jeudi 11 avril 2013

HISTOIRE DE GUECELARD - II ème partie



GUECELARD

- Comment……
- Pourquoi……
- Quand……


le nom de «  célard », est venu s’adjoindre à celui d’un lieu de franchissement, connu sous l'appellation de " gué ", d'un cours d'eau cité dans l'acte " rhodanus ". Ce  point  fixe et permanent, isolé dans un environnement boisé, situé au cœur d'une immensité forestière médiévale, dénommée dans les textes et actes de cette époque  «  forest dou Man - VIIIème siècle ».



Souches fossilisées mises à jour lors de la sécheresse de 1976 - Vestiges incontestable d'une ancienne forêt.


Ce qu'il  était encore possible de voit, lors de promenades dans la campagne Guécélardaise dans les années 1980.



Carte de Cassini dite " Carte de l'Académie ", 1ère carte générale du royaume, dressée par César-François Cassini en 1767.
On remarquera l'orthographe du nom de Guécélard, la présence rectiligne de la toute nouvelle route royale n°26, reliant Paris à Nantes, ainsi que la très importante couverture boisée.



Tel  un  grand  destin  figé……..,
l’Histoire  est  incrustée  dans  son  nom 


Aucune autre localité française ne  porte le même nom, ou un nom s’en rapprochant.

Pourquoi, le nom de Guécélard ?

La réponse à cette question, est dans une autre question : d’où vient le nom de Guécélard ?

Ce nom semble apparaître pour la première fois au travers d’un document nominatif, manuscrit en bas-latin, sans datation, estimé au IXème siècle, aux Archives Nationales de Paris, «  …..vado nomino Coelhardi…. ( gué dénommé Coelhard ) », il s’agit manifestement d’un lieu-dit, d’un habitat très  ancien.

Nos références de la B.N.F. de Paris, sur lesquelles nous nous basons :
Veterum analectorum - t. III - les Annales de Saint Bertin - t. VII, p. 94-97 -  les Annales de l’Ordre de Saint Benoît - liv. XXXVII, n° 55-56
«  ….en 866, c’est à environ quatre lieues de la cité du Mans, que le comte  du Maine  Geoffroy,  orthographié  dans certains textes Gozfrid, dans un  autre document Gauzfrid, ou encore  Godfridum, se serait arrêté, accompagné du corps  de son  frère, l’infortuné Hervé, de quelques hommes d’armes, à son retour  victorieux de la bataille de  Brissarthe, contre les Normands…... ». 

La famille de ces comtes du Maine est citée dans les Chartes de l’abbaye de Sainte Scholastique de Juvigny. C’est à la mort du comte Roricon II ( Roger II ), en décembre 865, que le roi Charles II dit le Chauve plaça Gauzfrid aux responsabilités du comté du Maine, avec mission de le gouverner et  de le défendre.

Lorsqu’en 1051, Geoffroy II dit Martel, comte d’Anjou, profitant de la mort d’Herbert II, comte du Maine, envahit et occupe Le Mans soumettant sur son passage, et à son autorité les paroisses limitrophes  au  Grand Chemin médiéval reliant Le Mans à La Flèche. de France à Paris, cité dans tous les actes " Grant Chemeing Manczois - Grand Chemin Mansais ".



Partie Sud-ouest de la Carte XVème siècle de l'Evêché du Mans, où l'on remarque sur la gauche le " Grand Chemin Mansais " qui louvoie, et se sépare à Arnage du " Grand chemin de Poitiers  par Ponvallain, Le Lude ".


Cette localité se situant  alors à la  limite du comté d’Anjou ; le lieu-dit du Gué de Coelhard, bien que la documentation soit d’une désespérante pauvreté « …possède quelques feux»  la notion de «  feux »,  la maison qui fume entourée d’un champ exploité, semble déjà à cette époque se substituer dans les textes à celle de «  manse ».

L’évolution chronologique du nom est particulièrement intéressante pour en suivre le développement,

- au IXème siècle - le Gué-Coelhard
- au XIIème siècle - le Gué-Seelard ou Seelhard
- au XIVème siècle - le Guecellard ( t ) - le Guessellard -
       Gueisseillard
- au XVème siècle - le Guécellard  ( t ) - le Guesallard
- au XVIème siècle - le Gues-Ceslard
- au XVIIème siècle - le Guesellart - le Gueceslard - le Guescelard
- au XIXème siècle - le Grand-Bourg c’est à-dire  le Vieux-Guécélard
- au XXème siècle - le Vieux-Bourg

C’est parce que voulu par la « Mère nature » que Guécélard, ou plus exactement le nom initial qui perdura pendant des centaines d’années «  le Gué de Coelhard » ; est né dans un environnement ingrat quasi-désertique.



Son origine découle de l’union d’une adorable petite rivière et d’un chemin authentique chemin antique, à cet effet nous citerons une pensée d’Olivier de Messiaen

«  Il n’y a pas de faute de goût dans la nature »


Là, où très exactement se situer l'ancien " Gué de Coelhard " .



Portion du " Grand chemin Mansais " heureusement préservée .
L’existence de Guécélard est étroitement et uniquement liée à la présence de ce point de passage obligé et incontournable pour le franchissement de la petite rivière : le Rhonne.


Petit gué, sur un affluent du Rhonne .


Le gué, représente incontestablement un point fixe et permanent du paysage, un point incontournable de passage. Dans le cas présent, il est associé au nom d’un homme :  Coelhard qui devait devenir par la loi de la phonétique : Seelhard, qui fut cité dans un  texte, ou Seelard dans plusieurs actes des XIIème et XIIIème siècles, puis de déformation en déformation : célard..

Il est indispensable de se rappeler :

« …..pour nos ancêtres les Gaulois, le « Gué », était un lieu divin, il se classait aussitôt après le chêne dans le cycle de l’initiation du  (  voyage druidique…. ). Il donnait lieu à un acte rituel : l’extase par le jeûne, la traversée d’un cours d’eau était assimilée à :  une mue de l’individu ! ».


Monnaies Grec et Romaine



Pièce de Vercingetorix - du 1er s. ; pièce d'unn Parisii du IIème siècle.



Denier d'Herbert 1er, dit Eveille-Chien, de 1015.
Il semblerait que le " Gué sur le Rhodanus ", a été au fil des siècles un endroit très fréquenté.


* Dans la religion gauloise, dans les croyances, et les coutumes celtes,  le « gué » était un  « pont sous l’eau », il était habité par la  déesse du passage - Ritona, y résidait également la déesse spécifique aux cours d’eau - Divona, la divine ; cohabitation  délicate et même quelquefois particulièrement difficile qui se manifestait par des remous dans le courant. L’endroit était sacré, et constituait un «  nomans land », tout combat en ce lieu ne pouvait être que mythique.



Donation faite à l’abbaye Saint Vincent par Clotaire II, en juin 625 - Document des A.N. de Paris


Le sol garde en mémoire,
le nom de celui qui l’a conquis….!  


Coelhard ou Seelard sont cités dans plusieurs actes et textes authentifiés, aux A.D.72 et aux A.N. et à la B.N.F. de Paris. Ce nom a considérablement évolué, comme nous l’avons précédemment écrit, en fonction de la loi de la phonétique. 

Pour être précis, la forme la plus ancienne  remonte au IXème siècle elle est révélatrice : Coelhard  est tout simplement le nom du premier occupant du lieu. Uni à la racine : gué, cela a défini un lieu topographique .

Il est à signaler au passage, que ce lieu a été avant tout un site géologique, évoluant vers un site géographique, lui-même devenant un lieu-dit, puis au fil du temps un lieu-dit habité. Evidemment, érigé en hameau, il ne pouvait que se transformer en village. 

L’analyse étymologique que nous avons effectué , en utilisant le glossaire de vieux haut-Allemand de E. Schwarz, nous dévoile : Coelhard, la racine est « Coel », qui se prononce :  Sail, qui signifie dans ce dialecte : compagnon, pris dans le sens noble par analogie : Chef . Le suffixe « hard » est un qualificatif signifiant : fort, robuste, puissant dans le sens de supérieur, donc de chef. 

Les chef francs étaient des hommes de très fortes statures, ils devenaient chef, de par leur courage au combat, de par leur habileté dans les tournois, de par leur sang froid.

COELHARD : peut signifier : chef fort.

selon le poète anglais Henry W. Longfellow,

«  Le sol garde en mémoire, le nom de celui qui l’a conquis, ceux qui ont fait l’histoire ont  laissé leurs empreintes dans le sable du temps les empreintes pourront s’effacer leur signification n’en sera pas pour autant balayée ».

Dans la toponymie des noms de nombreux villages et de villes en France, le nom d’homme d’origine française ou étrangères a souvent présidé à la formation initiale du nom définitif.

Selon toute évidence, le tableau préliminaire réalisé avec plusieurs documents des A.D.-72, et des archives anciennes de l'Ordre Bénédictin, nous oblige à reconnaître que la «  voie antique, devenue le chemin reliant Le Mans à Angers via La Flèche, qui n'était en réalité qu'une portion de la route royale Paris-Nantes » a joué un rôle fondamental dans l’historiographie de Guécélard, pendant des siècles et des siècles. 

En effet, cet axe Nord-nord-est / Sud-sud-ouest qui trace une diagonale dans notre département, dénommé dans les textes anciens «  haut-Mayne »,  n’est qu’une section du chemin antique qui reliait port Corbilo       ( rive droite de la Loire ) à Vieil-Rouen ( rive gauche de la Seine ).

L’examen étymologique approfondi nous révèle que l’origine du nom de Coelhard n’est ni indo-européenne, c’est à-dire pré-celtique, ni celtique, ni latine, ni grecque, elle est germanique, selon le même glossaire de vieux-haut-Allemand à la B.N.F.de Paris. La  valeur probatoire de ce témoignage a fait l’objet d’une vérification avec la réalité de l’ histoire. 

Rappelons simplement pour mémoire, un fait historique : le destin de l’Empire Romain d’Occident fut scellé, à partir du moment où les Germains : Francs et Saxons, parvinrent à se fixer dans les interstices de la force d’inertie de l’énorme machine administrative romaine. 

Cette implantation sporadique, tout particulièrement insidieuse va miner de l’intérieur l’édifice impérial romain. Infiltrations perfides, de petits groupuscules de quelques individus sous l’égide d’un chef qui prenait systématiquement le pouvoir par la base, c’est à-dire par le sol.

Il est manifestement évident, que Coelhard, en se fixant en lieu de passage d'un cours d'eau , a fait souche avec une femme du pays. Très exactement à l'exemple des Saxons fixés depuis le IIIème /IVème siècle à Buffe, entre les colonies Saxonnes du Saosnois, et celle de l'Anjou.

Ces éléments enracinés, dispersés, formeront de « petits îlots d’intelligences » qui faciliteront le moment venu,  la conquête Franque. Venus des sombres et hostiles forêts de Germanie, sans esprit de retour, ces   « paysans-guerriers » se sont installés dans les endroits isolés, que représentait les friches qui couvraient alors notre commune. La tradition historique tient à qualifier d’ « invasions  barbares…. »  ces migrations diffuses de groupes humains d’agriculteurs-guerriers, plus qu’à demi-celtisés, venus des régions forestières et froides de la  rive droite du Rhin ;  s’établir dans des contrées désertes plus clémentes, et lointaines, à l’ouest de ce fleuve. 

La Bibliothèque Nationale de France nous dévoile que des Francs étaient légalement installés avec un statut juridique dès 358 ( vraisemblablement celui de  «  fédérés - laeti » ) disséminés dans des régions de terres incultes, abandonnées par ses habitants, depuis le IVème siècle, éloignées des frontières.

Les Francs ont recueilli l’héritage antique de nos Ancêtres les Gaulois, qui a été progressivement transformé par l’apport barbare et la christianisation.

Strabon, dans un passage fameux - liv. VII, 1, 2, : 
admet qu’entre les Gaulois et les Germains, il n’existe que des nuances.



Si sur ces deux plans de la deuxième moitié du XVIème siècle, on distingue le " Grand chemin Mansais - du Mans à Angers par La flèche, on remarquera également l'importance des zones boisées. ; de " Buf " à la " Priollerie ".



La toponymie, en l’absence de traces archéologiques, constitue à coup sûr pour Guécélard le meilleur moyen d’approcher pour évaluer la profondeur du peuplement germanique, les lieux-dits :

- le Bordage, 
attesté en 927 - Bord ; dérive du vieux-Français : Bore qui émane du vieux-Saxon : Bord, se prononçait Boord,  a débouché sur Borde, désignant au Moyen Age une petite maison en bois au bord d’un chemin, donnée à bail contre certaines corvées, servitudes. A évolué vers la désignation d’une petite fermette. On le trouve cité dans des actes médiévaux : bordagium. 

L’ouche, unité inférieure est désignée : osca - olca
C’est la pièce de terre voisine de l’habitation « …..concedo habitationem…Joffridi Rufi…ego quoque…..do eis oscham que est juxta…… », elle confine au jardin « …..unum ortum cum olca ei pertinente… », close d’une haie vive « ….oscam de la sauvagère sicut continentur infra sepe….. ».

- les Brosses, 
alt. +45, dans un acte de 1170 - Brocea , en vieux-Français : Broce, du vieux-haut-Allemand :  Bosk , désigne un terrain inculte couvert de taillis touffus - nom attesté en 1350 - Brocia. 

