samedi 25 mai 2013

HISTOIRE DE GUECELARD - IVème partie


I - AU TEMPS OU  UN PETIT TRAIN A VAPEUR, SERPENTAIT DANS NOTRE CAMPAGNE…..SON PANACHE DE FUMEE…..SALUAIT AU PASSAGE L’ARDEUR DE NOS PAYSANS COURBÉ A LA TÂCHE……




Carte de l'Evêché du Mans des voies de circulation au Sud-ouest du Mans au XVIème siècle.

                                          

Autorisation de circulation du 22 fructivor de l'an II de la République



Note de la Généralité de Tours sur la circulation par voies terrestres dans le Maine.



Le Chemin de Fer de Paris à Nantes via Le Mans, Angers, avec embranchement à Guécélard, de la ligne de Le Mans à Rennes  via Sablé…… il s’en est fallut de peu. Les plans et les études sont toujours présents dans le dossier qui n’attend que le financement.




D’une grande idée nationale…..une modeste application départementale ! 
Comme son grand frère, le chemin de fer d’intérêt local à voie étroite, le plus souvent appelé tramway à vapeur, découle de diverses évolutions technologiques  apparues au cours des XVIIIème et XIXème siècles *.


Carte des différents types de transports dans le département de la Sarthe en 1920

* guidage par rail en bois, est apparue vers 1542, avec des chariots hippomobiles circulant sur des rails en bois. Au début du XVIIIème siècle on remplaça le bois par le fer, pour les guides : rails, comme pour les roues des véhicules se déplaçant. Ce système se développa avec les transports par chemin de fer dans les années 1820 en Angleterre.


En 1812, Oliver Evans, ingénieur-inventeur américain, eut l’idée de placer  des voies parallèles pour faire circuler des trains dans les deux sens.


En 1827, la première ligne est installée en France entre Andrézieux et Saint Etienne.


C’est incontestablement la loi du 12 juillet 1865, référencée : 2ème semestre 1865 - série 11 ; inscrite au Bulletin officiel p. 145 sous le n°1314, en sa qualité de loi organique qui autorisa le développement des chemins de fer d’Intérêt local.

Celle du 10 août 1871, proposée par Messieurs Magnin et Bethmont, promulguée le 29 août 1871, page 93, Bulletin Officiel 61, délègue les attributions aux Conseils généraux

En 1880, une nouvelle réglementation apparaît, épaulée par une loi, elle autorise,

- la construction de lignes de chemin de fer avec des écartements de voies plus étroits de 1 m. à 0,60,

- l’installation de voies sur la plate forme des routes ( l’accotement, le bas côté des routes ) - ces chemins de fer seront appelés : Tramways,

- elle définit le mode de financement par subventions par les collectivités pour la construction, et l’apurement du déficit de ce lignes.

Par décret du 6 mars 1880, Monsieur Falies, ingénieur civil obtint la concession de deux lignes, et en 1882 elles sont ouvertes par la «  Compagnie des tramways de la Sarthe » :

- Montbizon - Les Forges d’Antoigné : 3 km. , fermée en 1969,

- Le Mans - Le Grand Lucé : 31 km. , fermée en 1947.

En ce qui concerne Guécélard, notre bourg aura le très grand avantage d’être une gare de croisement, assurant vers trois directions différentes une correspondance voyageurs et marchandises.

Ligne LE MANS - MAYET  : 49 km.

- Le Mans - Foulletourte : 24 km. , ouverte en 1897 - fermée en 1946

- Foulletourte - Mansigné : 14 km. , ouverte en 1897 - fermée en 1937

- Mansigné - Mayet : 11 km. , ouverte en 1897 - fermée en 1932

Ligne FOULLETOURTE - LA FLECHE : 27 km.

- Foulletourte - La Flèche ville : 26 km. , ouverte en 1914 - fermée en 1932

- La Flèche ville - La Flèche PO : 1 km. , ouverte en 1921 - fermée en 1932



Les dispositions législatives intéressantes, les difficultés de navigation sur la Sarthe incomplètement résolues, la lenteur et la limitation des charges transportées par voie terrestre, ont très nettement favorisés l’essor des petites voies du chemin de fer d’intérêt local à voie étroite. Vers 1900, il était possible de circuler dans tout notre département en chemin de fer.

Il ne reste plus en France, en 1920, que 23.000 km. de voies dans le réseau des chemins de fer secondaires. En 1946, le plan décide de ne conserver que 6.000 km. ; et en 1973 il ne reste que 4 réseaux de chemins de fer secondaires et 5 lignes à voies de 1 m d’ Intérêt Général..

Mais l’apparition, puis  le développement de l’automobile, du camion, et de l’autocar, commencera d’abord à équilibrer, puis à entamer progressivement de plus en plus sévèrement la suprématie des chemins de fer secondaires et d’intérêt local. En 1937, la loi de Coordination partage les répartitions entre le chemin de fer et l’autocar.


La Compagnie des Tramways de la Sarthe.


En 1880, la Compagnie des Tramways de la Sarthe est intégrée au Groupe Carel et Fouché, constructeur de matériel roulant ferroviaire, installé au Mans et à Petite Synthe. En 1895, l’ensemble du réseau sarthois est sous le statut des chemins de fer d’intérêt local, mais conserve l’appellation : «  Tramways de la Sarthe ».


Une gare centrale dite «  Gare centrale des Halles », conçue et construite en 1888 par le génial ingénieur Louis-Auguste Harel de La Noë. C'est lui qui est le concepteur du " Pont de Fillé ".


Le bâtiment principal est surmonté d’un dôme, verrière centrale au-dessus d’un vaste hall de 2.200 m2 lieu de rassemblement des voyageurs, accolé et derrière deux constructions pour abriter les voitures et les locomotives. Le dépôt et les ateliers, sont placés entre cette gare et la rivière par un élargissement du quai , par un encorbellement soutenu par des pilastres très XIXème. Malheureusement cet ensemble remarquable a été démoli 1947, et remplacé pa r un immeuble type Le Corbusier.


Gare Centrale et dépôt au Mans des Tramways de la Sarthe - Document Archives départementales de la Sarthe 



Tramways de la Sarthe
- ( concédé en 1865 par le Conseil Général de la Sarthe )


Le 30 août 1841, le Préfet de la Sarthe, présente aux membres présents du Conseil Général de la Sarthe, réuni dans la salle des séances de l’Hôtel de la Préfectures, les documents définitifs de la ligne de chemin de fer de Paris à Chartres, et ceux de Chartres au Mans - B.N.F. liasses de 132 documents archives - p.78.

La loi du 11 juin 1842, constitua la Charte des Chemins de Fer Français. La ligne Paris-Rennes fut officiellement  décidée par la loi du 26 juillet 1844. 10 ans après que la ligne de chemin de fer Paris-Brest ait été décrétée, le dimanche 28 mai 1854, à 15 heures 10, le premier train arrivait au Mans, un train d’honneur. Les festivités durèrent trois jours les 28, 29,et 30.

L’Annuaire de la Sarthe ( administration ) - 1855, p.271, nous apprend que la section Nogent-le-Rotrou-Le Mans  des Chemins de Fer de l’Ouest , suivant les espérances conçues l’année précédente a été ouverte et livrée à l’exploitation : le 1er juin dernier, pour les voyageurs, et le 20 du même mois, pour les marchandises. Avec l’inauguration de la Gare du Mans en 1856, le prolongement de cette ligne jusqu’à Angers en 1863, puis à Nantes en 1877.

La ligne de chemin de fer Le Mans - Laval a été ouverte au trafic le 14 août 1855, le service voyageur a commencé. La liaison avec les stations de Saint-Saturnin - Domfront - Conlie - Sillé-le-Guillaume - Rouesse-Vassé est établie. Trois convois desservent chaque jour cette ligne. Elle sera officiellement livrée au public le 1er octobre 1855. La section Laval-Rennes de 74 km sera livré à la circulation vers la finde l’été 1856. Actuellement un viaduc est en cours de construction sur la Mayenne, il aura 27 mètres de hauteur et 178 mètres de longueur - B.N.F. liasses de 314 documents archives - p.20-9.

Le 19 juillet 1858 mise en service de la ligne de chemin de fer Le Mans -Tours, cela nécessite l’agrandissement de la gare du Mans.

Ouverture au trafic voyageurs le 1er août 1860, de la ligne Le Mans Mézidon, avec trous trains par jour en direction de cette localité

La ligne du Mans à Angers commencée l’été 1860, d’une longueur de 95 kilomètres, a employé jusqu’à 2.500 ouvriers - B.N.F. - 344 pièces archives - p.128. Le 25 mard 1863, mise en service de la section Le Mans - Sablé - B.N.F. - 361 pièces archives - p.94.


Un train   du chemin de fer d’intérêt local à voie étroite franchissant le pont de Fillé-Guécélard.


Une ligne de chemin de fer d’intérêt local à voie étroite,


Lors de la séance du Conseil Général de la Sarthe, à l’Hôtel de la Préfecture sous la présidence de Monsieur le Prince Marc de Bauveau, et en présence de Monsieur d’Andigné, Préfet de la Sarthe, le 27 août 1863, il est fortement question d’une ligne de chemin de fer d’intérêt local La Flèche - Aubigné, et la possibilité d’une autre Mamers - Saint-Calais - B.N.F. - 361 pièces archives - p.56. 

