dimanche 9 mai 2010

LA RIVIERE SARTHE, SON EPOPEE GUECELARDAISE


GUECELARD, incontestablement " PAYS DES DEUX RIVIERES "


  • C'est à Guécélard que la petite rivière le Rhonne -Rosne ( IXème siècle ), consomme son union et sa mort avec la grande rivière Sarthe, dans une ultime étreinte,
  • C'est à Guécélard que la rivière Sarthe esquisse un pas de tango, avec la grande route : Paris-Nantes.C'est la rivière Sarthe, qui délimite le territoire communal de Guécélard, de celui de Fillé, en son milieu ( loi du 30/07/1880 ),C'est la rivière Sarthe qui a donné naissance aux 1218 ha. du territoire communal de Guécélard.
  • Ce sont les reptations latérales de la rivières Sarthe qui au cours de la dernières glaciation de Würm, 80 .000/10.000 ans B.C., vers son cours définitif , laissant au-dessus d'elle une terrasse basse de 4/6 m. légèrement inclinée ; définissant ainsi les caractéristiques particulières du territoire communal de Guécélard.


Plan de Guécélard dressé en 1984 par la D.D.A.F., on remarque le méandre de la rivière Sarthe, et la rigueur rectiligne de la grande route


Photo Philippe Aizier - Collection Aizair - Guécélard vu du ciel.
L'un des grands méandres de la Sarthe précisant incontestablement une faible pente d'écoulement ( 9 mm. du moulin de Spay au moulin du Pendu à Morannes ), et lotissement de la " Rivière" à Guécélard


Sur ce plan de 1812, on remarque très bien toutes les sinuosités de la rivière Sarthe, se frayant péniblement un cours dans la platitude des sables du cénomanien entre Arnage et Malicorne.
  • C'est la rivière Sarthe, qui donna au petit hameau du Gué de Coelhard ( IXème siècle, devenu en français courant Guécélard ), sa féodalité spécifique avec Buffe et Mondan.


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Plan du Château de Buffe dans la seconde moitié du XVIIème siècle - Document A.N. de Paris - Reproduction interdite



Plan du Château de Mondan dans la seconde moitié du XVIIème siècle - Document A.N. de Paris - Reproduction interdite




Trois volets sont présentés dans ce texte,
  • 1° - les pérégrinations d'une grande rivière : la Sarthe - Sarte ( Xème siècle ),
  • 2° - le Gué de Buffe, plus connu sous l'appellation de " Passage d'eau de BEL-AIR ",
  • 3° - il était une fois le Rhonne ( Rosne IXème siècle ).


1° : LES PEREGRINATIONS D'UNE GRANDE RIVIERE : la SARTHE,
( le " H " pour la Sarthe comme pour le Rhonne apparaît vers 1145 )


PRESENTATION DE LA SARTHE A GUECELARD



La rivière Sarthe, est partie intégrante du paysage Guécélardais - Photo A.G. reproduction interdite

« Jusqu’à ce que la douleur le lui enseigne,

« l'homme ne sait pas quel trésor est l’eau »
Lord Byron



Tellement familière dans notre paysage, tellement présente dans nos vies et nos mémoires, l’eau qui coule dans nos deux cours d’eau : le Rhonne et la Sarthe ; semble dénuée de mystère, et souligne notre indifférence.

Mais ces paisibles cours d’eau ont une histoire , ils peuvent se transformer en furie. Plusieurs années de sécheresses successives peuvent nous faire oublier la présence de nos rivières et la force de l’eau. Dès le Moyen Âge, l’homme cherche à domestiquer la rivière. Il rehausse les berges afin de contenir son gonflement saisonnier.

Le Rhonne et la Sarthe fournissaient l’eau de nos Aïeux et de leurs animaux, le limon fertilisant des cultures, l’irrigation des prairies et le bois de chauffage.

Le destin de ces deux rivières ne peut plus dépendre uniquement de la mécanique des fluides, et des ingénieurs des Pouvoirs publics. L’homme à force de corseter les cours d’eau au moyen de digues, de barrages et de canalisations décuple les débordements. L’espace gagné sur l’ancien lit devient lieu de culture, mais le plus souvent bétonné pour construire.

Le mécanisme saisonnier de la crue est aggravé par la situation géographique du territoire communal Guécélardais, les conditions climatiques et surtout l’intervention de l’homme. En France, 80% des permis de construire en zone dite inondable ont été délivrés durant ces quarante dernières années.




LE COEUR DU TERRITOIRE,

Le cœur du territoire Guécélardais et le lieu de franchissement de la petite rivière du Rhonne, berceau du nom et du village lui-même. Tout s’articule en effet autour de ce site naturel dont l’altitude moyenne atteint à peine +39. Ce territoire a des proportions harmonieuses et un relief bien équilibré, mesurant 5 km 4 sur sa plus grande longueur, il s’étale librement dans une dépression formant replat ( appelé terrasse basse * (4/6 m. ), par les géologues ). Baigné d’un côté sur 5 km 253, par la rivière Sarthe, de l’autre appuyé à l’arc largement ouvert du Pôlinois. Le territoire guécélardais est drainé sur 6,9 km par la petite rivière le Rhonne, il est limité au nord par une faille géologique dénommée « faille d’Arnage ».




Alain Foucault et Jean-François Raoult définissent :

* - Terrasse - replat situé sur un versant de vallée, ou sur les deux à une altitude supérieure à celle du cours d’eau, et qui représente le reste d’un lit ancien dans lequel ce cours d’eau s’est enfoncé.

  • L’historique de ces phénomènes de terrasses ont également été étudiés par Guillier en 1886, Chaput en 1917, Musset en 1929, L. Dangeard en 1944, H. Poser et J.Tricart en 1950.
Le rebord septentrional du « Plateau géologique de la Fontaine Saint-Martin » , comprenant la « poupe » de Parigné-le-Polin, domine la vaste étendue modelée dans les sables du Maine cénomaniens du Guécélardais. Les calcaires et les argiles du jurassique ne se trouvant qu’en contrebas de la cuesta de craie turonienne du Polinois, dont le revers de sables Éocène dépasse 95 mètres. Résultant d’un phénomène d’inversion de relief, ce plateau caillouteux est très nettement circonscrit, et définit la ligne de partage des eaux entre la Sarthe et le Loir.

La terrasse inférieure basse de Guécélard adopte une pente longitudinale voisine de 0,40%o. Adaptée aux réactivations tectoniques du Miocène, selon KLEIN - 1973. La vallée de la Sarthe s’est développée dans la dépression qui en découlait, en cours de dégagement de la masse d’alluvions amoncelées dans l’arc du Pôlinois, surplombait déjà d’une trentaine de mètres. La largeur de la basse terrasse conservée en inversion de relief implique une accumulation effectuée par un cours d’eau à chenaux anastomosés charriant une masse importante d’alluvions variées, et de galets de roches éruptives attestant des transports longitudinaux depuis le socle initial des Alpes Mancelles.

Cette terrasse basse guécélardaise, est en fait le lit naturel de la Sarthe, que cette rivière occupa durant des dizaines et des dizaines de milliers d’années, c’est à-dire pendant toutes les périodes interglaciaires, et qu’elle abandonna peu à peu au-dessus d’elle, lors de ses reptations latérales vers son lit actuel, dénommé ( lit mineur ), où elle s’enfonça du fait de la baisse du niveau général de l’Océan Atlantique, entraînant celui de la Loire. Il ne faut pas oublier que la pré-Sarthe confluait directement avec ce même océan Atlantique, aux environs de Briollay, dans la région de Durtal ( Maine et Loire ), où il est toujours possible de vérifier l’importance de son estuaire, par l’étendue de ses dépôts, et d’en étudier leur composition.

  • Sur les confins de l’histoire générale d’un terroir, la géographie et la géologie doivent avoir leur place. Il a été question de géographie, de géologie, et il va encore, être beaucoup question de géologie dans les pages qui vont suivre. C’est qu’il a été a peu près impossible de séparer complètement les données géographiques des données géologiques, étroitement liées. Les deuxièmes permettent d’expliquer les premières et réciproquement. Au surplus elles se complètent.



LA PRE-SARTHE,

Nous avons écrit dans « Une grande rivière : la Sarthe », que le département de la Sarthe, se trouve à la limite géographique du Massif Armoricain - pays d’architecture plissée à l’ouest, et le Bassin Parisien - pays d’architecture tabulaire à l’est. La ligne de séparation Nord-Sud est définie par les Alpes Mancelles et les Coëvrons s’allongeant d’Alençon à Saint-Denis-d’Orque. L’enfoncement des cours d’eau : Sarthe, Huisne et Rhonne dans le substrat a été provoqué par le soulèvement de l’ensemble du Bassin Parisien ( épirogenèse positive ) à la vitesse de 0,5 mm par an. Ces cours d’eau aidés initialement par l’altération météorique : le ruissellement, le vent et les glissements par gravité sur les versants ont évacué la majeure partie des produits de l’érosion vers l’Océan Atlantique en creusant leurs vallées. Les alluvions fluviatiles sont largement répandues aux estuaires, comme celles de la Sarthe et du Loir, au gré de leurs divagations et de leurs déplacements.

Les vallées de la Sarthe et du Rhonne furent profondément incisées dans les roches dures ; des plateaux soulevés.

Selon le professeur Ch. Pomerol, la dernière secousse tectonique de distension Est-Ouest du Pliocène pourrait être responsable de l’ouverture de fossés directeurs pour l’incision, puis la formation des vallées. " Alpes Mancelles ". C’est vers cette époque que la Loire se serait infléchie à l’Ouest - formant le fameux " coude d’Orléans ".

Dans son cours vers l’Océan Atlantique - les mots Loire Atlantique ont pris un sens il y a 1,8 M.a capturant au passage le Cher, l’Indre, la Vienne en Touraine, unissant la Mayenne, la Sarthe, le Loir en Anjou. La Loire se raccordait à l’important réseau hydrographique qui devait être appelé réseau du Val de Loire.