- Buffard,
apparition du nom vers 875, dérivé vraisemblablement de Buffe - Buff. En 1150,il a désigné une maison  en bois, permanente, plus robuste, plus solidement construite que celles des alentours, on peut supposer pour contrôler, protéger le passage du gué de cet endroit.

- Buffe,
attesté au IXème siècle a évolué Buffve, Buf, Buff, Bufe, la Bibliothèque Nationale de France nous apprend : découle du vieux-Saxon Budf, désignant un baraquement, un logement reposant sur une assise permanente   « briques » extraites d’une terre molle puis séchée.

- Gastine,
mot attesté en 1225 - Gastinae  ; en vieux-Français : Gastina, dérive directement de Vast, du roman Wast, synonyme d’étendue inculte, stérile,  de lande humide ; du vieux-haut-Allemand Wost ou Vast . Les Francs affectionnaient  les « Wost ».

- Thibault ( pont ),
forme altérée de Thibeau, dérive du vieux-haut-Allemand : Thiebald, puis Thidbald, qui signifie - Thie ou Thio = peuple ; bald = audacieux.

La vigueur du fond rural communal de Guécélard se manifeste dans la richesse de la toponymie, qui définit d’une façon frappante et surprenante, la diversité des types de peuplement.

Les Francs et les Saxons ( dénommés dans nos régions : hommes aux longs couteaux ), avaient en commun la langue : le dialecte Westique, dont dérive le vieux-haut-Allemand, selon E. Schwarz. Lucien Musset écrit : « …des colons barbares désignés « Lètes » attachés à leur terre et fixés à l’intérieur de la Gaule….. ».

Les sources narratives nous expliquent : Les invasions, les vagues germaniques les décèlent depuis 287-288.

L’implantation germanique devient pour notre territoire un fait économique, un fait démographique, la ruralisation va modeler le visage médiéval de cette terre, de notre terre, et au premier chef le caractère social de l’endroit. À partir de 464, un fait apparaît, pour les populations gallo-romaines de notre région, les Francs sont considérés comme des protecteurs, et non comme des conquérants.

          Selon Marc Bloch,
« L’action d’une civilisation sur une autre ne se mesure pas nécessairement à la  balance  des nombres en présence »

En l'occurrence, notre source fondamentale est un recueil de documents aux A.N. Paris : la Notitia Dignitatum de  428-430.

Il faut se rappeler que l’occupation germanique avait été réglée : par l’ Édit d’Honorius vers 420-423, et il est donc  possible d’en suivre les effets dans la donation effectuée en 572 par l’évêque du Mans Domnole ; que des documents des A.D.-72 nous renseignent :

« vers 594-95, les clercs et les laïques ne possèdent plus le latin « correct….Les documents, lois et diplômes se formulent en bas-latin ou en « germanique ( vieux-haut-Allemand - Grammaire historique de la langue « française ) . Le Concile de Tours en 813 .…ordonne aux clercs et « aux religieux ne se faisant plus comprendre par des fidèles de s’exprimer « en roman ou en germanique ».

Il faut mémoriser le principal problème, et non des moindre pour cette époque : les nouveaux arrivants Francs, avaient conservé leur langue, et il se pose avec acuité dans les noms dont l’origine est germanique,

Christian J. Guyonvarc’h a écrit :

« La langue reste néanmoins en dépit de certaines difficultés de détails, « l’indispensable, sinon  l’unique référence dont nous disposons pour fixer « avec précision la nationalité ».

En 456-457, Guécélard se trouve positionné dans le royaume indépendant de Aegidius ou Egidius, dit comte Gilles, chef de la milice romaine ( Magister Militium », né à Lyon, après ses victoires sur les Burgondes et les Visigoths, remplacé à sa mort en 464 par le comte Paul, qui avec Childéric et ses francs venus du Mans, expulsent les Saxons de l’Anjou - liv. II, chapitre XVIII,

HISTORIA  FRANCORUM de Grégoire de Tours - liv. II, chapitre XLII,
«…..Childéric, n’était pas le seul roi Franc, on en signale un au Mans, vers 486, « cousin de Clovis, qui fut tué par celui-ci…. ».
 
* Le  dernier roi Franc du Mans
Régnomer, prince du sang de Mérovée, possédait alors au tout début du VIème siècle, le Maine à titre de royaume, comme son frère Régnacaire, régnait sur le Cambrésis. Tous deux ne purent échapper à l’ambition de Clovis, qui les fit mettre à mort. Après l’assassinat en 510 de Régnomer, dernier roi du Mans, le fondateur de la monarchie Française pénétra dans le Maine à la tête d’une armée Franque, anéantissant toute forme d’opposition. Sur son chemin, la cité Mancelle le stoppa, iil assiégea donc la capitale des Cénomans, après une énergique résistance la ville fut prise et les habitants subirent l’impitoyable loi du vainqueur. Saint Principe, alors évêque du Mans, par l’entremise de Saint Rémy dont il était parent, obtint la liberté de ses clercs, et la cessation d’oppression.

                                                

Tiers de sou en étain émis par Childebert 695 et 711.



Loi en vigueur au VIème siècle


Pour ce faire une idée de l’ignorance et de la barbarie de ce siècle , mais également des suivants, il est indispensable de jeter un coup d’œil sur le code des Francs,

- si l’on blessait un homme Franc à la tête, il en coûtait 15 sols or.

- si l’on dépouillait un cadavre, on était condamné à 62 sols or.

- si l’on volait dans un lieu saint, on avait la main droite ou gauche coupée.

- l’assassinat d’un homme Franc coûtait beaucoup plus cher que celui d’un Gallo-Romain.

- le crime d’un guerrier Franc, pouvait entraîner la décapitation.
Il était possible de s’acquitter d’une calomnie, d’injures en rachetant sa peine.
- certaines violences, entraînaient la mise à mort, pratiquement sans procès.

L’or, effaçait tout, permettait tout, c’était un pouvoir absolu.
Ce ne sont que quelques exemples…..

Le Maine se retrouve dans la part de Chilpéric 1er, petit fils de Clovis, fils de Clotaire 1er et de sa dernière épouse Aregonde, reçoit en héritage la plus petite part ( le nord de la Gaule avec Soissons ), qui prend le nom de Neustrie. Vers 575, Chilpéric mobilise une troupe de Manceaux, d’Angevins et des Saxons du Bessin, pour libérer la ville de Vannes, du joug d’un chef breton nommé Waroc ; ce fut un échec complet.

En 581, l’évêque du Mans est d’origine franque, ancien majordome de Chipéric.

HISTORIA FRANCORUM - liv. X, chapitre XXV
« ….vers 590,…..une grande famine accable les Angevins, les Nantais, les « Manceaux…. ».


La  petite nécropole  de  La  Martinière  témoigne


Lorsque l’Archéologie confirme, authentifie les analyses étymologiques et les textes,

Une fait est certain cinq sarcophages Mérovingiens du Vème siècle on été découverts et authentifiés au lieu-dit «  La Croix de La Martinière », le site est protégé et interdit de fouilles.

Sur le terroir de la commune de Guécélard,  une petite nécropole antique a été découverte en 1954, au lieu-dit : la Croix de La Martinière, composée d’un cimetière comprenant cinq sarcophages. Une importante érosion, l’éventualité d’un pillage antérieur sont peut-être à l’origine du mauvais état des coffres. Trois catégories de tombes ressortent de l’inventaire.

Bien qu’aucune étude géologique n’ait pu être entreprise à partir de l’examen d’échantillons  des matériaux composant les sarcophages, plusieurs spécialistes proposent de situer leur provenance, en précisant les carrières du Val de Loire-Touraine du IVème siècle.

En l’absence d’état civil et de registres paroissiaux qui ne se généralisent qu’à partir du XVIème siècle, l’étude d’une population ancienne doit faire appel aux données fournies par le matériel osseux exhumé lors de fouilles de nécropoles.

L’examen  des documents fournis par la Direction régionale de l’Archéologie, laisse à penser qu’il s’agit d’un cimetière mérovingien : on constate une organisation - une tombe décalée par rapport aux autres plus ou moins alignées, l’orientation sud-sud-ouest / nord-nord-est, des cuves monolithiques, la présence de pierres plates ayant servies à édifier une bordure ou de dalles de recouvrement ( tombe n°1 ), suffisamment séparées les unes des autres pour qu’on puisse envisager des allées de circulation.

Le tome XIII - 1955 de GALLIA ( fouilles et monuments archéologiques en France métropolitaines ) et la Carte Archéologique de la Gaule - p.238 , rubrique 146 - AH, réalisée sous la responsabilité du professeur Michel Provost, nous apprennent,
« à Guécélard - En bordure de la R.N.23, près du carrefour du V.O. de
« Moncé-en-Belin à Fillé, au milieu d’une pinière, l’ouverture d’une carrière
« de sable en juin et août 1954 a fait découvrir cinq sarcophages , orienté
« N.N.E.-S.S.O, l’un en calcaire coquillier, les autres en «  crouas » - ( falun aggloméré )…….
« Au lieu-dit : la Croix de La Martinière - Cne de Guécélard on découvrit en
« juin 1954 dans une carrière de sable à la Sapinière du Grand Chemin, un
« sarcophage  en pierre friable avec un fragment de couvercle qui fut
« immédiatement détruit par l’inventeur. Quatre autres sarcophages
« trapézoïdaux (  l’un en calcaire coquillier, les autres en falun ) furent
« fouillés en août.



Plan dressé par la D.R.A.C. de Nantes, de la disposition des cinq sarcophages Mérovingiens, estimé du Vème siècle.


« Disposés  en rangs parallèles, la tête orientée nord / nord-est,
« ils contenaient des squelettes  «  usés » , un seul a livré du mobilier
« 2 perles en terre cuite vernissée, 1 perle en verre  bleu translucide
« les autres étant mal conservés. La présence de  nombreux tombeaux mérovingiens
* des VIème et VIIème avaient déjà été signalés par
« F.  Liger-1903, A. Ledru-1911, F. Lemeunier-1954 ».

Au stade final, nous superposons la dispersion des références recueillies en essayant d’isoler un critère  fondamental.

En conclusion de ce chapitre : l’archéologie par la découverte de la nécropole de « la Croix de La Martinière - cadastré : section C, parcelle 155, Cne de Guécélard, valide les textes d’Archives et l’étymologie du nom, authentifiant un fait,

«  Vers le Vème siècle, un homme d’origine germanique, probablement un « chef Franc, est  venu s’installer  dans une boucle de la petite rivière « dénommée Rhonne, en un point  naturel de franchissement  inoccupé, en « un  endroit semble-t-il désertique. Il y fit souche,  et conquit le sol « avoisinant, communiquant à l’endroit son  nom. L’archéologie nous « permet de penser, que ce site a été habité  en continu au moins « jusqu’au IXème siècle, par un groupe ayant  gardé la même « appellation ».


Comment poursuivre les investigations ?


La « romania », n’avait pas ou peu touchée notre terroir. On peut en se plaçant au début du XIIème siècle, et dans la perspective de l’héritage du Vème établir un bilan fort limité. Dans des documents dispersés, quelquefois abâtardis par l’interprétation, on trouve aux A.D.-72, un passage dans un texte « ….in terrae sit…..homines vado in coelhard…. », la terre de l’homme Franc * de Coelhard . Le cliché  du « barbare » qui apporte le désordre, la ruine et incapable de construire ; est à gommer. Il apparaît clairement que la coexistence des races, des dialectes et des genres de vie différents est évoluée après une forme d’intégration, vers une fusion.