Le août 1865, le projet définitif répondant intégralement au titre II de la loi du 3 mai 1841 est adopté par le Conseil Général de la Sarthe pour la construction de la ligne La Flèche - Aubigné, comprenant la traversée des communes de Sainte-Colombe, Thoré et Luché, sur une longueur de 13,3 km . Dépôt de l’avant-projet de la ligne Mamers-Saint-Calais- B.N.F. - 385 pièces archives - p.103. 
Procès verbal du Conseil Général  de la deuxième session extraordinaire du Conseil Général de la Sarthe daté du 19 juillet 1873, sous la présidence de Monsieur Grollier.

- Monsieur Coutillier soumet à l’assemblée…….. 
trois tracés pour les lignes du « petit chemin de fer » : le tramway de la Sarthe :

-1° : de La Flèche au Mans, par Malicorne et La Suze,
-2° : par Saint-Jean-de-la Motte, Guécélard et Arnage,
-3° : enfin par Pontvallain, Ecommoy, avec prolongement sur Le Grand-Lucé, Bouloire et Saint6-Calais.

La Chambre de Commerce du Mans a réclamé de huit contre neuf le tracé par Arnage.

Le Conseil d’Arrondissement de La Flèche, sans se prononcer sur aucun des tracés proposés, déclare à l’unanimité s’en rapporter pleinement aux décisions prises ou à prendre par le Conseil Général. Le Conseil d’Arrondissement du Mans à l’unanimité adopte le tracé par La Suze. La Commission d’enquête, à la majorité de huit voix contre quatre, s’est prononcée à son  tour, par le tracé par Malicorne à La Suze.

Exposé à la première séance du Conseil Général de la Sarthe, le 24 août 1875, le rapporteur lit,
« Messieurs,
« La commune de Cérans-Foulletourte, par une délibération en date du 15 
« mars 1875, a demandé la création d’un tramway devant relier le chef-
« lieu de la commune à La Suze ou à Arnage, création aurait pour résultat 
« de lui rendre quelques avantages dont-elles jouissait. En  effet, la
« création d’une ligne d’Angers a tué son commerce local en anéantissant 
« son roulage, jadis si considérable
« l’adoption de la ligne de La Flèche à La Suze, par Malicorne, va encore 
« porter un préjudice grave à son commerce.
« Le Conseil ajoute qu’il préférerait voir la commune reliée à « Arnage.
« Conformément à ce désir, Monsieur l’Inspecteur en Chef, à qui 
« Monsieur le Préfet au 15 juin 1875, a adressée la délibération de 
« Cérans-Foulletourte, a fait dresser, de Foulletourte à Arnage, une 
« étude dans le même esprit que celle du Grand-Lucé à la Lune de « Pontlieue;
« Ce tramway suit, dans presque toute sa longueur, la route nationale 23,
« les  déclivités n’atteignent pas 0,03 par mètre, excepté au 
« contournement de la côte de Foulletourte sur une longuueur de « 200 mètres,
« les indemnités de terrain estimées à 0,60 le mètres carrés, s’élèveront 
« sur 3,850 mètres à la somme de.................................……………………2,310 fr
« les terrassements estimés à 1 fr le mètre, à 1,650 coûteront
« …………………………………………………......................................1,650 fr
«                                                   soit un  total de………………………….3,960 fr
« soit en chiffres ronds à 4,000 fr, si........…………………………………...4,000 fr
« 25,000 fr par kilomètre, étant nécessaires pour établir les rails, 15
« kilomètres, coûteront…………………………………………………...375,000 fr
«                      Total général de la dépense................…………………….379,000 fr

L’industrie se compose de 2 tuileries, 3 poteries, et de 1 scierie mécanique à Foulletourte, 2 poteries ; 1 saboterie ; 1 voiturier à Guécélard, les vins, les cidres et les bois de Parigné-le-Polin, seraient les objets du trafic.


Gare de Guécélard, et croisement de deux trains facilitant amplement les correspondances des voyageurs et des marchandises en direction de Fillé, Spay, Allonnes, Saint Georges des Bois, Le Mans, ou Foulletourte, Yvré le Polin,  Oizé, Mansigné, Pontvallain, Mayet, ou encore Clermont-Créans, La Flèche et d’autres bourgs.


Sur la ligne entre La Mans et La Flèche, ou sur celle de Le Mans - Mayet , Guécélard était l'unique point où les trains montants ou descendants pouvaient se croiser, où les marchandises pouvaient être dirigées vers  l'une des trois directions.

L’Ingénieur en Chef, de même que pour le tramway du Mans au Grand Lucé, croit qu’avant d’entreprendre la construction de tramways sur les routes et les chemins, le département fera bien de s’assurer qu’il aura les Compagnies pour les exploiter.

Dans son Procès verbal du 21 août 1882,  ponctuant sa session ordinaire le Conseil d’Arrondissement, appuyant le projet de l’implantation et de l’exploitation d’une ligne de chemin de fer à vapeur d’intérêt local à voie étroite, met en exergue les communes de La Flèche : 10.000 habitants ; Saint-Germain-du-Val : 990 ; Mareil-sur-Loir : 850 ; Clermont : 1500 ; Saint-Jean-de-la-Motte : 1680 ; La Fontaine-Saint-Martin : 780 ; Ligron ; 840 ;  Cérans Foulletourte : 2380 ; Guécélard : 550.….

« …..en ce qui concerne le côté industriel et commercial de ces localités « outre les marchés et les foires, leur juste renommée, donne lieu à des « transactions commerciales très importantes……poteries - vins - alcools - « fruits cuits - boisselleries - châtaignes - fil de chanvre - vaisselles » - liasses de 895 pièces ( documents, comptes rendus, rapports, procès verbaux ).

199 colliers ( chevaux attelés à un véhicule chargé ), sur la route n°23, 10 voyageurs, les lundi et vendredi  de chaque semaine, prennent, les voitures publiques.



Sur ces trois cartes postales anciennes, on remarque très bien la voie ferré à écartement étroit parallèle à la " Nationale ".


Le jeudi 22 août 1882, Monsieur A. Dumonteil, Préfet de la Sarthe, dépose une pétition et le procès verbal d’une réunion du Conseil Municipal de Guécélard, à la session ordinaire du Conseil Général de la Sarthe, réuni dans la salle de ses séances à l’Hôtel de la Préfecture, sous la présidence de Monsieur Cordelet, sénateur-maire du Mans, conseiller général du 3ème canton.

Le lundi 5 juin 1893, à 1 heure relevée, le Conseil Général de la Sarthe s’est réuni, à l’Hôtel de la Préfecture dans la salle ordinaire de ses séances, sous la présidence de Monsieur Cavaignac.

Le Président annonce, que conformément à l ‘article 24 de la loi du 10 août 1871, 24 membres du Conseil Général, nombre supérieur aux deux tiers de cette assemblée, lui ont adressé une demande écrite demandant la présente session extraordinaire pour l’examen de la question  des chemins de fer d’intérêt local à voie étroite.

Lecture de la lettre du 2 juin 1893, de Monsieur le Ministre des Travaux publics, Monsieur Viette,  déclarant d’intérêt publique l’établissement d’un nouveau réseau de chemin de fer d’intérêt local dans le département de la Sarthe.

Le décret du 17 mai 1893, approuve la substitution de Monsieur Fallies, par la Société anonyme dite « Tramways de la Sarthe ».

Ce décret ainsi conçu,

« le Président de la République Française,
« sur le rapport du Ministre des Travaux Publics,
« vu les décrets des 6 mars 1880 et 23 juin 1883, et la loi du 20 août 1885, portant d’une part, déclaration d’utilité publique des chemins de fer d’intérêt local………………
« vu les lettres du Préfet de la Sarthe des  24 septembre 1888 et 16 mars « 1893,
« vu la loi du 11 juin 1880, sur les chemins de fer d’intérêt local et les tramways, « et notamment les articles 10, 18,19 et 39,

Le Conseil d’Etat décrète,


« article : 1er - la substitution de Monsieur Fallies, par la Société Anonyme  des Tramways de la Sarthe  pour la concession des lignes du Mans au Grand-Lucé, à Ballon, à Antoigné, à Saint-Denis d’Orques, telle qu’elle résulte des décrets des 6 mars 1880 et 23 juin 1883, et la loi du 20 août 1885.
Fait à Paris le 17 avril 1893,
Signé : Carnot
Signé : Viette, Ministre des Travaux publics

La séance est suspendue à 13,35 heures, et reprend à 15,15 heures.

Monsieur le Préfet dépose un rapport relatif aux tramways de la Sarthe,
« …….les divergences d’appréciations s’étant produites, entre Messieurs les Ingénieurs en chef Etienne et Révol, depuis une année dans la Sarthe, un nouvel ingénieur en chef est choisi et désigné : Monsieur  Harel de la Noë. Celui-ci après avoir examiné en détail les études et les rapports de ses deux prédécesseurs, en repris partiellement, les travaux de Monsieur Etienne.
« Monsieur Harel de la Noë, en 1891, en accord avec le Préfet avait chiffré à 20.000 fr. le kilomètre, Monsieur Etienne lui hésitait entre 30.000 et 31.000 fr., quant à Monsieur Revol, il estimait la dépense au minimum à 50.000 fr. du kilomètre.