Au Tertiaire, la Sarthe coulait au Sud-ouest du Mans, divaguant librement dans notre région sur un plateau à une altitude supérieure. Un fait semble apparaître, elle est responsable du dégagement des buttes. le professeur Guy Mary a écrit :

- « La présence d’un pavage de roussards durs violets contraste avec l’absence de strates de roussards durs dans la structure géologique des buttes. Il faut admettre que ces blocs éolisés résultent de la démolition d’assises de grès roussards, aujourd’hui disparues , situées au-dessus de la cote 85 m. Au sommet du plateau tabulaire du Vieux-Mans ( 0°11’E - 47°53’N ) vers alt. +87, gisent d’énormes dalles de roussards de plus de 3 mètres sur 3 mètres, épaisses de 40 à 50 cm. Cela confirme l’hypothèse envisagée, c’est à-dire la descente sur place de blocs de roussards provoquée par le soufflage du sable. L’étude géomorphlogique de photos aériennes montre que le réseau de couloirs entre les buttes coniques, dessine un réseau hydrographique fossile qui se raccorde au thalwegs actifs des ruisseaux Roule-Crotte au Nord, et le Rhonne au Sud. La reconstitution des phénomènes conduit à imaginer un plateau supérieur de Mulsanne culminant vers 90 mètres d’altitude, et disséqué par ce réseau hydrographique. Quand la ou les périodes froides désertiques ont régné, la gélifraction a débité les blocs de roussards ; le vent s’est engouffré dans les vallées ( les couloirs ), les a élargies, aplanies ; il a raboté les pentes ( des buttes ), évasés les cols, déchaussés les blocs, balayés les sables si bien que ceux-ci sont descendus sur place. L’abrasifs sableux usait les roussards et était emporté puisqu’il n’y a plus de quartz picotés.



La Sarthe-aval, que avons dénommé la pré-Sarthe grossie de l’Huisne et du Rhonne, a de -65 M.a. à 1,800 M.a. avant notre ère, poursuivit son errance sans retenue, lessivant les fonds argileux, alluvionnant l’arc convexe du « bas-Poslinois », empruntant le même parcours qu’au Miocène, pour rejoindre l’élément marin dans la région de Durtal. Pendant quelques 20 millions d’années, la formation deltaïque de la Sarthe s'étend dans la région de Durtal - Châteauenuf-sur-Sarthe, et se poursuivra. Les dépôts qu'elle nous a transmis sont des informations d’un intérêt et d’une valeur géologique, géographique, historique , inestimable.

- le climat qui demeurait assez uniformément chaud durant la première moitié ( étage Redonien ) devient ensuite plus variable, subissant les premières atteintes des influences septentrionales, signes avant-coureurs des rigueurs glaciaires du Pleistocène, qui succède au Pliocène.

le deuxième étage appelé en géologie Plaisancien/Astien, correspond en Préhistoire au Villafranchien inférieur .

Nous nous sommes appuyés sur une étude réalisée en 1987, sous la direction de Ch. Pomerol, précédemment cité, par :


- G. Alcayde - du Museum National d’Histoire Naturelle de Paris
- C. et J. Lorenz - du C.N.R.S. et Université Paris VI
- R. Brosse - professeur à l’Université d’Angers
- L. Rasplus - professeur à l’Université de Tours

- « C’est dans la région de Durtal - Villevêque - Ecouflant - Châteauneuf-sur-Sarthe dans le Maine- et-Loire que les découvertes les plus intéressantes et les plus surprenantes ont été faites…. ».


Carte de Jean-Claude Fischer, professeur au M.N.H.N. de Paris - 2000 - Partie émergée de l'Ouest de la France au Pliocène de 5,3 à 1,8 M.a. - Le domaine marin est en transgression par rapport au Miocène de part et d'autre de la Picardie. La mer atteint l'embouchure de la Tamise d'un côté, et de l'autre Fécamp. L'Océan baigne Durtal et Châteauneuf-sur-Sarthe, où la Sarthe et la Mayenne confluent directement avec les éléments océaniques, le Loir n'existe pas.



CHANGEMENT DE COURS DE LA SARTHE

Le changement de tracé du cours de la Sarthe, semble avoir été provoqué par un léger soulèvement de la région de La Chapelle d’Aligné qui a contraint la Sarthe à se déplacer vers le Nord-ouest. La diminution de la pente semble démontrer une déformation tectonique positive : une aussi faible pente, apparaît incompatible avec l’importance du transport d’éléments grossiers issus de plus de 80 km en amont du Mans.

En outre, il paraît évident que la médiocrité du relief de la région guécélardaise et la très faible résistance du sol sableux dans la région traversée par la rivière en aval du Mans, constituaient des facteurs favorables au déplacement latéral de la rivière. Le passage à une dynamique d’un vaste méandre, correspond à une très importante diminution de la pente longitudinale de la vallée qui évolue de 0,63 %o à 0,40%o. Résultant d’un équilibre entre la puissance du cours d’eau et la résistance du substratum encaissant traversé. L’incision verticale seule ne permet pas à la rivière d’atteindre son « profil » d’équilibre.

L’analyse du cours aval de la Sarthe confirme la complexité des différents mécanismes ayant contribué à des changements de cours de la rivière, et prouve que l’examen des modifications hydrographiques met en évidence les déformations tectoniques de faibles intensité qui ont touché notre région durant le Pléistocène. En effet, la tectonique, matérialisée par les failles apparaît comme la cause première des changement de cours qui, toutefois ne se réalise que si la dynamique du cours d’eau le permet.

Par contre, dans la vaste étendue des sables cénomaniens se développant au Sud-ouest du Mans, dans la région guécélardaise, les modifications de la dynamique de la grande rivière, sont étroitement liée aux variations climatiques du Pléistocène moyen et supérieur, et peuvent très bien expliquer, les migrations latérales, et le recoupement de méandres. Les méandres de grandes dimensions sont hérités des périodes de creusement, précédant les accumulations interglaciaires : forts débits accompagnés d’une importante fourniture sédimenatire.

La modification durant le Pléistocène de ce tracé entre Spay et La Suze, des vestiges le confirme qu'un détournement de la " moyenne Sarthe " dans le réseau de la " basse Sarthe " s'est réellement opéré. De plus la période d'alluvionnement de notre territoire est en liaison avec les reptation latérale du cours d'eau vers le bassin d'un autre cours appartenant au même réseau hydrographique. Des vues aériennes révèlent que la terrasse basse alluviale en question est sillonnée par de nombreux chenaux fossiles ( Mary - 1964 et 1990 ). Ils donnent une image d'un cours d'eau à chenaux anastomosés occupant toute la largeur de la vallée, vers un cours d'eau à chenal unique ( Briggs & Gilberto - 1980 ; Strakel - 1990 ).

Reproduction de la page 287 de la remarquable étude réalisée en 1997 par Jean-Pierre Larue et Robert Etienne


Des différentes phases de détournements de cours d'eau passés, qui ont déterminé le tracé actuel ( dénommé de " bras mort " ) de la Sarthe, et le cours du Rhonne et de ses affluents du Bourray est entièrement guidé vers la Loire inférieure par les mouvements épirogénique différentielles des failles de notre région. Pour mémoire, le soulévement des Alpes Mancelles serait de l'ordre de 6 millième de millimètre/an depuis le début du Pliocène ( 5 M.a. ).

Des différentes phases de détournements de cours d'eau passés, qui ont déterminé le tracé actuel ( dénommé de " bras mort " ) de la Sarthe, et le cours du Rhonne et de ses affluents du Bourray est entièrement guidé vers la Loire inférieure par les mouvements épirogénique différentielles des failles de notre région.

Pour mémoire, le soulèvement des Alpes Mancelles, dont le taux moyen annuel calculé depuis le début du Pliocène ( environ 5 000 000 d’années ), serait de l’ordre de 6 millième de millimètres par an, se poursuit toujours de nos jours. . est une réalité scientifique attestée.

Les industries lithiques, signalées par Gruet en 1963, trouvés dans les dépôts sédimentaires déposés par la Sarthe au cours du Pléistocène, datent de la haute terrasse, c’est à-dire de l’Acheuléen inférieur - Cromérien, pour les moyennes terrasses de l’Acheuléen moyen - Saalien et pour les basses terrasses comme celle de Guécélard du Moustérien soit du Wiechsélien. Ce qui tente à démontrer, que les berges et les plages de la rivière ont été très tôt hantés par les hommes.



L'Histoire du sol guécélardais, commence bien avant que le village lui-même n'en porte le nom.

De cette époque révolue où la Sarthe recouvrait notre sol, un témoignage incontestable : ce sol que nous foulons au quotidien, cette terre que nous connaissons bien, cette terre grisâtre, sableuse, inconsistante, légère parce que très volatile, que nos Aïeux fixèrent par l’implantation de haies . Des vestige témoignent :



Fragments de roussard, fortement éolisès, transformés en palets par glissement sur un sol dénudé de toute végétation, pendant les périodes glaciaires de Günz : -1,2 M.a. à -700.000 ans ; de Mindel : -6500.000 à -350.000 ans ; de Riss : -300.000 à -120.000 ans ; de Würm : -80.000 à -10.000 ans , selon Alain Foucaultt et Jean-François Raoult. Nous les retrouvons de nos jours dispersés et nombreux sur le territoire communal de Guécélard.


Petits galets blancs ou jaunâtres, veinés, et arrondis, de toutes dimensions que l'on découvre en jardinant autour de nos pavillons - ( gauche ).
- Dans les fissures imperceptibles des parois rocheuses des Alpes Mancelles, lors du dégel des périodes interglaciaires, l'eau s'infiltrait. Lorsque le gel des périodes glaciaires se manifestait l'eau se transformait en glace, dilatant la fissure où davantage d'eau s'emmaganisait au dégel suivant, et ainsi de suite, jusqu'au moment ou le fragment de la roche se détachait et tombait dans la rivière Sarthe ( phénomène de gélifraction ou cryoclastie, la pression sur la roche était et même dépassait quelquefois 14 kg./cm2. ). Roulés parmi d'autres cailloux, parmi les graviers de toutes sortes de toutes dimensions, pendant des dizaines de milliers d'années, on mis environ de 90.000 à 10.000 ans pour parcourir 87 km. . Puis déposés, et abandonnés par les eaux de la Sarthe, sur notre territoire communal.

Petits palets aplatis, polis, que l'on trouve également à Guécélard - ( droite ).
- Même processus, que pour les petits galets, à la seule différence, que les palets n'étaient pas roulés dans le courant, ils étaient immobilisés au fond du lit de la rivière, et se déplaçaient à plat. Décapés, polis, par les graviers, les sablesagitaient par les courants, qui faisaient office d'abrasifs.

Cette terre est acide parce que très fortement délavée. Ces petits cailloux ronds ou ovales, blancs ou veinés que l’on trouve dans nos jardins sont d’authentiques vestiges de la gélifraction. Ce sont des fragments de roches arrachées dans les Alpes Mancelles par le gel, roulés, usés, transportés, arrondis par les eaux déchainées, déposés, abandonnés par les eaux apaisées de notre grande rivière, dans l’anse concave du « Poslinois » . Eaux ensuite renvoyées vers Roeze, puis reprenant leur cours vers le sud-Ouest.

Ce phénomène géologique s'est produit pendant les périodes interglaciaires du Pléistocène, qui se développe de -1,8 M.a. à -10.000 ans

Les interglaciaires se placent, selon Alain Foucault et Jean-François Raoult,


-Interglaciaire Donau - Günz : de 1,8 à 1,6 M.a. avant notre ère
-Interglaciaire Günz - Mindel : de 700 à 650 000 ans avant notre ère
-Interglaciaire Mindel - Riss : de 350 à 300 000 ans avant notre ère
-Interglaciaire Riss - Würm : de 120 à 80 000 ans avant notre ère

L'Office National de Géologie, nous apprend que pas moins de 62 oscillations climatiques pouvaient se produire lors des périodes glaciaires.