Et si besoin est….. Voici quelques mots que le français, a emprunté à l’ancien francique, la langue des francs que nous utilisons au quotidien,

- ban et ses dérivés (bannir, banal) < ban, territoire soumis à une autorité, interdiction, déclaration publique
- étrêve < treuwa « contrat, convention » ( westique ou ancien francique,
l'allemand Treue)
- haubert < halsberg littéralement « cou (hals) & protection (berg) »
- beffroi < bergfrid littéralement « veille, protection (berg) & paix (frid) »
- bleu < blao (cf. l'allemand blau)

Le francique moderne a un autre nom: le néerlandais. NL = mot moderne en néerlandais, D = mot moderne en allemand. ( liste non exhaustive )

- abandonner ( de bannjan = bannir ) NL, D = bannen, verbannen
- astiquer ( de steken = pousser, utiliser un bâton pointu, relaté à stakka ) NL = poetsen (faire briller) mais aussi steken, D = putzen (briquer)
- bâtir, bastille ( de bast = écorce, écorce de bouleau en lamelle, ficelle, matériel de construction ) NL = bast ( écorce ) bouwen ( bâtir ), D = Bast (écorce) bauen (bâtir)
          bière (de bera) NL, D = bier
- blanc ( de blinken = briller ) NL = blink ( cirage ) blinken, D = blinken ( luire )
- bleu (de blao ) NL = blauw, D = blau
- bordure ( de boord = bord ) NL = boord dard ( de darod = lance à jeter ) NL = (mot disparu, l'anglais Darts))
détacher, attacher, tailler, étal ( de stakka = pieu, bâton pointu ) NL = stok, D = Stock
écran ( de scherm = protection ) NL = scherm, D = Schirm
épieu, pieu ( de speut = pointu ) NL = spie, D = spitz
épier ( de spieden ) NL = spieden, D = spähen
escarmouche, escrime ( de skirmjan = défence limitée ) NL = schermen, D = schirmen
étale, étalage, ( étable  de stal = construction où l'on « case » un animal ) NL = stal, D = Stall
fief ( de fehu, vee = troupeau de bovins ) NL = vee
fouquet ( de fulko = écureuil ) NL = eekhoorn ( de eik = chêne, donc qui mange des glands de chêne /en anglais: acorn ), D = Ecker
frais ( de frisk, fris ) Nl = fris, D = frisch
framboise ( de braam bes = mûre + baie ) NL = framboos ( mot réintroduit ) distôl = chaise stôl pliable faldi ) NL = vouwstoel
galop(er) ( de walalaupan, wel lopen = bien courir ) NL = gallopperen ( mot réintroduit ), D = galoppieren
gant ( de want ) NL = want
garant ( de warand, ware hand = vrai ( et en ) main ) NL, D = garant ( mot réintroduit )
garçon ( de wrakjo = diminutif de wraker = tueur, donc: petit guerrier ) NL = jongen, D = Junge(n)
garde, gardien ( de warding, dérivé de wachten = attendre, observer, surveiller, se tenir prêt ) NL = wachter, D = Wächter
gaspiller, gaspillage ( de wostjan, woest = rendre sauvage , sauvage ) NL = woest ( sauvage ) verspillen ( gaspiller ), D = Wurst ( sauvage ) verspielen ( gaspiller, perdre au jeu/la partie )
grappe ( de greip, greep, grip = prise par une main, poignée ) NL = greep ( d'une main ), tros ( de raisins )
fauteuil ( de fal )
gris ( de grîs, grau = brillant mais foncé ) NL = grauw, grijs, D = grau
guerre ( de werra, war = confusion ) NL = oorlog (le mot war n'est qu'utilisé dans l'expression in de war = être confus), D = Wehr ( barrage, défense )
haïr ( de hatjan ) NL = haten, D = hassen
hardi ( de hard = dur, solide ) NL = hard - le surnom de Charles, duc de Bourgogne, n'était pas "le téméraire" mais "le hardi"
honnir ( de haunjan ) NL = honen
- brun ( de bruin ) NL = bruin, D = braun
chic ( de schikken = bien ranger, donc être valable ) NL = schikken, D = sc cken ( adresser qc. ) schicklich ( bienséant )
- choc, choquer ( de scoc, schok = secousse ) NL = schok, D = Schock
- cresson ( de kresso = plante signifiant nourriture ) NL = waterkers, D = Kresse peron < sporo ( westique ou ancien francique, l'allemand Sporn)
- dard ( de darod = lance à jeter ) NL = (mot disparu, l'anglais Darts))
- détacher, attacher, tailler, étal ( de stakka = pieu, bâton pointu ) NL = stok, D = Stock
- écran ( de scherm = protection ) NL = scherm, D = Schirm
- épieu, pieu ( de speut = pointu ) NL = spie, D = spitz
- épier ( de spieden ) NL = spieden, D = spähen
- escarmouche, escrime ( de skirmjan = défence limitée ) NL = schermen, D = schirmen
- étale, étalage, ( étable  de stal = construction où l'on « case » un animal ) NL = stal, D = Stall
- fief ( de fehu, vee = troupeau de bovins ) NL = vee
- fouquet ( de fulko = écureuil ) NL = eekhoorn ( de eik = chêne, donc qui mange des glands de chêne /en anglais: acorn ), D = Ecker
- frais ( de frisk, fris ) Nl = fris, D = frisch
- framboise ( de braam bes = mûre + baie ) NL = framboos ( mot réintroduit ) distôl = chaise stôl pliable faldi ) NL = vouwstoel
- galop(er) ( de walalaupan, wel lopen = bien courir ) NL = gallopperen ( mot réintroduit ), D = galoppieren
- gant ( de want ) NL = want
- garant ( de warand, ware hand = vrai ( et en ) main ) NL, D = garant ( mot réintroduit )
- garçon ( de wrakjo = diminutif de wraker = tueur, donc: petit guerrier ) NL = jongen, D = Junge(n)
- garde, gardien ( de warding, dérivé de wachten = attendre, observer, surveiller, se tenir prêt ) NL = wachter, D = Wächter
- gaspiller, gaspillage ( de wostjan, woest = rendre sauvage , sauvage ) NL = woest ( sauvage ) verspillen ( gaspiller ), D = Wurst ( sauvage ) verspielen ( gaspiller, perdre au jeu/la partie )
- grappe ( de greip, greep, grip = prise par une main, poignée ) NL = greep ( d'une main ), tros ( de raisins )
- fauteuil ( de fal )
- gris ( de grîs, grau = brillant mais foncé ) NL = grauw, grijs, D = grau
- guerre ( de werra, war = confusion ) NL = oorlog (le mot war n'est qu'utilisé dans l'expression in de war = être confus), D = Wehr ( barrage, défense )
- haïr ( de hatjan ) NL = haten, D = hassen
- hardi ( de hard = dur, solide ) NL = hard - le surnom de Charles, duc de Bourgogne, n'était pas "le téméraire" mais "le hardi"
- honnir ( de haunjan ) NL = honen
- jardin ( de gaarden, dérivé de wachten ( surveiller ) = ( plur. ) les parcelles gardées, entourées d'une protection ) NL = gaard, tuin, D = Garten
- landes ( de land= terre sableuse ) NL, D = land  ( pays )
- loge(r) ( de laubja ) NL = loge ( mot disparu, mais réintroduit )
- marche(r) ( de marka = frontière, marque, marquer d'un pas ) NL = merk, marcheren ( mot réintroduit ), D = marschieren (marcher )
- marque ( de marka = signe, signe d'une délimitation, frontière ) NL = merk, D = Marke (marque)
 - marquis ( de marka = région frontalière ) NL = markgraaf ( graaf = comte ), D = Markgraf
- maréchal ( de marhskalk = gardien skalk des juments maren royales ) NL = maarschalk ( rang militaire ), merrie ( jument ), D = Marschall
- randonnée ( de rant, rand = coté ) NL = rand, trek ( le voyage ), D = Rand ( coté )
- rang ( de hring = chaînon, anneau ) NL = rang ( mot réintroduit ), NL, D = ring (anneau, route périférique)
- saisir ( de sakjan = revendiquer ) ; NL = zaken ( affaires ) ; verzaken       ( renoncer ), D = Sachen ( affaires ) entsagen ( renoncer )
- standard ( de stand-hard = tenir debout fermement ) NL, D = standard     ( mot réintroduit ), stand, hard ( dur )
- trot(ter) ( de trotton = mouvement de haut en bas ) NL, D = trotter

* Les mots réintroduits diffèrent des originaux parce que leur signification est plus spécifique et limitée. L'origine purement francique de certains mots est parfois discutée. Elle pourrait être germanique, bien que la différence n'est pas grande.

Néanmoins, le néerlandais moderne compte pas mal de mots originaux qu'on ne retrouve pas en allemand. Pour le détail : on a compté plus de 750.000 mots en néerlandais, non compris les mots apparus depuis 1920. Ainsi le néerlandais compterait plus de mots que l'anglais.

Pourtant, le nombre de mots d'origine étrangère est nettement plus limité qu'en anglais. Il est probable que les Francs avaient déjà une grande richesse de vocabulaire.


Origine et originalités……
dans une enclave, au milieu des bois…….un hameau s’éveille 


La substitution de la culture au revêtement végétal s’est amorcée au néolithique, comme en témoigne les nombreux mégalithes disséminés dans notre proche région. L’évolution  et la progression se sont amplifiée avec les agriculteurs gaulois. C’est l’habitat gaulois qui a donné certaines caractéristiques à quelques-uns de nos lieux-dits.


Cette portion grossie, nous dévoile le faible habitat du " Hameau de Guécélard ", la largeur du gué sur le Rhonne, provoquée par les croisements en ce lieu, la surface cultivée concentrée près de la petite agglomération, et la présence des bois.


Les crises successives des IIIéme siècle et IVéme, qui entraînèrent inéluctablement en 476, l’effondrement de la puissance romaine, ont eu pour conséquences  la désertification de notre territoire, l’abandon du chemin. La seule voie utilisable et utilisée, devient la rivière Sarthe.

Au Haut Moyen Âge, c’est à-dire vers le V-VIème siècles, passées les exactions de ce qui fut appelé les « invasions germaniques », qui eurent raison de l’empire romain, « le Pays de Bourray », donc le territoire communal Guécélardais, n’était qu’un territoire boisé, pratiquement désertique. Non pas notre vision actuelle des pinèdes, mais un univers de taillis vigoureux,  garnies de ronciers épais, enchevêtrés de broussailles, végétations spontanées qui  s’étaient développées sans contrainte sur les portions défrichées puis cultivées , mais abandonnées progressivement depuis les IIIème et IVème siècles ; dont les profondeurs insondables étaient imprégnées de mystères, et de frayeurs.

Dans un texte du XIVème siècle aux Archives de la Sarthe, on trouve « ….pais du deser, en brieres, frous et terres servan au pasthurage seulement…. ».

C’est dans cet univers insolite et sauvage, discrètement lové dans le méandre d’un cours d’eau, au cœur de ce Pays de Bourray si décrié, que s’est développé discrètement le hameau de Seelard.

Tonsure, calotte chauve de la légendaire Forest dou Mans , célèbre dans de nombreux actes et textes médiévaux, que prolongeait vers le Sud-ouest sur la rive gauche de la Sarthe la prestigieuse  Forêt de Long Aulnay .

La forêt de Longaulnay, qui, se développait dit-on, sur 16000 à 17000 hectares recouvrant douze paroisses, s’était progressivement muée en landes . Là où la forêt disparaît, souvent la lande apparaît. Un arpentage effectuait en septembre-octobre 1550, l’a évalué à 3600 hectares Un plan des landes du Bourray - A.1 et A.2, nous apprend qu’elles se divisaient en deux parties principales : le Petit Bourray et le Grand Bourray. que la plus importante est la  Lande du Grand Bourray. Sa superficie était estimé à 2275 arpents.

L’arpent en usage à cette époque pour évaluer la superficie des champs, des bois, etc, était celui de cent perches carrées, la perche de vingt-cinq pieds de côté, équivalait à 65 ares 95 centiares.

Cette friche « en vieux haut-Allemand - vrisch » s’étendait des abords du Gué-de-Maulny ( château royal détruit par les Anglais en 1359 ), vers le Sud-ouest pour rejoindre la célèbre Forêt de Longaulany « Longus Alnetus en 1044 », dont une partie au XIIème siècle, portait le nom de  Berzil. La dite friche était connue, dans la littérature médiévale sous l‘appellation de « forest dou Man »,  dont une partie est dénommée dans un texte  « Gastines du Bélinois ». Environnement austère au faciès désertique, au sol humide dans certains endroits. Cet environnement austère au faciès désertique, submergeait le plat pays jusqu’au pied de la Butte de Bruon - alt. +86, juxtaposée à la Butte de l’Aubépine - alt. + 82 ( I.G.N.1997 ). À l’époque elle couvrait 2882 arpents et semblait ne commencer nul part ni ne finir nul part. « Pays des horizons noirs »  écrit par le Docteur Paul Delaunay », nature typée et contrastée où selon de nombreux textes l’histoire du sol se confond avec celle des hommes.

Dans un texte du XIVème siècle aux Archives de la Sarthe, on trouve « ….pais du deser, en brieres, frous et terres servan au pasthurage seulement…. ».

C’est dans cet univers insolite et sauvage, discrètement lové dans le méandre d’un cours d’eau, au cœur de ce Pays de Bourray si décrié, que s’est développé discrètement le hameau de Seelard.

Tonsure, calotte chauve de la légendaire Forest dou Mans , célèbre dans de nombreux actes et textes médiévaux, que prolongeait vers le Sud-ouest sur la rive gauche de la Sarthe la prestigieuse  Forêt de Long Aulnay .

La forêt de Longaulnay, qui, se développait dit-on, sur 16000 à 17000 hectares recouvrant douze paroisses, s’était progressivement muée en landes . Là où la forêt disparaît, souvent la lande apparaît. Un arpentage effectuait en septembre-octobre 1550, l’a évalué à 3600 hectares Un plan des landes du Bourray - A.1 et A.2, nous apprend qu’elles se divisaient en deux parties principales : le Petit Bourray et le Grand Bourray. que la plus importante est la  Lande du Grand Bourray. Sa superficie était estimé à 2275 arpents.

L’arpent en usage à cette époque pour évaluer la superficie des champs, des bois, etc, était celui de cent perches carrées, la perche de vingt-cinq pieds de côté, équivalait à 65 ares 95 centiares.

