  ( 0°11’E - « 47°53’N ) vers alt. +87, gisent d’énormes dalles de roussards de plus de 3 mètres sur 3 mètres, épaisses de 40 à 50 cm. Cela confirme l’hypothèse envisagée, c’est à-dire la descente sur place de blocs de roussards provoquée par le soufflage du sable. L’étude géomorphlogique de photos aériennes montre que le réseau de couloirs entre les buttes coniques, dessine un réseau hydrographique fossile qui se raccorde au thalwegs actifs des ruisseaux Roule-Crotte au Nord, et  le Rhonne au Sud. La reconstitution des phénomènes conduit à imaginer un plateau supérieur de Mulsanne culminant vers 90 mètres d’altitude, et disséqué par ce réseau hydrographique. Quand la ou les périodes froides désertiques ont régné, la gélifraction a débité les blocs de roussards ; le vent s’est engouffré dans les vallées ( les couloirs ), les a élargies, aplanies ; il a raboté les pentes ( des buttes ), évasés les cols, déchaussés les blocs, balayés les sables si bien que ceux-ci sont « descendus sur place. L’abrasifs sableux usait les roussards et était emporté puisqu’il n’y a plus de quartz picotés.

« A la fin de la phase froide, les assises tertiaires qui couronnaient la contrée étaient déjà en partie détruites ; aujourd’hui en restent les « buttes témoins ».

Ces vestiges : les buttes-témoins  s’élèvent, rompant la monotonie d’une vaste étendue plane , elles sont séparées par des couloirs à fond plat. s’étendant à la base de la partie septentrionale du plateau de La Fontaine-Saint-Martin :

Le même processus s’est déroulé sur le rebord du plateau d’argile à silex sur le versant sud des hauteurs de la Cité des Pins.

- Forgé par la Sarthe,
- Modelé par le vent,
- Affouillé par les ruisseaux,


Phénomènes éoliens,


Les phénomènes éoliens, ont été examiné et ont fait l’objet de rapports par A. Cailleux en 1942, L. Dangeard en 1943 et 1946, H. Poser et J. Tricart en 1950, Guy Mary en 1964,

Notre région est caractérisée par l’existence d’une  plaine allongée, terrasse basse de la rivière Sarthe sur laquelle se développe la totalité du territoire communal de Guécélard. Ce territoire est dominé par des buttes tabulaires et coniques séparées par des couloirs à fond plat, et dont les flancs Sud sont pavés de roussard éolisés emballés dans le sable comptant peu de quartz picotés . Il est à noter, l’absence totale de strates de grès roussards dans la structure des buttes, ce qui rend mystérieuse l’origine des galets sculptés par le vent ; par l’absence de sable c’est-à-dire d’abrasif au-dessus de l’argile à minerai de fer pourtant dallée de grès ferrugineux éolisés, par l’absence de quartz picotés dans les couloirs.


Les cailloux sculptés, usés par le vent témoignent d’un action corrosive


Il est apparu à plusieurs reprises précédemment que les phénomènes éoliens ont influé dans l’environnement du Bourray. Le fait de pavage éolien aux Buttes du Vieux-Mans, la présence de sables éolisés dans les plaines des Hunaudières ,du Narais, sur le flanc de la cuesta du Bélinois, et le rebord du plateau d’argile à silex de La Fontaine-Saint-Martin.

Ces phénomènes éoliens se traduisent par des cailloux façonnés par le vent, formant un pavage à 40 cm sous le sol actuel, par des sables éolisés parfois amassés en dunes, par un paysage de déflation et de buttes rappelant les garas.


Ces  cailloux  éolisés  d’authentiques  témoins,

Deux groupes de roches ont enregistré l’action du vent : les grès roussards cénomaniens et les grès tertiaires.

Plusieurs types de grès roussards sont connus, depuis les grès à grains très fins jusqu’aux grès grossiers - poudinguiformes à cailloux ( dragées ) de quartz soudées par un épais ciment ferrugineux. L’action du vent - éolienne sur ces pierres se traduit, quelle que soit sa nature, par l’acquisition de facettes séparées par des arêtes particulières, d’une patine et d’une morphologie.

- Cailloux plats :
une arête périmétrique cerne une ou les deux grandes faces, cela rend compte de la tendance du vent à abraser les faces latérales, quand le caillou a été retourné.


De gauche à droite, et en dessous - gomme, palet, et cailloux plats, roussard éolisés trouvés à Guécélard - Collection privée.



- Cailloux à une seule arête :
Ce sont pour la majorité des fragments de roche dont le rapport de la longueur à la largeur dépasse 1,75, tandis que pour les plats le même rapport s’établit aux alentours de 1,35.

- Dreikanters et cailloux à arêtes convergentes :
aux dreikanters s’apparentes les pyramides et les troncs de pyramides à arêtes ( quatre ) convergentes. Le vent a adouci le modelé sur certains cailloux plats en rabattant les faces latérales, donnant « des gommes usées », les cailloux allongés « des poinçons » ou « des toits ». Ceux beaucoup plus épais, plus lourds, pivotant difficilement n’ont qu’une face polie, mais très usée.


Dreikanter en roussard éolisé, trouvé à Guécélard . 
Dreikanter - mot allemand signifiant «  pourvu de trois côtés », plus largement synonyme de : ventiifract. 
Fragment de grès roussard façonné sur trois faces en «  pyramide », par l’action des violents glaciaires fortement chargés en sables et en particules quartzites tout particulièrement abrasives. La base en contact avec le sol et étant déplacée dans tous les sens n’est pas patiné. Il est assez rares de retrouvés des dreikanters. En principe on les découvre dans les «  corridors glaciaires » - Collection privée

                                     

- Billes de reg :
de grès roussard : ce sont de petits cailloux ronds ou ovoïdes de 2 à 3c m de diamètre ; leurs quartz sont usés ; ils possèdent le brillant, des autres roussards éolisés


- Réceptacle de goutte à goutte en roussard, trouvé à Guécélard à proximité d'une fissure dans un de roussard - Collection privée.


Schéma de l'érosion éolienne.



Le " Pays du Bourray"......

Le   Pays  du  Bois  sent   bon ……..