La Sarthe borde et borne le territoire communal Guécélardais sur 5,253 km. comme nous l'avons précédemment écrit. La longueur de notre grande rivière est de 285 km, à Guécélard elle se situe à 159 km ( 158,7 ) de sa source au lieu-dit : Somsarthe, commune de Soligny-la-Trappe ( Orne ), à une altitude de 212 mètres. Elle conflue avec le Loir à seulement 14 mètres, ce qui donne une pente de 0,07 %. Son bassin versant reçoit annuellement de 650 à 750 mm, selon l’implantation des stations. Actuellement ses débits moyens en aval du Mans oscillent de 11,8 m3/s en étiage à 68,5 m3/s en hautes eaux et peuvent exceptionnellement passer à 6,5 m3/s en étiage et 223 m3/s en crue. En période de crue la Sarthe ne transporte que des limons, tandis que les alluvions anciennes sont caractérisées sur notre sol guécélardais.




Plan de I.N.G de Paris - Les parties claires, précisent les alluvions récentes déposées sur les sables " Cénomanien moyen " anciens, datant du Crétacé supérieur, de -99,6 à -93,5 M.a. Elles nous dévoilent avec précisions les limitent maximum , des eaux de la rivière Sarthe en crue, que nous pourrions dénommées " centenales ", qui se sont dans le passé déjà produit.



Un constat incontournable s'impose à nous : de 70 à 75% de la surface terrestre est modelée par les eaux courantes. Notre paysage guécélardais étant situé dans une latitude tempérée est essentiellement dû au processus fluviatile ( dont l'agent d'érosion est l'eau, et demeurera l'eau, et les mécanismes sont le ruissellement, le ravinement, l'écoulement ).

Ceci repose sur trois paramètres :
  • le débit en m3/s.
  • la pente en %
  • la vitesse du courant en cm./s.

Le schéma directeur de l’ensemble du territoire communal de Guécélard se présente sous un aspect relativement simple : une étendue plane, très légèrement inclinée d’est en ouest, adossée à un amphithéâtre de hauteurs largement ouvert vers l’Ouest. L’altitude maximale de la commune est de +47 au « Champ de la Butte » chemin du Jarrier, l’altitude minimale +36, selon I.G.N.

Il s'étend sur sa plus grande longueur sur 5,4 km, dans le lit majeur que la grande rivière abandonna progressivement il y a environ entre -20 000 et -6 500 ans, pendant la glaciation de Würm,puis les oscillations climatiques de -Alleröd, très net réchauffement, avec rehaussement marin environ +80 mètres,de -9800 à -8800 ans, -Dryas III, à nouveau froid sec, de -8800 à-8200 ans, -Préboréal, de -8200 à -6800, climat chaud et humide, -Boréal, de -6800 à -5500 ans, température chaude et sèche

Les 1218 ha de notre terroir ( I.G.N. - INSEE ) - précisément 1216,895 ha dont 419 ha boisés ( I.F.N 3ème cycle d’inventaire 1995 ), s’allonge sur la rive gauche de la grande rivière et sont inclus dans les 8020 km2 du bassin versant de la Sarthe.


Guécélard est donc une commune d’étendue modérée - Fillé : 1007 ha , Parigné-le-Polin :1385 ha . Elle ne peut-être comparée à Roëze-sur-Sarthe : 2646 ha et à Cérans-Foulletourte : 3252 ha.

La commune de Guécélard occupe une situation privilégiée à environ 170 km des côtes Normandes de la Manche et autant de l’Atlantique et de son courant chaud, position avantageuse à la lisière du climat océanique. Cette disposition contribue à renforcer les nuances climatiques entre le nord plus froid et plus humide, et le sud plus ensoleillé et plus sec.

Zone intermédiaire plus tempérée et plus sèche, n’étant pas dépourvue de ressources agricoles.

Robert Triger en 1881, dans ses Observations agricoles et météorologiques sur les Années les plus remarquables de 1544 à 1789 dans la Province du Maine, porte à notre connaissance des événements qui se sont produits. Localement les populations ayant été impressionnées, ces événements ont été relatés dans divers documents par des témoins, nous n’en citerons que quelques-uns :
- « 1709 - Un des plus cruels hivers qui se soient vus depuis plus de deux cents ans, est celui de cette année. Il commença le jour des Rois sur les huit heures du matin après une pluie douce de la nuit précédente, et en deux jours de temps la rivière ( Sarthe ) se trouva en état de passer dessus. Ce froid a duré plus de quinze jours, tous les jours s’augmentant, a bout desquels il tomba quelque neige de hauteur de près d’un pied et regela encore dessus très fortement ; et environ quinze jours après,

« Plus de moitié des arbres fruitiers ont gelé : il n’est pas resté un seul noyer de quelque grosseur qu’il fut, et tout le royaume a subi le même sort. - Quantité de personnes et de bestiaux ont péri de froid ».
« 1718 - 10 juin. L’été fut très sec et très chaud. À peine tomba-t-il quelques gouttes d’eau pendant neuf mois, aussi les sources et les rivières comme la Sarthe tarirent-elles presque partout ».
« En 1788, l’hiver a commencé le 2 décembre ; le froid a continué jusqu’au 30 janvier et est descendu à plus de 18° au-dessous de zéro. Tous les légumes ont gelé avec la plus grande partie des sapins . Les fleuves ( dont la Sarthe ) ont débordé et inondé plusieurs pays communes et les glaces de 14 pouces * ont rompu plusieurs ponts ; les neiges ont été jusqu’à 5 pieds d’épaisseur en différends endroits. A Guécélard les eaux de la Sarthe ont recouvert à deux endroits la grande route d'Angers ».

Des épisodes d’une recrudescence d’un froid intense, nous sont fournis par des documents d’archives. Les scientifiques qualifièrent cette période de refroidissements de « Petit âge glaciaire » , avec des pointes en 1303, 1317, 1323, 1326, 1329, 1354, 1364 et 1408. On trouve dans une liasse du XVème siècle, un paragraphe dans une lettre « ….la sarte charriant des glaçons… ».

* anciennes unités de mesure de longueur :
- le pouce = 27,07 mm
- le pied = 33 cm

Une Chronique locale de la même époque rapporte que « …..les loups affamés déterraient les morts, et s’attaquaient aux vivants des chaumières isolées….. ». - A.D.-72.


Courbes des températures enregistrées par l'I.G.N, pendant les interglaciaires de Riss/Würm, et à la fin du Würm, il y a -9.600 ans, suite aux analyses des carottages de la glace effectué en différents endroits du cercle pôlaire.





Sur cette carte ont distingue l'un des très grands méandres de la rivière Sarthe.

La Sarthe coule du Nord vers le Sud du Mans jusqu’à Arnage où son cours s’infléchit vers Sud-ouest ( cette courbe est citée ),

LXV - 1217 - « Lettres dans lesquelles Julienne, abbesse du Pré, indique que l’achat par elle et sa sœur Sara, d’une métairie dans la courbe de la Sarthe a été fait dans des conditions telles qu’il ne saurait violer les droits de Saint-Victeur ( prieuré ) ». Il pourrait s'agir de l Métairie des Martrais ou celle des Toucheries ?

La grande rivière Sarthe cherchant désespérant son passage dans une région uniformément plane. En aval de Spay, s'inscrit un méandre de forte amplitude, réponse du cours d'eau à la réduction de la pente qui lui est imposé par les mouvements tectoniques ( comme l'affirme Klein en 1990 ). Ainsi, la pente entre le Moulin l'Evêque du Mans et l'écluse du Moulin de Spay est de 5 mm, et entre ce dernier et l'écluse du Pendu - Moulin de Morannes, elle est de 9 mm, de ce ce fait selon des rapports du B.R.G.M.la Sarthe perd une importante quantité d'eau, expliquant son important profil mouillé. La pente est de 0,2% entre le moulin de Fillé qui est situé à 119,2 km du confluent de la Maine, et l’écluse de La Suze qui elle se trouve à 105,6 km. Le moulin de La Beunêche est à 115,1. Cette même pente est de 0,08% entre ce moulin de Fillé et le moulin de Sablé qui est à seulement 58,9 km. Dans ce paysage, les terrasses forment pratiquement les seules lignes de relief du paysage modelé dans les sables cénomaniens inférieurs. Le palier inférieur est dominé par un talus de 4 mètre qui se suit du Mans jusqu’à Arnage. La carrière de la Gautrie ( 0°11’E - 47°57’30’’N ) entaille le talus et met en évidence l’indépendance de la terrasse de 6-8 mètres par rapport à celle de 12-15 mètres. Sur 4 mètres de sables cénomaniens 1,10 m d’alluvions. Cette carrière dévoile une puissance de l’alluvionnement qui atteint 5,4 mètres.

Son lit reposant sur de l'argile, la lenteur de son écoulement, justifie la très grande déperdition d'eau en sous-sol - dénommé " profil mouillé " - variant de 400 à 600 m. et certainement plus en certains endroits.


La vision de la strate des sables du cénomanien, n’est pas semble-t-il aussi simple que l’on pourrait le supposer. Son épaisseur de 134 mètres à La Ferté-Bernard, est de 100 mètres au Mans, est de 48/43 mètres à l'aplomb du " Vieux-Bourg de Guécélard "suffit à justifier les variations verticales de sa configuration. Sur cet ensemble couvrant 172 800 hectares, la sédimentation ne s’est pas faite uniformément dans le temps. D’importantes modifications latérales sont intervenues, influant sur ces variations. De plus les sables dénommés " marins " du cénomanien sont un excellent filtre pour les eaux infiltrés de la rivière Sarthe, comme en témoigne : un rapport rédigé en 1969 pour la Direction départementale de l’Agriculture sur les ressources et les besoins en eau du département de la Sarthe, par M. Rousseau ingénieur-géologue, qui a indiqué et évalué :

« l’existence d’une réserve gigantesque de 13 milliards de m3 d’eau avec un débit exutoire annuel de 110 millions de m3. Cet énorme réservoir souterrain des sables cénomaniens n’est alimenté que par 1900 km2 découverts, pour 1600 km2 couverts. Une partie des eaux est évacuée vers le Loir-et-Cher et l’Indre-et-Loire ».

De ce fait l’Huisne est la rivière Sarthoise la plus régulièrement alimentée.



Photo Philippe Aizier - Collection Aizair - Guécélard vu du ciel
Partie convexe de l'un des méandres de la Sarthe, à proximité du " Vieux-Bourg de Guécélard - L'endroit s'appelle " le Port ".