Le Conseil après examen des travaux du nouvel Ingénieur en chef, lui accorde sa confiance, et approuve son rapport.


Le Journal des Transports n°41 du  9 octobre 1897, informe ses lecteurs, que par l’arrêté du 11 septembre 1897, page 517, le Préfet de la Sarthe, a autorisé l’ouverture à l’exploitation des lignes de chemin de fer d’intérêt local à voie étroite Le Mans - Foulletourte par Guécélard, et la ligne Foulletourte à Mayet, soit une longueur totale de ces deux lignes : 48, 660 kilomètres.


Session ordinaire du 26 août 1876,

( dossiers archives 579 pièces )


Séance présidé par Monsieur Bertron-Auger, doyen d’âge préside la deuxième session ordinaire  - séance d’ouverture du lundi 21 août 1876, en présence de Monsieur G. Servois, Préfet de la Sarthe.

« Messieurs,
« Nous recommandons les travaux aux Maisons d’Ecole de Fillé-« Guécélard et de Guécélard,
« Devis………………………………..4,260 fr
« Avis favorables de l’Inspecteur et du Conseil départemental de « l’Instruction Publique.
« Le commune supporte :
« 0 fr 03 pour sa vicinalité jusqu’en, 1878,
« 0 fr 36 pour balancer son budget,
« Votre commission vous propose de demander à Monsieur le Ministre, une somme de 2,260 fr, pour combler le déficit ».


Rapport de l'Ingénieur.


Le tracé définitif de la ligne à voie étroite du tramway de la Sarthe : Le Mans à Foulletourte est fixé,


La première section de la ligne Le Mans - Foulletourte s’embranche sur la ligne Le Mans - Saint-Denis-d’Orques aux abords du pont du Greffier, au départ de la gare Centrale des Tramways de la Sarthe.

Le tracé traverse la Sarthe sur le pont du Greffier qui a été élargi et consolidé pour recevoir la voie ; il suit l’avenue dite du Pont de Fer, l’avenue Saint-Gilles, passe sous les viaducs des chemins de fer de Paris à Brest, et du Mans à Angers ; il suit la route départementale n°1 du Mans à Sablé, jusqu’au passage à niveau
de la ligne Le Mans à Angers.

Cette parie du tracé a sur le précédent l’avantage d’économiser, en passant sur un pont existant, la construction d’un pont sur la Sarthe ; ce qui naguère avait été déclaré impossible.

Le tracé ne franchit pas la ligne du Mans à Angers, il abandonne la route départementale n°1, longe la ligne de l’Ouest au pied de son talus, passe à travers champs pour contourner le mamelon de Saint-Georges-du-Plain, puis, entre la ligne d’Angers et la rivière Sarthe, «  aux Fondus d’Allonnes », au moyen d’une tranchée à flanc de côteau, dans un terrain sableux il déboucheà la bifurcation des chemins vicinaux n°11 de grande communication, et n°8 d’intérêt commun.

À cet endroit sera établie la halte de la «  Croix-Georgette ».

À partir de là, sur une longueur de 7,420 km., le tracé suit, - mais non sans déviations, - jusqu ‘à Fillé, le chemin d’intérêt commun n°8, qui sera élargi d’un mètre. Le bourg d’Allonnes est contourné au moyen d’une déviation à travers champ, et le bourg de Spay au moyen d’une déviation sur un chemin rural remanié à cet effet.

La station d’Allonnes est placée à 150 mètres du bourg, et accessible par un chemin existant. La station de Spay est établie à 200 mètres du centre du bourg, à la jonction de deux chemins vicinaux ordinaires n°4 et n°6.

En partant de Spay, la déviation se poursuit sur une distance de 800 mètres, au-delà du bourg, sur un chemin  rural remanié à cet effet, et le tracé rejoint le chemin d’intérêt commun n°8, au lieu-dit «  le Gué », pour le suivre jusqu’aux abords du hameau «  Les Géleries » ; il abandonne cet endroit pour éviter une série de courbes à faibles rayons et aussi le passage étroit du hame «  Les Géleries ».  C’est ainsi qu’à la suite d’une nouvelle déviation à travers champ il parvient à la station de Fillé, située à 250 mètres du bourg, en bordure du chemin d’intérêt commun n°8.

En quittant cette station, le tracé franchit la rivière Sarthe, en amont du bourg et du barrage sur cette rivière, sur un pont métallique présentant une ouverture de 70 mètres, et rejoint ensuite au lieu-dit «  Les Martrais », le chemin vicinal ordinaire n°5 qu’il emprunte en l’élargissant d’un mètre sur une longueur de 1.650 mètres.

Au moyen d’une dérivation en légère courbe, il évite le » Vieux-Bourg de Guécélard », il rejoint la route Le Mans-La Flèche-Angers.

La station de Guécélard est placée au bord de la grande route à 250 mètres à peine du centre du bourg.

De Guécélard jusqu’ à Foulletourte,, sur une longueur de plus de six kilomètres, la ligne à voie étroite suit l’accotement de l’ancienne route Nationale. Dans ce parcours le tracé laisse à gauche la localité de Parigné-le-Polin, qu’il dessert  par une station placée sur le bord de la route d’Angers, mais à 1.000 mètres du centre du bourg.

Le tracé prend fin au point kilométrique 23,600, à 600 mètres environ du bourg de Foulletourte. Le choix de l’emplacement de la gare de Foulletourte est dicté par la volonté de faciliter au maximum les raccordements ultérieurs en direction de Mayet, de Sablé, tout en ne génant pas le prolongement vers La Flèche.

L’implantation d’une ligne de voie ferrée à voie étroite entre Le Mans et Foulletourt  se développe dans une région absolument plate, le maxima des pentes est inférieures à 0,030, et même le plus souvent à 0,020.

Le projet, ainsi étudié, a été soumis à l’enquête prescrite par l’arrêté préfectorale  du 27 juin 1891.

Les Conseils Municipaux des communes : Le Mans, Allonnes, Spay, Fillé, Guécélard, Parigné-le-Polin, Cérans-Foulletourte ont émis un avis favorable à ce projet.

Le 2 septembre 1891, le Conseil Général de la Sarthe, sous la présidence de Monsieur Le Monnier, doyen d’âge, Sénateur-Maire, et Conseiller Général de Château-du-Loir en présence de Monsieur Ch. Lutaud, Préfet de la Sarthe, adopte le projet.

Le15 septembre 1895, examen de l’avenant au Cahier des Charges, pour les les lignes à établir: 

- Le Mans à Saint-Cosme-en-Vairais,

- Le Mans à Foulletourte,

- Foulletourte à Mayet,

- Mamers à Saint-Cosme-en-Vairais.

Précédent projet :

suit le boulevard Demorieux jusqu’en face l’Asile des aliénés est franchit la Sarthe sur un pont métallique à établir aux «  Sables d’Or », un peu en amont du confluent de l’Huisne, pour se développer parallèlement à la route de Sablé jusqu’au village de Saint-Georges-Plains, commune du Mans.

Une halte établie à quelques mètres du centre de ce village le desservira dans les meilleures conditions et pourra en même temps desservir les importantes usines et ateliers de Saint-Georges, qui en profiteront, et utiliserons cette possibilité de trafic quotidien.

La ligne à voie étroite suit ensuite le talus de la ligne de chemin de fer Le Mans à Angers, et ne présente aucune difficulté jusqu’au «  Fondus d’Allonnes », qu’elle franchit au moyen d’une tranchée entre cette ligne de chemin de fer et la rivière Sarthe. Le terrain sableux, dont le remblai considérable est employé en ballast, ne grève de ce fait pas le budget.

Une gare est située au pied de la rampe de la «  Croix Georgette », sur le bord du chemin vicinal n°11 desservira conjointement Allonnes et La Croix-Georgette.



Tarifs des voyageurs en 1ère e-2ème et 3ème classe, et des marchandises en 1890.


À partir de ce lieu, sur une distance de 3,100 km. Le tracé suit au plus près le chemin vicinal Le Mans à La Suze, dont la largeur est de 12 mètres, se prêtait à recevoir la voie ferrée. Là au point 73 est placé une gare desservant à la fois Étival et Saint-Georges-du-Bois au moyen de chemins vicinaux ; la distance entre celle-ci est chacun des bourgs est inférieure à 3 km. Ladite gare est située dans un quartier du territoire communal d’Allonnes particulièrement peuplé.

Le parcours entre la gare d’Étival-Saint-Georges-du-Bois jusqu’à Spay, dont la gare est implantée au point kilométrique  10,700, le tracé se prolonge en rase campagne dans une plaine qui ne présente aucune ondulation de terrain importante. La gare s’élève à 450 mètres du centre du bourg de Spay, et en bordure du chemin vicinal de Spay à Voivres.


L'un des rares accidents survenus sur la ligne de Mayet.


De Spay à Guécélard la ligne des tramways de la Sarthe se poursuit dans la plaine alluvionnaire de la grande rivière, sans aucune difficulté. 

La station de Fillé, dénommée gare est érigée au point kilométrique 14,600, et est distante de 500 mètres au plus du cœur de l’agglomération, à proximité du canal, sur le bord d’un chemin vicinal, aussi rapproché que possible de l’important bourg de Roëzé.