Les légendes transmises par la mémoire, de bouche à oreilles ont une curieuse destinée : on les cerne sans cesse et on ne les découvre jamais dans leur contexte primitif, elles restent en suspens dans le domaine des probabilités. Or la mémoire, tout le monde en est persuadé, est très utile, mais, car il y a un mais : particulièrement infidèle, et enjolivée.
« ….c’était dans le temps jadis…..il y a longtemps….à dame oui, très  longtemps…..deux mille ans peut-être, et plus……il existait quelque part dans la région….un pays merveilleux couvert d’une opulente forêt, dont l’ondulation des frondaisons était semblable à la houle légère d’une mer de  verdure. Une petite rivière, répondant au nom charmant de «  Eau « qui court » y déroulait  son scintillant ruban. Glanys, la pure, déesse aux yeux verts dans la chevelure ondoyante brillait aux rayons de Belen, le roi   soleil, et scintillait aux éclats de la Lune, sœur-mère et amante de Belen : y séjournait. Des cerfs, des biches, des daims y folâtraient en toute  quiétude, de nombreux oiseaux gazouillaient parmi des buissons de fleurs aux coloris chatoyants.
« Le roi Burrius, régnait sur ce pays idyllique où de très jolies jeunes filles, vertueuses, évoluaient. Elles guidaient les voyageurs égarés ou errants dans le vieux chemin, faisaient franchir le « pont sous l’eau », et leurs offraient des collations et le breuvage divin.
« Mais Burrius , enfreint la « Geisa * » - c’est à-dire l’interdit absolu, il fit « violence à l’une de ces fées, et, immédiatement celles-ci disparurent, abandonnant irrémédiablement ce royaume, qui se transforma en une contrée désolée, stérile, et désertique : « un « gastes pays » - un pays « de gastines, et de landes.
« Le petit cours d’eau s’appela alors « Rivière qui coule », qui se « latinisa « en Rodanus ».

- * Conte librement inspiré d’un texte manuscrit en français roman du XIIème siècle : l’Élucidation, qui est un préambule à l’Épopée du Graal.
- * Geis, au pluriel Geisa - en gaulois, signifie redoutable interdiction magique ( X. Delamare ).
- * « Gast », en vieux français, et son dérivé : gastine ( gastina - vastina - gâtine ) est synonyme de lande, friche, brousse, maquis - étendue inculte dans le sens de vide solitaire, abandonnée, désertique , en vieux haut-Allemand : Vast -Vastus - La Forêt du Mans était une « Gaste Forêt ».


Bourray ou Bouray 

de nombreux actes d’Archives départementales de la Sarthe, de l‘Indre-et-Loire, du Maine-et-Loire et même du Loiret, permettent de constater que ce nom a subit de nombreuses variations au cours des siècles écoulés :

Bourre - Boure - Bourrei - Bourrey - Bourrai - Bourrai


vers 1025, dans un acte ( H.577-Prieuré de Fessard ) Benregium -  au XIIIème siècle, Bourrei - selon Georges Dottin, dans son Précis - Glossaire de la Langue Gauloise, définit : Bourray émane directement de Burus, son dérivé Burrius, nom d’un homme d’origine gauloise avec le suffixe « -acus », qui a dû être sous la forme gauloise « -acos » l’évolution du suffixe : -e , -ei , -ey , dans le Nord-ouest de la France a donné vers le XIVème siècle et au XVéme -ai et -ay

Burrius :
désigne en langue gauloise ( table de Veleia ), non un nom de lieu,  mais un nom d’une étendue de terrain

Les documents écrits de cette période sont rares, et souvent en mauvais état, leur transcription en est d’autant plus difficile qu’ils se trouvent dispersés dans différents centres d’archives départementales.

Le Haut Moyen-Âge est une période de l’histoire qui est tout particulièrement nébuleuse.


Guécélard………terre de passages
…terre de traditions



Guécélard est une terre de contacts. Contacts entre le passé, la tradition et l’avenir, à travers le présent. Les vestiges qui subsistent, parlent d’une longue Histoire, depuis la Préhistoire, jusqu’à la rafle de Mondan ( que nous n‘effleurerons pas, nos recherches étant délibérément limitées au XIXème siècle ). Des expressions anciennes collent encore à la langue, comme la glèbe aux sabots - pardon aux bottes


Acte du 13 septembre 1380 - Document de la Bibliothèque Nationale de France à Paris.


Les événements les plus lourds de conséquences pour les origines de Guécélard se sont produits en dehors des limites accessibles de l’Histoire elle-même.


Un authentique…..chemin antique !


Notre langage dans son évolution a rompu avec l’origine pour assigner au chemin une place  communale  très secondaire, en même temps que son entretient était dévolu à des instances locales. « Chemin », est un nom qui émane du gaulois « céimmenn »  qui signifie «  il marche, il va » , dont le dérivé verbe d’action est : aller, marcher. Par nature il est en général en terre ou empierré, lorsqu’il est goudronné il prend le nom de «  route »  . De nos jours le chemin est une voie qui se place entre la route et le sentier. Il s’est latinisé pour devenir « camminus » Dans les « plans terriers »  et les « plans anciens »  , le chemin est très souvent utilisé comme limite, comme délimitation.

Vestige authentique de l’historiographie de Guécélard, le Grand chemin Mansais, est ignoré, parce qu’oublié, et pourtant, il est cité, dans un document des Archives départementales de la Sarthe, nous avons trouvé,

- Polyptyque de l’Abbé Irminon, daté du IXème siècle
- Actes de 1110, cartulaire de l’abbaye de Saint Aubin d’Angers
- Actes de 1117, cartulaire de l’abbaye de Saint Sulpice de Rennes
- Actes de 1151, cartulaire de l’abbaye de Saint Sulpice de Rennes
- Actes de 1205, documents de Saint Mesmin de Micy près d’Orléans

comme Grand chemin de Paris à Nantes, par Châteauneuf, Rémalard, Bellême, Bonnétable, Le Mans, La Flèche, Angers ( la distance Le Mans-Paris, était  de 7 km 952, plus courte par Bonnétable, que par Chartres, La  Ferté-Bernard ). On le trouve cité dans des actes aux A.D 72 - 61 - 28 ; dans des textes de la Généralité de Tours, et aux Archives Nationales de Paris.

Nous avons reconstitué en quelques 38 plans, son itinéraire exact de Verneuil-sur Arvre aux Ponts-de-Cé  ( cette importante documentation est intégrée dans notre collection personnelle )

- Grant Chemeing Manczois au XIème siècle
- Chemin Menseis en 1345,
- Grant chemin mansays en 1404,
- Grand chemin maczois en 1407,
- Grant chemin mansay en 1464,
- Grand chemin Mansais en 1553,
- Grand chemin d’Angers à Paris en 1574 et 1650,

Ainsi de l’ancienne « Fourche d’Auvours », aux lieux-dits : « Polucan » et « Pierre Ronde / Longue », un chemin se développait  dans la plaine géologique des Hunaudières, évitant les terrasses passait par « les Landes », le « Gué Perray », « la Blanchardière » - ( Poney-Club ), de nos jours il est désigné G.R.36, et réapparaît partiellement vers la « Butte des Fermes », puis « le Fouillet ». Après le « Tertre Rouge », il disparaît complètement sous le Circuit Bugatti, et l’aérodrome. Il franchissait  le ruisseau Roule-Crotte au « Gué Gillet », qualifié par François Dornic, et André Bouton de chemin Protohistorique. Devenu sur des plans primitifs de  1810 le « Chemin aux Bœufs », puis vers 1840 le  « Chemin d’Arnage à Saint Mars la Bruyère », cette véritable déviation médiévale de l’agglomération Mancelle était rejoint sur sa droite au nord du hameau d’Arnage en un lieu qui s’appelait « la Croix de Paris », aujourd’hui le passage à niveau ; par la voie dite de Poitiers. 

Jeanne Dufour, dans sa thèse pour le doctorat d’Etat du 15 octobre 1979 ( p. 116 - 262 ), confirme ce raccordement  entre deux sections « du Grand Chemin Mansais », une antique déviation, donnant à cette voie une continuité développée Nord-est / Sud-ouest,

« …..la route de Nantes à Paris par Angers, Bonnétable (  le Grand Chemin Mansais  ), la plus importante, traversait la région par La Flèche, Le Mans, Bonnétable ; le Chemin aux  Bœufs, qu’empruntaient les bovins pour gagner à pied le marché de Poissy, était identique, mais il passait « au  large de l’agglomération Mancelle au sud-est de  Pontlieue…. ».

Cette antique déviation est attestée par des actes du Cartulaire de l’abbaye de La Couture,
- en 1408, une baillée à vie,
- en 1446, une rente foncière,
- en 1574, un bail de ferme,
- en 1610, convoi funèbre du cœur du roi Henri IV,
- en 1650, une baillée perpétuelle,
- en 1667, lors de la construction de la  grande route, qui atteste de son tracé. On le retrouve cité dans le : Registre des Cens et Aveux de 1342 à 1347 de la seigneurie de Créans.

Par l’auberge de « la Tête Noire », ils ne formaient dans la traversée du hameau d’Arnage, qu’une voie unique jusqu’à la « Croix de Braye » ; parallèle à l’actuelle rue Nationale. Les documents précités et des textes d’Archives départementales nous apprennent que la portion de ce chemin au-delà du Gué-Perray direction Bonnétable, et jusqu’à cette dernière localité, il a  porté  : des alentours de 1810, au début du XXème siècle, le nom de « Chemin aux Boeufs », appellation que l’on retrouve encore sur certains plans de 1834 et 1844. En ce qui concerne la partie comprise entre le Gué Perray, et le Gué Gillet, elle était dénommée vers 1787 « le Chemin des Fourches ».





Sur le 2ème plan datant de la 1ère moitié du XVIIIème siècle , la fourche de l'embranchement du       " Grand chemin de Poitiers au Mans ", et du " Grand chemin du Mans à Angers-Nantes est bien précisée. Le 3ème et le 4ème, nous décrivent le cheminement du " Chemeing d'Angier "servant  de délimitation aux paroisses de Moncé et de Spay, puis, son tracé dans les " Landes du Petit Bourray ", futur " Territoire communal de Guécélard ". On remarquera l'orthographe de " Buffar ".


L’Histoire……… notre Histoire s’est gravée dans ce chemin,


De nos jours, de la « Croix de Braye ou Brée » - alt. +43 ( ex-station E.d.F. d’Arnage ), le Chemin Mansais, affublé de dénominations divers, s’enfonce à droite, peu avant l’auberge des Matfeux, dans les bois pavillonnaires. Évidemment, il est devenu moderne, l’asphalte ayant remplacé la voie de terre émaillée d’ornières. Il est inutile de rechercher des vestiges, depuis 1950 la modernisation, l’urbanisation nous ont devancé. Il délimite les paroisses devenues communes de Spay et de Moncé en Belin. Selon des plans de 1787, 1810, 1813, 1823, 1930, il est appelé Ancien chemin du Mans à La Flèche, ou Vieux chemin du Mans à Angers, appellations que l’on retrouve sur de nombreux documents du XVIIIème au tout début du XXème siècles, d’Arnage à Cré sur Le Loir, à la limite du département.

Au XVème siècle et encore au Lieu de rendez-vous, des seigneurs de Buffes, de Mondan, de Foulletourte s’y retrouvaient pour se rendre ensemble chez leur suzerain qui siégeait au château de Belin,

il coupait le chemin de Fillé à Moncé en Belin, un peu plus loin sur sa gauche, et XVIème, le chemin se développait de la « Croix de Brée » au hameau du Gué-Ceslard dans un environnement de bois, de taillis, de broussailles et de ronciers, les gastines du Belinois, terres humides, spongieuses devenant de par son assèchement, progressivement les landes du Petit Bourray, avec la plantation de pins.

Le Grand chemin Mansais, laissant « les Martrais »  sur sa droite, passe « Bellair »   peu après le « Carrefour du Poteau Rouge », pénètre sur la commune de Guécélard, avec un premier lieu-dit sur sa droite

- la Blinière,
nom attesté vers le XIème siècle, porte le nom de l’homme : Blin qui a le premier défriché l’endroit, vers le  XIIème siècle - XIIIème le suffixe « -ière » y a été ajouté.

puis,  dans les « Bois de Buffes », et

- l’ Écusson,
nom attesté vers 1235, alt. +41, cité au XIIème siècle, carrefour où les « escuiers », escuyers. Lieu de rendez-vous, des seigneurs de Buffes, de Mondan, de Foulletourte s’y retrouvaient pour se rendre ensemble chez leur suzerain qui siégeait au château de Belin,

il coupait le chemin de Fillé à Moncé en Belin, un peu plus loin sur sa gauche, et en retrait,

- le Plessis,
nom attesté en 1118 - Eplessie, Plaissie en 1237, signifiait  courber, ployer ; a désigné un enclos formé par des branchages entrelacés , où l’on enfermait et faisait paître en général des chevaux.

- Beauchêne, 
au Vème siècle, n’indiquait pas toujours une caractéristique esthétique, mais une valeur. Dans ce cas, il est assimilé au qualificatif « majestueux », synonyme de « divin ». N’oublions pas que les assemblées des druides et celles des chefs gaulois « le corsedd » se tenaient toujours sous un chêne grand et puissant. Lieu-dit attesté au XIème siècle. 

tandis qu’à droite, l’on trouve,

- Beaufrêne,
lieu-dit vers 1230. Au Moyen Age, son bois servait à la confection des flèches, ses feuilles donnaient un lait meilleur en qualité, propre à la fabrication du beurre. Dans la mythologie gauloise , c’est un arbre « divin »  , les druidesses initiées, les jeunes guerriers de la noblesse gauloise sous un frêne.

- la Prée, 
nom attesté vers 1180 - la Préhée . En 1239, plusieurs cartulaires d’abbayes désignent ces pâturages communs, c’était le droit de faire pâturer les animaux après la première coupe de l’herbe.