2° : LE " GUE DE BUFFE " - cité dans deux actes aux XIIème siècle et au XIIIème, plus connu sous la dénomination de " PASSAGE D'EAU de BEL-AIR ",

Le « Passage d’eau de Bel-Air »……n’est pas un gué !

Un " gué " est l' endroit d'un cours d'eau où un piéton peut le franchir sans perdre pied.

Un " passage d'eau " est l'endroit d'un cours d'eau où un piéton ne peut pas traverser sans perdre pied, mais où un cavalier monté peut le franchir en courant normal. Le niveau de l'eau ne devant pas, en aucun cas excéder la base de l'étrier.




Rampe d'arrivée du débarcadère de la rive droite - bourg de Fillé, du bac de Bel-Air " - Photo A.G., prise dela rive gauche - Bel-Air -Reproduction interdite



UNE SOURCE DE REVENUS NON NEGLIGEABLE, LA POSSESSION DE L'EAU.....LA NAVIGATION.


Charte de 950 de Hugue III, comte du Maine, en faveur de l'abbaye du Mont-Saint-Michel concernant des moulins sur la Sathe.


Charte du XIème siècle de Herbert 1er dit Eveille-Chien, comte du Maine concédant au Prieuré Saint-Victeur des moulins sur la Sarthe. De la même source, son père Hugue III, comte du Maine semble avoir accordé à ce même prieuré un droit de moulin vers 950-1015, ce prieuré dépendait de l'abbaye du Mont-Saint-Michel - Archives de la Manche.



Abandonnée depuis quelques dizaines de siècles, oubliée sous une mince couche de terre, dans un coin d'une ancienne haie, enfouie sous des ronces, destinée avec d'autres gravats à combler une excavation. Cette authentique pierre à écraser des graines de céréales, a été datée en labo du Néolithique moyen -2.800/-2.500 avant notre ère. C'est en quelque sorte une ancêtre des moulins à bras, puis à eau, à vent.
Le plateau de 33 cm. sur 21,5 cm., présente une rugosité très étudiée ; son épaisseur de 15,6 cm. lui concède un poids pour un déplacement facile, tout en lui assurant une complète stabilité.
Le broyon, a une ergonomie permettant une excellente tenue en main, et une utilisation limitant au maximum l'effort.


Le Testament de Saint-Bertrand en 616, nous dévoile que dans la très longue énumération des biens de cet évêque Manceau aucun moulin n'est cité. Un acte daté de 837 du Cartulaire de Saint-Aubin précise que l'évêque du Mans Saint-Adric fait don au monastère Saint-Sauveur de deux moulins sur la rivière Sarthe.

Nul doute que les religieux des différents prieurés et abbayes de l''actuel département de la Sarthe ( anciennement province du Hault Mayne ), ainsi que certains seigneurs locaux ne s'emparèrent de cette inestimable source de revenus, que pouvait représenter l'utilisation d'eau de la grande rivière.

Ce sont eux qui établirent les premières " digues-barrages " pour réguler le débit, ce sont eux également qui en l'absence de ponts édifièrent les " chaussées sur rivières ", dont Guécélard possède l'une des dernières.



Milieu et arrivée rive droite de la Chaussée sur la Sarthe du XVème / XVIème siècle, reconstruite sur une précédente édifiée par les moines du Prieuré Saint-Pierre-de-Parigné.

C'est au IXème siècle que les grandes abbayes, comme Saint-Mesmin-de-Micy près d'Orléans* obtinrent des rois le droit d'établir des chaussées ( calceata ) sur certaines rivières. Il s'ensuivit la constitution d'un véritable droit de propriété.
La " Chaussée " en question a été le seul point de franchissement de la rivière Sarthe entre Le Mans et Sablé, puis entre Le Mans et La Suze après la mise en service du pont en bois féodal de cette dernière localité ; pendant des siècles. La traversée de la grande rivière se faisait obligatoirement par bacs ( Spay - Fillé - Roëze - Noyen etc..., avec autorisation et moyennant redevances au seigneur local - Photos A.G.

*L'abbaye bénédictine de Saint-Mesmin-de-Micy avait un Diplôme l'autorisant a avoir trois bateaux pouvant circuler librement, et exempt de taxes sur la Loire, le Cher, la Mayenne, le Loir et la Sarthe, ce qui déboucha à la création d'unn " port " au Vieux-Bourg de Guécélard.


Il est évident que les moines bénédictins de Saint-Mesmin-de-Micy, venus rechercher l'isolement dans les terres à défricher, à cultiver, les cours d'eau à utiliser, des âmes à convertir trouvèrent dans les solitudes des espaces du Poslinois, et dans les habitants du hameau du Gué de Coelhard ; la plénitude de ce qu'ils désiraient trouver.

S'ils s' intéressèrent vers le XIIème siècle ( vers 1116 ), aux habitants de la rive droite, ce qui semble être devenu le bourg de Fillé, il édifièrent une " chaussée-digue ", avec une double perspective : le passage de la rive gauche à la rive droite à des piétons, et à des véhicules hippomobiles, et la " pêche ". Les moines en général étaient devenus maîtres dans la pisciculture. Dans les établissements religieux, dans les châteaux aux XIIIème et jusqu'au XIXème siècles ont a fait une très grande consommation de poissons.

A Guécélard, nous avons un vestige de cette activité, au lieu-dit le " Vivier ". Un acte de 1230, témoigne en ce lieu d'un élevage " raisonné et productif de poissons....".

Les barrages avaient également un autre rôle que celui de régulateur du débit, ils offraient la possibilité d'élever le niveau de l'eau.

En effet, au XIIème, et surtout au XIIIème siècle on enregistre une baisse du niveau de la Sarthe, mettant en évidence plusieurs hauts fonds entre La Suze et Spay de " hauts fonds " ceux de Roëze, de la Beunêche et de Fillé ( à l'aplomb de Buffe/Bel-Air ), sont particulièrement importants. Ils interdisent la navigation depuis le XVème siècle ( 1426 ), entre Malicorne et Le Mans.

  • 1 liasse , 2 pièces, parchemin. - nous révèlent,
Registre du lieutenant du Mans, du 24 Août 1426,
XXIIIe jour d’aoust mil IIII c XXVI , signé de Constance,
" A la requeste du procureur du Chappitre, ledit lieutenant saisit la somme de deux cens écus d’or que les bourgeoys du Mans devoient à Jehan Lefèvre a cause de vendissions de sel descendu au port de Malicorne, au temps que les doyen et Chappitre tenoient la Prévousté du Mans jusques au vaillant de la coustume telle qu’elle appartenait aux-dits doyen et Chapitre à cause du sel ".



Plan de 1844, indiquant le " Passage d'eau ", et des atterrissages du bac faisant l'aller-retour rive droite-rive gauche.



Ainsi, entre le bourg de Fillé et le point d'embarquement de Belair ( rive gauche ) en eaux normales, la profondeur moyenne est voisine de 1,2 / 1,5 m. sur les 2/3 de la distance, par contre approximativement vers le dernier tiers la profondeur de la rivière chute brusquement et voisine les 2,5 / 3 m. vers la rive droite. Sur les cartes de navigation, ce " passage " est dénommée " passe de Filllé ".



UN DROIT SEIGNEURIAL...

Une taxe dénommée " branchères ou billette" était imposée au franchissement du Rhonne au hameau du Gué de Coelhard, par la baronnie de Château-du-Loir, par intermédiaire du seigneur local de " Mondan ".

D'autres taxes apparurent.

Les " droits seigneuriaux " sur les rivières sont cités vers le XIVème siècle, le tout premier que nous avons trouvé à ce jour est daté de 1382 ( Arch. de France - H4 et Arch. de la Mayenne H64 ) : droits de pêche, péage sur les bateaux, droits de pontage et droits sur les bacs......etc.

Dans le : Compte douzième de Symon Ahier recepveur de la châtellenie de Tucé de 1517-1518, nous apprenons que le sergent seigneurial de Fillé "....ne prenait rien..... "



Plan dressé en 1820 du bourg et du bac dit " de Fillé .




Le bac de Bel-Air, également dénommé le bac de Buffe,

Les plus vieux ponts connus sont : le pont Perrin- 994, le pont Ysoard en 1067. il estt question d'un pont à la Suze vers 1078...? Les " Actus "nous signalent un pont à Sablé au XIIème siècle.

Au XIIème siècle, jusqu'au XIXème siècle, les ponts sur la Sarthe entre Le Mans et Malicorne sont ttrès rares, ils existaient de nombreux passages par " bacs " - à péoges sur la Sarthe. C'étaitlà encore une entreprise à exploitation seigneuriale rétribué au moyen d'un droit spécifique dénommé : pontage ou pontonage.

Souvent il existait un bac réservé aux personnes, gens à pied, et un autre pour les animaux et les véhicules chargés. C'était le cas pour le " bac de Fillé ", quelquefois cité bac de Buffe dans certains textes et documents. Un tarif existait et il était affiché sur une planche à chacun des embarcadère.

Le cheval chargé payait le même tarif que l'animal non chargé. Le droit sur les véhicules englobait les boeufs et l'attelage, les personnes et les marchandises qui s'y trouvaient. Dans le cas, d'un véhicule attelé à des chevaux, ceux-ci étaient comptés à part. Pendant une certaine époque, vers 1463 un même péage servait pour le retour, si il avait lieu le même jour.

Le droit d'exploitation d'un bac entre le bourg de Fillé et la rive gauche ( Buffe / Belair ), est très anciens, il semble antérieur au XIVème siècle, est sous la dépendance du seigneur de La Suze, dont le seigneur de Buffe était vassal.

Une enquête diligentée en 1489 à la demande exprès du seigneur, effectuée par le Lieutenant Général du Mans a démontré l'existence d'une " très vieille charrière à Bel-Air ". Un droit exclusif existe depuis le XIVème siècle pour le seigneur de La Suze, d'avoir un bac entre Malicorne et Fillé. Un autre document nous informe que le droit de pontage à Noyen était affermé à 150 livres en 1714, et à 135 livres en 1723.


La partie en mauvais état du barrage de Fillé, comprise entre la porte marinière et la rive gauche de la Sarthe, territoire de la section de Guécélard, a été consolidé en 1871. En 1872, les fondations du pertuis à établir en remplacement de la viennent d’être faites, en septembre 1872. Le pertuis sera terminé proch ainement, et on pourra, pendant les écourues, boucher la porte qui tombe presqu’en ruine. On ne pourra finir complètement le barrage qu’en 1873. Coût total 20.000 fr.