Il n’y a pas si longtemps, au  détour d’un  vieux chemin, on redécouvrait le charme particulier d’une pinède, les hauts  fûts des pins « sagement alignés ». D’emblée un parfum titille les narines et le clair-obscur du sous-bois adoucit la marche. Harmonie de l’ombre bleutée qui nimbe les cimes, filtrant les rayons obliques de la lumière, en un jeu d’ombre chinoises………...               

Ce Pays du Bourray, est le résultat de la longue histoire mouvementée dont nous allons tenter de donner une esquisse. Incontestablement il présente une variété de détails dont que l’on peut qualifier de : rare.

Mais l’unité de l’ensemble n’en est pas moins indiscutable. 

Cette unité de l’ensemble est faite de l’heureux agencement de ces éléments variés. Ce site géologique, vestige authentique du périglaciaire, est parfaitement ignoré, il n’en demeure pas moins un élément de notre patrimoine.                   
                                                                              Agé 


L’ère Quaternaire est une appellation humaine destinée à mettre en valeur l’apparition des premiers hommes dans notre région.

La substitution de la culture au revêtement végétal semble s’être amorcée au Néolithique, évolution et expansion sont le fait des agriculteurs gaulois. La fragilité de la terre Guécélardaise a difficilement supportée l’alternance de phases d’exploitation et d’entretien avec des périodes quelquefois très longues d’abandon et de désertification imputables aux guerres, invasions, famines, épidémies, et bien d’autres calamités que nos Aïeux eurent à subir. Le pacage immodéré des animaux domestiques, les incendies volontaires ou accidentels, l’absence de sylviculture accentuèrent la mutation de l’environnement forestier en " gastines " La nature reprenait toujours ses droits en l’absence de l’homme, là où l’on avait déboisé une forme de végétation spontanée spécifique à la nature du sol se manifestait et se  développait : configuration irréversible de la dégradation de la forêt originelle.

La proximité des bois avait  un rôle secondaire primordial « la forêt fut pendant des millénaires la mère nourricière du genre humain ». À cette époque, du Xème siècle au XIIIème, les bois étaient encore un  réservoir de matières premières : le merrain dans certains textes materanem - bois d’œuvre pour la construction - bois combustible ( chauffage, cuisson, forge, poterie ) - quelques sabotiers s’étaient installés dans les bois voisins du hameau, ils habitaient dans des huttes de bardeaux et de bruyères : les loges.

Sol ingrat dans une nature hostile : avant le XVIIIème siècle, terre sauvage, traversée par quelques chemins antiques, typée et contrastée où l’histoire du sol se confond avec celle des hommes. C’est dans cet univers, discrètement lové au cœur du « Pays de Bourray », sorte de tonsure dans un environnement arborescent, modeste lieu-dit, inconnu jusqu’au IXème siècle, hameau perdu là où précisément finissait la légendaire « Forest du Man », illustre dans les traditions médiévales, sous la configuration du sylve dégradée - la lande du Petit Bourray, citée dans les textes anciens " Gastines du Bélinois, Vieux-Man, etc ", et la lande du Grand Bourray.

Le Petit Bourray, séparé et dissocié par le Rhonne et son affluent le ruisseau des Fillières, de la lande du Grand Bourray également citée dans les actes anciens de Gastines du Bas-Poslinois ; préfigurant la célèbre Forêt de Longaulanay - «  Longus Alnetus » que l’on trouve mentionnée dès le XIème siècle, victime inconsidéré du déboisement intensif des disciples de Robert d’Arbrissel, elle ne couvrait plus au XVIIIème siècle que 500 arpents.

Cette lande, fraction du Petit Bourray,   qui  couvrait 250-300 hectares situés sur la gauche de la R.N.23     ( vers Guécélard ), englobait de nos jours : la Citrie, la Soufflardière, la Martinière, les Bigottières, le Vivier, Seunay et vraisemblablement la Pétrie, sur la commune de Guécélard, appartenait à Guillaume Chamaillard d’Anthenaise qui la vendit le 13 septembre 1367, à Jehan Turpin. Elle passe en 1368 à Guillaume Bequet, puis à Guillaume de Maridort.

Acte daté du 31 mars 1399, 
« Jacques de Maridort, éscuyer, rendit aveu à Louis II, roy de Yérusalem et de Sicile, duc d’Anjou, comte du Maine pour sa chastellenie de Vaux et la tour Ribandelle au Mans ; ses domaines se composaient……de 500 journaux de landes près du Pont-bascule …ces landes maigres incultes ne produisaient que des bruyères, des ronces et des ajoncs…. »

ensuite aux Thévalle, au Cardinal de Richelieu, aux d’Averton.

- la Garenne :
Attesté vers 1152, dérivé du mot Garenna émanant directement de Warenna
En Vieux Haut-Allemand Waren, signifie : défense - gardé- interdit
« Le vassal perd son fief quand par mal talent, il met la main sur son seigneur suzerain à tort, s’il prend les armes contre lui, s’il sans autorisation il pêche dans sa rivière ou chasse dans sa garenne - Charte de 1209. »

11 mars 1690, arrêt de la cour du Parlement,
«……qui constate la propriété desdites landes au seigneur de Vaus, et même limites, les chemin par lequel on vat de Moncé ( Pontibault ) aux boilles des Bigottières ( chemin bordé de fossés inondés ) qui fait l’une des bornes de 500 journaux de landes tous en une pièce et du Gué de la Ronceray jusqu’à Fromenteau et d ’autres bout au chemin de Thibault à Pontvallain….. »

Suite aux récoltes catastrophiques depuis 1740, elle fut défrichée et mise en culture par les riverains. Le 11 janvier 1756, elle est achetée par Rottier de Madrelle. En 1780, on abandonna la culture de la majeure partie de cette lande : « …..la mauvaise qualité du fonds, qui n’était pas suceptible d’amélioration, ne pouvant produire naturellement que de la bruyère et de ajoncs…. ».

Aveu en 1406, complété par un aveu de François d’Averton au roi le 9 février 1608, au regard de son suzerain la baronnie de Château-du-Loir,  pour ses terres du Bourray de la seigneurie de Belin.

« ….annexée depuis quelque temps a mon domaine la rivierre du Bourray ( le Rhonne ) et le droict de garenne deau et pesche deffensible que jay en ladite rivierre à prendre poisson a touttes manieres engins et fillets depuis lhostel  au Roy de Hayes ( cette auberge existait encore à Pont Thibault au XVIIème « siècle )  jusques au Gué de  Buffart……. 
Texte intégralement paléographié et transcrit du document original.