- Maison Neuve : 
vers la moitié du IXème siècle, on trouve : Mansiones ; en 1234, Maysons, indiquait un gîte d’étape, un «  relais », le voyageur pressé pouvait y changer de monture.

- le Cerisier, 
vers 1236, nom caractéristique d’un arbre signalant un lieutopographique précis.

au hameau de Guécélard, une Chronique nous dévoile,       

« …..au Vieux Guécélard, on se faufile entre deux rangées de maisons basses, farouchement serrées les unes  contre les autres, aux toits de «chaume, aux façades de torchis roux… ». 

une fourche existait à la sortie sud du Vieux-Guécélard, à droite le chemin du Port , et l’ancien chemin de La Suze au Mans, à gauche le chemin Mansais franchissait la petite rivière le Rhonne au Vieux-gué ( cité en 1810 - 1844 ),  si l’on se réfère aux quatre premiers plans précités. En 1895, le franchissement se faisait par le gué pour les véhicules hippomobiles, il existait une passerelle pour les piétons.

Au Moyen Âge, la baronnie de Château-du-Loir percevait par l’intermédiaire de son vassal le seigneur de Mondan, un droit de passage qui s’appelait Branchière ou Branchère, une enseigne en forme de : Billette était implantée afin de prévenir les passants,

- le marchand contrevenant qui pouvait jurer de son ignorance, avait 10 sols mansais d’amende. Celui qui ne pouvait ou ne voulait pas prêter serment payait 6O sols mansais.

- le seigneur pouvait confisquer les chevaux, harnais, charrettes et marchandises - si l’utilisateur passait délibérément entre les bornes sans s’acquitter du péage. Toutefois, il pouvait se libérer lors du procès de confiscation en payant le prix exigé ou en fournissant une caution.

Ceux qui connaissaient bien l’itinéraire du Mans à Angers, traversaient le Rhonne au «  Gué de Buffard », pour échapper à la taxation, mais il y avait le risque de se faire dévaliser dans les taillis touffus du « Bordage ».

Sur l’autre rive ( la rive gauche ), successivement il passait par,

- la Croix-Blanche,

- la Maison Torse,
signalait au XIIIème siècle, le carrefour avec le chemin de Oisé, qui s’enfonçait dans la lande du « Mortier de la Ville » en direction  de Oizé. A cet endroit existait un « vieil arbre tortueux, presque effrayant …. ».

puis s’engageait dans une partie des Landes du Grand Bourray, appelée les Gastines du Bas-Poslinois, terres humides, spongieuses par

- le Châtaignier,
appellation relativement récente, vers la fin du XVIIIème siècle, spécifique à la topographie marquée par un arbre caractéristique.

non loin à gauche s’élevait encore en 1792,

- l’église du Guéceslard, construite au XVIème siècle, démantelée vers la fin du XVIIIème siècle, en face, sur la partie droite du chemin et le bordant, coulait un ruisseau poissonneux : le Guécélard.

par,

- le Dauphin,
alt. +44, nom attesté en 1125, un acte daté de 1260, nous donne « Doffin ». Selon Roger Verdier, une auberge relativement importante aurait existé en cet endroit. Un pavage auraient même été trouvé lors de travaux d’urbanisation, dans les années 1930.

à droite, dans les bois,

- la Prieulerie,
attesté en 1190, dans un acte du XIIIème siècle Prieureté,  terres - fief appartenant en propre au prieur du Prieuré Saint Pierre de Parigné-le-Pôlin, dès 1195.


Lieu habité....? poste d'observation contrôlant le " Grand chemin Mansais "...? Enclos Mésolithique de Parigné-le-Polin.



dans la commune de Parigné-le-Polin, il se développe par le carrefour de la Dodinière, alt. +47, le lieu-dit : les Bornes, alt. +50 - en ce point précis, se situe la  10ème lieue gauloise, soit 20,I00 km du Palais des Comtes du Maine, à la perpendiculaire et au pied du bourg de Parigné. Ensuite par  les « Forges » il  s’élève à l’alt. +58 et redescend vers  « le Bas des Côtes » alt.+50, sont tracés se confond pour la première fois depuis Arnage, avec celui de la R.N. 23 jusqu’à la « Boule d’Or » - ancienne auberge, via le carrefour de « la Belle Étoile », il reprend jusqu’à La Flèche un tracé nettement indépendant, pratiquement parallèle à la Nationale.

On le trouve souvent cité dans des actes et  des plans terriers des XVIIème et XIXème siècles, sous l’appellation : ancien grand chemin du Mans à La Flèche - vieux chemin d’Angers à Paris.

                            

Divers débris en bronze ancien, et en fer " qualifié de très ancien ", découverts, à proximité du tracé de ce qui a été et est désigné comme le " Chemin Mansais".
Il faut bien admettre que les " trouvailles " viennent quelquefois en aide aux documents.



Dans le fatras hétéroclite des " trouvailles du détecteur de métaux ", 1 fibule cassée en bronze, 1 boucle de ceinture en bronze, 1 rouelle gauloise


Le destin enroule son collier autour de nos existences….


Nos Ancêtres du peuple gaulois : les Aulerques dans leur migration vers l’ouest, dont la datation est fixé au Hallstatt final, vers -550-500 ans avant notre ère, empruntèrent sans nul doute son itinéraire, puisque les Ebuvorices s’installèrent dans la région d’Evreux, les Cenomans dans celle du Mans, et les Andes s‘établirent en Anjou dans la région d‘Angers, c’est à-dire sur cet axe devenu indispensable à la sauvegarde de leurs liens ancestraux, et leurs échanges. Si  le mot chemin est un mot essentiellement gaulois, il ne faut pas oublier que nos Ancêtres ont inventé le char, le chariot, la charrette, à deux et quatre roues, ils étaient d’excellents charrons , et les meilleurs chars romains étaient fabriqués en Gaule. Dans la Gaule pré-romaine, on circulait beaucoup et vite, cela nécessitait évidemment des voies carrossables en excellent état, et suffisamment large pour que l’on puisse se croiser et se doubler ; cela nous avons une fâcheuse tendance à l’oublier, l‘esprit obnubilé par les mythiques voie romaines. Il est vraisemblable que ce chemin se soit superposé au chemin du chalcolithique existant.

Une question discutée à l’infini : y a-t-il  eu des gaulois à Guécélard ?

L’étude du gaulois c’est, essentiellement la pratique de l’étymologie.

Singulière destinée que celle de nos Ancêtres : ici insoumis, là chassés, néanmoins ils ont légué à la postérité,

- Aliziers,
attesté en 1199 - Alisi, dérive du gaulois Alisa, qui signifie l’arbre caractéristique de la maison ; a donné le nom d’un homme d’origine gauloise Alisios.

- le Cassereau,
nom attesté vers 1080, dans un acte de 1642 - Cassen. Dérive directement du gaulois cassâno. Le mot latin quercus qui désigne le chêne, n’a pas pénétré en Gaule, cet arbre était sacré. En vieux-Français chasne est issu de cassano. Cassereau, peut être traduit en celte cassano-magos soit champs de chênes, autrement dit : une chênaie.

- la Citrie,
attesté en 1225 - Citri, dérive du gaulois Cithio qui signifie vivant, par analogie lieu où l’on vit. Selon l’étymologiste W. Kaspers, nom d’un homme gaulois Citus.

- la Gendière,
dont la racine Gen, dérive du gaulois Genos qui signifie lignée,
famille, avec le suffixe du XIIème siècle - XIIIème -ière défini un bien, domaine, on peut intégralement traduire bien appartenant à la tribu ou  par analogie : domaine  appartenant à la lignée, la famille. Cours de littérature celtique - VI, p. 166-177

- Château-Gaillard,
attesté seulement au XVIIème siècle, qui pourrait être plus ancien. Selon M.Th. Morley du C.N.R.S. émane du gaulois : Galia qui signifie fort, dans la topographie est associé à Château.

Selon une rumeur locale, des Vendéens y auraient séjourné en ce lieu le 9 décembre 1793, la nuit de leur entrée au Mans ? Cette propriété a été reconstruite et modifiée par Monsieur Guet, vers les années 1882.

- Longue Lande,
attesté en 1170 - Landa,  dérive directement du gaulois Landä qui désigne un terrain découvert non utilisé, précisé dans la topographie par un qualificatif.

dans notre vocabulaire quotidien, des mots essentiellement gaulois,

« …..alouette, ambassade, ardoise, benne, barque, barrière, bec, borne, bouche, bruyère, cercle, char, charpente, chemin, cheminée, craindre, crème, drap, landes, petit, saumon, savon, tonneau, ….cette liste n’est pas exhaustive… un véritable dictionnaire de la langue gauloise existe » .

dans notre patois local,

« …batinne = grand rateau ; enheudé = entrave pour des animaux ; oeblé = très étonné, qui se frotte les yeux pour s’assurer de…. ; chaîntre = partie non abourée, où l’attelage tourne ;  plesse =  plié, d’où clôture de branchages entrelacés ;  charrière = passage de charrettes ; treuliè = courir çà et là ; queniau = enfant  ; lien = attache pour animaux ; flanbeyer = nettoyer….etc ».

- le Jarrier,
mot apparu dans un acte en 1184, on trouve en 1595 - Jarriay, en 1697 - Jarries. La racine Jarris en vieux-Français, désignait des formations épineuses. Selon Henri d’Arbois de Jubainville, origine pré-Celtique, probablement indo-européenne, désignant une friche où ils ne poussent que des broussailles.

- Seunay,
nom attesté vers 1150 - évolution du nom du XIème siècle au XIVème : Senei - Seney - Seunay.

Cours de littérature Celtique - VI , p. 179 à 181 selon Henri d’Arbois de Jubainville, la racine « Sen » origine pré-Celtique, vraisemblablement indo-européenne, qui a donné la racine celtique : Senos - Sainacus : nom d’un homme d’origine gauloise.

                                


                                
Fragments de poteries authentifiées gauloises trouvées à Guécélard en 1975 et en 1981

                                

Fragments de poteries trouvées dans la Sarthe lors de la grande sécheresse

                                

Clou , désigné comme d'origine gauloises...?



Les Romains son-ils passés à Guécéclard…..?
Dans « Bellico Gallico » Jules César lui-même répond à cette question. 


À  l’automne 57 avant notre ère, P. Crassus, lieutenant de Jules César après avoir quitté celui-ci au siège de Namur, vers le début de l’été de cette même année, à la tête de la 7ème légion passa par Beauvais, Rouen, Lisieux,  le sud de la Manche, traversa les départements de l’Orne et de la Mayenne, installa ses quartiers d’hiver dans la région d’Angers, contrôlant le pont en bois franchissant la Loire aux Ponts de Cé. César lui même, dans ses Commentaires sur la Guerre des Gaules , a écrit liv. III, chap. VII.

« ….le blé manquant dans cette région - Anjou, P. Crassus envoya un bon nombre de préfets et de tribuns militaires chez les peuples voisins pour y chercher du blé ….. »,

l’un des peuples voisins était justement celui des gaulois Cenomans de la Sarthe, installés de part et d’autre de la voie gauloise Le Mans Nantes, qui capturèrent la totalité du  contingent romain, et les retinrent prisonniers moyennant en contre partie la libération des otages gaulois.

Au printemps 51 avant notre ère, après la défaite d’Alésia, la victoire n’est pas acquise pour César, les Andes, région d’Angers, (  peuple frère des Cenomans ) entre en rébellion ouverte contre les romains, après avoir anéantit une légion, et encerclé le légat romain Caninus, avec deux  légions ( 12000 hommes ) à Vieux-Poitiers, vaincu et dispersé les alliés gaulois de ce général romain. La révolte se propage et s’étend aux territoires voisins. César jugeant la gravité de la situation donne ordre à C. Fabius de quitter ses quartiers de Beauvais en urgence avec deux légions et demie et de se rendre par les voies les plus rapides, les plus directes au secours de Caninus ( Bellico Gallico - liv. VIII, chap. XXIV et XXVII ).

Son itinéraire est parfaitement connu jusqu’au Mans. Par Pont-de-l’Arche franchissement de la Seine, Évreux, Verneuil, Mortagne, Bellême, il utilisa de grands axes gaulois parfaitement carrossables et entretenus.


L’Histoire  de  ce  chemin,  est  l’Histoire de Guécélard,


Pépin le Bref et sa troupe, à la suite d’une expédition malheureuse contre Hunauld ou Hunoald, duc d’Aquitaine, furent dans l’obligation de se replier et de solliciter la protection des murailles de la cité du Mancelle. Gauziolene, évêque du Mans, et son frère Karivius, virtuellement comte du Maine, sympathisants par intérêt de l’Aquitain, interdirent à Pépin l’accès de la ville du Mans. Affaiblit militairement, Pépin dû se résoudre à installer ses campements en pleine forêt du Mans ( forest dou Man ). Ces faits sont mentionnés dans un acte écrit au Mans , rédigé en juillet de l’an 751.

Nominoë, virtuellement duc des Bretons, à la mort de Louis 1er dit le Pieux, ne reconnaît pas la souveraineté de son fils le roi Charles II dit le Chauve, après s’être emparé d’Angers, remontant la vallée de la Sarthe à la tête de ses cavaliers Bretons en 844, remonte la vallée de la Sarthe et attaque Le Mans. En 850, à nouveau il occupe Angers, remonte par Durtal, La Flèche et s’empare du Mans, il fera de cette cité la plaque tournante de ses opérations. C’est au  moment de reprendre son offensive en direction de Chartres qu’il meurt le 7 mars 861.