Le pont de La Suze, gêne en septembre 1872, beaucoup la batellerie, il est privé de chemin de hallage et l’arche la plus élevée, celle du milieu ne présente pas la hauteur sous clef suffisante. Monsieur M.C. Tassin, Préfet de la Sarthe, déclare le 28 septembre 1872, qu’il est urgent d’améliorer ce passage. Les mariniers réclament avec insistance l’exécution de travaux de dragages, indispensables pour améliorer le chenal navigable de la Sarthe entre Le Mans et Noyen. Un projet dressé à cet effet, et devant procurer partout un tirant d’eau de 1 mètre 50, a été soumis, le 8 juillet dernier, à Monsieur le Ministre des Travaux Publics. La dépense s’élève à 30.000 fr.

Entre Le Mans et Sablé……les ponts étaient encore rares en 1840, et dans tout le département également !


Un passage d’eau……nécessite un bac.

Le Conseil Général de la Sarthe dans sa session du 25 août 1881, a résilié le bail de passage de Fillé-Guécélard. Pour obtenir cette résiliation le fermier se basait sur la perte que lui fait subir, pour la première localité, l’érection de Guécélard en commune distincte. L’ancien fermier assure le service jusqu’à sa réadjudication.
Un crédit de 250 fr. a été inscrit au budget de 1880, pour l’entretien dudit passage.

Monsieur A. Dumonteil, Préfet de la Sarthe, dans son rapport pour l’année 1882, reconnaît que pour le passage d’eau de Guécélard à Fillé, la situation est identique à celle de l’année précédente, la réadjudication a été faite au prix de 205 fr. - liasses de 895 pièces ( documents, comptes rendus, rapports, procès verbaux ).

Un inventaire après décès, précise que le franchissement de la rivière la Sarthe était assujetti, à un droit, dénommée « la glane », que le bac était guidé à la perche, et animé par traction des bras du passeur sur un câble goudronné , tendu d’une rive à l’autre.

- en 1794, le montant du fermage était de 130 livres,
- en 1768, il s’élevait à 100 livres,
- en 1760, de 90 livres,
- en 1759, de 65 livres, ( 45 ? )
- en 1748, de 80 livres,
- en 1744, de 55 livres, ( 45 ? )
- en 1739, de 41 livres, ( 44 ? )
- en 1692, de 32 livres, ( 25 ? )
- en 1686, de 25 livres.

Quelques noms de passeurs-fermiers, conducteurs du bac, reliant la rive droite de la Sarthe, c’est-à-dire le bourg de Fillé, à la rive gauche, la cale de Bel-Air, paroisse de Guécélard,, comme le précise, des procès verbaux de sessions du Conseil Général de la Sarthe, et des actes et documents aux ArchiveDans le Registre de l’État Civil de 1873-1882, de la commune de Fillé-Guécélard, nous lisons,
- « l’an mille huit cent soixante treize, ce dix-neuf janvier, par devant Charles Carteret, maire et officier d’état-civil en la commune de Fillé-Guécélard, arrondissement du Mans, département de la Sarthe, étant en la maison commune, est comparu Granval Charles, âgé de vingt neuf ans, journalier, domicilié aux Géleries………….a déclaré qu’hier à 10 heures du soir, Marie Fournigault, âgée de trente cinq ans, sa femme, avec lui domiciliée est accouchée à son domicile d’un enfant de sexe masculin………………..


Selon le Registre paroissial de Fillé-Guécélard, le bac a été utilisé au mois de mars 1793, an second de la République Française, pour des déclarations d’état civil par des guécélardais pour trois naissances et de deux décès. C’est Jacques-Vincent Arnoult, Officier public ( maire ), qui a procédé à l’enregistrement dans la Salle publique de la Maison commune de Fillé.

- en 1768 : René Vigneron, pontonnier, et sa femme Fournigault Marguerite, paroissienne de Fillé,
- en 1760 : René Vigneron, garçon tisserand et paroissien de Cérans,
- en 1759 : Jean Letourmy, garçon meunier de Foulletourte, et Fougerard Marie, paroissienne de Fillé,
- en 1748 : Joseph Perrière, marchand, et Marie Chaussumier, sa femme, paroissiens de Fillé,
- en 1744 : Joseph Perrière, marchand, et Marie Chaussumier, sa femme, paroissiens de Fillé,
- en 1739 : Joseph Perrière, marchand, paroissien de Fillé, et Marie Chaussumie, paroissienne de Spay,
- en 1692 : René Chemin, tisserand, paroissien de Fillé,
- en 1686 : René, Chemin, paroissien de Fillé, dans le registre paroissial de Fillé, en 1685, il est cité comme cocher du seigneur du Groschesnay,
- en 1684 : Nicolas Loriot, paroissien de Fillé,
- en 1794 : René Vigneron et Marguerite Fournigault, sa femme,

Les Archives Diocésaines nous apprennent que le 9 novembre 1784, Michel Peslier, paroissien de Fillé, a épousé Marie Darage, paroissienne de Guécélard, que la bénédiction nuptiale a eu lieu en l’église et par le curé de Guécélard, que la traversée de la Sarthe s’est bien déroulée, malgré un fort courant, de la même source le 3 février 1784, René Guibrunet, paroissien de Fillé, a épousé Marie Gourdon, paroissienne, et née à Guéclard, au Grand Bourg, que les mariés et les invités on traversé la Sarthe, en deux fois.s départementales de la Sarthe,




UNE HISTOIRE DE " GUES " :

Etymologiquement, la racine, c'est à-dire l'élément premier du nom de notre commune GUECELARD est incontestablement " gué ".Cette banalité détermine néanmoins un point fixe, un point permanent du paysage, pour être plus précis un point de franchissement d'un cours d'eau, ce cours d'eau est dénommé le " Rhonne ", un nom plein de poésie , mais aussi plein de mystère.N'est-il pas né au " Pays d'Outillé ", terroir de légendes situé à l'orée de l'opulent massif de la " Forêt de Bercé " ?

Il faut savoir que Guécélard aurait très bien pu s'appeler " Les Gués ", nom parfaitement justifié, il y avait et nous le détaillons :
  • - le Gué de Mondan, emprunté par le chemin médiéval qui reliait Le Mans à Malicorne " cher à Madame de Sévigné ", via le château de La Suze et se poursuivait vers Sablé ; qui fut en son temps une " Piste du Silex ",
  • - le Gué de Buffard, connu et utilisé par les fraudeurs qui ne voulait pas payer la redevance de passage au " Gué Seelard " : la Billette, imposée par la châtellenie de Château-du-Loir. Ce gué fut remplacé au XVIème siècle par un " Pont Messier ", qui existe toujours : malheureusement ignoré, abandonné....destiné à un prochain effondrement.Un incomparable vestige, qu'il ne faut absolument pas laisser disparaître.
  • - le Gué que l'on trouve cité dans certains actes de " Vieux gué et de Grant gué "- le Gué qui prit le nom de Coelhard, point de franchissement par le chemin appelé " Mansais ", reliant Vieux Rouen à Port Corbillo, qui se développait beaucoup plus loin vers le nord, mais également vers le sud jusqu'à la barrière pyrénéenne,
Nos deux rivières, et les nombreux petits ruisseaux et ruisselets qui agrémentent notre environnement, sont tellement présents dans nos vies, nous sont tellement familiers, que l'eau qui coule dans le Rhonne et la Sarthe semble dénuée de mystère, soulignant de ce fait notre parfaite indifférence.

C'est à Guécélard après un périple de 26,515 km que le Rhonne " célèbre son union et sa mort avec la grande rivière ", en effet, c'est au pied de " Mondan ", nom évocateur s'il en est *, que la petite rivière conflue avec la Sarthe à une altitude moyenne/an de +35,6 à +36,2 ( D.D.A.F. 1969 ). Il devient le 89ème affluent gauche de cette rivière.* Mondan signifie en Vieux-haut-Allemand : petite bouche par analogiepetite embouchure ou par extension embouchure de petite rivière.

Mais si ces cours d'eau en apparence si paisibles, peuvent rapidement se transformer en une dévastatrice furie. Leurs histoires respectives sont longues, et tout particulièrement fournies non seulement pour tout " le Bélinois ", mais également pour tout le département, avec des chapitres entrant de pleins pieds dans l'Histoire de France elle-même.

  • Extrait du Registre Paroissial de 1873, page 3, de la commune de Fillé-Guécélard.



Texte paléographié,
  • « L’an mil huit cent soixante treize, le vingt huit mars, à quatre heures du soir, par devant nous Charles Carteret, maire et officier d’état civil, de la commune de Fillé-Guécélard, arrondissement du Mans, département de la Sarthe, étant en la maison commune a comparu Robin Pierre-Désiré, âgé de trente six ans, cultivateur domicilié à La Croix du Jarrier, commune de Guécélard, lequel nous a déclaré qu’aujourd’hui à midi Madeleine Baucher, âgée de vingt cinq ans, sa femme, avec lui domiciliée, a accouché en son lit domicilié en cette commune d’un enfant de sexe féminin qu’il nous a présenté et auquel il a déclaré vouloir donner les prénoms de Juliette - Madeleine ; lesdites déclaration et présentation faites en présence de Piron Alexis, âgé de cinquante huit ans, tonnelier et de Perdereau Charles, âgé de vingt sept ans, instituteur tous deux domiciliés au bourg de Guécélard . En fonction de quoi nous avons rédigé le présent acte que nous avons écrit sur les deux registres à ce destinés et que les témoins seuls ont signé avec nous après lecture a eux par nous faite et collationnée. Le déclarant ayant dit ne savoir ».
signature C. Perdereau
signature Alexis Piron signature Ch. Carteret

il est indispensable de se replacer dans le contexte de l'époque :

1° - la Croix du Jarrier, se situait très exactement, vers le milieu de l'actuel " chemin du Jarrier " ( côté droite venant de la R.D.323, c'est-à-dire à environ 1 km. de l'église actuelle ). Tenant compte des voies existantes de cette époque : Pierre-Désiré Robin, le père, le nouveau né dans les bras, après être rejoint par les deux témoins, Messieurs Alexis Piron, tonnelier et Charles Perdereau, l’instituteur ; comme l'exigeait la réglementation en vigueur. Les trois hommes à pied, au petit matin dans le froid glacial, et dans la neige en ce mois de mars 1873 après avoir traversé le Rhonne où aucun pont n'existait, le franchissement se faisait sur une planche grossièrement équarries ; se dirigèrent vers l’embarcadère de Bel Air à environ 3 km.
2° - la traversée durée environ de 10 à 20 minutes suivant la force du courant,
3° - nous supposons que Monsieur Charles Carteret, maire de la commune de Fillé-Guécélard se trouvait à la mairie.

* - Vers 1875-1880, il en coûtait 0,25 fr. par personne pour une traversée au bac de Bel-Air : Bel-Air ( rive gauche ) au bourg de Fillé ( rive droite ). Rien ne nous précise, que ce règlement était valable pour un aller-retour dans la même journée.