Observations historiques sur l’agriculture et les productions naturelles du Bélinois
Des documents aux Archives Départementales 72, nous apprennent : les gastines ( landes ) du Bourray appartenaient  aux comtes du Maine : le 1er comte Roger en 710, puis son fils Hervé en 748, plus tard celles du bas-Poslinois  - Grand Bourray, au XIème siècle à la Châtellenie de Château du Loir. L’aspect général ne tenta peu ou pas du tout les possesseurs de fiefs limitrophes avant le XVIème siècle. Alors quelques- uns, sur la bordure en sollicitèrent des portions contiguës à leurs domaines.

«  C’est de la terre à lapins……c’est de la terre à sapins …… », disaient il n’y a pas si longtemps nos Aïeux-paysans.

Jaillot, géographe royal, en 1706 développe sur sa carte du diocèse du Mans, l’étendue de ces landes «  en sapinières….. » ce que nous appelons les pinèdes. Cassini en 1784, en réaffirme l’importance

En 1768, Michel-Armand de Broc, marquis de Broc, vicomte de Foulletourte, seigneur des Perrais conteste le droit des riverains sur ses terres du Grand Bourray « ……attenans au grant chemeins du Mans à La Flèche….. ».

Dans son voyage en France de 1787 à 1789, l’agronome anglais Arthur Young, venant d’Anjou et se rendant au Mans, décrit le paysage à quelques lieues du Mans « … que des brières sans bornes….quantités de landes jusqu’au Mans….. ».

Cet environnement, étroitement lié à la qualité de la terre, à longtemps interdit  l’espoir de récoltes abondantes. Nos Aïeux-Guécélardais de ces temps oubliés, avec un remarquable bon sens, se sont adaptés. Ignorants, ( un passage dans un document aux Archives de l’Évêché, fait état d’un prêtre qui avait créé une école : 5 élèves dont trois filles, en 1785 ), ils percevaient intuitivement les imperfections de cette nature ingrate, et ce sont consacrés dans un premier temps à l’élevage. Au début , ce fut des enclos à bétail, à dominante prairie que les animaux amendaient de la façon la plus naturelle du monde. La qualité de la terre, peu à peu s’améliora, l’expansion en découla, on gagna sur la friche en créant de nouvelles parcelles. Les plus anciennes furent labourées, la « polyculture » était née.

Le bocage est un cadre de vie et de travail créé par l’homme. Il fallait avoir le droit de clore et surtout de pouvoir utiliser ce droit. En effet la clôture a été longtemps considérée comme une entrave au libre pâturage : le droit de clore dérivait souvent d’une concession, octroyée à titre de faveur spéciale par une autorité suzeraine.

Des Chartes du Maine des XIIème siècle et XIVème accordant ce droit sont particulièrement précise sur le sujet, en effet il pouvait être repris à tout moment.

Sous l’Ancien Régime, selon les règles imposées par la Coutume du Maine : seule la clôture des près était obligatoire, la haie était renforcée de plantes fortement  épineuses, barrière efficace pour garder le bétail. La clôture végétale était presque toujours plantée sur un talus élevé avec l’apport de la terre extraite du fossé, dont nous avons précédemment parlé. Les haies ne sont donc pas des bandes boisées résiduelles. Elles étaient considérées comme une délimitation de propriété indiscutable, établies sur des repères incontestables : des chemins, des cours d’eau, comme en témoignent les plans terriers concernant notre commune. Cette limite n’était jamais mitoyenne, mais à l‘extérieur du fossé qui la côtoie.


Le bocage était très certainement l’aspect le plus remarquable de l’occupation des sols,



C’est un terroir boisé, sans bois,
La campagne est ouverte, mais non découverte.


Jean Gallet , dépeint l’environnement avec beaucoup de maîtrise, dans Les Vertus du Bocage,

« …l’usage des talus arborés est bien conçu dans un pays de terre légères, et pluvieux dont la superficie serait enlevée, s’écoulerait dans les vallons, sans cette précaution sage qui d’ailleurs conserve les bois et fournit des émondes. De plus le talus planté protège du vent et favorise l’herbe, il abrite notamment une bande de terre à l’intérieur de la parcelle, la chaïntre, bande d’herbe tendre où les petits pâtres « menaient les vaches qui venaient de mettre au monde leurs veaux…. ».
Cette structure rurale, familiale est la survivance de la « Terre de famille - lieu de résidence de la famille chez les Francs ». Le manse dont nous avons précédemment parlé, est désigné dans les différents actes que nous avons examiné : menus, il dérive du vieux-haut-Allemand - hua qui signifie : lieu de résidence de la famille, du clan.

Tissus de l’environnement agraire, le bocage qui s’est constamment développé du XVIème siècle au XIXème a facilité la diversification des cultures : les céréales «  froment - avoine- orge - seigle », complétées par les légumineuses « pois - vesces ou lentilles -  raves », par des produits verts « choux ».

Selon Claude Gauvard, la vieille chanson - Savez-vous planter des choux….., trouve peut-être son origine en ces temps, où ce légume apparaît sur les tables de nos Aïeux paysans.

De nombreux documents épars aux Archives départementales nous dévoilent que le régime alimentaire s’améliore vers les XVème et XVIème siècles : pois - lard - sel - harengs -volailles - fromages - lait et œufs accompagnent le pain dont la qualité s’est améliorée, la proximité du moulin de la Beunêche, d’un four à Ban au Petit Guécélard dépendant de la seigneurie de Mondan ; y contribue. Il reste l’aliment de base par excellence. L’amélioration de la terre par le chaulage ou le marnage, et une rotation triennale des cultures donne un rendement céréalier à Guécélard : l’équivalent de 3 à  4 quintaux à l’hectare.

Le spectre de la famine recule, une forme d’aisance se manifeste, dès lors, peu à peu la pierre fait son apparition à Buffe, à Mondan, l’église de Guécélard, la Prieulerie, Villette, Buffard et autres, remplaçant progressivement lors de réparations ou de transformations le bois et le torchis. Pour les vêtements on porte du drap et le linge fait son apparition, à table on utilise des coupes, des gobelets et des écuelles en bois, puis en terre cuite de fabrication locale.