Au point kilométrique 15,100, le canal de dérivation de la Sarthe est franchi grâce à un passage inférieur, et plus loin, au point kilométrique 16,700 la rivière Sarthe est à son tour franchie par un pont métallique à la sortie duquel une halte avait été prévue ( mais non réalisée ), au point kilométrique 17. 


Le « Petit train du Mans à La Flèche / Mayet,  en contre jour sur la pont de Fillé - Document aimablement communiqué par René Gaignon.


La voie décrit un  arc, puis un vaste «  S » franchissant sur des ponts le Rhonne et son bras, avant la gare de Guécélard, situait en bordure de la route Le Mans La Flèche - Angers.

De Guécélard à Foulletourte, la ligne à voie étroite suit sur le bas côté la grande route, sauf pour la dérivation de Parigné-le-Polin.

Au point kilométrique 19, est la station de Parigné-le-Polin, à 600 mètres du centre du bourg.

Pour arriver à Foulletourte, le tracé s’éloigne de la route Le Mans-Angers, puis parallèlement sur une longueur de 800 mètres, avec une rampe de 0,015.

La gare se trouve à 600 mètres du bourg, sur le borde de la route du Mans. Cette situation lui facilite la desserte dans de très bonnes conditions, les voyageurs, et tous les commerçants - artisans et ateliers de la localité.

Le profil présentait des rampes maxima de 0,015, des rayons de courbes de 100 mètres.

Les communes desservies entre Le mans et Foulletourte : Allonnes, Saint-Georges-du-Bois, Étival, Spay, Fiilé, Guécélard, Parigné-le-Polin, Foulletourte.

En incluant, la clientèle éventuelle de Roëzé, cela représentait une population agglomérée de huit mille habitants - ( P.V de séances du C.G. de la Sarthe - 11-04/1888 )

Suite à la loi du 4 mai 1895, déclarant d’utilité publique, la ligne de chemin de fer à voie étroite d’intérêt local : Le Mans à Foulletourte - longueur 23,560 km., et Foulletourte à Mayet - longueur 25,100 km., l’ouverture à l’exploitation a été déclarée  le 13 septembre 1897.

Le 9 février 1896, le Conseil Municipal de Saint-Jean-de-la-Motte, demande que la ligne en activité des tramways de la Sarthe, entre Le Mans et Foulletourte, et Foulletourte et Mayet soit prolongée par La Fontaine-Saint-Martin, Saint-Jean-de la-Motte, Mareil-sur-Loir, Clermont-Créans, La Flèche, desservant au passage Courcelles et Ligron.

À sa session ordinaire du 18 avril 1898, sous le plaidoyer Monsieur Carré, Maire de Vaas, Conseiller Général de Mayet, le Conseil Général de la Sarthe examine ce projet.

Recettes brutes, impôts déduits de la ligne Le Mans - Foulletourte  - Mayet

- 1897 : 23.183,70 fr.
- 1898 : 94.557,41 fr.

Dépenses réelles d’exploitation, impôts non déduits de la ligne Le Mans - Foulletourte - Mayet

- 1897 : 32.271,49 fr.
- 1898 : 107.828,51 fr.

Les recettes, impôts compris en 1898, de cette ligne via Génelard a été de

- en 1ère classe de 4.503,60 fr. soit 4.169 voyageurs

- en 2ème classe de 65.084,65 fr. soit 102.867 voyageurs

- en 3ème classe de 69.58,25 fr. soit 130.495 voyageurs

- Messageries et grande vitesse : 11.572,15 fr.

- Divers : 1.713,62 fr.

- Petite vitesse : 13.741,90

soit 3.653 tonnes 868 transportées pour 107.408km.


Chaix de 1914- Tramways de la Sarthe.



Lettre circulaire diffusée à tous les conducteur, chef de train et stations,



Où, il va à nouveau être question du pont sur la Sarthe, de Fillé - Guécélard,


Le pont de Fillé-Guécélard sur la rivière Sarthe, tel est son appellation, puisque comme nous l'avons déjà écrit, la limite séparant les deux communes est l’axe médian de la grande rivière, fixé par la loi du 31 juillet 1880.


Carte du dossier de l'élévation de Guécélard en commune distincte.


Monsieur de Marthes, Préfet de la Sarthe, à la session d’août 1898 du Conseil Général de la Sarthe, dans son rapport page 324 - chapitre II de la IIIème partie informe :

- « ……..Le pont de Fillé devait recevoir le chemin de fer seul. Il a été établi pour recevoir une chaussée à double voie charretière. Non seulement il rend de grands services aux communes de Fillé et de Guécélard, mais il a été à l’origine des ponts routiers à double voie pour les chemins vicinaux ordinaires. Si les populations riveraines des fleuves échappent désormais à la sujétion des grands ponts à voie unique, c’est à l’exemple décisif du pont de Fillé qu ‘ils devront ce bienfait.
« Il faut rattacher à ce pont les travaux considérables de terrassement qui ont achevé le chemin de Fillé à Guécélard, et supprimé le gué du Rhonne par la construction d’un ouvrage assez important dont le service de la construction a fait tous les frais ».


Plan de masse en élévation du " Pont de Fillé "


Plan  de l’aqueduc de Villette, dénommé « pont vouté » de 3 m., pour soutenir la voie ferré, avant le «  Carrefour de Bel-Air ».



Détails et plan en élévation de masse du pont sur le Rhonne.


Plan de l'implantation des " ouvrages d'art " et raccordement avec la nouvelle voie d'accés, qui deviendra la route de Fillé-Guécélard par le pont.


En annexe du chapitre II, page 348, nous trouvons :

- Pont de Fillé et abords,

Construit sur la Sarthe, pour recevoir la ligne Le Mans à Mayet, et en outre une double voie charretière. 

Le tablier est soutenu par deux grands arcs métalliques ayant 56,33 mètres de portée, entre les rotules des retombées et 5 m. de flèche seulement. 

Le tablier à 8 mètres de largeur entre garde-corps. La longueur totale de l’ouvrage est de 70 mètres. 

La superficie totale du tablier est de 560 m2, et la surface de la partie suspendue est de 464 m2.


Les arcs se composent de deux volées, avec articulations aux naissances et à la clef. Chaque volée se compose d’un triangle mixtiligne dont la forme favorise la répartition du métal dans les sections proportionnellement aux efforts maxima maximorum.


Photo du Rhonne, prise du pont au " Vieux Bourg de Guécélard ".

autre temps.......autre point de passage, utilisé par les Guécélardais de la rive gauche pour se rendre au bourg de Fillé par le bac.



Le " Pont messier de Buffard " - XVIIème/XVIIIème siècle.


La dépense totale s’établit comme suit :

- fondations en béton de ciment, y compris batardeaux et épuisements…16.850 fr.
- maçonnerie en élévation…………………………………………………......................  4.223 fr.
- fers ( payés 39 fr. les 100 kilos)………………………………………………...35.982 fr.
- plancher en briques, pavage en asphalte comprimé, divers…………………..  5.145 fr.
                                                                   Total…………………….62.200 fr. 

Il faut rattacher au pont de Fillé les dépenses accessoires suivantes motivées par la mise en état du chemin vicinal n°5 reliant Fillé à Guécélard,

- terrassements affectés au chemin vicinal dans la vallée de la Sarthe,
6.200 m3.……………………………………………….............................................   6.026 fr.
- élargissement du pont de Villette………………………………………………….........   2.100 fr.
- élargissement du pont des Martrais…………………………………………………......      940 fr.
- élargissement du remblai dans la vallée du Rhonne, 4.200 m3……………   4.082 fr.
- implantation du pont sur le Rhonne………………………………………………….....    1.280 fr.
- pont sur le Rhonne………………………………………………….............................   2.390 fr.
                                                                   Total……………………16.818 fr. 

Le total des dépenses entre Fillé et Guécélard d s’élèvent à 79.018 fr.

Il faut savoir que le pont d’Allonnes est analogue à celui de Fillé, ainsi que le pont Louis-Blanc qui ne diffère des deux précédents que par ses dimensions.

Lors de la réception de l’ouvrage sur la Sarthe Messieurs Thomas, docteur en médecine, maire de Louplande, Conseiller Général du canton de La Suze et Bouttié, ébéniste au Mans, Conseiller Général du 2ème canton du Mans, ont fait remarquer le 22 août 1898, que pour éviter de graves accidents, il était indispensable de poser des rembardes , des « gardes-corps » sur le pont de Fillé et ceux de Villette et du Rhonne.

Dans son n°41 du 9 octobre 1897, le Journal des Transports «  Revue Internationale des Chemins de fer et de la Navigation », page 517, nous lisons :

« Ouverture de lignes.
« Chemins de fer de la Sarthe - Par un arrêté en date du 11 septembre « 1897, le préfet de la Sarthe a autorisé l’ouverture à l’exploitation « provisoire des chemins de fer d’intérêt local du Mans à Foulletourte à Mayet.
«  La longueur totale de ces deux lignes est de 48,600 km.
« Indépendamment  des gares terminus du Mans et de Mayet, elles « comprennent les stations d’Allonnes, Spay, Fillé, Guécélard, Parigné-le-« Polin, Cérans-Foulletourte, Oizé, Yvré-le-Polin, Requeil, Mansigné, et « Pontvallain, ainsi que leq arrêts de l’Épine, Saint-Georges, les Brosses, « les Fourneaux, la Cave, Marolles et Les Lustières.