* - le salaire d'un journalier était à cette époque de 0,50 fr. / jour,

* - si Pierre-Désiré Robin a perdu sa journée de travail, nous ignorons si il a indemnisé les deux témoins. Nous pensons néanmoins qu'il a probablement payé le passage du bac.

Selon le Procès Verbal de la séance ordinaire de juillet 1873, du Conseil Général de la Sarthe, sous la présidence de Monsieur Tassin, Préfet de la Sarthe ; Monsieur Grollier, maire de La Flèche, fait état des abondantes chutes de neige tombées les 15 et 20 mars 1873, occasionnant un grossissement des cours d'eau, dont la Sarthe, et en certains endroits des débordements.

Un fait ressort, Pierre-Désiré Robin, son précieux fardeau, les deux témoins ont-ils pu traverser le Rhonne au " Vieux-Bourg de Guécélard "...? Sinon ils se sont trouvés dans l'obligation de faire un long détour par le "pont Messier de Buffard " : hors d'eau. Ensuite par des " chemins creux ", ils ont très certainement rattrapé l'allée de Fillé, : la route dite des Galopières n'existant pas.

Au retour, ils ont très certainement suivi le même itinéraire.

Trois jours après, les trois hommes ont à nouveau refait le même parcours, pour déclarer le décès de la petite Juliette-Madeleine.




LE PONT ......." trop tard "



Photo A.G. - Pont actuel reliant les deux rives de la rivière Sarthe, la commune de Fillé à celle de Guécélard, trait d'union entre les deux bourgs, mis en service fin 1897.


Plan de masse réalisé en 1895 pour l'implantation du Pont dit de Fillé. On distingue le remblaiement indispensable pour l'établissement de la voie ferrée du tramway de la Sarthe, ce qui devait devenir de nos jours " la route des Galopières. On remarque la voie d'accès et le trajet du " bac de Belair ". On remarque également les corrections en rouge de Monsieur l'Ingénieur en Chef : Louis Harel de La Noë, constructeur en autres ouvrages des viaducs de Caroual, de Lézardrieux, de Souzain,.....etc....des ponts de Gouëdic, des Ponts-Noirs à Tréguier...etc... de la Gare Centrale de Saint-Brieuc, de celle des tramways de la Sarthe au Mans.



Photo du bac avec un attelage et un chargement.
Cette photo nous a été très aimablement prêtée par Madame Choisnet de Fillé - Avec nos très sincères remerciements, et l'expression de notre considération reconnaissante - A.G.


2° : IL ETAIT UNE FOIS....... LE RHONNE - " Rosne IXème siècle ",


UNE PETITE RIVIERE : le RHONNE,

  • Depuis les temps les plus reculés, les époques les plus lointaines, les cours d’eau et de ce fait les sources, quelques soient leur importance, n’ont jamais laissé l’être humain indifférent : tantôt ils représentent une contrainte, un obstacle, une délimitation naturelle, voir même un danger engendrant par voie de conséquences la crainte, le respect, la superstition ; tantôt un lien, une voie, une richesse susceptible d’être utilisée, d’être exploitée.

Le Rhonne est modeste, il n’a aucune prétention. Attachant, il est charmant tout simplement. Avec son air de ne pas y toucher, il étire nonchalamment, non sans une certaine élégance , son cours sinueux sur 26,515 kilomètres ( selon les chiffres communiqués par la D.D.A.F. 07-12-2007 ), sa longueur est de très exactement : 25.752,768 mètres, dont 4.239,938 sur le territoire communal de Guécélard ), au travers de deux régions qui au début du siècle, avant les années 1950, étaient encore totalement différentes, voir diamétralement opposées : le verdoyant et fertile « le Bélinois » , l’austère et stérile « Pays du Bourray - pays de landes » . Ce voluptueux farniente s’amorce dans le « Pays de Saint-Mars-d’Outillé » .

Il arrose au passage, les communes de Saint Mars d’Outillé , de Téloché, de Mulsanne, de Moncé-en-Belin, de Guécélard . Son bassin versant est de 16 296 hectares, son volume : en eaux ordinaires est de 0,080 pour la 1ére section Guécélard - Moncé - Mulsanne soit 12,738 kilomètres ; et de 0,030 pour la 2éme section Mulsanne - Téloché - Saint-Mars-d’Outillé soit 13,777 kilomètres - en grandes eaux de 10 000 m3/jour pour la 1ére section ; et de 4 500 m3/jour pour la 2éme section, éléments fournis par la Direction Départementale de l’Agriculture.

Ce n’est pas son homonyme certes, mais outre les légendes, l’Histoire et quelquefois la Préhistoire, vous effleurent à chacune de ses boucles. Témoin avéré autant que discret, de faits historiquement authentifiés : il en a connu des civilisations, il en a vu passer des armées, se dérouler des évènements, au cours des siècles, et même des millénaires écoulés. Il a fait son entrée officielle dans l’Histoire de France dans le premier tiers du XIème siècle, lorsque avec la Sarthe, le Rhonne constitue la délimitation septentrionale de la baronnie de Château-du-Loir « du Chasteau-dou-Leir, inféodé par Hugue III, comte du Maine, avant 1006 »

89éme affluent gauche de la Sarthe, à l’instar de celle-ci le Rhonne a contribué pour la majeure partie, en creusant son lit à façonner sa vallée, en modelant les terrains traversés.
L’eau n’est-elle pas un remarquable architecte paysagiste .

Le Rhonne et l’érosion qui lui est étroitement associée, sont les vecteurs principaux du grand courant qui à l’époque Quaternaire dessina son bassin. Celui-ci est une synthèse harmonieuse de la configuration de la nature et des sites, progressivement marqués par l’action humaine, tout au long de son passé.



Photo A.G.


Déconcertant dès sa naissance, il fait preuve d’individualisme délibéré. En effet, plutôt que de rejoindre directement cette grande rivière pour y célébrer conjointement son union et sa mort, il s’en détourne résolument, prenant la direction du Nord.



Plan de la source et du cours du Rhonne en amont de Saint-Mars-d'Outillé -

Plan de la D.D.A.F. sur la lande de Rhonne, et le cours d'eau le Rhonne et ses affluents.


Le Rhonne, qui s’orthographiait vers le XVIIème siècle Rone . Un nom plein de mystère, d’eau claire et d’harmonie, qui a traversé l’espace temps. A sa source ( alt. I.G.N. +144 ) c’est tout d’abord un simple suintement d’une eau vive et transparente, sourdant à l’improviste d’un sol ingrat, dans un univers étrange où le silence est d’eau, dans un calme bucolique. S’étalant en nappe, semblant s’écouler à regret de ce nid douillet fait de verdure, bruissant sous les touffes de graminées de joncs, parmi quelques vestiges de « l’ancienne sylve » : l’endroit est nommé « Fontaine de Rhonne »

« au fond de nous est comme une fontaine de fées,
« une fontaine claire, verte et profonde où se réfléchit l’infini
Ernest Renan

peut-être en souvenir du Culte de l’Eau - cher aux Indo-Européens et aux Celtes

Pour ces peuples, la fontaine - la source est sacrée, c’est un sanctuaire L’eau des sources-fontaines est primordiale, la base fondamentale de la vie dans la mythologie elle donne à l’homme le pouvoir d’atteindre l’autorité suprême détenue par la femme. La source-fontaine et la femme sont donc le même symbole d’une souveraineté trans-temporelle qui est, selon toute probabilité celle de transmettre la vie

Avec l’emploi de la pierre, beaucoup plus tard l’homme apprivoise la source. Il lui modela un nouveau visage pour lui octroyer un pouvoir magique : elle fut appelée - « Fontaine ».

Le Rhonne est né dans les brumes de ces temps qualifiés de lointains, d’où aucun souvenir ne nous est jamais parvenu . Cette eau qui « sourd - sort de la terre » dans la lande de Rhonne est environnée de surélévations +160, +163, ( à l’est ) +148, +166, +164, ( au sud ) +165 - Maison neuve de Rhonne +168, +163 ( à l’ouest ), émane des eaux qui s’infiltrent, et s’accumulent à la base des sables poreux au-dessus d’une couche de marnes peu perméable du Crétacé supérieur, de 96 à 65 M.a. La nappe phréatique ainsi formée alimente de petites sources à flanc d’un coteau aux pentes douces, dont l’affleurement résulte de la régression marine généralisée du Maestrichtien , de 72 à 65 M.a. c’est à dire à la fin de l’ère Secondaire ; faiblement entaillée par les ruisseaux qui y prennent naissance.



Le Rhonne avant le Monthinault Cne de Saint-Mars-d'Outillé


Après avoir coupé à la perpendiculaire la « Faille géologique d’Arnage », non loin de Ponthibault, son cours semble se diriger pour rejoindre la grande rivière, puis s’incurve, il contourne les « Buttes du Vieux Mans », décrivant un grand arc de cercle, avant de s’infléchir vers le Sud-ouest.

Vue aérienne du château de la Baussonière, des communs et du moulin. Les douves, sont directement alimentée par le Rhonne.



C'est après La Baussonière ", que le Rhonne pénètre dans la commune de Guécélard a plutôt été gâtée par la grande loterie de l’évolution climatique. Son climat tempéré, tel est sa définition, lui assure une hygrométrie quasi idéale et un réseau hydrographique dont s’accommoderaient bien des régions. Ce réseau est dense, les affluents du Rhonne sont heureusement distribués, les uns par rapport aux autres, les lignes directrices du relief se devinent facilement.

À la latitude du Petit Vivier - alt.+41, en ligne les lieux-dits : chemin aux Bœufs - alt.+42, la Blinière - alt.+41, Villette - +38,5, le cours de la Sarthe se situe - 35,2/36,I ; au moulin de Spay le niveau moyen est de +34,6, au moulin de Fillé +34,1; tandis que dans l’alignement le Rhonne est à +39 à Champbeslin ( Campo belinus - champ du soleil ) .En ce lieu, il retrouve à gauche sa dérivation appelée : ruisseau de Champ Beslin au moulin de la Baussonnière. Ce moulin de La Baussonnière - alt.46, avait une chute de 3,90, une roue à augets développant une force brute de 4,73, actionnant en décembre 1863, deux meules à blé.

Ainsi, se dessine une zone déprimée où les deux rivières de concert forment une fourche grossièrement ouverte au Nord-ouest, dont la base est leur confluence.

Cette basse terrasse bien individualisée morphologiquement sous l’action des eaux, très démantelée entre Rhonne et Sarthe, descend jusqu’au niveau +36. Dans cette espace délimitée par les deux cours d’eau , elle est représentée par des lambeaux alluviaux accrochés au substrat antequaternaire.

Les dépôts fluviatiles et éoliens podzolisés, accumulés sur le substrat, sont disséqués par de nombreux petits ruisseaux, souvent de simples « rus » , irrigation naturelle qui trouve dans ce terrain de landes humides - les Gastines des textes médiévaux, que l’on peut consulter aux Archives départementales de la Sarthe; un facteur facilitant l’écoulement.