Le maillage des parcelles ainsi  délimitées formaient une mosaïque d’unités irrégulières, trapues, où les près représentaient un peu plus de la moitié, joints aux labours cités « ager », et à des friches « saltus » en proportion non négligeable. Le profil de cette cellule de production agricole au profil équilibré, mettait en valeur la quasi totalité du bien foncier. Ce morcellement va de pair avec la faible taille des exploitation de 2 à 8 journaux quelquefois plus par héritage ( le journal équivaut à 50 ares en Mayenne, 44 ares nord-Sarthe ), qui correspond à la propriété sans superposition des unes et des autres.

Le bocage ce puzzle parcellaire compliqué aux formes diverses qu’emprisonnent les talus plantés de haies, d’arbres souvent étêtés - Forêt linéaire. Marqueterie de près, quelques parcelles labourées, alternant avec des bois de pins «  les pinèdes ». C’est un lacis de clôtures  végétales plus ou moins dense avec un habitat intercalaire. Le cloisonnement des surfaces à faire valoir, incitait l’éparpillement des hommes, l’activité pastorale encourageait à s’installer près du lieu de pâture. Outre de clôturer une parcelle, la haie assurait une meilleure protection du sol guécélardais,  particulièrement volatil, des récoltes, des animaux et des hommes - c’est un brise vent créant un micro-climat, ainsi : lors de hivers terriblement froids de 1556, 1558, 1566, 1580, 1593, les récoltes de nos paysans furent protégées, et le plus long, le plus rigoureux celui de 1608, les récoltes de notre région furent épargnées, comparativement à celles des plaines.

La présence d’une haie freine et dévie les filets d’air sur une distance qui peut atteindre quinze à vingt fois sa hauteur, créant des micro-climats. Elle joue également un rôle non négligeable de régulateur : absorbant, égalisant les excédents d’eau,  stabilisant l’humus, la terre volatile devient moins vulnérable à l’action du vent et au lessivage de la pluie.

Notre campagne était une structure caractérisée par un habitat  dispersé, émietté « semi agricole fondamental ». Les « écarts » sont reliés aux voies importantes par un réseau de chemins creux, tortueux, étroits, encaissés, au-dessus  desquels les branches des arbres :  têtards ou émousses - chêne étêté ayant l’aspect d’une massue, difforme, biscornu avec l’âge, souvent creux, émondés tous les 9 ans ; se rejoignaient formant quelquefois  un merveilleux  tunnel de verdure, traversé par de rares rayons du soleil, créant des ombres claires et des jeux de lumière. À la mauvaise saison, ils devenaient humides, défoncés, franchement boueux l’hiver, impraticables par endroits - sur ces portions ils étaient doublés d’une  charrière - on y accédait par une barriére en bois à balancier lestée d’une grosse pierre,  ou pour les piétons d’une «  rote » - sentier, accessible par un passage étroit entre deux pieux de châtaignier « un œchalié ». Dans certain cas, lorsque le chemin était praticable année entière , il prenait le nom de « Chemin messier ».

On trouve cité dans des textes anciens du XVIème siècle au XVIII ème , la  petite exploitation de notre campagne sous l’appellation : closerie, supplantée un peu plus tard par celle de bordage : type de la petite tenure suffisante pour assurer la subsistance du paysan et de sa famille. Il tirait ses ressources de la polyculture traditionnelle, destinée à l’autoconsommation plus qu’à la vente à l’extérieur.

Dans plusieurs actes du XVIIème au XIXème siècles, on trouve cette formule :


À chaque enclos …. à chaque près …. à chaque champ …… sa vérité


Dans la lande avoisinante, nos petits paysans installaient des ruches, et ils «  boëllaient  la  bricaine » - ils arrachaient la bruyère avec la boëlle - sorte de grosse et solide binette à lame large et coupante. Cette bruyère nettoyée, elle était vendue aux aubergistes installés sur le bord du grand chemin, pour confectionner des litières. Ils allaient au Mans vendre leurs fagots, les châtaignes «  châteignes - châtingnes » ramassées dans les bois, « la gueinche - gheïnche » herbe des sous-bois, pour garnir couettes et matelas.

La «  boerière » - la bruyère fournissait outre le chauffage aux petits maisonniers, les « coursières » aux petits bordagers ( bruyère coupée qu’ils étalaient dans les cours boueuses, dans les ornières fangeuses où piétinée et souillée par les animaux, par les charrois, elle pourrissait ) , cela donnait de « l’agras », riche amendement pour le « courtil » - jardin, et  le « clôsiau ou clousiot » - petit champ attenant à l’habitation. Fréquemment travaillés, bien fumés, soigneusement fermés, clos par une haie bien entretenues pour éviter la maraude.

Des Chroniques Sarthoises du XVIIIème siècle, nous dévoilent les habitants de ces landes étaient dénommés « les landions », qu’ils se nourrissaient encore de « mitonnée » - sorte de potage composé de quelques légumes, de pain de seigle, d’eau, quelquefois de beurre, de sel, boullis ensemble, ou de « noces » - bouillie d’avoine.

Au XVIIème siècle, une phase d’expansion se précise, on commence à distinguer une disparité dans notre paysannerie, le métayage se développe selon des formes les plus traditionnelles.

L’examen minutieux des baux de ferme de 1550 à 1790 fournit de précieuses indications sur l’économie de notre proche région. Il est possible par eux d’évaluer et de juger le mode de vie et la condition de l’existence de nos Aïeux ; d’entrevoir et d’apprécier cette période intitulée « le bon vieux temps », la prospérité ou la misère de la vie au quotidien.

La terre fascine incontestablement, sa possession est le moyen le plus prestigieux d’affirmer sa fortune, sa réussite sociale. Les acheteurs : les bouchers acquièrent des près d’embouche, la consommation de viande étant en nette augmentation, les gens de loi, et les gens de justice qui constituaient la classe des gens de robe, achètent dans nos campagnes à quelques lieues de la cité Mancelle de petits fiefs, qu’ils rénovent pour leur prestige.

Un exemple dans notre commune : Villette.