Le lundi  21 août 1899, Monsieur de Marthes, Préfet de la Sarthe informe page 359 de son rapport l‘assemblée du Conseil Général de la Sarthe réunie en session ordinaire , que le grand pont en pierre de Roëzé sur la Sarthe est terminé,  ouvre de nouveaux débouchés et modifie avantageusement les courants locaux de la circulation.



Photo et carte postale de la " Gare des Tramways de la Sarthe " à Guécélard.
Il n'en subsiste aucun vestige.



II - Lorsqu'un petit cours d'eau détermine un site géologique, définit un lieu géographique.

Le Rhonne.



Depuis les temps les plus reculés, les époques les plus lointaines, les cours d’eau et de ce fait les sources, quelques soient leur importance, n’ont jamais laissé l’être humain indifférent : tantôt ils représentent  une contrainte, un obstacle, une délimitation naturelle, voir même un danger engendrant par voie de conséquences la crainte, le respect, la superstition ; tantôt un lien, une voie, une richesse susceptible d’être utilisée, d’être exploitée.


Le Rhonne est modeste, il n’a aucune prétention. Attachant, il est charmant tout simplement. Avec son air de ne pas y toucher, il étire nonchalamment, non sans une certaine élégance , son cours sinueux sur 26,515 kilomètres ( selon les chiffres communiqués par la D.D.A.F. 07-12-2007, sa longueur est de très exactement : 25.752,768 mètres, dont 4.239,938 sur le territoire communal de Guécélard ), au travers de deux régions qui au début du siècle, avant   les années 1950, étaient encore totalement différentes, voir diamétralement opposées : le verdoyant et fertile « Bélinois » , l’austère et stérile « Pays du Bourray - pays de landes » . Ce voluptueux farniente s’amorce dans le « Pays de Saint-Mars-d’Outillé » .

Il arrose au passage, les communes de Saint Mars d’Outillé , de Téloché, de Mulsanne, de Moncé-en-Belin, de Guécélard . Son bassin versant est de 16 296 hectares, son volume : en eaux ordinaires est de 0,080 pour la 1ére section Guécélard - Moncé - Mulsanne soit 12,738  kilomètres ; et de 0,030 pour la 2éme section Mulsanne - Téloché - Saint-Mars-d’Outillé soit 13,777  kilomètres - en grandes eaux de 10 000 m3/jour pour la 1ére section ; et de 4 500 m3/jour pour la 2éme section, éléments fournis par la Direction Départementale de l’Agriculture.

Ce n’est pas son homonyme certes, mais outre les légendes, l’Histoire et quelquefois la Préhistoire, vous effleurent à chacune de ses boucles. Témoin avéré autant que discret, de faits historiquement authentifiés : il en a connu des civilisations, il en a vu passer des armées, se dérouler des évènements, au cours des siècles, et même des millénaires écoulés. Il a fait son entrée officielle dans l’Histoire de France dans le premier tiers du XIème siècle, lorsque avec la Sarthe, le Rhonne constitue la délimitation septentrionale de la baronnie de Château-du-Loir  «  du Chasteau-dou-Leir, inféodé par Hugue III, comte du Maine, avant 1006  »

89éme affluent gauche de la Sarthe, à l’instar de celle-ci le Rhonne a contribué pour la majeure partie, en creusant son lit à façonner sa vallée, en modelant les terrains traversés.

L’eau n’est-elle pas un remarquable architecte paysagiste .

Le Rhonne et l’érosion qui lui est étroitement associée, sont les vecteurs principaux du grand courant qui à l’époque Quaternaire dessina son bassin. Celui-ci est une synthèse harmonieuse de la configuration de la nature et des sites, progressivement marqués par l’action humaine, tout au long de son passé.

Avec l’emploi de la pierre, beaucoup plus tard l’homme apprivoise la source. Il lui modela un nouveau visage pour lui octroyer un pouvoir magique : elle fut appelée - « Fontaine »

Le Rhonne est né dans les brumes de ces temps qualifiés de lointains, d’où aucun souvenir ne nous est jamais parvenu .Cette eau qui « sourd - sort de la terre » dans  la lande de Rhonne est environnée de surélévations +160, +163, ( à l’est )  +148, +166, +164, ( au sud ) +165 - Maison neuve de Rhonne +168, +163 ( à l’ouest ), émane des eaux qui s’infiltrent, et s’accumulent à la base des sables poreux au-dessus d’une couche  de marnes peu perméable du Crétacé supérieur, de 96 à 65 M.a. La nappe phréatique ainsi formée alimente de petites  sources à flanc d’un coteau  aux pentes douces, dont  l’affleurement résulte de la régression marine généralisée du  Maestrichtien , de 72 à 65 M.a. c’est à dire à la fin de l’ère Secondaire; faiblement entaillée par les ruisseaux qui y prennent naissance.


Source dénommée " Fontaine de Rhonne " dans les années 1970.


Gros plan sur " l'eau qui sourd du sol "....


Plan de situation de la " Lande de Rhonne " - Cne de Saint Mars d'Outillé.


Après avoir coupé à la perpendiculaire la « Faille géologique d’Arnage », non loin de Ponthibault, son cours semble se diriger pour rejoindre la grande rivière, puis s’incurve, il contourne les « Buttes du Vieux Mans », décrivant un grand arc de cercle, avant de s’infléchir vers le Sud-ouest.


Dans la " Gastines du Vieil Mans ".......

le Rhonne devient Guécélardais.


La commune de Guécélard a plutôt été gâtée par la grande loterie de l’évolution climatique. Son climat tempéré, tel est sa définition, lui assure une hygrométrie quasi idéale et un réseau hydrographique dont s’accommoderaient bien des régions. Ce réseau est dense, les affluents du Rhonne sont heureusement distribués, les uns par rapport aux autres, les lignes directrices du relief se devinent facilement.

À la latitude du Petit Vivier - alt.+41, en ligne les lieux-dits : chemin aux Bœufs - alt.+42, la Blinière - alt.+41, Villette - +38,5, le cours de la Sarthe se situe - 35,2/36,I ; au moulin de Spay le niveau moyen est de +34,6, au moulin de Fillé +34,1; tandis que dans l’alignement le Rhonne est à +39 à Champbeslin ( Campo belinus - champ du soleil  )   .En ce lieu, il retrouve à gauche sa dérivation appelée : ruisseau de Champ Beslin au moulin de la Baussonnière. Ce moulin de La Baussonnière - alt.46, avait une chute de 3,90, une roue à augets développant une force brute de 4,73, actionnant en décembre 1863, deux meules à blé.

Ainsi, se dessine une zone déprimée où les deux rivières de concert forment une fourche grossièrement ouverte au Nord-ouest, dont la base est leur confluence.

Cette basse terrasse bien individualisée morphologiquement sous l’action des eaux, très démantelée entre Rhonne et Sarthe, descend jusqu’au niveau +36. Dans cette espace délimitée par les deux cours d’eau , elle est représentée par des lambeaux alluviaux accrochés au substrat antequaternaire.

Les dépôts fluviatiles et éoliens podzolisés, accumulés sur le substrat, sont disséqués par de nombreux petits ruisseaux, souvent de simples «  rus » , irrigation naturelle qui trouve dans ce terrain de landes humides - les Gastines  des textes médiévaux, que l’on peut consulter aux Archives départementales de la Sarthe; un facteur facilitant l’écoulement.

Nos aïeux avaient une caractéristique, dans leur simplicité : leur logique attribuait à chaque chose un nom significatif précis, ils distinguaient les landes humides, des landes sèches. Le bassin hydrographique du Rhonne  dans sa partie terminale du Bourray couvre la quasi totalité du  territoire communal. Les différents cours d’eau qui composent ce bassin font partie de notre patrimoine, patrimoine que nous devrons léguer. Ils ont contribué à faire du doux Pays Guécélardais, un pays où il fait bon vivre.
« l’homme ignore quel trésor est l’eau…..
« Jusqu’à ce que la douleur le lui enseigne,


Le  Petit  Bourray,


Le Petit Bourray, autrefois appelé « le Vieil Mans » (  Archives départementales de la Sarthe - A.1; Q 29/1 - Fond municipal n°38 ), « …. joignait les terres de  la Baussonnière, de la Gouttière, des Landes, de la Bigottière, de la Soufflardière, de la Prêtrie, de la Ronceraie », limité par l’actuelle route de Ponthibault à la R.N.23 ( répertoriée de nos jours D.212bis ), «  aux terres de Gandelain, de la Bénardière, des bordages de la Louvetière », assises  en bordure du «  grand chemin tendant de Ponthibault à Fromenteau ; aux terres des seigneurs d’Epaigne, de la Pignetière et aux prés de la filière du Bourray », le tout d’une superficie de 1200 arpents, dont 480 appartenant au Roi, le supplément  aux divers seigneurs riverains, de Vaux, de la Baussonnière, d’Epaigne, etc.


Barbey d’Aurevilly a écrit,
«  qui ne sait le charme des landes?……
«  il n’y a peut-être que les paysages maritimes, la mer et ses
« grèves qui aient
«  un caractère aussi expressif et qui vous émeuvent davantage. « Elles sont
«  comme les lambeaux laissés sur le sol, d’une poésie primitive « sauvage que
«  la main de l’homme et la herse ont déchiré…..