Nos aïeux avaient une caractéristique, dans leur simplicité : leur logique attribuait à chaque chose un nom significatif précis, ils distinguaient les landes humides, des landes sèches. Le bassin hydrographique du Rhonne dans sa partie terminale du Bourray couvre la quasi totalité du territoire communal. Les différents cours d’eau qui composent ce bassin font partie de notre patrimoine, patrimoine que nous devrons léguer. Ils ont contribué à faire du doux Pays Guécélardais, un pays où il fait bon vivre.




LE PETIT BOURRAY, anciennement les " Gastines du Beslinois ",

Le Petit Bourray, autrefois appelé « le Vieil Mans » ( Archives départementales de la Sarthe ), « …. joignait les terres de la Baussonnière, de la Gouttière, des Landes, de la Bigottière, de la Soufflardière, de la Prêtrie, de la Ronceraie », limité par l’actuelle route de Ponthibault à la R.N.23 ( répertoriée de nos jours D.212bis ), « aux terres de Gandelain, de la Bénardière, des bordages de la Louvetière », assises en bordure du « grand chemin tendant de Ponthibault à Fromenteau ; aux terres des seigneurs d’Epaigne, de la Pignetière et aux prés de la filière du Bourray », le tout d’une superficie de 1200 arpents, dont 480 appartenant au Roi, le supplément aux divers seigneurs riverains, de Vaux, de la Baussonnière, d’Epaigne, etc.

Barbey d’Aurevilly a écrit,
« qui ne sait le charme des landes?……
« il n’y a peut-être que les paysages maritimes, la mer et ses grèves qui aient
« un caractère aussi expressif et qui vous émeuvent davantage. Elles sont
« comme les lambeaux laissés sur le sol, d’une poésie primitive sauvage que
« la main de l’homme et la herse ont déchiré…..

Depuis La Baussonnière , magie du Rhonne, nulle part ailleurs notre petite rivière n’est plus émouvante. Ses eaux en apparence immobiles , flirtent en réalité avec l’environnement dans une « coulée verte » , aux berges basses et plates. La zone contiguë aux rives est souvent une plaine dite « d’inondation » , il s’y dépose alors lorsque les crues submergent les terres avoisinantes, de fins éléments en suspension dans les eaux : le Rhonne participe et accentue la fertilité du sol. Le sol alentour devient alors ce laboratoire où les substances minérales sont stabilisées.

Le processus de déposition est plus intense sur les bords du cours d’eau, créant une « crête » de matières fertilisantes les « levées » formant les berges, qui dessinent un « feston » irrégulier de verdure, une ogive de feuillages qui rutilent aux feux du soleil couchant . La vitalité des plantes est extraordinaire, la manière dont elles se développent et s’adaptent, est un prodige d’ingéniosité. Dans cette végétation variée, il y circule un air léger ; les prés voisins et les arbres proches étant porteurs d’odeurs de mousse et de champignons.



UN BASSIN VERSANT : UN DEDALE DE RAMIFICATIONS

Schéma du bassin et des affluents du Rhonne


L’examen d’un plan du versant, de l’ensemble des pentes inclinés vers le Rhonne, et y versant leurs eaux de ruissellement, daté du 18 mai 1983, met en évidence les affluents successifs,


Photo Philippe Aizier - Collection Aizair - Guécélard vu du ciel
La gentilhommière de La Baussonnière - Cne de Guécélard, vue actuelle


- le ruisseau des Bigottières régulé par le trop plein du niveau des fossés, puis un peu plus loin,

- le ruisseau de l’étang de Malidor : long. 1508 mètres - profil mouillé 1,3 m - versant 46 hectares, est alimenté par l’étang du même nom - résurgence faisant office de bassin hydrogéologique de la nappe phréatique, rejoignent le Rhonne sur sa gauche peu à prés le lieu-dit : les Bigottières -
« un acte du 11 mars 1690, fait état des Boëlles des Bigottières…. ( réapparition « des eaux du niveau phréatique dans les fossés, sur le bord de l’allée ).



Etang de Malidor Cne de Moncé-en-Belin


- le ruisseau de Pré-Maillet reliant le ruisseau de l’étang de Malidor à celui de Château Gaillard, est un drainage naturel de terres où l’eau n’est jamais très éloignée de la surface du sol ; ce dernier est un affluent droit du ruisseau des Fillières.

- le ruisseau de Château Gaillard : long. 7802 mètres - profil mouillé 1,7 m - versant 280 hectares - dont le volume : en eaux ordinaires 0,006 - en grandes eaux 0,800 m3/jour, fait office de collecteur à un réseau d’affluents sans dénomination, identifiés sous la distinction de 1er, 2éme, 3éme, 4éme, 5éme et 6ème affluent.

À la « Ronceraie », un vieux pont solitaire *, un tantinet mélancolique enjambe notre cours d‘eau, oublié, abandonné, ultime trace d’un passé à jamais révolu.

* - Pont du XVIIIème siècle sur la petite rivière le Rhonne, non loin de Buffard, connu sous la fausse dénomination de « Pont Romain »
Ce territoire est un ensemble géomorphologique de très faibles altitudes, comme nous l’avons précédemment abordé, oscillant de +40 à +43, aux élévations douces, évasées depuis la D.156 route de Guécélard à Fillé. C’est sur celui-ci, que le ruisseau de l’Anerai a adapté son cours à celui du Rhonne depuis le lieu-dit : les Herveries - alt.+43 - commune de Moncé-en-Belin De sa source, au lieu-dit le Sablon - alt.+66, même commune, à sa confluence avec le Rhonne ( affluent droit ) - alt.+39, peu après son passage sous la R.N.23, au Vieux-Bourg de Guécélard, il a parcouru 11 931 mètres. Son profil mouillé est de 1,5 m - son versant 2403 hectares - dont le volume : en eaux ordinaires 0,010 - en grandes eaux 2000 m3/jour.

- le ruisseau de l’Anerai, a une particularité, de sa source, au lieu-dit : le Gué d’Anarré - alt.+43, il délimite la commune d’Arnage, de celle de Moncé-en-Belin, coule sur cette dernière, et porte le nom de ruisseau des Beulières . Selon des historiens, il aurait à une époque rejoint la rivière Sarthe, aux abords du lieu-dit : le Noyer. En aval du Gué d’Anarré, il prend le nom de ruisseau d’Anerai . Une remarque s’impose, cette dénomination n’apparaît que depuis les années 1900, auparavant dans les textes , comme sur les cartes - carte de Jaillot, 1760 : il est mentionné, ravine d’Anaret. Par définition, si l’on se réfère aux dictionnaires : une ravine est un canal d’irrigation créé par l’homme. « An » dérivé directement du gaulois « Ana » , signifiant : terres spongieuses, dans le sens : imprégnées d’humidité. « néret » émane du nom d’un homme d’origine gauloise « Nerius ».

Peu avant sa confluence avec le Rhonne, il draine les terres des lieux-dits : la Grande Mollière, et de la Petite Mollière. Il ne reçoit sur sa gauche, qu’un ruisselet dénommé : affluent de l’Anerai ; et sur sa droite le ruisseau de Cossassies : long. 3299 mètres - profil mouillé 1,2 m - versant ( Moncé -Arnage ) 2023 hectares - dont le volume : en eaux ordinaires 0,005 - en grandes eaux 0,600 m3/jour, le ruisseau des Matefeux, puis le ruisseau le Vivier : long. 1158 mètres - profil mouillé 1 m - versant 91 hectares et enfin le ruisseau le Beau chêne : long. 1607 mètres - profil mouillé 1,2 m - versant 50 hectares.

La route de Guécélard à Fillé forme une bordure axiale sans talus au-delà de laquelle la zone riveraine de la Sarthe est extrêmement basse, à peine supérieure au niveau de la grande rivière - en réalité ,il s’agit partiellement de son lit majeur.


GASTINES DU BAS-POSLINOIS, ou " GRAND BOURRAY ",

Dans la « plaine » du Bas-Pôlinois ( landes du Grand Bourray ), l’hydrographie est indécise, l’eau n’est jamais bien loin, ce qui a entretenu dans les siècles passés une certaine et quelquefois inquiétante humidité du sol, d’où le nom de « gastines - cité dans les textes anciens ». Des filets d’eau suintent des sables imbibés en profondeur par la présence de la couche argileuse presque affleurante. De ce fait les ruisselets se traînent, coulant à plat-bord dans des rigoles, terrain humide voir spongieux, en certains endroits marécageux.

La ligne de fond chargée d’eau et tourbeuse, est drainée dans le sens longitudinal par le ruisseau des Fillières et son bras parallèle.

- le ruisseau des Fillières, nom attesté en 1265 - « Filière - Filière »
en vieux-Français : Filere ; en patois local : Filair sa définition est obscure

Ce ruisseau des Fillières divague dans un territoire beaucoup trop large et, reçoit les nombreux ruisseaux du Bélinois méridional, qui convergent , la plupart vers le couloir périglaciaire à fond plat - talweg séparant la Butte de Monnoyer, des Mamelons de la Chouanne.

De sa source alt.+74, non loin du lieu-dit : l’Aubépine - Cne de Saint-Ouen-en-Belin, à sa confluence : il a une longueur de 10 108 mètres - un profil mouillé 2,3 m - son versant est de 7377 hectares - dont le volume : en eaux ordinaires est de 0,010 - en grandes eaux 5000 m3/jour, c’est à-dire que le ruisseau des Fillières représente à lui seul 50% du débit du Rhonne en grandes eaux au Vieux-Bourg de Guécélard. Il sert de limite communale entre Saint-Gervais-en-Belin et Moncé-en-Belin.

Son cours supérieur, recueille sur sa gauche les eaux du ruisseau frère Le Léard, issue comme lui de la même nappe Oxfordienne à l’alt.+73, à proximité du lieu-dit : le Leare - Cne de Saint-Biez-en-Belin : long. 2335 mètres - profil mouillé 0,50 m - versant 435 hectares - dont le volume : en eaux ordinaires 0,002 , en grandes eaux 0,400 m3/jour.

- le ruisseau de Claire-Fontaine, autrefois appelé « de Cormeu - avant le XIXème siècle ) : long. 3639 mètres - profil mouillé 1,1 m - versant 812 hectares -- dont le volume : en eaux ordinaires 0,004 , en grandes eaux 0,800 m3/jour ; et son « affluent »- le bras de Claire-Fontaine sont alimentés par l’étang du même nom - alt.+54 , Cne de Saint-Ouen-en-Belin ; dont ils régulent le niveau .