L’examen approfondi des baux des fermes de 1550 à 1790, fournit de précieuses indications sur l’économie  de notre proche région. Il est possible par eux d’évaluer et de juger le mode de vie et la condition de l’existence de nos Aïeux. Il  permet d’entrevoir et d’apprécier cette période que nous avons intitulé : le Bon Vieux temps, la prospérité ou la misère au Quotidien


La Métairie de la Galopière


en 1564 : elle comprenait,
- 12 journaux ½ de terre labourable,
- 15 journaux de bois.

en 1577,  elle était louée - 70 livres.
de 1627 à 1633,  elle était louée - 80 livres à Jean Bougard - ( la livre équivalait à l’époque 3,07 fr ).
en 1645,  elle était louée - 120 livres au même métayer - ( la livre équivalait 1,95 fr).
en 1736, la location s’élève à  100 livres plus un subside en nature 6 poules au choix, le fermier est Julien Donne.

de 1748 à 1750, la location est transmise à Jeanne Lebouc veuve de Pierre Dommé et à son fils pour 95 livres
de 1736 à 1774, la livre équivaut à 1,86 fr
en 1786 : la location de métayage passe à Côme Jousse pour 160 livres, la métairie de la Galopière comprenait 12 journaux ½ de terre labourable, 10 hommées de près et  10 journaux de bois
de 1775 à 1786, la livre équivaut à 1,44 fr 

Les propriétaires de fiefs dans le haut-Maine conservèrent sans grandes modifications, de 1399 à 1844, les métairies et les bordages.

Les aveux que les titulaires de bordages et de métairies firent successivement en 1399, 1406, 1608, 1681 et 1776, liés à l’arpentage de leurs terres en 1564, complètent pour notre petit terroir, ces baux, en donnant une répartition assez précise de la structure des exploitations rurales à cette époque : en terres labourables, près, pâtures, vignes, bois et taillis, 

La Métairie des Toucheries,


en 1564, comprenait,
- 58 journaux et demi, de terre labourable,
- 14 journaux de pré,
-   5 quartiers* de vigne
- 19 journaux de bois,
- une grande prée de 2 arpents*,
* le quartier représentait le quart d’un arpent,, soit environ : 16,49 m2
* l’arpent valait : 66 ares

en 1627, elle était louée,
-172 livres, 2 chapons, 6 livres de plumes d’oie et 10 livres de beurre,
en Janvier 1572, le chapon valait 7 sols , la livre de beurre 2 sols et six deniers
en I645, le loyer était de 195 livres

La Métairie du Plessis,


en 1530, elle  comprenait,
- 11 journaux de terre labourable,
- 29 journaux de bois,
- 5 journaux de patis,
- 2 quartiers de vigne,

en 1621, elle était louée,
- 95 livres, 2 chapons gras, une livre de bougie,
en 1627, le loyer s’élevait à 105 livres,
en 1672, à 95 livres,
en 1688, à 80 livres,
en 1730, à 85 livres, 2 poids de beurre, 3 poulets, 5 poulardes,
en 1747, à 85 livres, 2 charges de seigle, 2 d’orge, 2 poulardes.

La terre était affermée, le propriétaire en retirait de nombreux subsides : avantages en nature : poulardes, beurre œufs, livres de bougie, plume d’oie, chanvre, toile, charrois divers et même du bois de chauffage livré.


Montrées ou Visitations du XVIIIème siècle
,


Visitation ou montrée datée du 9 mars 1786, fournissant une description détaillée, et d’intéressants informations sur la Métairie de la Martinière - paroisse de Gué Ceslard, seigneurie de Buffes - ( texte intégralement paléographié du document original ).

- terre : 52 journaux dont 29 en seigle,
                                        23 en froment,
- prés  : 17 hommées ½,
- pastures : 5 journaux ¼,

« …. un corps de bâtiment construit en coulombés, couvert en chaume de froment, composé d’une grande chambre manable   ( pièce commune chauffée ), et cheminée en pierres à four, ayant son entrée et porte fermante à deuz battants par la cour, fermante à une serrure, loquet et deux verrouil, une  fenestre avec trois barreaux de fer scellé. Laquelle est garnie d’un volet fermant et d’un verrouil plat. L’aire de ladicte meson et sans pavé, il n’a  pas l’apparence qu’il n’en ait eu, il y a plusieurs cavités à aplanir. Porte de  communication à une autre chambre froide à costé cy après son entrée et porte par la cour fermante avec une serrure et un loquet. Une  fenestre sur  la cour ayant deux barreaux de fer et un volet fermant avec un petit verrou  il plat. Il manque deux carreaux à la petite fenestre, et l’aire est sans pavé (  le sol apparaît être en terre battue ).

Les murs, au-dedans de ladicte meson, sont enduits de chaux et.....( partie fortement détériorée )  
Grenier au-dessus des sur deux chambres dont le plancher est en terrasse non carrelée, ayant son entrée par le haut du pignon, sus d’escalier de  meunier fermant avec une serrure…….. »,

On découvre également dans ce même acte :
« …..sous le même « toit un cellier, un fournil, une estable, une grange, en pignon un « toit à porcs et une soue en appentis…. ».

Dans nos recherches , nous avons également découvert, une autre montrée datée du 3 ou 9 décembre 1759, du bordage de Petit Guesselard,

- terre à seigle : 7 journaux ½,
- prés : 8 hommées,
- landes : 4 journaux,

« ….un corps de bâtiment composé d’une chambre manable, à cheminée es  four, le foyer est en pierres brutes de roussard, le pied de la cheminée est dégradé de deux pieds de hauteur. Son entrée es porte par la cour fermante à une  serrure embout un verrouil es un loquet,le ventail de la porte es en état, garni de toutes ses serrures, une petite  fenestre avec un barreau de fer es un châssis garni de quatre verres en état  de servirles vitres sont intactes ), l’aire es sans pavé.
cy après un fournil es une estable ayant son entrée es une mauvaise porte sur la cour fermante avec un verrouil, un toit à porcs adossé au midy,  couvert en bruyère. Cour es jardin devant ledit bâtiment, dans lesquels, sur  le costé un autre bâtiment, couvert en genêts, son entrée es mauvaise porte  à deux vantaux, fermante avec une barre de fer…. ».