Autrefois, couvert de bois pouvant figurer par endroits la forêt, ce terroir où le taillis alterne avec des massifs de fourrés enchevêtrés, domaine incontesté des ajoncs épineux, des fougères, des bruyères sans oublier la guinche, mentionnée dans les récits et les légendes sous le nom de pivardaine  : ce sont les  landes du petit bourray délimitées et dissociées des  landes du grand Bourray par le Rhonne et son affluent gauche le  ruisseau des Filières .


Le " ruisseau des Filières ", ruisseau délimitant " le fil des boys "  - la lisière de la zone boisée.


Une chronique locale du XVIIIème, fait état de la cherté de la bougie, les habitants de ces landes - les landions s’éclairaient avec l’oribus , sorte de chandelle à base de résine que l’on plaçait dans la cheminée à cause de la fumée qu’elle dégageait.

Depuis La Baussonnière , magie du Rhonne, nulle part ailleurs notre petite rivière n’est plus émouvante. Ses eaux en apparence immobiles , flirtent en réalité avec l’environnement dans une « coulée verte »  , aux berges basses et plates. La zone contiguë aux rives est souvent une plaine dite « d’inondation » , il s’y dépose alors lorsque les crues submergent les terres avoisinantes, de fins éléments en suspension dans les eaux : le Rhonne participe et accentue la fertilité du sol. Le sol alentour devient alors ce laboratoire où les substances minérales sont stabilisées. 

Château de La Baussonnière.


Le processus de déposition est plus intense sur les bords du cours d’eau, créant une « crête » de matières fertilisantes les « levées » formant les berges, qui dessinent un « feston » irrégulier de verdure, une ogive de feuillages qui rutilent aux feux du soleil couchant . La vitalité des plantes est extraordinaire, la manière dont elles se développent et s’adaptent, est un prodige d’ingéniosité. Dans cette végétation variée, il y circule un air léger ; les prés voisins et les arbres proches étant porteurs d’odeurs de mousse et de champignons.


Le Rhonne, s'alanguit dans un feston de végétation.


L’examen d’un plan du versant, de l’ensemble des pentes inclinés vers le Rhonne, et y versant leurs eaux de ruissellement, daté du 18 mai 1983, met en évidence les affluents successifs,

- le ruisseau des Bigottières 
régulé par le trop plein du niveau des fossés, puis un peu plus loin, 

- le ruisseau de l’étang de Malidor : 
long. 1508 mètres - profil mouillé 1,3 m - versant 46 hectares, est alimenté par l’étang du même nom - résurgence faisant office de  bassin hydrogéologique  de la nappe phréatique, rejoignent le Rhonne sur sa gauche peu à prés le lieu-dit : les Bigottières - 
« un acte du 11 mars 1690, fait état des Boëlles des Bigottières…. ( réapparition « des eaux du niveau phréatique dans les fossés, sur le bord de l’allée ).


" Triton palmé " espèce protégée.
De plus en plus rare, en voie de disparition.


Gros plan sur la flore du " Marais de Malidor ".


Autre surprise à Malidor.


- le ruisseau de Pré-Maillet 
reliant le ruisseau de l’étang de Malidor à celui de Château Gaillard, est un drainage naturel de terres où l’eau n’est jamais très éloignée de la surface du sol ; ce dernier est un  affluent droit du ruisseau des Fillières. 

- le ruisseau de Château Gaillard : 
long. 7802 mètres - profil mouillé 1,7 m - versant 280 hectares - dont le volume : en eaux ordinaires 0,006 - en grandes eaux 0,800 m3/jour, fait office de collecteur à un réseau d’affluents sans dénomination, identifiés sous la distinction de 1er, 2éme, 3éme, 4éme, 5éme et 6ème affluent.

À la « Ronceraie », un vieux pont solitaire, un tantinet mélancolique enjambe notre cours d‘eau, oublié, abandonné, ultime trace d’un passé à jamais révolu.


Pont du XVIIème siècle, refait au XVIIIème siècle sur la petite rivière le Rhonne, non loin de Buffard, connu sous la fausse dénomination de « Pont Romain »,  en réalité  : Pont Messier  


- le Gué de Buffard , 
il est vraisemblable que ce pont « messier », date du XVIIème siècle, peut-être même du XVIème 

 Archives départementales de la Sarthe - Fonds de la Seigneurie de Belin
 Pièces du procès avec le Seigneur du Plessis-Barthélemy - 1688
« Ce document complète l’aveu de 1406 et permet de reconstituer « la seigneurie de Belin ».

 Analyse sommaire des domaines
« ……..4ème alinéa………
« annexée depuis quelque temps à mon domaine, ma rivierre du « Bourray et le droict de garenne deau  et pesche deffensible que « jay en lad. rivière a prendre poisson a touttes manieres engins et  « fillets depuis loser au Roy des Hayes jusques au Gue de Buffart et « le droict que jay de défendre ad. pesche a touttes personnes et « pareil droict de garenne et pessereaux en rivières et cours deau « de mes dicts moulins de Chouenne et Foullet en ce qui est mon « fief…. »

Ce territoire est un ensemble géomorphologique de très faibles altitudes, comme nous l’avons précédemment abordé, oscillant de +40 à +43, aux élévations douces, évasées depuis la D.156 route de Guécélard à Fillé.

C’est sur celui-ci, que  le ruisseau de l’Anerai a  adapté son cours à celui du Rhonne depuis le lieu-dit : les Herveries - alt.+43 - commune de Moncé-en-Belin  De sa source, au lieu-dit  le Sablon - alt.+66, même commune,  à sa confluence  avec le Rhonne ( affluent droit ) - alt.+39, peu après son passage sous la R.N.23, au Vieux-Bourg de Guécélard, il a parcouru 11 931 mètres. Son profil mouillé est de 1,5 m - son versant 2403 hectares - dont le volume : en eaux ordinaires 0,010 - en grandes eaux 2000 m3/jour. 

- le ruisseau de l’Anerai, 
a une particularité, de sa source, au lieu-dit : le Gué d’Anarré - alt.+43, il délimite la commune d’Arnage, de celle de Moncé-en-Belin, coule sur cette dernière, et porte le nom de ruisseau des Beulières . Selon des historiens, il aurait à une époque rejoint la rivière Sarthe, aux abords du lieu-dit : le Noyer. 

en aval du Gué d’Anarré, il prend le nom de ruisseau d’Anerai . Une remarque s’impose, cette dénomination n’apparaît que depuis les années 1900, auparavant dans les textes , comme sur les cartes - carte de Jaillot, 1706 : il est mentionné, ravine d’Anaret. Par définition, si l’on se réfère aux dictionnaires, une ravine est un canal d’irrigation créé par l’homme. « An »  dérivé directement du gaulois « Ana » , signifiant : terres spongieuses, dans le sens : imprégnées d’humidité. « néret »  émane du nom d’un homme d’origine gauloise  « Nerius ».

Peu avant sa confluence avec le Rhonne, il draine les terres des lieux-dits : la Grande Mollière, et de la Petite Mollière. Il ne reçoit sur sa gauche, qu’un ruisselet dénommé : affluent de l’Anerai ; et sur sa droite le ruisseau de Cossassies : long. 3299 mètres - profil mouillé 1,2 m - versant ( Moncé -Arnage ) 2023 hectares - dont le volume : en eaux ordinaires 0,005 - en grandes eaux 0,600 m3/jour, le ruisseau des Matefeux, puis le ruisseau  le Vivier : long. 1158 mètres - profil mouillé 1 m - versant 91 hectares et enfin le ruisseau le Beau chêne : long. 1607 mètres - profil mouillé 1,2 m - versant 50 hectares. 

La route de Guécélard à Fillé forme une bordure axiale sans talus au-delà de laquelle la zone riveraine de la Sarthe est extrêmement basse, à peine supérieure au niveau de la grande rivière - en réalité ,il s’agit partiellement de son lit majeur. 

Point d’Histoire

Au IIIème siècle, les « raids maritimes des Saxons », ont pour conséquence la création de « colonies » en Anjou ( région d’Angers ), dans le Saosnois ( région Mamers ), dans le Bessin  ( région Bayeux ).  

C’est à proximité de ce lieu-dit, que le ruisseau des Fillières conflue avec le Rhonne, sur la gauche, marquant un nouveau terroir : les Landes du Grand Bourray , citées dans des actes médiévaux : Gastines du Bas-Poslinois


La  Gastine  du  Bas-Poslinois

la rive droite Guécélardaise du Rhonne.


Notre petite rivière renforcée par cet affluent, va imposer aux fidèles peupliers, des ondulations évasées. Les boucles de l’onde sont propices à l’éclosion, à la formation de « poche de vie », premier maillon  embryonnaire de la chaîne alimentaire végétale puis animale. Dans ce ruban liquide qui s’écoule, des mousses brunes ou vertes, des plantes immergées et diverses, appropriées au milieu, où vivent et prolifèrent des communautés d’êtres vivants. 

C’est dans une partie des Landes du Grand Bourray  , que s’est développé et se développe toujours l’actuel bourg de Guécélard..