L’imperméabilité du sol et la pente insensible, multiplient les ruisselets qui drainent les landes de la Chouanne, le « bras » de la Chouanne formant ruisseau - Cne d’Yvré-le-Polin, dans lequel se déverse : le Dors, le Semaine, le Carrefour des Cinq Chemins, eux-mêmes alimentés par des filets d’eau drainant, pour les deux premiers 443, pour le second 456 hectares, pour un profil mouillé de 1,3 et I,I m - pente totale 4,56 cm/m.

Dans le registre des baux 1752-1767, de l’abbaye Saint-Vincent du Mans, est mentionné le bail du lieu et de l’auberge de La Chouanne, à Yvré-le-Pôlin, pour un loyer de 200 livres.

Puis sur sa droite, le ruisseau des Fillières, reçoit dans l’ordre :

- le ruisseau de La Fuie ou Fuye, alt.+58 à sa source au lieu-dit : la Providence - Cne de Saint-Gervais-en-Belin - long. 2800 mètres - profil mouillé 0,60 m - versant 229 hectares - pente totale 7 cm/m - dont le volume : en eaux ordinaires est de 0,004 , en grandes eaux 0,800 m3/jour.

- le ruisseau Le Bousse, sources alt.+44-+46 dans les bois de Defas ( ruines ) -Cne de Saint-Gervais-en-Belin - long. 804 mètres - profil mouillé 1 m - versant 40 hectares - pente totale 4,99 cm/m.

l’un de ses deux plus importants affluents,

- le ruisseau le Ripes, dans certains vieux documents « Erips », issue de la même nappe phréatique que le Rhonne, dans le contrefort occidental de la direction opposée au Massif de Bercé, aux confins de la Lande de Rhonne, il se dirige dans la osée à celle de notre petite rivière. 4ème affluent rive droite du ruisseau des Fillières, lui-même 14ème affluent du Rhonne, est un cours d’eau typique du Bélinois.

L’alimentation par son sol Jurassique, sensible aux pluies océaniques, et sa pente lui valent un débit convenable et un régime modeste .

Le Ripes ou Erips à une longueur de 10 042 mètres, un profil mouillé de 1,50 m, sa source alt.+98, au lieu-dit : Turpin - Cne d’Ecommoy, la surface de son versant : 2322 hectares , dont le volume : en eaux ordinaires 0,026 - en grandes eaux 2000 m3/jour, sa pente 5 222 cm/m.

Le nom semble d’origine inconnue, dans des actes du XIIème siècle aux Archives départementales de l’Indre-et-Loire : cartulaire de Marmoutier - en 1196, Rippa ; au XIIIème siècle, Rispe. Si Rippe, émane de la forme dialectique Rippa. Rippa en vieux-Scandinave Hrispa - signifiant : terrain inculte, broussailleux et boisé , un autre sens peut lui être attribué : terrain couvert de taillis.

- le ruisseau Le Brebon, petit ruisseau de Saint-Gervais-en-Belin, sa pente est très faible, à sa source au lieu-dit : Mortrais ( le Bourg ) , alt.+50, après 2,844 de sa source au « Gué Roger ) l’alt. Est +48, son profil mouillé est de 1,30, la surface du versant 196 hectares.

autre affluent conséquent,

- le ruisseau de Lunerotte : long. 6 091 mètres - profil mouillé I,50 m sa pente totale est de I,645 cm/m - versant 600 hectares - dont le volume : en eaux ordinaires est de 0,004 , en grandes eaux 0,600 m3/jour, alt.+50 à sa source au lieu-dit : les Cailléres - Cne de Laigné-en-Belin.
Nom attesté en 1035 - racine : lune, ayant donné : lunae . Lunus : nom d’un homme d’origine gauloise. Le culte de la déesse Luna était très populaire chez les Gaulois, et s’est longtemps perpétué dans nos régions rurales pendant et après la romanisation.

Cette vénération était profondément implantée, et il n’y a pas si longtemps dans nos campagnes, l’expression annuit signifiait ce jour. On peut interpréter : lunerotte - petite lune « reflet de l’astre de la nuit, dans le miroir de l’eau ».

Le ruisseau de Lunerotte, suit une direction générale Est/Ouest, elle n’est rompue qu’au contact de la Butte de Monnoyer, ce cours d’eau la contourne par le Sud pour rejoindre le ruisseau des Fillières devenu nettement plus important. Ensemble, ils s’engagent en parallèle avec le « bras du gué d’Urtebize, dans le couloir à fond plat précédemment cité.

La Butte de Monnoyer - Mons rigatus - XIéme siècle ; Mont Noyé du XVIème siècle au XVIIIème, hérissée de pins , domine une lande humide, marécageuse pendant 4 à 5 mois de l’année. Au sommet : la pierre des Trois Communes , semble remplacer une croix qui s’y dressait en 1784 et en 1793 « …….pour protéger le pauv’monde des …nouts … » - sorte de génie malicieux, quelquefois maléfiques qui hantaient ce pays marécageux..

Le marécage qui s’étendait à sa base et à la sortie Ouest du couloir, s’appelait toujours à la fin du XIXème siècle : la Basse Judée , cité dans des textes aux Archives départementales de la Sarthe.

Les points de passages permettant le franchissement de cette zone, sans encombre, à la mauvaise saison, connus de quelques initiés étaient : le gué Roger et le gué Urtebize. Heurtebise, ce nom est attesté dès 1185 : Hurtebize ; on le trouve dans un acte du Prieuré Saint-Pierre-Parigné daté de 1465, Hurleuse ,

C’est précisément dans le voisinage du gué d’Urtebize, qu’une dérivation du ruisseau des Fillières s’embranche sur sa gauche - Cne d’Yvré-le-Polin. Ils font leur jonction après un parcours quelque peu parallèle de 3007 mètres, finissant, en délimitant la Cne de Guécélard de celle de Parigné-le-Polin. Véritable tronc collecteur des rilles - rigoles peu profondes , ruisselets captant l’eau affleurante des gâtines du bas-Polinois - landes du Grand Bourray, cette dérivation est appelée par certains : bras du Gué d’Heurtebise ( plan de la Direction départementale de l’Agriculture 1/25000, daté du 18/05-1983 : bras du Gué d’Urtebise ) - profil mouillé 1,5 m .

L’hydrographie y est indécise, elle est typique des régions « arénacées » - consistance du sable. Le véritable niveau d’eau est constitué par la couche d’argile glauconnieuse, grâce à quoi les ruisseaux se traînent « à plat bord ».

Le bras du Gué d’Urtebise recueille successivement sur sa gauche,

- le ruisseau de la Noirie : long. 2698 mètres - profil mouillé 1,6 m - versant 615 hectares - alt.+47 à sa source, Cne d’Yvré-le-Polin . Au château de La Noirie, il se réunit avec : l’affluent de la Noirie ,

puis sur sa gauche,

- le ruisseau de Saint-Hubert : long. 473 mètres - profil mouillé 1,3 m - pente totale 0,478 cm/m - alt.+44 à sa source, Cne d’Yvré-le-Polin - versant 25 hectares,

- le ruisseau des Fontaines de Parigné : long. 3279 mètres -profil mouillé 1,6 m - pente totale 0,295 cm/m - alt.+45 à sa source , Cne de Parigné-le-Polin - versant 763 hectares,

son affluent droite,

- le ruisseau de la Sauvagére : long. 2322 mètres - profil mouillé 1,2 m - pente totale 0,441 cm/m - alt.+49 à sa source , Cne d’Yvré-le-Polin - versant 441 hectares,

- le ruisseau du Pré des Fontaines : long. 1217 mètres - profil mouillé 1,2 m - pente totale 0,295 cm/m - alt.+43 à sa source , Cne de Parigné-le-Polin - versant 34 hectares,

- le ruisseau du Crapaud : long. 3040 mètres - profil mouillé 1,3 m - pente totale 0,669 cm/m - alt. +46 à sa source , Cne de Parigné-le-Polin - versant 53 hectares,

- le ruisseau des Minières, conflue au raccordement du : bras du Gué d’Urtebise avec le ruisseau des Fillières, long. 1719 mètres - profil mouillé 1,3 m - pente totale 0,464 cm/m - alt.+44 ,Cne de Guécélard - versant 140 hectares,

il est formé sur sa droite par

- le ruisseau du Hallier : long. 746 mètres - profil mouillé 0,70 m - pente totale 0,320 - alt.+44 à sa source , Cne de Guécélard - versant 32 hectares,

- le ruisseau de Terre Châtain : long. 1912 mètres - profil mouillé 0,80 - pente totale 0,592 - alt.+46 0 sa source , Cne de Parigné-le-Polin - versant 44 hectares.

Tous ces chemins d’eau qui sillonnent le Pays de Belin et le Grand Bourray, avaient jadis autant d’utilité que les chemins de terre, et sur leurs rives où à leur source s’établirent les premiers hommes. Non seulement ces cours d’eau faisaient tourner de nombreux moulins, mais ils contribuaient à engraisser les champs, à nourrir les populations riveraines et, dans ce pays de bois, à favoriser le développement de l’arbre.

On ne rencontrera plus, sur nos petites routes poussiéreuses, se faufilant entre des haies somptueuses par les chemins creux, les « .....chartes remplies de biès murs... ». Il faut patiemment chercher, compulser les archives pour entrevoir l’importance oubliée, du moindre de nos cours d’eau. En dépit des clauses de vente ou d’héritage, ils donnèrent lieu en effet à de nombreux procès.



LE RHONNE AU " VIEUX-BOURG de GUECELARD,

Au « Vieux-Gué », situé au Vieux-Bourg de Guécélard , le courant du Rhonne s’affirme, nul part ailleurs, il ne devient plus émouvant après avoir reçu son tout dernier affluent et non des moindres :

- le ruisseau le Guécélard, sa longueur était de 875 mètres - son profil mouillé 1 m - sa pente totale 0,683 cm/m - alt.+45 , Cne de Guécélard, sa source est alimentée par des résurgences du " Bois des Loups ". Son débit était de 0,020 m3/jour. Le ruisseau " le Guécélard " a été comblé pour réaliser un parking. On peut se demander de nos jours où passe toute cette eau ?

Notre petite rivière renforcée par cet affluent, va imposer aux fidèles peupliers, des ondulations évasées. Les boucles de l’onde sont propices à l’éclosion, à la formation de « poche de vie », premier maillon embryonnaire de la chaîne alimentaire végétale puis animale. Dans ce ruban liquide qui s’écoule, des mousses brunes ou vertes, des plantes immergées et diverses, appropriées au milieu, où vivent et prolifèrent des communautés d’êtres vivants.

Après un dernier méandre, un ultime crochet, il scelle définitivement son sort avec la grande rivière : Sarthe, principal collecteur des eaux du département du même nom. Ce lieu est tout un symbole, puisque définit par son simple nom : Mondan, un site non seulement toponymique, un site géologique, géographique, hydrographique, bien avant d'être historique.



Ce texte a été remanié et mis à jour le 7 décembre 2011

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