Nous avons affiné nos investigations sur ce bordage :

Bordage du Petit Gué Ceslard à la fin du XIVème siècle et au XVème,


en 1499, il comprenait deux maison construites en torchis, couverte chaume, avec courtils,
en 1553, il possédait,
- 10 journaux de terres labourables,
-   3 hommées de près,
il était loué,
- 48 livres de 1698 à 1707,
en 1717, la ocation s’élevait à 41 livres,
en 1741, à 54 livres et un  poids*de chanvre,

* le poids valait 16 livres, cette ancienne mesure est encore utilisée pour le chanvre.

En 1769, on comptait dans la paroisse de Fillé-Gué de Cellard : 27 bordages-métayers, pour 1124 journaux exploités, y compris les seigneuries de Buffes et Mondan, et 216- bovins.

Un inventaire daté du 11 décembre 1737, après le décès d’un dénommé Benoist Donné, métayer au Gué Ceslard, nous éclaire sur l’équipement du défunt, et avec quoi travaillé nos Aïeux :

« …..outils aratoires - deux fourches en bois - deux râteaux de fer - deux tranches plates ( genre de bêche ) - deux tranches fourchées ( fourches à bêcher ) -  deux haches -  un cerniaux ( sorte de  faucille emmanchée ) - onze tonneaux - une charte avec son équipage ( charrettes avec ses deux  échelons d’extrémités ) - une  petite charte - deux vieilles charrues à manchons -  une  herse - deux fléaux - trois seilles - une baratte et son baratton ( manche ) - un  fermant de four ( le locataire fermier possédait souvent la porte fermant le four )……

Il est à préciser, que dans cet inventaire il n’est pas fait mention de cheptel vif, ce qui confirme sa qualité de métayer. La part  de ce cheptel étant évalué seulement à la fin du bail, on peut en déduire que la veuve continue l’exploitation aux mêmes conditions.

Le reste des biens de la communauté familiale étant constitué de linge et de meubles :

« …..une vielle table longue avec ses deux bancelles - une huche en « bois de chêne fermant à clef - un marchepied ( petit meuble bas, servant à remiser soit des costumes, soit des objets précieux ) fermant à clef - une armoire en bois de guignier, à deux portes fermant à clef - un lit en bois de guignier avec de vieux rideaux - un autre lit en bois de guignier - une couette de plume d’oie - deux autres de plume d’oie - trois couverture vertes - douze draps de lit en chanvre de quatre aunes ( l’aune = 1,20 mètre ) - trois nappes - un rouet - deux saloirs : un grand et un plus petit……

Le reste de l’inventaire, les vêtements  confirment un semblant d’aisance, tant chez ce paysan défunt,

« …..un habit en drap : pantalon et veste - deux pantalons en grosse toile - un pantalon usagé - deux chemises - deux vieilles chemises - un bonnet - une cravate - deux paires de bas et souliers….

que pour sa veuve,
en 1741, à 54 livres et un  poids*de chanvre,

* le poids valait 16 livres, cette ancienne mesure est encore utilisée pour le chanvre.

« …..une brassière noire - une debater - une en toile - un manteau en drap de couleur prune - un autre noir - un cotillon blanc - une cape d’étamine fleurie - une jupe en étamine de laine rayée - une paire de bas - trois bonnes chemises et trois mauvaises - trois coiffes et deux mouchoirs.. ».

L’ensemble des biens de cet inventaire a été estimé à 472 livres 18 sols.

Un document aux Archives Départementales de la Sarthe , nous dévoile,

La vente le 1er septembre 1779, au Grand Bourg du Guessélard, après le décés François Benoist  - journalier est significative,
« …..une table  carrée et deux mauvaises bancelles, un mauvais lit, une carrée de lit  ( cadre de bois où s’attache les rideaux du lit ), un  marchepied de peu de valeur, sans serrure ( à cette époque sous la marche, existait un coffre fermant à clef ), un cabinet ( sorte de petit buffet bas ), à deux battants et deux tiroirs dont l’un ferme à clef, un mauvais charnier, un fusil…..

et quelques vêtements et linge,

« …deux mauvais draps de toile, un couvrepied en toile empli  de balle, une mauvaise taie, une couette  en toile, une veste et une culotte de peluche bleue, une mauvaise paire de bas de laine, une mauvaise paire de souliers et un mauvais chapeau, un mauvais gilet blanc…. »

L’ensemble du produit de la vente s’éleva à 49 livres seulement, dont pour le cabinet - 12 livres pour le fusil - 9 livres.

L’étude de la condition des journaliers et des domestiques démontre une amélioration au cours du  XVIIème siècle et du XVIIIème. En 1670-1680, il suffisait de deux journées et demie de travail pour acheter un boisseau de seigle. À titre indicatif, cent ans plus tard , il en fallait 6 ½.

Coup d’œil sur la vie de nos Aïeux au quotidien,


Dans le rythme frénétique des travaux de l’été, sous le soleil ardent, il faut faucher les foins, récolter les céréales, préparer les semis de l’automne, battre la récolte, un déséquilibre évident existe entre le régime alimentaire de nos Aïeux et les efforts quotidiens qu’ils effectuaient. Il faut savoir, qu’au XVIIIème siècle le sucre était une denrée cher et rare ; très peu d’œufs au menu, ils étaient réservaient à la vente au marché, le grain coûtait très cher, il était exclusivement réservé à l’alimentation des humains.

En 1837, à son lever le paysan Guécélardais mange une assiette de soupe aux choux avec quelquefois du lard, mais plus souvent du lait, trempée au pain de seigle, puis une ou plusieurs tartines « les beurrées » avec du fromage souvent frais.

À midi, son repas se compose d’une soupe copieuse de légumes du jardin qui précède un plat de bouillie     ( farine d’avoine ou de sarrasin ), de pommes de terre ou de fèves - il fallait quelque chose qui cale, qui tient au corps.  L’élément carné : la viande était exclusivement composé de porc et de volailles de la basse-cour, mais deux, très rarement trois fois par semaines - carottes, fèves, haricots, navets, poireaux, pois, raves cultivés dans le potager sont servis bouillis, arrosés de lait ou de cidre. Le repas se terminait par du fromage ou un fruit de saison.