De la présence bretonne au IXème siècle,

- le Carreau, 
dans un acte de 833 - Caro. Selon le cartulaire de l’abbaye  bénédictine de Redon , un moine du nom de Caroth, se trouvait dans la suite de Erispoë II, fils de Nominoë, et aurait séjourné au Prieuré bénédictin de Saint-Pierre de Parigné. Dans une Chronique médiévale de Cottereau - IV, p. 18
« ….quand tu vouldras planter tes vignes, il fauldra les ordonner en « carreaux et en chacun cent pies de plantes… »

peut représenter une unité de superficie pour la vigne ?

- la Guérandière,
on trouve Guerran en 854, dans un acte est cité  Gueranda. Dérive de la racine bretonne en qui signifie blanc, dans le sens de vide, Nom spécifiquement  breton désigne un champs en friche, le suffixe -ière a été ajouté vers le XIIIème siècle.

- Mortray,
racine bretonne moch, en 861 mortref ( s),désigne un lieu où vivent des porcs ou des sangliers, définit une exploitation spécialisés dans l’élevage des porcs.

Selon des  documents ecclésiastiques des Archives de l’Indre-et-Loire et de la Sarthe,

« ……un important pèlerinage, en hommage à Saint-Maclou existait au « Guesellard depuis le Moyen Age. Chaque année, le lundi de Pâques, les « fidèles venus  de plusieurs lieues à la ronde, toujours plus nombreux à « venir prier……, et la dévotion à Saint-Maclow s’est perpétuée au « Guescelerd jusqu’en 1790.….. »

Suite à la paix d’Angers, en 863 le traité d’Entrammes ( Mayenne ) consacre l’apogée  de la toute puissance bretonne, ainsi qu’en témoigne les Annales royales de Saint Bertin. Salomon obtient du roi de France la cession  d’une partie de l’Anjou et tout le pays « Entre-Deux-Eaux », c’est à dire tout le territoire entre la rivière Mayenne et la rivière Sarthe. La frontière entre la Bretagne et la Francie est matérialisée par les rivières  la Sarthe et la Maine, ces deux cours d’eau déterminent la nouvelle limite orientale de la Bretagne. Fresnay-sur-Sarthe,  Beaumont-sur-Sarthe, Le Mans, Malicorne, Fillé, La Suze, Sablé-sur-Sarthe, Châteauneuf-sur-Sarthe sont devenues des cités frontières. Guécélard est désormais un hameau frontalier.

Entre Angers et Le Mans, le plat pays n’offrait aucun obstacle sérieux aux vagues déferlantes des cavaliers des forces combinées des Normands et des Bretons, de plus la rivière Sarthe présentait une voie de pénétration idéale aux bateaux nordiques à fonds plats, appelés « Knorr », plus connus sous le nom de « Drakkar, en raison des figures de dragons qui ornait la proue ». La ruse découlant du déplacement silencieux du bateau, la sûreté du coup d’œil, l’extrême promptitude à réagir, ils possédaient la science infuse de la navigation en rivière. L’Anjou et le Maine, en l’absence  de défense organisée étaient tout particulièrement vulnérables aux attaques des Normands installés dans les îles, et à l’embouchure de la Loire, depuis 843. Les Annales Royales de Saint Bertin font état de Westfaldingi, qui ne peuvent être que des Norvégiens du Wesfold, dont 67 bateaux remontent la Loire, et s’aventurent en exploration dans divers affluents dont la Sarthe, vers 842. Le texte précise qu’ils sont souvent associés avec des Danois

Le Grand Chemin Mansais offrait une excellente voie de pénétration, et le hameau du Gué Coelhard, eu le triste privilège de voir, de subir, ces pillards qui contrôlaient l’Anjou ( ils occupèrent le château d’Angers jusqu’en 873 ). De ce point ils faisaient peser sur le Maine une complète insécurité, ils furent interceptés par les comtes Gauzfrid et Hervé à la tête d’un groupe armé de Manceaux sur le chemin d‘Angers ; la troupe de Robert le Fort formée de contingents de  la Touraine et de l’Anjou et celle de Ramnulf II, comte du Poitou après avoir  fait leur jonction engagèrent le combat avec les Normands le 15 septembre 866 à Brissarthe, au nord d’Angers à une lieue de Châteauneuf.

La bataille fut sanglante , les Normands subirent une cuisante défaite, mais les pertes du côté des Français furent très lourdes. La famille des comtes du Maine paya un lourd tribu : le comte Roricon II, Hervé son fils, qui semble être le cadet, le gendre Ramnulf 1er , comte du Poitou, furent tués lors des affrontements avec les Normands. 

L’année 886 est marquée par une recrudescence des expéditions normandes dans le Maine, remontant de l’Anjou et utilisant le chemin devenu « Voie d’invasions ». Veterum analectorum t. III, p.228-229.

Au IXème siècle, le Polyptyque de l’Abbé Irminon, évoque des charrois de vin d’Anjou pour l’Abbaye de Saint Germain des Près, passant par Le Mans, empruntant cet itinéraire.

Vers le Xème et jusqu’au XIIIème siècles le chemin n’était pas une voie déserte, Georges Duby, nous apprend qu’à partir de 980 , pendant la période dénommée : Optimum climatique, 

« …..une foule indéfinissable circule sur les chemins : vagabonds, filles « publiques chassées des villes, trafiquants en tous genres, repris « de justice à l’affût d’un bon coup, déserteurs, moines, marchands et « colporteurs divers…. ».

Bien que n’étant pas nommément précisé, il n’en demeure pas moins, que le Grand Chemin d’Angers au Mans, transparaît dans les documents relatant l’enchaînement des événements qui vont se succéder pendant près de deux cents ans, du début du Xème siècle, à la première moitié du XIIIème ; avec en arrière plan la guerres dite de «  Cent ans ».

Dés le XIème siècle, le comté du Maine devient la proie des comtes d’Anjou, notre pays va connaître les déprédations des soldatesques angevines et du Maine tour à tour. Puis l’enjeu de deux dynasties puissantes naissantes, expansionnismes et rivales : l’Anjou au sud-Ouest, et le duché de Normandie au Nord, le Maine devient une proie facile par le biais du seigneur de Bellême.


Bas du parchemin 353, avec les signatures - XIème siècle - Document de lla Bibliothèque Nationale de France à Paris.


Document signé en 1060, par Philippe 1er, roi des Francs, de passage à La Fontaine Saint-Martin - Document des Archives Nationales de Paris.


Hélie de Beaugency, plus connu sous le nom de Hélie de La Flèche, fils de Jean avait épousé Mathilde, fille de Gervais II de Château-du-Loir, de cette union est née Éremburge. Hélie devient Comte du Maine en 1093, héritier légitime par sa mère Paule, fille de Herbert 1er Eveille-Chien, petite -fille de Hugues III. 

Éremburge de La Flèche, ou plus exactement Éremburge du Maine épousa Foulque V dit le Jeune, deuxième fils, de Foulque le Réchin, comte d’Anjou, devenu héritier du comté à la mort prématurée de son frère aîné, en 1106. A la mort d’Hélie le 11 juillet 1110, Éremburge devint comtesse du Maine. En 1126, à son décès son mari Foulque V le Jeune devint comte d’Anjou et du Maine. Leur fils Geoffroi V dit le Bel,  plus connu sous le nom de Geoffroi Plantagenêt, au départ de son père pour la Palestine devint en 1131, comte d’Anjou, du Maine et de Touraine. Josèphe Chartrou dans son ouvrage : l’Anjou de 1109 à 1151, a écrit que c’est à la passion de Geoffroi le Bel, pour la chasse et ses courses effrénées dans les landes de la forêt du Mans, qu’il doit cette appellation. Pseudonyme, surnom devenu synonyme d’épopée.


Le Grand Chemin Mansais devint alors la Voie des Plantagenêt,


Geoffroi Plantagenêt épousa dans la cathédrale du Mans, à la Pentecôte , le 22 mars 1128, Mathilde l’Empeuresse, fille héritière de Henri 1er, roi d’Angleterre, duc de Normandie, petite-fille de Guillaume le Conquérant. C’est le dimanche 2 mars 1133 au Mans que leur fils Henri II est né, duc de Normandie en 1150, comte d’Anjou et du Maine en 1151, roi d’Angleterre en 1154, il mourut en 1189. Sur ses 35 années de règne, Henri II Plantagenêt, prince Français, n’en passa que 13 outre-Manche. Il fit d’Angers « ……où il faisait si bon vivre…. »,  la seconde capitale du royaume d’Angleterre.


IXème siècle - folio 412 verso de la " Chronique des Ducs de Normandie " .


C’est ce chemin que suivirent en 1189, Guillaume, archevêque de Reims, de Bourges et de Canterbury ; Philippe, comte de Flandre et Hugues , comte de Bourgogne, à la tête d’un important groupe d’écuyers, de chevaliers et d’arbalétriers, pour surprendre et intercepter Henri II, en Anjou.

Le chemin dont nous parlons, fut historiquement inséré de 1126 à 1214, dans l’axe Angers, Le Mans, Bonneville-sur-Touques, Londres, il a été pour l’Histoire la « Voie des Plantagenêts ». Utilisé par les fils de Henri II, Richard 1er dit Cœur de Lion, roi d’Angleterre de 1189 à 1199. Puis par son frère Jean sans Terre qui lui succéda sur le trône Anglais de 1199 à 1216. Le 21 avril 1199, Jean sans Terre et ses compagnons partis de Fontevrault via La Flèche arrivèrent dans la soirée au Mans.

Ce qui laisse à penser qu’au XIIème siècle, ce Grand Chemin Mansais était en parfait état, que l’on pouvait y circuler rapidement, et qu’il n’existait aucun moyen de franchissement de la Loire à Saumur.

En 1223, Louis IX plus connu sous le nom de Saint Louis, accéda au trône à l’âge de 11ans. Plusieurs seigneurs et non des moindre, sous l’égide de l’oncle paternel du jeune souverain, le comte de Bourgogne formèrent un complot, « une ligue ». L’un des confédérés, Pierre de Dreux dit Mauclerc « Mauvais clerc », duc de Bretagne,  certainement le plus dangereux, avait trahi le royaume de France en 1226, et était soutenu  par Henri III, roi d’Angleterre.

En janvier 1230, la reine Blanche de Castille, accompagnée de son fils, à la tête d’une petite armée venant de Paris, par Le Mans gagna Angers, se dirigeant vers Nantes où Mauclerc c’était retranché. Charles 1er de France, frère de Louis IX, a été comte d’Anjou et du Maine de 1245 à 1285.

En août et en septembre 1329 par Le Mans,  le roi Philippe VI de Valois se rendit au prieuré de La Fontaine Saint-Martin fondé par  le comte d’Anjou, Foulque V, en bordure de la célèbre forêt de Longaulnay, se développant le long de la rive gauche de la Sarthe, en prolongement de la forêt du Mans.

Jean Froissard dans ses Chroniques royales décrit une chevauchée des Anglais en 1380. La Sarthe  constituant une ligne de défense pour les Français, ceux-ci avec l’aide des petits seigneurs locaux avaient obstrué les lieux de franchissement de la grande rivière. En garnison à Pontvallain, le 16 septembre 1380, une importante troupe de soldats d’outre-Manche, par Moncé-en Belin, essaya de traverser la rivière Sarthe à Arnage, puis à Fillé, suivant la berge jusqu’à Noyen, à la recherche d’un passage, ravagèrent Buffes, incendièrent Mondan, endommagèrent maisons, hameaux, églises dans leur fureur destructrice.


Page de la " Chronique de Froissard " relatant les faits - Document des Archives Nationales de Paris.


Une autre Chronique  en 1389,  détaille le retour destructeur des Anglais pendant un office religieux regroupant « ….quelques manants des alentours…., c’est la panique aux cris de …. veyssi les engleys….. ». Vers 1410, incapable de se défendre et d’être défendus, les petits paysans Guécélardais  avaient pris l’habitude de vivre au plus profond «….des breuils…. ».

Après l’assassinat manqué du Connétable Olivier de Clisson dans la nuit du 13 au 14 juin 1392, Charles VI, furieux contre le duc de Bretagne, qui ne voulait pas lui livrer Pierre de Craon, l’instigateur du forfait ; organisa une expédition punitive. Il quitta Le Mans, en compagnie de Louis d’Orléans, son frère, des ducs de Berry et de Bourgogne, ses oncles. Le roi conduisant une armée de 4380 hommes, se dirigea vers Angers le 5 août 1392, espérant prendre le repas de midi à Foulletourte ou au prieuré de La Fontaine Saint-Martin. Parmi l’escorte royale on note Guillaume de Sillé, chevalier bachelier, Guillaume de Souligné, Huet de Buffes et Jean de Vernie tous écuyers de la compagnie de Jean de Tucé.  

Selon Froissard, après Guessellard, dans les landes du Bourray, en dessous du village de Parigné, sous un soleil ardent,  et une  chaleur pesante,  dans  la poussière soulevée par les passages des chevaux à la suite d’un incident banal, le roi fut pris d’un accès de folie. Il tua quatre hommes dont Hue , chevalier de Gascogne. On le ramena au Mans sur une litière dans une charrette tirée par deux bœufs.