Les Landes du Grand Bourray, dépendaient de l’importante châtellenie de Château-du-Loir qui comprenait à la fin du XIème siècle : 51 chevaliers vassaux ( dont 12 devaient la garde au château, chacun pendant deux mois, et 20 autres de deux à trois mois) ; en dépendaient 225  arrières-vassaux - écuyers, et 304 censitaires 

La châtellenie de Château-du-Loir, était une baronnie qui s’étendait sur tout le territoire compris entre le Loir, la Sarthe et son affluent le Rhonne. Sainte Corneille-en-Bignolas, Loudon, Tresson, Courtemanche, Arthezé, Bousse, les forêts de Cophas, Bersay, et Longaulnay faisaient partie intégrante de cette châtellenie. Pirmil, Noyen, Malicorne, Belin , La Suze avaient fait acte d’allégeance.

Aimon ou Hémon de Château-du-Loir, avait été inféodé par le Comte du Maine Hugue III avant 1005, celui-ci ayant selon les Actus succédé à son père entre 989 et 992; il avait épousé vers 1006 Hildeburge de Bellême. Il avait comme dévoué et fidèle écuyer un certain Guillelmus de Moondan.

Les Archives départementales de la Sarthe, nous révèlent :

Etat des landes appartenant au domaine royal ( 1550-1554 )
Indique que les landes du Grand Bourray commençaient au Gué de Mézières et finissaient  à la Jarryaie tenant……

«   .….d’un cousté pour partye les prez des Coulées et pour autre partye le ruisseau descendant du village de Saint-en-Belin à Gué-Cellard, et d’autre part les lieux des Chouanyères, les Sauvaigeaux, la Trépinière, la Chevallerye, le Petit-Poirier, la Chesnaye, les boys des deffaicts de  Bruon, les terres et lieux de Giberon, de Bousse et les bois marmenteaux de Mondans….. » 

Une partie sablonneuse et sèche où se mêlent châtaigniers, chênes rouvres et des bouquets de pins noirs, que les gens du pays appellent les  éconards. C’est la lande de Bruon, où plus exactement les  Deffais de Bruon.

Dans la « plaine » du Bas-Pôlinois ( landes du Grand Bourray ), l’hydrographie est indécise, l’eau n’est jamais bien loin, ce qui a entretenu dans les siècles passés une certaine et quelquefois inquiétante humidité du sol, d’où le nom de « gastines - cité dans les textes anciens ». Des filets d’eau suintent des sables imbibés en profondeur par la présence de la couche argileuse presque affleurante. De ce fait les ruisselets se traînent, coulant à plat-bord dans des rigoles, terrain humide voir spongieux, en certains endroits marécageux.  

La ligne de fond chargée d’eau et tourbeuse, est drainée dans le sens longitudinal par le ruisseau des Fillières et son bras parallèle.

- le ruisseau des Fillières, 
nom attesté en 1265 - « Filière - Filière »
en vieux-Français : Filere ; en patois local : Filair sa définition est obscure

Cité en 1462 - Acte de la cour du prieuré d’Oizé par lequel Jehan Houdayer et Robine, sa femme, paroissienne dudit Yvré ( Yvré-le-Poslin ) baillant à toujours à Jehan de Ronne, l’Aîné et Laurence, sa femme, paroissienne de Serans, 6 hommées de pré situées sur le ruisseau qui descend de la Chouenne ( Chouanne ) à Gués Allard ( Guécélard ) et joignant, d’autre côté, la freu du Bourray, pour une rente annuelle de I6 sous tournois ( Tours ) et de 2 chapons ». 

L’analyse du texte nous dévoile : 

« le ruisseau qui descend de la Chouanne est , sans aucun doute, le ruisseau des Fillières, et  joignant la freu, c’est à-dire : coulant à la limite, le terme - aux confins, semble plus approprié ». 

- 1504 - Vente audit Jehan Dugué, prêtre, prieur, par Jehan Boyvin, paroissien d’Yvré-le-Poslin, de 6 randes de pré ou environ, sises ès près de la filière du Bourray, de 4sous tournois de rente annuelle et d’un quartier de vigne pour le prix de 9 livres 10 sous tournois ». ( Dans cet acte manuscrit, le mot filière apparaît désigner explicitement la bordure, la lisière du Bourray ).

Ce ruisseau des Fillières divague dans un territoire beaucoup trop large et, reçoit les nombreux ruisseaux du Bélinois méridional, qui convergent , la plupart vers le couloir périglaciaire à fond plat - talweg séparant la Butte de Monnoyer, des Mamelons de la Chouanne.

De sa source alt.+74, non loin du lieu-dit : l’Aubépine - Cne de Saint-Ouen-en-Belin, à sa confluence : il a une longueur de 10 108 mètres - un profil mouillé 2,3 m - son versant est de 7377 hectares - dont le volume : en eaux ordinaires est de 0,010 - en grandes eaux 5000 m3/jour, c’est à-dire que le ruisseau des Fillières représente à lui seul 50% du débit du Rhonne en grandes eaux au Vieux-Bourg de Guécélard. Il sert de limite communale entre Saint-Gervais-en-Belin et Moncé-en-Belin.

Son cours supérieur, recueille sur sa gauche les eaux du ruisseau frère Le Léard, issue comme lui de la même nappe Oxfordienne à l’alt.+73, à proximité du lieu-dit : le Leare - Cne de Saint-Biez-en-Belin : long. 2335 mètres - profil mouillé 0,50 m - versant 435 hectares - dont le volume : en eaux ordinaires 0,002 , en grandes eaux 0,400 m3/jour.

- le ruisseau de Claire-Fontaine, 
autrefois appelé «  de Cormeu - avant le XIXème siècle ) : long. 3639 mètres - profil mouillé 1,1 m - versant 812 hectares -- dont le volume : en eaux ordinaires 0,004 , en grandes eaux 0,800 m3/jour ; et son « affluent »- le bras de Claire-Fontaine sont alimentés par l’étang du même nom - alt.+54 , Cne de Saint-Ouen-en-Belin ; dont ils régulent le niveau .

L’imperméabilité du sol et la pente insensible, multiplient les ruisselets qui drainent  les landes de la Chouanne, le « bras » de la Chouanne formant ruisseau - Cne d’Yvré-le-Polin, dans lequel se déverse : le Dors, le Semaine, le Carrefour des Cinq Chemins, eux-mêmes alimentés par des filets d’eau drainant, pour les deux premiers 443, pour le second 456 hectares, pour un profil mouillé de 1,3 et I,I m - pente totale 4,56 cm/m.

Dans le registre des baux 1752-1767, de l’abbaye Saint-Vincent du Mans, est mentionné le bail du lieu et de l’auberge de La Chouanne, à Yvré-le-Pôlin, pour un loyer de 200 livres. 

Puis sur sa droite, le ruisseau des Fillières, reçoit dans l’ordre :

- le ruisseau de La Fuie ou Fuye, 
alt.+58 à sa source au lieu-dit : la Providence - Cne de Saint-Gervais-en-Belin - long. 2800 mètres - profil mouillé 0,60 m - versant 229 hectares - pente totale 7 cm/m - dont le volume : en eaux ordinaires est de 0,004 , en grandes eaux 0,800 m3/jour. 

- le ruisseau Le Bousse, 
sources alt.+44-+46 dans les bois de Defas ( ruines ) -Cne de Saint-Gervais-en-Belin - long. 804 mètres - profil mouillé 1 m - versant 40 hectares - pente totale 4,99 cm/m.

l’un de ses deux plus importants affluents,

- le ruisseau le Ripes, 
dans certains vieux documents « Erips », issue de la même nappe phréatique que le Rhonne, dans le contrefort occidental de la direction opposée au Massif de Bercé, aux confins de la Lande de Rhonne, il se dirige dans la osée à celle de notre petite rivière. 4ème affluent rive droite du ruisseau des Fillières, lui-même 14ème affluent du Rhonne, est un cours d’eau typique du Bélinois.

L’alimentation par son sol Jurassique, sensible aux pluies océaniques, et sa pente lui valent un débit convenable et un régime modeste .  

Le Ripes ou Erips à une longueur de 10 042 mètres, un profil mouillé de 1,50 m, sa source alt.+98, au lieu-dit : Turpin - Cne d’Ecommoy, la surface de son versant : 2322 hectares , dont le volume : en eaux ordinaires 0,026 - en grandes eaux 2000 m3/jour, sa pente 5 222 cm/m.

Le nom semble d’origine inconnue, dans des actes du XIIème siècle aux Archives départementales de l’Indre-et-Loire : cartulaire de Marmoutier - en 1196, Rippa ; au XIIIème siècle,  Rispe. Si  Rippe,  émane de la forme dialectique  Rippa. Rippa en vieux-Scandinave Hrispa - signifiant : terrain inculte, broussailleux et boisé , un autre sens peut lui être attribué : terrain couvert de taillis.

- le ruisseau Le Brebon, 
petit ruisseau de Saint-Gervais-en-Belin, sa pente est très faible, à sa source au lieu-dit : Mortrais ( le Bourg ) , alt.+50, après 2,844 de sa source au «  Gué Roger ) l’alt. Est +48, son profil mouillé est de 1,30, la surface du versant 196 hectares.

autre affluent conséquent, 

- le ruisseau de Lunerotte : 
long. 6 091 mètres - profil mouillé I,50 m sa pente totale est de I,645 cm/m - versant  600 hectares - dont le volume : en eaux ordinaires est de 0,004 , en grandes eaux 0,600 m3/jour, alt.+50 à sa source au lieu-dit : les Cailléres  - Cne de Laigné-en-Belin.