L’été, lorsque la journée est plus longue, lorsqu’il faut affronter sans pouvoir les éviter les rayons ardents du soleil, rendant le travail plus pénible, une « collation » coupe l’après-midi ; elle consistait au XVIIIème siècle en tartines de pain de seigle enduites de beurre, le plus souvent de graisse de porc assaisonnée ( sel- thym - ciboule - persil -  ail ), accompagnées de la tige verte d’un oignon.

Vers la fin du XIXème siècle à Guécélard, et encore dans les années 1950, ladite collation comportait : des rillettes « les rilles », que l’on servait dans un grand pot en grès placé, au milieu de la grande table, des pâtés variés également de fabrication « maison » dans des terrines, la réserve des  pots de rillettes et des terrines se trouvait sur le haut de l’armoire lingère, derrière le fronton. On y mangeait souvent de la viande froide - porc, poulet, canard les restes du repas de la veille, puis du fromage frais assaisonné ou du bolo passé. Le dessert était invariablement des fruits de saison ou des confitures faites par la patronne. 

Le soir, lorsque toutes les occupations courantes étaient pour ainsi  dire terminées, une solide soupe aux légumes ou l’été la célèbre « miotée » - ( pain trempée dans du lait froid, souvent écrémée, ou  du cidre ) . L’hiver le potage était accompagné de châtaignes bouillies, la marmite posée au milieu de la table et chacun puisait à sa convenance directement avec ses doigts. Quelquefois, on les mangeait avec des pommes de terre, du fromage blanc ou du lait ; cela représentait un extra.

L’examen et le recoupement de nombreux inventaires après  décès, nous apprend,

- l’apparition de la table vers 1760-1780, d’abord dans les moulins, c’est le meuble par excellence de la convivialité ; puis de l’armoire vers la fin du XVIIIème siècle, marquant l’époque de la rationalisation ; pas de chaise.

Auparavant , les repas étaient pris autour de la cheminée, assis sur des bancs ( bancelles ), la marmite , posée à même le sol. Le coffre était l’élément principal du mobilier, du rangement : l’insécurité étant permanente, on était donc très mobile, et l’on se déplaçait beaucoup.

- aucune casserole, un chaudron souvent en fonte noire, à trois pieds, pour cuire les légumes du jardin, un poêlon pour cuisiner la bouillie de céréales et les galettes, une poêle à trous destinée aux châtaignes.

A Guécélard, et dans les landes du Bourray, au XVIIème siècle, l’écuelle en bois est personnelle, chacun la sienne. Vers 1750, il est  question de  l’assiette creuse en terre cuite : la calotte ; la fourchette se généralise, dans le même temps. L’assiette plate est en étain, on ne la trouve que dans une certaine classe de la société. Pas de verre, on boit dans des gobelets en bois puis en étain, on sert l’eau - le vin-le cidre dans des pichets : des choquets.

Contre la pluie et l’humidité, pour  se préserver du froid et de la bise glaciale l’homme de notre campagne n’a aucune protection : les moins fortunés avait une pelisse en peau de chien.

La quasi totalité des  habitants de notre campagne Guécélardaise, au  début du XVIIème siècle couchaient toujours sur le sol, recouverte souvent de fougères séchées, puis vers la deuxième moitié de ce siècle dans un cadre évoluant vers le lit  à couette - pas de matelas ; la couette de plumes de poules apparaît dans des actes vers 1750. Pour se garantir la nuit, une couverture blanche tissée par la maîtresse de maison, moitié laine, moitié chanvre.

- le grand chic de l’époque : la couverture rouge - teinte obtenue avec des cochenilles, impérativement vivantes, importées d’Espagne.

À la fin du XVIIIème siècle, la culture de la garance, dont la racine fournit  un colorant écarlate, modifia considérablement les prix..

La vente de lait, de beurre, de fromages quelquefois affinés ( dans du cidre, du vinaigre ou de l’eau-de-vie : fabriqués avec des pommes ou des prunes ) - le bolo, de volailles et de quelques légumes du jardin aux marchés de La Suze et du Mans, assurait le revenu en argent réparti sur toute l’année, il permettait d’acheter des outils ou de les faire réparer, des vêtements et surtout de payer la taille ou la capitation (impôts).


Les informations que nous  avons recueilli auprès de vénérables Guécélardais dans les années 1973-78,  les vieux documents, les chroniques, les almanachs que nous avons consulté aux Archives Départementales et à la Médiathèque, nous ont considérablement éclairé sur le linge de corps et les vêtements que portaient nos paysans, c’est à-dire ceux de notre terroir Guécélardais.  Un constat s’impose : ils ne sont pas nombreux, mais ils  sont fonctionnels et robustes.

Les vêtements de travail des hommes et des femmes en ces temps hors de notre mémoire ; qui passent des heures chaque jour au contact des animaux : atteler - dételer - panser - nourrir - soigner - assister, de travailler la terre par tous les temps, sont en permanence « crottés » - souillés. Le linge de corps est imbibé continuellement de sueur, occasionnée par les travaux agricoles, qui sont compte tenu le faible équipement : épuisants.

Si la grande toilette est effectuée le dimanche, c’est également le dimanche qu’on change de linge en se        « rappropriant ». Le costume des grandes occasions « l’habit du dimanche » : des fêtes solennelles - des cérémonies familiales, était celui que l'on gardait précieusement " celui de son mariage ". Réalisé en drap de bonne qualité par le tailleur, souvent familial.. Ce costume accompagnera son  propriétaire sa vie durant, rarement porté, dûment protégé, il sera endossé pour la dernière fois par le défunt pour son enterrement.

Tradition séculaire, et peut-être très lointaine, nette distinction entre les hardes du travail, c’est à-dire de la vie quotidienne, et le vêtement de «  sortie » dénommé «  du dimanche »,, chez nos paysans  attachés aux rites ancestraux, et respectueux des convenances, soucieux de préserver son formalisme.

Si le premier est adapté au travail rural sous toutes ses formes, le second par contre est fortement inspiré de l’habit de l’habitant du bourg, pour ne pas dire du citadin. Le premier , grâce à l’imagerie populaire qui supplée la photographie inexistante à cette époque, nous découvrons la blouse en grosse toile bleue, solide faite pour durer, de forme ample et très enveloppante, le bonnet qui sert et protège la tête, les sabots           « boëttons » signe distinctif de ruralité. Fabriqué localement, ils sont tout particulièrement adaptés à la marche dans les sols humides, la boue, de plus garnis de paille ils entretiennent une température constante par les plus  grands froids - image typique et représentative de nos paysans  des XVIIIème et XIXème siècles.