Édouard III, roi d’Angleterre, possède toujours en France la province de Guyenne, et rêve de reprendre la possession de la Normandie, de l’Anjou, du Maine et de la  Touraine. En 1337, il essaie de répéter, mais à l’inverse, l’opération du Guillaume le Conquérant trois siècles plus tôt en se proclamant roi de France, et il entreprend aussitôt la conquête de « son royaume »…..

Ainsi débuta le période connue sous le nom de « guerre de Cent ans » qui durera avec les trêves jusqu’en 1453.

Notre région va alors être, une nouvelle fois, le théâtre d’opérations guerrières, de chevauchées entraînant  la destruction des récoltes, causant la ruine et la désolation. La peur voisine avec la terreur, les gens fuirent, le pays se vida. Pour que la connaissance soit assurée en absence de vestiges, l’enseignement des textes s’avère indispensable, c’est ainsi que nous avons pu constater pour la seconde partie du XIVème siècle, une diminution des terres cultivées, conséquence d’une diminution de la population. Aux dévastations de la guerre, s’ajoutent les famines de 1339 à 1341 et de 1343 à 1346, les inondations catastrophiques du 1374. Misère et dépeuplement de notre terroir, livré aux déprédations de la soldatesque anglaise.

À l’avènement de Louis III d’Anjou, comte du Maine en 1417, nouveau  retour dévastateur des soudards d’outre-Manche. Entre 1420 et 1428, les événements militaires sont confus, cette situation occasionne une certaine anarchie favorisant  la violence, le pays est mis à sac par des éléments incontrôlés des deux armées.

Charles VI reconnaît alors  le roi d’Angleterre comme héritier si bien que de 1422 à 1435, la France à deux rois : Charles VII, surnommé roi de Bourges, et Henri VI d’Angleterre à Paris. Suite au nouveau découpage politique, à la victoire des Français sur les Anglais à Baugé en 1421, puis à celle de La Gravelle ( Mayenne ), Guécélard se trouve placé une seconde fois dans son histoire à une frontière, la ligne virtuelle de démarcation du royaume de France dit de Bourges, avec la zone d’influence Anglaise.


Rendez-vous avec l’Histoire de France,


Suite à l’assassinat du roi Henry IV, la convoi funèbre varrivé dans la soirée du jeudi 3 juin 1610, en l’église  du Gué Ceslard, le coffret de plomb doré renfermant le cœur du roi Henri IV, reposant sur un carreau          ( coussin  de soie noire ),
« ….passa sur le cousté du Man… ( empruntèrent sans aucun doute la
« déviation )……..Le jeudi ils vindrent a Gue cela……( se déplacèrent )…..
« Monsieur le comte de « Negreplisse, Gouverneur, avec une belle troupe
« de la noblesse, Monsieur le  Lieutenant Général avec les autres officiers « de justice….. »

arrivé dans la soirée du jeudi 3 juin 1610, en l’église  du Gué Ceslard, le coffret de plomb doré renfermant le cœur du roi Henri IV, reposant sur un carreau ( coussin  de soie noire )

« …un grand nombre d’hommes, et de femmes de toute qualité s’en vindrent plus d’une lieue sur le grant chemin, où ils devoient passer, bordant d’un costé et d’autre. Ils versoient plus de larmes, que s’ils eussent perdu leurs plus proches et s’estime heureux de baisers ou touscher  le Carreau ou reposoit ce précieux de post ; que fi quelque’un dentr’eux avoit la faveur de donner un baiser…..c’est Gue-Ceslard qu’on passa la nuit ( és églises desquels estoit mis la nuit )…… ».

Veillé par le Père Armand, provincial des Jésuites et cinq autres pères de la même compagnie, par le duc de Montbazon, Fouquet de La Varenne, et une escorte de cavaliers. Transporté dans le carrosse, celui-là même où le souverain fut assassiné. Le convoi repartit le vendredi 4 juin 1610, pour arriver à La Flèche vers 10 heures.

Un rappel des faits, suite aux événements graves de février 1614, la régente, la Reine-mère alla présenter le jeune souverain Louis XIII dans les provinces pour ranimer le loyalisme. Venant de Nantes, sur le retour vers Paris, le monarque, sa mère Marie de Médicis, une brillante escorte dont Charles de Lorraine, duc de Guise, arrivèrent le jeudi 4 septembre 1614 au château de Malicorne, où ils passèrent la nuit . Ils le quittèrent le lendemain, vendredi 5 septembre 1614, et par ce que nous appelons « la petite route de La Suze » ils traversèrent le hameau de Guécélard, pour se rendre au Mans, ils s’arrêtèrent dans les landes du Petit Bourray avant le hameau d’Arnage,

« …. dans la forest du Mans afin de voir voller  l’oiseau….. »
( c’est à-dire  chasser au faucon )

où ils devaient dîner avant d’atteindre Le Mans. Le samedi 6 septembre 1614, Louis XIII faisait une entrée triomphale, le vieux maréchal de Lavardin, son fils le marquis de Lavardin, et 250 nobles de la province vinrent à la rencontre du souverain.

La disgrâce de la reine-mère Marie de Médicis, consécutive à la mort de Concini, maréchal d’Ancre, le lundi 14 avril 1617, eut pour conséquence, la constitution d’une opposition armée pour la reine Marie, contre son propre fils le roi Louis XIII.

Mise à résidence à Angers, Marie complota, puis avec une petite armée elle quitta Angers, remontant vers Le Mans, s’empara de La Flèche, longeant par Malicorne la bordure gauche de la Sarthe, prit le château de La Suze se trouvant également sur cette même rive . De cette place forte, ses détachements de chevau-légers contrôlèrent ce côté de la rivière jusqu’à Pontlieue, où le pont était gardé par la troupe de Créquy. L’arrivée imminente du roi accompagné de Condé sema la panique, les rebelles abandonnèrent La Suze, puis La Flèche, et se retranchèrent dans Angers. Louis XIII, fit son entrée à La Suze, le 3 août 1620, où il séjourna.

En 1652, le duc de Beaufort, fils du duc de Vendôme quitte Chartres avec 4000 hommes armés, et marche vers l’Anjou. Fin février, ils sont à trois lieues de la cité Mancelle, à Saint Mars-la-Brière, puis du Mans se dirigent vers l‘Anjou, les cavaliers ravagent tout sur leur passage, semant la terreur, Angers capitule le 4 mars 1652.

L’hostellerie, sous la forme d’auberges offrant le gîte, le couvert, l’abri pour les animaux et les domestiques, moyennant une rétribution n’existera qu’à la fin du XVème siècle, après la guerre de Cent ans.

Du XVIème au XVIIIème siècles il y eut plusieurs auberges qui se sont succédées, dont les noms sont cités dans des Chroniques de l’époque, et dans un ordre chronologique….d’abord vers XVI - XVIIème l’Ecu de France - le Point du Jour et  les Trois rois,  puis le Plat d’Etain, enfin au XlXème siècle le Dauphin - le Plat d’Etain - le Point du Jour, et un relais dénommé la Croix Blanche, qui semble avoir cessé son activité vers le XVIIIème siècle.

C’est sous le règne de Louis XIII, que les premières voitures de louage apparurent dans des textes concernant notre hameau,

« …..celle du Mans à La Flèche, était dénommée « La Foudre,  en 1727, un  carrosse  faisait chaque semaine le service Le Mans - La Flèche - Angers.  Le rythme des voyages était hebdomadaire, la durée : 4 jours en été, 4 jours et demi en hiver, il en coûtait 21 livres. Le coche fut remplacé en 1737, par une voiture plus confortable - suspendue et couverte. Elle faisait une lieue à l’heure  ( 4 km ), et l’étape d’une journée couvrait 10  lieues ».

Des Annuaires de la Sarthe, nous informent, qu’une liaison par carrosse existait en 1756, partant d’Angers tous les mercredis, via La Flèche, elle arrivait au Mans le jeudi soir, la même source, nous apprend qu’une diligence assurait ce service en 1775; elle repartait pour Paris le vendredi midi, et parvenait à destination le mardi en été, et le mercredi en hiver. En 1855, Touchard de l’auberge du Lion d’Or, en était le messager.

Découlant de la même source, en 1758, 1759 et 1760 «  le sieur Poirier, messager à Rouen, effectuait un service régulier : départ de Caen, tous les mercredis, par Falaise, Argentan, Sées, Alençon, arrivait au Mans tous les mardis, logé au « Saumont » , et repartait pour La Flèche, Angers, tous les samedis ».

Le relais de poste ( poste aux chevaux ), avec l’ouverture de la grande route au trafic fut installé au Point du Jour, desservi par plusieurs diligences ( la berline du Commerce, la berline de l’Espérance, la voiture de Nanteuil. Deux seulement survécurent au XIXème siècle, l’une appelée : de La Flèche au Mans, passe tous les jours à 8h ½ le matin, et repasse le soir à 17 heures ; l’ autre dite : de Foulletourte au Mans ne circule que le lundi et le vendredi aux mêmes heures.

Louis XV, renouvela cette prescription en faveur de Michel Chamillard, comte de La Suze. Vers le mois de mai 1729,

« …..Hault et puissant seigneur Michel, comte de Broc, vicomte de Foulletourte, des Perrais, de Cérans, de Mondan et autres  lieux….. ».

adressa une supplique à « Monseigneur d’Angervilliers…. »,

Extrait d’une Dettes d’un villageois difficile à classer par Anne Fillon, sources : Minute notariale de Me Jean Pillot, à Cérans, en date du 16 décembre 1777, nous apprenons qu’un dénommé  Claude Cohergne demeurant au lieu-dit : la Chenaie -Cne de Parigné-le-Polin en bordure du « Grand Chemin du Mans à la Flèche »,
" ….était voiturier depuis que la  nouvelle route royale Paris-Nantes  passe devant chez lui ".

Longtemps dans le passé antérieur au XVIIIème siècle, les troupes royales, au lieu de suivre le chemin direct de Paris à Nantes, passaient par La Suze, laissant Foulletourte et Guécélard sur le côté. Henri IV, par lettres patentes données à Blois le 28 novembre 1588 défendit,
« ….. de loger ou de faire passer ses troupes sur les paroisses de La Suze,  Roizé, Mancigné, et autres dépendans de la seigneurie de La Suze….. ».
pour obtenir qu’on déchargea les habitants de Foulletourte et de Cérans du logement des troupes qui se rendaient du Mans à La Flèche par le Grand chemin d’Angers. Quelques documents dispersés, à la suite de la disparition du registre du mouvement des Troupes avant la Révolution, nous permettent de compenser cette carence, ainsi, nous apprenons qu’il fut utilisé,

- le 20 mars 1760, par le régiment d’Angoulême.
- le 8 octobre 1760, par le régiment de Royal-la-Marine.
- le 12 octobre 1786, par le Corps de Garde du régiment Daufin-Dragons.
- le 22 octobre 1786, la 2ème Brigade des Carabinies.

Nous avons relevé dans une liasse  de 27 pièces, papier « États de frais et loyaux coûts dont requièrent taxe », on trouve  en 1751, Charles Rocher, aubergiste à l’auberge du Plat d’Étain, au passage de Guyescela       ( Guécélard ), paroisse de Fillé, contre François Béraud, pour récupération de dettes.

Acte de 1763, de procédure criminelle contre le fermier général des coches, voitures et fourgons d’Angers au Mans, comme responsable d’un accident causé par l’un de ses conducteurs.

L’ancienne grande route de Paris à Nantes, via Bellême, Bonnétable, Le Mans       ( c’est à-dire le Grand Chemin Mansais ), était encore privilégiée sur la nouvelle toute royale passant par Chartres,  La Ferté-Bernard.

« Procédure criminelle en 1775, contre Pierre Faverie dit Baptiste, Jeanne Chalon et Françoise Gaudron, se disant tous marchands, accusés d’avoir filouté plusieurs marchands du Mans, et contre les auteurs de l’enlèvement avec violences de deux prisonnières dans le coche des Messageries d’Angers à Paris , dans les bois après Foulletourte ».

Ordonnance de 1783, du lieutenant particulier de la sénéchaussée du Mans, pour la réparation et l’entretien des chemins de bourg à bourg.

C’est au début du XIXème siècle, après la mise en service de la route royale, devenue la route impériale      n°23, de Paris à Nantes par Chartres, Le Mans, Angers, que Guécélard  commença à prendre la physionomie que nous lui connaissons.

Chroniques du XVIIIème siècle, sur la construction de la «  Grande route » ( source Anne Fillon ),
- « J’ai vû Aligner la Grande Route du Mans a la flèche, a travers les champs les prés et les Landes. Ce fut le peuple qui fits cette Route a la Corvée les fermiers charroiaient les pierres et les autres les cassaient et tiraient de la terre puis les passaient sur la Route, elle a commencée à la fontaine ( Saint-Martin ) l’an 1750 …….la route n’a Eté finie ici que dix ans après Son Commancement…. ».