Nom attesté en 1035 - racine : lune, ayant donné : lunae . Lunus : nom d’un homme d’origine gauloise. Le culte de la déesse Luna était très populaire chez les Gaulois, et s’est longtemps perpétué dans nos régions rurales pendant et après la romanisation. 

Il est indispensable de se rappeler, que les mouvements de la vie gauloise, étaient encadrés dans l’année, rythmés par les occupations saisonnières, par les dates d’assemblées et par le cycle des mois. Les mois étaient des lunaisons, mais des lunaisons décalées. Les Celtes-Gaulois ont adopté la quinzaine et nous l’ont laissée : ils ont coupé les mois en deux moitiés marquées approximativement à l’origine par la pleine lune. Les Gaulois comptaient par lunes et par nuits . Il semble aussi que l’année commençait par sa moitié sombre, la fête de Samhain - 1er novembre.
 ( Les Celtes - t. II, Henri Hubert )

Cette vénération était profondément implantée, et il n’y a pas si longtemps dans nos campagnes, l’expression annuit  signifiait ce jour. On peut interpréter : lunerotte  - petite lune   « reflet de l’astre de la nuit, dans le miroir de l’eau ».

Le ruisseau de Lunerotte, suit une direction générale Est/Ouest, elle n’est rompue qu’au contact de la Butte de Monnoyer, ce cours d’eau la contourne par le Sud pour rejoindre le ruisseau des Fillières devenu nettement plus important. Ensemble, ils s’engagent en parallèle avec le «  bras du gué d’Urtebize, dans le couloir à fond plat précédemment cité.

La  Butte de Monnoyer - Mons rigatus - XIéme siècle ; Mont Noyé du XVIème siècle au XVIIIème, hérissée de pins , domine une lande humide, marécageuse pendant 4 à 5 mois de l’année. Au sommet : la pierre des Trois Communes , semble remplacer une  croix qui s’y dressait en 1784 et en 1793 «  …….pour protéger le pauv’monde des …nouts … »  - sorte de génie malicieux, quelquefois maléfiques qui hantaient ce pays marécageux..

Le marécage qui s’étendait à sa base et à la sortie Ouest du couloir, s’appelait toujours à la fin du XIXème siècle : la Basse Judée , cité dans des textes aux Archives départementales de la Sarthe .

Le 28 juillet 1794 - 10 thermidor an II -
« ….tous les citoyens de la commune de Saint-Gervais assemblés en leur ci-devant église pour satisfaire au décret du 10 juillet 1793 ordonnant la vente ou le partage gratuit par tête des biens communaux, demandent à l’unanimité, devant M. Chevereau, maire et commissaire nommé à cet effet par le Conseil général du département, de  jouir comme par le passé en commun de la dite lande du Bourray en y faisant paître leurs bestiaux et ramasser de la bruyère. Cette lande, est lande est placée dans un fond aquatique, déclarent-ils…….. fait penser avec son eau stagnante à un étang….. » 

les points de passages permettant le franchissement de cette zone, sans encombre, à la mauvaise saison, connus de quelques initiés étaient : le gué Roger et  le gué Urtebize. Heurtebise, ce nom est attesté dès 1185 : Hurtebize ; on le trouve dans un acte du Prieuré Saint-Pierre-Parigné  daté de 1465, Hurleuse ,

C’est précisément dans le voisinage du gué d’Urtebize, qu’une dérivation du ruisseau des Fillières s’embranche sur sa gauche - Cne d’Yvré-le-Polin. Ils font leur jonction après un parcours quelque peu parallèle de 3007 mètres, finissant, en délimitant la Cne de Guécélard de celle de Parigné-le-Polin. Véritable tronc collecteur des  rilles  - rigoles peu profondes , ruisselets captant l’eau affleurante des gâtines du bas-Polinois - landes du Grand Bourray, cette dérivation est appelée par certains :  bras du Gué d’Heurtebise  ( plan de la Direction départementale de l’Agriculture 1/25000, daté du 18/05-1983 : bras du Gué d’Urtebise ) - profil mouillé 1,5 m .

L’hydrographie y est indécise, elle est typique des régions «  arénacées » - consistance du sable. Le véritable niveau d’eau est constitué par la couche d’argile glauconnieuse, grâce à quoi les ruisseaux se traînent « à plat bord ». 

Le bras du Gué d’Urtebise recueille successivement sur sa gauche, 

- le ruisseau de la Noirie : 
long. 2698 mètres - profil mouillé 1,6 m - versant 615 hectares - alt.+47 à sa source, Cne d’Yvré-le-Polin . Au château de La Noirie, il se réunit avec : l’affluent de la Noirie ,

puis sur sa gauche, 

- le ruisseau de Saint-Hubert : 

long. 473 mètres - profil mouillé 1,3 m - pente totale 0,478 cm/m - alt.+44 à sa source, Cne d’Yvré-le-Polin - versant 25 hectares,    

- le ruisseau des Fontaines de Parigné : 
long. 3279 mètres -profil mouillé 1,6 m - pente totale 0,295 cm/m - alt.+45 à sa source , Cne de Parigné-le-Polin - versant 763 hectares,

ses affluents droits, 

- le ruisseau de la Sauvagére : 
long. 2322 mètres - profil mouillé 1,2 m - pente totale 0,441 cm/m - alt.+49 à sa source , Cne d’Yvré-le-Polin - versant 441 hectares,

- le ruisseau du Pré des Fontaines : 
long. 1217 mètres - profil mouillé 1,2 m - pente totale 0,295 cm/m - alt.+43 à sa source , Cne de Parigné-le-Polin - versant 34 hectares,

- le ruisseau du Crapaud : 
long. 3040 mètres - profil mouillé 1,3 m - pente totale 0,669 cm/m - alt. +46 à sa source , Cne de Parigné-le-Polin - versant 53 hectares,

- le ruisseau des Minières, 
conflue au raccordement  du  : bras du Gué d’Urtebise avec le ruisseau des Fillières, long. 1719 mètres - profil mouillé 1,3 m - pente totale 0,464 cm/m - alt.+44 ,Cne de Guécélard - versant 140 hectares,

il est formé sur sa droite par

- le ruisseau du Hallier : 
long. 746 mètres - profil mouillé 0,70 m - pente totale 0,320 - alt.+44 à sa source , Cne de Guécélard - versant 32 hectares,

- le ruisseau de Terre Châtain : 
long. 1912 mètres - profil mouillé 0,80 - pente totale 0,592 - alt.+46 0 sa source , Cne de Parigné-le-Polin - versant 44 hectares. 

Tous ces chemins d’eau qui sillonnent le Pays de Belin et le Grand Bourray, avaient jadis autant d’utilité que les chemins de terre, et sur leurs rives où à leur source s’établirent les premiers hommes. Non seulement ces cours d’eau faisaient tourner de nombreux moulins, mais ils contribuaient à graisser les champs, à nourrir les populations riveraines et, dans ce pays de bois, à favoriser le développement de l’arbre.

On ne rencontrera plus, sur nos petites routes poussiéreuses, se faufilant entre des haies  somptueuses par les chemins creux, les « chartes remplies de biès murs ».Il faut patiemment chercher, compulser les archives pour entrevoir l’importance oubliée, du moindre de nos cours d’eau. En dépit des clauses de vente ou d’héritage, ils donnèrent lieu en effet à de nombreux procès.


Le  Rhonne,  au  Vieux-Bourg  de  Guécélard.


Au « Vieux-Gué », situé au  Vieux-Bourg de Guécélard ,  le courant du Rhonne s’affirme, nul part ailleurs, il ne devient plus émouvant après avoir reçu son tout dernier affluent et non des moindres :

- le «  défunt » ruisseau le Guécélard, 
sa longueur était de 875 mètres - son profil mouillé 1 m - sa pente totale 0,683 cm/m - alt.+45 , Cne de Guécélard, sa source est alimentée par des résurgences du bois des Loups . Son débit était de 0,020 m3/jour. On peut se demander où est passée toute cette eau ?

Avec lui a irrémédiablement disparu : une portion du patrimoine historique de Guécélard, il en fut de même  des vestiges de l’emplacement de l’église du XVIème siècle , ceux du four à ban seigneurial du XVème siècle, des sarcophages mérovingiens. 

Notre petite rivière arrive au terme de son long périple, un dernier gué « le gué de Mondan » - du Vieux chemin du Mans - La Suze - Malicorne , qui pourrait s’appeler le  Chemin de Madame de Sévigné. Après un dernier méandre, et un ultime  adieu à ses fidèles peupliers, il s’unit à la 
grande rivière qui goulûment l’absorbe.

Au 1er janvier 2013 l'Histoire de Guécélard, dont les recherches ont effectivement débutées en avril 1990 ; comptait 412 pages de texte en format A4.

Cette Histoire de Guécélard, a été partiellement et provisoirement reproduite  sur ce site en quatre parties. 

- le  26 mai 2013 - A.G.

Dans la même collection,

      * - GUECELARD - HISTOIRE & PATRIMOINE - Lexique
           analysé du «  Parler de nos Aïeux» - 3 parties
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