En 1735-1740, le vêtement est en toile rayée, la culotte descend jusqu’aux genoux, que l’on porte avec des guêtres ou avec des bas ( les chausses ), suivant le rang social et la région. La veste est cintrée, assortie d’un gilet.


La mode féminine est sujette à de  nombreuses variantes suivant les  régions, et même au sein d’un même département, par exemple la Sarthe : d’un terroir à l’autre, quand ce n’est pas d’une paroisse à la voisine. Différenciation dans les costumes, mais aussi et surtout dans les coiffes. Il n’est pratiquement pas possible d’en fixer une image représentative unique, et spécifiquement authentique.

La jupe est longue, et s’arrête à environ 20 cm du sol, la teinte est bleue, vert foncé ou prune. Elle est plissée, froncée à la taille, agrémentée d’un petit tablier blanc bordé de dentelles, parfois plus ou moins brodé, marquant un signe extérieur de l’aisance.

Pour enjoliver leurs caracos, elles se paraient d’un fichu en toile imprimée fleurie, couvrant les épaules, descendant bas en pointe dans le dos, croisé ou noué sur la poitrine, toujours pour marquer une particularité locale.

En 1740, la robe est en étamine de laine brune, ornée d’un col et de poignets blancs.

Vers 1760-1765, la jupe est plus courte en coton rayé, complétée d’un casaquin et d’un foulard unis ou fleuris.

La coiffe de notre région forme une galette, est destinée à recevoir les cheveux que les femmes portent longs. Finement ou richement brodée, nouée sous le menton par un ruban qui couvrait les oreilles. Là également,  une distinction entre la coiffe de la semaine et celle du dimanche.


Il n’y a pas si longtemps, dans les années 1930-40, certaines femmes de notre campagne regardaient non seulement comme incivil, mais comme la dernière inconvenance de laisser voir sa chevelure. Aussi se tenaient-elles toujours à l’écart pour se coiffer, et renfermaient-elles scrupuleusement tous leurs cheveux sous une coiffe.

Cette coiffe, qui  variait selon les régions, et quelquefois les villages a peut-être pour origine cette injonctions adressée par  Saint Paul aux Corinthiens :

« Il faut que la femme marche le chef couvert à cause des mauvais « anges - Épître I, XI, 5,6 et 10 ».


Le rythme du temps,


Le dimanche n’est pas un jour comme les autres. On y travaille certainement moins que les autres jours, mais sans énumérer en détail les tâches domestiques à accomplir par la mère de famille : les soins aux différents animaux de la ferme demeurent, et ne sauraient s’interrompre.

Certains de nos petits « maisonniers » peu fortunés, allant en journées dans les métairies, en semaine, profitaient de ce jour pour travailler leur propre lopin de terre. 

Au XIXème siècle, et au début du XXème, le dimanche est le jour de la messe. Nos paysans, dans notre terroir de bocage « monte » au bourg en carriole pour les uns, à pied pour les autres, mais toujours en famille ; toutefois lorsque la ferme est isolée, un membre de cette famille y demeure pour veiller, protéger les biens. Car le rôdeur plus ou moins malfaisant et aux aguets…..

C’est le dimanche, après l’office dominical que les femmes accompagnées de leurs jeunes enfants font leurs emplettes chez les différents commerçants  du bourg. Les hommes prennent l‘habitude de se retrouver pour boire un verre et discuter à l‘auberge ou au cabaret. C‘est à cette époque que le cabaret appelé également estaminet, se multiplie dans le voisinage des édifices religieux.


L'un des deux plus vieux estaminets de Guécélard - Document privé.


Le deuxième " cabaret de Guécélard ", dont le mari était également cordonnier - Document privé.

On profite également de ce jour pour rendre visite au notaire et au médecin…..guérisseur, rebouteux….qui soigne peu, mais vide les bourses…!

En 1830, une partie importante masculine de la famille retourne volontiers au bourg , après le repas du midi, pour s’attabler à l’auberge et s’occuper en groupe à boire et à chanter ; 50 ans plus tard s’ils boivent un peu moins, ils sont plus nombreux « à taper le carton ».

Des documents aux Archives de la Sarthe nous révèlent : vers 1830-1840 l’expansion démographique de la cité du Mans, offre un marché de consommateurs particulièrement intéressant. Ce nouveau débouché ouvre aux maisonniers, bordagers et autres Guécélardais de cette époque un complément de revenus appréciables : très tôt le matin les femmes seules ou en petits groupes, prenaient à pied la direction du Mans, chargeaient de paniers garnis de volailles ( poulardes - lapins - chapons ), de légumes du jardin ( de choux - oignons - navets - carottes - herbes aromatiques ), des fruits ( prunes - pommes ), du miel, de la compote de prunes, du beurre, des œufs, du fromage ( le fameux bolo, dont la fabrication locale a été abandonné edans les années 1945 ) ; et en saison des asperges, des noix ( noaix - ochaliou ), des mêles (  meiles », des quartiers de potiron.. De temps à autre, un fermier complaisant en prenait quelques unes dans sa charrette « chârte ».

Une enquête sur la situation et les besoins de l’agriculture en Sarthe en 1867-1868, démontre une certaine prospérité dans le développement de la culture des légumes dans les anciens « courtils étendus », et le commerce des produits issus des petits bordages jalonnant la route du Mans à La Flèche, et particulièrement en bordure de l’ancien chemin Mansais.

Terminée le 25 janvier 2013 - A.G.

Suite de : Tel un livre ouvert, Guécélard....feuillets après feuillets se découvre.

3ème volet de la trilogie de la " Connaissance de Guécélard ".

Dans la même collection,

      * - GUECELARD - HISTOIRE & PATRIMOINE - Lexique
           analysé du «  Parler de nos Aïeux» - 3 parties
           www.gbcx74.blogspot.com

      * - GUECELARD - NOMS & LIEUX - Glossaire raisonné 
            - 2 parties.

           www.gbcxjarrier.blogspot.fr

      * - GUECELARD - ENCYCLOPEDIE - Analytique & 
           Lexicographique
           www.gbcx41.blogspot.com