Un ensemble de documents aux Archives départementales de la Sarthe, témoigne de son intérêt « stratégique » pendant la Tourmente Révolutionnaire. Mieux qu’une quelconque interprétation, nous avons pensé de reproduire dans leur intégralité les paragraphes offrant un certain intérêt,
« le 11 juin 1793, délibération du Conseil Général de la Sarthe…….arrêté qu’on établira une estafette à chaque poste du Mans, Guécélard, Foulletourte et La Flèche pour avoir le plus promptement  sur l’état de  notre armée de l’Ouest et sur les mesures à prendre….. »

Dans l’ouvrage « Kléber en Vendée » , nous avons remarqué,

«  le 9 décembre 1793, la grande armée vendéenne ( d’autre Loire ), forte de 60000 individus dont 2500 combattants, sous la conduite du général marquis de La Roche-Jaquelin poursuivit par l’armée républicaine du général Westerman, passèrent sur cette route, se dirigeant vers Le Mans… »

« ……Le jour suivant, ( 22  frimair - 12 décembre ) je me portai avec les troupes sous mes ordres jusqu’à la hauteur du village des Perrais où je trouvai une   fort bonne position, défendant le route du Mans. Je m’y  établis militairement et  pris mon quartier général au château des Perrais. Les représentants du peuple restèrent à  Foulletourte, et le  général Marceau poussa jusqu’au Mans, ayant appris que le  général Westermann et la division Miller y avaient été attaqués par l’ennemi……Marceau, présent à cette action…….il m’envoyait l’ordre d’avancer avec ma division. Je reçois cet ordre, mais j’apprends en  même temps que la division Miller, en pleine déroute , se sauvait à toute  haleine vers Foulletourte. Je ne crus donc point prudent de filer avec la  mienne à travers ses fuyards, et je préférai les attendre et partir une heure plus tard…. »

à la réception de l’avis de Marceau, Kléber dit à Savary,

« Marceau est jeune, il a fait une sottise, il est bon qu’il la sente ; mais il faut se hâter de le tirer de là, les représentants du peuple Prieur, Turreau et Bourbotte,  ayant appris cet événement, quittèrent au contraire ce même Foulletourte, pour se porter sur les Perrais et, rencontrant le général Miller à l’entrée de Foulletourte, Prieur dans son emportement, accabla non seulement de sottises ce général, mais lui appliqua encore quelques coups de plat de sabre……Pendant que cette colonne en déroute défilait sur la route, je me restaurai avec mon état-major au château des Perrais…… »

après le village de Guécélard,

« ….je trouvais aux abords du Mans, à droite de la route le 2 ème Bataillon de Paris, le Bataillon de l’Aube, celui de la Dordogne et 300 hommes du 31ème Régiment ci-devant Aunis, en réserve à la queue de la colonne et défilant par compagnies, pour aller secourir les autres Bataillons déjà  engagés dans le combat, le 1er Bataillon de Paris rangé en bataille pour défiler par pelotons…… ».



Dans les archives dispersées concernant Guécélard en 1785, on note comme dans le reste du haut-Maine, la présence d’un bureau de charité, et un cahier paroissien. Avec la constitution civile du clergé en 1790, l’église est livrée à l’abandon.

C’est le 12 décembre 1793, à minuit, que Kléber quitta Guécélard, accompagné de ses officiers et de sa garde.

D’autres textes de la même source :

- en avril  1795, deux chefs chouans, Lhermite et Geslin, s’établirent à Foulletourte et travaillèrent à corrompre et à débaucher les troupes républicaines en stationnement sur la grande route peu avant le village de Guécélard.

- An VIII - Rapports et correspondances ( liasses ) du commissaire du Directoire exécutif au commissaire de la Sarthe, sur la situation morale politique et militaire, rappelant la nombreuse correspondance des anées précédentes,

- An IV, 7 messidor : lettre constatant que le pays  ( landes du Bourray ) est plein de chouans et que la compagnie ( royaliste ) du Plessis dit Potiron, y fait beaucoup de ravages.

- An V, 29 messidor : …… sur l’arrestation du courrier de la malle venant du Mans, par quatre hommes armés dans les landes du Bourray….

- An VI, 20 messidor : récit de battues  infructueuses contre les chouans dans les landes du Bourray…..

- An VI, 13 thermidor : lettre sur la liasse dispersée sur la contestation de la diligence du citoyen Nanteuil dans les landes du Bouré entre Foulletourte et Guécélard….
« 31 juillet 1798 - ( 13 thermidor an VI ), quatre chouans armés « arrêtèrent vers 5 à 6 heures du matin, dans la lande du Bouré, entre « Foulletourte et Guécélard, non loin de ce village, la diligence du  citoyen « Nanteuil venant du Mans. Ils s’emparèrent d’un fusil, de deux pistolets et « ’une somme de 120 livres, laissant un sac de 1200 livres ( soy disant « appartenant à un voyageur ).
« Une seconde diligence, qu’ils apercevaient venir de loin, fut arrêtée et « fouillée, ne donna rien ( qui leur plut….), puis ils disparurent dans les « bois ».

Un glossaire figure en fin de volume - Document des Archives Nationales de Paris - Coll. Perso.

L’examen de plusieurs pièces dispersées semblent attester que la garde nationale et la troupe, cantonnées à Foulletourte, pendant les jours et les mois qui suivirent effectuèrent de vaines recherches, les coupables s’étant volatilisés.

- An VII, 17 floréal : lettre relative à la battue générale qui a eu lieu le 8 et le 9 du même mois,

- An VII, 25 messidor : lettre où le commissaire raconte qu’ayant appris l’enlèvement par Plessis, dit Potiron, de la fille du citoyen Dronne, propriétaire du Grand-Moiré, à Yvré-le-Pôlin ; il a fait prendre, par représailles, et garde en otages le frère et la belle-sœur de Plessis, fermier la Morionnière.

- Le 13 octobre 1799, un groupe de 1500 chouans chasse de Foulletourte, et disperse un détachement de la 40ème demi-brigade, et se porte sur Le Mans après  cet exploit.

- le dernier fait de la guerre des chouans dans le haut-Maine eut lieu sur cette voie non loin de Foulletourte. Sous la conduite du chef Chappedaine, 3000 chouans attaquèrent 400 hommes de la 30ème demi-brigade en route vers Nantes, ils furent contraints d’abandonner leur convoi, et soixante des leurs sur le champ de bataille.


D'autres sources nous révèlent,


Le 2ème bataillon du département de la Sarthe, avait été formé le 18 juillet 1792, et avait pour chef un certain  Lenoir, selon l’Annuaire : complément du Journal « Nouvelles du Jour », cette unité s’est glorieusement fait remarqué à  la bataille de Jemappes le 6 novembre 1792.

Or, dans les noms figurant dans l’effectif de la 2ème Demi-brigade, en date du 29 septembre 1792, on trouve deux noms : Victor Blanc et Estienne Caffin,

S’agit-il de nos deux Guécélardais cités précédemment ? On serait  fortement tentés de ……… ?

La demi-brigade de la Sarthe avait été formée des unités suivantes :

- 5e bataillon des Basses-Pyrénées ;
- 4e bataillon des Hautes-Pyrénées ;
- 2e bataillon de la Sarthe.

Par l'arrêté du 1er vendémiaire an XII ( 24 septembre 1803 ), la 7e demi-brigade légère a pris le nom de 7e régiment d'infanterie légère.

De 1789 à 1815, on constate dans notre campagne Guécélardaise aucune évolution dans le mode de culture de nos paysans. La chouannerie disparaît définitivement vers 1830.

Suite à l’attentat, de la rue Saint-Nicaise contre la personne du Premier Consul, le général Bonaparte, le 24 décembre 1800, 130 opposants politiques furent condamnés à la déportation le 4 janvier 1801. Le 6 du même mois, la totalité de ces bannis, furent réunis et dirigés par la route en direction de Nantes, pour y être embarqués et envoyés en des terres lointaines. Cette longue file d’hommes entravés, accompagnés de chariots d’intendance et d’une nombreuse et solide escorte, traversa Chartres, passa sur le côté de la cité Mancelle en direction de La Flèche et Angers. Entre Le Mans et Angers, les gardiens eurent de sérieuses difficultés à les protéger de la fureur des populations, accourues sur le parcours, excitées par les rumeurs de l’attentat.

L’insécurité permanente régnant sur la portion de la route Nationale 23 entre Arnage et Foulletourte, dans la traversée des landes du Bourray amena les Autorités et la Préfecture de la Sarthe à installer dans les années 1810-1811, une brigade permanente de Gendarmerie à cheval  au hameau du Petit-Guécélard. Elle prit ses quartiers au Point du Jour dans les bâtiments réaménagés de l’ancienne auberge désaffectée. Proche et à l’écoute des habitants son efficacité fut rapidement appréciée. A cette époque les seuls moyens de locomotion étaient le cheval pour les gens aisés, le véhicule  hippomobile pour les ruraux, et à pied pour la majorité de la population, outre les chouans de nombreux malfaisants de petites envergures faisaient régner la peur sur cette route.

Quelques noms nous sont connus, parmi les chefs de Brigade ayant séjourné à Guécélard, nous citerons,

-1840, Jofrineau   -1845, Simonnet    -1850, Guérin  
-1851, Anctin       -1853, Bitz            -1855, Barrier            
-1856, Hénard-     -1857, Cochelin     -1859, Guerry
-1878, Dumont     -188I, Duneau

                                   

" le Point du Jour " à Guécélard.
L'immeuble de droite, avec étage a été selon des actes authentifiés de la B.N.F. de Paris, successivement, un bordage, c'est-à-dire une petite ferme locative à charge de corvées, une auberge, un relais de diligence, une poterie, et une gendarmerie.


Dans le Mémoire du lieutenant de La Tour du Pin, rédigé en 1825, suite à une enquête sur la possibilité de logement des troupes, nous possédons une description particulièrement précise du paysage de notre commune,

« Route du Mans à Guécélard - ….. les villages situés sur cette commune n’offrent pas un ensemble considérable de maisons, mais on rencontre au milieu des terres dans les  sapinières principalement sur le  bord des chemins, des habitations isolées, elles sont petites et fort mal  bâties, la grande partie l’est en terre ou en bois et recouverte de chaumes…….l’isolement de toutes ces maisons et le mauvais état des chemins rendraient le rassemblement des troupes en marche très difficile…… ».

Avec la loi Guizot de 1830, ouverture d‘une classe d‘école Primaire à Guécélard, on note 4 garçons et deux filles à la rentrée ( chiffre à vérifier, archives privées ).

Lors de l’insurrection légitimiste de 1832, les landes du Bourray, refuge traditionnel des insurgés contre le pouvoir en place, furent étroitement surveillées par les autorités. Le 24 mai 1832, le préfet V. Tourangin, recommande,

« …..la plus exacte surveillance des éternels ennemis du Repos public…, de recueillir tous les renseignements …..sur les infâmes menées, dont le nommée  Moreau paraît être l’agent le plus actif….. »

La rébellion étant matée,  la pacification s’organisa. Moreau très recherché disparut, et ne fut  jamais retrouvé. Ses partisans se dispersèrent, et échappèrent pour la plupart aux autorités. Le 14 juin 1832, les Gardes Nationaux de Pontlieue, renforcés par ceux de Sainte-Croix recherchèrent les rebelles, qui évitant  tout affrontement avec les forces de l’ordre s’éparpillèrent dans l’abondante et par endroits, inextricable végétation des landes du Petit Bourray. En vain ce terroir fut fouillé, et plus particulièrement de Château-Gaillard, les environs de la Butte de Monnoyer, et la lande du Mortier de la Ville.

- lande du Mortier de la Ville, en 1150 et en 1195, citée dans des actes « Mortié de la Vilele ». Le 17 mars 1795 ( 27 ventôse an II ), « …..que le « vœu unanime des habitants est de conserver en commun de pacager « leurs bestiaux dans le Mortié de la Ville, comme il faisait autrefois….. ».

En effet, Joseph Moreau, né le 14 janvier 1796, mort à Mulsanne le 3 avril 1863, proche parent du rebelle, légitimiste militant, résidait à cette époque à Château-Gaillard. Le centre des opérations avait été établi au hameau du Guescelard. Le 25 juin 1832, le préfet annonçait la fin des recherches, et  « …..que l’insurrection Carliste « était anéantie dans les départements de la Sarthe  et de la Mayenne…. ».

Le 5 octobre 1861, l’empereur Napoléon III, se rendant sur les bords de Loire en Anjou, pour constater les inondations catastrophiques ayant causées d‘énormes dégâts aux ponts et aux berges, se serait arrêté à Guécélard.

En 1871, un groupe de trente six de « Uhlans », les célèbres lanciers de l’armée Prussienne, sous le commandement du lieutenant Eugen Freÿntag, s’aventurèrent par la grande route 23, jusqu’au hameau du Petit-Guescélard, ils y séjournèrent trente trois  jours faisant régner la terreur. Le premier jour, au carrefour du Point du Jour ( de nos jours les premiers feux ), ils rencontrèrent  un pauvre malheureux soldat. Pour exemple et à titre d’information pour la population, ils le fusillèrent sur place. Il s’agissait d’un pauvre prêtre, originaire d’un petit village du Finistère, mobilisé dans la 2ème réserve, désarmé, isolé de ses camarades par la débâcle, qui s’est trouvé au mauvais endroit, au mauvais moment, dont le seul tort, avait été de porter l’uniforme de l’armée Française. Son souvenir méconnu, sa tombe oubliée est toujours visible au cimetière de Guécélard, dans une parcelle réservée.


Aperçu de la grande route et de la circulation dans le Bourg de Guécéélard dans les années 1905/1910.


Guécélard  le 12 avril 2013

Fin de cette IIème partie

suite IIIème partie - A.G.

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